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Jacquet, "intérimaire" au firmament

Le 17 décembre 1993, un mois après le choc de l'élimination en Coupe du Monde, Aimé Jacquet prenait en main l'équipe de France. Souvenirs.

Aimé Jacquet est parti de très bas pour remporter la Coupe du Monde après un mandat de cinq ans
Aimé Jacquet est parti de très bas pour remporter la Coupe du Monde après un mandat de cinq ans ©Getty Images

UEFA.com célèbre le 20e anniversaire de la prise de fonction d'Aimé Jacquet à la tête de l'équipe de France. En 5 ans et 53 matches, armé de ses convictions et porté par le talent individuel et collectif d'une génération en or, il allait mener les Bleus d'une élimination douloureuse au sommet du football mondial avec le triomphe lors de la Coupe du Monde de la FIFA à domicile.

En ce 17 décembre 1993, le Stade de France n'est pas encore un plan et c'est au Parc des Princes que la France vient de mordre la poussière à deux reprises, battue en octobre par Israël (3-2) et le 17 novembre par la Bulgarie (2-1). L'équipe n'avait besoin que d'un point sur ces deux matches à domicile pour se qualifier. C'est raté. Le sélectionneur Gérard Houllier quitte son poste et il faut lui trouver un remplaçant. Ce sera Jacquet, non sans une certaine surprise que relate l'intéressé 20 ans plus tard : "Je faisais partie de l’équipe qui avait perdu, avec Gérard Houllier. J’étais son second. Nous avions malheureusement raté cette qualification et, très logiquement, tout le monde s’est un peu retourné vers moi pour assumer, assurer un intérim. C’est un peu comme ça que ça a commencé".

Après le séisme que représenta le but d'Emil Kostadinov dans les derniers instants de la partie, et qui emporta même le président de la Fédération Jean Fournet-Fayard, on avait besoin de celui qui assurerait une transition. "Je ne m’attendais pas du tout à ce que l’on vienne me chercher", rappelle Jacquet, 72 ans aujourd'hui. "À partir de ce moment-là, je me suis dit qu’on était, nous les entraîneurs, des hommes de défi. J’ai essayé de relever ce défi. Je suis parti avec mes connaissances, avec toutes mes ambitions. J’étais aussi en pays de connaissance. J’avais quand même la chance de bien connaître tous les joueurs de l’effectif. Je me suis mis rapidement en action."

"J’avais la chance de bien connaître, à cette époque-là, tout le football de haut niveau. J’avais beaucoup exercé avec Bordeaux, j’étais depuis longtemps avec l’équipe de France. Donc j’ai pris avec beaucoup de conviction ce poste. C’est un poste quand même honorifique. Pour moi, c’était une certaine reconnaissance et surtout un grand défi."

Youri Djorkaeff, auteur du premier but sous l'ère Jacquet
Youri Djorkaeff, auteur du premier but sous l'ère Jacquet©Getty Images

Premier moment de vérité en février suivant, à Naples pour affronter l'Italie en amical. Jacquet : "On avait déjà refusé un match. Il y avait des événements qui se passaient... On est allé défier la Squadra à Naples. L’équipe a été faite dans la précipitation. Avec beaucoup de difficultés". Pourtant, sur un but de Youri Djorkaeff, la France s'impose pour la première fois en Italie depuis 1912, 1-0. "Ce fut un grand moment, une grande surprise, une joie", se souvient Jacquet en repensant à ce départ idéal. "Quand on commence bien, vous savez, ça donne tout de suite plus de confiance, ça permet de consolider tout de suite vos convictions et votre détermination. Surtout vis-à-vis des joueurs, du public, des dirigeants. Cela m’a installé un peu plus vite."

La suite n'a rien de flamboyant mais l'équipe de France ne perd pas sur 90 minutes jusqu'en 1996 et une rencontre amicale contre le Danemark au Parken, à Copenhague. Une trentaine de matches sans défaite, ça compte, autant peut-être que quelques coups d'éclat en route comme le 10-0 infligé à l'Azerbaïdjan et, bien sûr, le remarquable parcours jusqu'en demi-finales de l'EURO 96 en Angleterre. Il y eut aussi le match fondateur de cette génération, la victoire 3-1 en éliminatoires de l'EURO en Roumanie, en octobre 1995.

"L’équipe était solide", se souvient encore le natif de Sail-sous-Couzan. "Malheureusement, on n’avait pas eu le déclic qui vous permet de faire la différence. C’est vrai, on est allé faire un très gros match à Bucarest. J’ai un souvenir inoubliable. Le stade était plein. Une équipe de Roumanie qui était la quatrième meilleure équipe. Il y avait du monde à cette époque-là, il ne faut pas l’oublier. Ils avaient fait une grande Coupe du Monde aux États-Unis."

Pourtant, la bande à Gheorghe Hagi pliait devant les buts de Christian Karembeu, Djorkaeff et Zinédine Zidane, trois joueurs emblématiques de la génération Jacquet. Lequel avait pris des décisions radicales dans la construction de son groupe. J’avais éliminé toute une génération", rappelle-t-il, "avec les (Éric) Cantona, (David) Ginola, (Jean-Pierre) Papin et tout ça. Je suis reparti avec Djorkaeff, Zidane, et tous les jeunes talents de l’équipe de France. Tous les jeunes talents que la France possédait. Je dois l’avouer, on avait beaucoup de qualités. On avait du talent et surtout de la cohérence. Je dois dire que je me suis appuyé sur ce collectif français, qui était exceptionnel. Il n’avait pas encore l’identité collective au début. Il n’avait qu’une identité individuelle."

Avec les victoires, le groupe allait prendre confiance et arriver au sommet de son art en 1998. Le soupçon de réussite nécessaire à toute grande entreprise le faisait franchir tous les obstacles jusqu'à la finale remportée 3-0 face au Brésil. Sur sa lancée, ce groupe allait encore remporter l'UEFA EURO 2000. Jacquet pouvait, lui, passer le témoin à son adjoint Roger Lemerre, vainqueur, dans des circonstances à l'exact opposé de celles où il l'avait reçu, ce 17 décembre 1993.

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