Quelques recettes pour gagner l'EURO
jeudi 21 janvier 2016
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Tous les psychologues vous le diront : si le sport se pratique avec le corps, il se gagne avec la tête. Revenons sur les anecdotes des derniers vainqueurs de l’EURO.
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À l’UEFA EURO 2004, le quotidien grec Ta Nea avait publié les notes du défenseur Traianos Dellas, retraçant ainsi le triomphe grec, de la naissance du rêve à sa réalisation. Au début du tournoi, Dellas prenait presque ses distances avec le discours du sélectionneur Otto Rehhagel, persuadé que les Hellènes étaient aux portes de la consécration. "Rehhagel nous parle sans arrêt, il veut nous faire penser qu’on ne vient pas au Portugal pour jouer les touristes, que nous avons une opportunité."
Peu à peu, par ses compliments ("Rehhagel m’appelle le Colosse de Rhodes"), son éloquence et ses résultats, le technicien allemand emporte l’adhésion de ses joueurs. Avant la finale face au pays hôte, les mots de Dellas sont bien plus tranchants : "Cette équipe est comme un cobra, elle frappe une fois et c’est terminé", écrit le défenseur central. Après la victoire, il ajoutera ceci : "Quand Angelos Charisteas a marqué, je savais que c’était fini."
La figure du sélectionneur ressort également dans le triomphe de l’Espagne en 2008. Iker Casillas se souvient combien l’assurance et le calme de Luis Aragonés avaient déteints sur l’ensemble du groupe. "Un mois avant la phase finale, le sélectionneur avait déjà réglé tous les détails dans sa tête. Il savait comment il allait gérer l’équipe et ce qu’il attendait de la compétition. Ça a été décisif."
Mais les sélectionneurs victorieux ne campent pas toujours sur leurs positions. C’est à Venise, au bord d’une gondole, en compagnie de son épouse, que Berti Vogts avait pris l’une des décisions les plus cruciales pour l’EURO 96. Alors qu’il épiloguait sur le choix du quatrième attaquant à sélectionner, son épouse Monika, sans doute un peu lasse, lui conseilla vivement de prendre Oliver Bierhoff. "Tu ne le regretteras pas", lui dit-elle. Bierhoff entra en jeu en finale et égalisa face à la République tchèque avant de marquer le but en or en prolongation.
L’intuition, cette conviction inexplicable que l’on ne peut ignorer au fond de soi : c’est ce qu’a ressenti Sandro Mazzola quand il a appris qu’il ne disputerait pas la finale 1968 face à la Yougoslavie. Voyant Mazzola faire sa valise, ses camarades Tarcisio Burgnich et Giorgio Ferrini l’ont enfermé dans sa chambre et lui ont passé son épouse au téléphone pour le convaincre de rester. Mazzola assista ainsi au match nul 1-1 de l’Italie et la finale fut donnée à rejouer 48 heures plus tard. Au lieu de punir son milieu offensif pour son comportement explosif, le sélectionneur Ferruggio Valcareggi l’aligna dans le onze de départ et Mazzola joua un rôle clé dans la victoire de l’Italie 2-0.
Autre aspect important dans le conditionnement mental : la vie du groupe. Passer 40 jours avec ses partenaires et le staff technique entre terrain d’entraînement, briefings techniques, bus et hôtel peut rapidement devenir pesant. C’est pourquoi il est essentiel pour une équipe de se trouver un exutoire, quel qu’il soit, dans cet océan de monotonie.
En 2004, Dellas et ses camarades avaient exorcisé la routine en organisant d’âpres tournois de backgammon. En 1992, les Danois faisaient le mur pour aller au McDonald's, tandis que les Tchèques de 1976 s’étaient payés une séance de cinéma pour voir un film en anglais sans rien y comprendre avant la finale. Mais ce sont peut-être les Néerlandais cuvée 1988 qui ont sont allés le plus loin, en s’offrant un concert de Whitney Houston la veille du grand jour sur une idée brillante du capitaine Ruud Gullit !