Women's Champions League, l'analyse : comment les défenseures centrales de Chelsea ont construit le jeu
lundi 20 octobre 2025
Résumé de l'article
Nora Häuptle, observatrice technique de l'UEFA, examine comment le Chelsea de Sonia Bompastor s'est employé à déstabiliser un adversaire très compact.
Contenu médias de l'article
Corps de l'article
Comment une équipe s'y prend-elle pour déstabiliser des adversaires qui décident de défendre bas, de rester compactes ?
C'est le scénario auquel Chelsea a été confronté face au Paris FC lors de la Journée 2 de l'UEFA Women's Champions League et pour l'unité d'analyse de jeu de l'UEFA, en collaboration avec l'observatrice technique de l'UEFA Nora Häuptle, les solutions recherchées par l'équipe de Sonia Bompastor méritent d'être explorées, en particulier le rôle joué par ses défenseures centrales.
Le graphique ci-dessus montre les positions moyennes sans sans le ballon de l'équipe parisienne, qui a défendu dans en 4-1-4-1. « Elles avaient un bloc très bas et étaient très compactes entre les lignes, tout en étant très resserrées, une compacité extérieure et intérieure, comme je l'appelle », a expliqué Häuptle.
Dans ce dispositif, a-t-elle ajouté, les milieux de terrain de Paris étaient « orientés sur l'adversaire », ce qui a rendu plus difficile le jeu à travers leurs lignes.
L'approche des visiteuses est illustrée dans cette première vidéo, qui nous montre le scénario auquel Chelsea a été confronté mercredi soir dernier, les défenseures centrales locales ayant beaucoup d'espace pour progresser. Selon Häuptle, en raison du marquage serré de Paris, « il n'y avait pas d'espace entre les lignes », ce qui signifie qu'elles ont souvent cherché les flancs avec leurs passes, comme l'illustre le clip ci-dessus.
Le rôle des défenseures centrales de Chelsea dans la construction
L'ampleur de l'implication des défenseures centrales de Chelsea dans la construction de leur équipe est soulignée par le graphique ci-dessous, qui montre que Nathalie Björn et Millie Bright ont terminé le match en tête des joueuses qui ont eu le plus le ballon dans les pieds. Avec une seule attaquante à marquer à elles deux, elles ont eu le temps et l'espace pour se projeter vers l'avant et, avec des totaux respectifs de 424,6 m et 404,6 m, elles ont porté le ballon sur une distance considérablement plus longue que n'importe quelle autre joueuse sur le terrain.
« Le bloc bas de Paris a permis aux défenseures centrales d'être très impliquées », a déclaré Häuptle, qui a cité le fait que Paris a autorisé Chelsea à effectuer en moyenne 27,7 passes entre chacune de ses actions défensives.
D'un point de vue stratégique, porter à ce pont le ballon avait un but selon Häuptle, qui a expliqué : « Elles ont porté le ballon jusqu'à fixer l'adversaire et de cette façon, l'une des milieues de terrain axiales pouvait se libérer ».
En ce qui concerne leur distribution, Björn et Bright ont souvent cherché les flancs en première mi-temps. Pourtant, leurs passes étaient variées et cette vidéo en offre plusieurs exemples, avec une passe en profondeur de Bright, puis des ballons en diagonale de chacune des deux joueuses.
Que ce soit par leurs portés de balle ou par leurs passes, la responsabilité qui incombe aux deux défenseures centrales de Chelsea soulève une question plus large, concernant les qualités requises pour les jeunes défenseures centrales aujourd'hui.
« Avec une telle possession de balle, vos défenseures centrales doivent être à l'aise des deux pieds et avoir une très bonne première touche pour porter le ballon à pleine vitesse », a déclaré Häuptle. « Elles ont également besoin du courage mental pour conserver une position haute. Et aussi, de la lucidité, lorsqu'elles portent le ballon, pour voir les joueuses libres dans le demi-espace ou sur les flancs. La variété est également importante, car les changements de jeu peuvent être efficaces, tout comme une passe lobée derrière la ligne de défense ».
Déstabiliser le bloc bas
Dans son analyse initiale de cette rencontre à Stamford Bridge, Häuptle a mis en lumière le jeu sur les ailes de Chelsea et, pour en revenir à ce thème, leurs connexions sur les côtés ont été essentielles pour déstabiliser le bloc bas parisien et créer des occasions de centre.
La vidéo ci-dessus en donne deux exemples, avec la course vers l'axes de Sjoeke Nüsken, puis le une-deux entre Guro Reiten et Erin Cuthbert. Dans le cas de la milieu de terrain Nüsken, Häuptle a identifié le bénéfice tiré du positionnement demandé par Bompastor, qui l'a fait jouer en tant que latérale pour sa vitesse de réflexion et d'action dans les positions avancées.
Pour ces connexions rapides, a précisé Häuptle : « Il faut une bonne distribution, de la vivacité balle au pied et une grande précision technique. Pour moi, ce qui est crucial, c'est que la passe doit aller à l'encontre du mouvement général des défenseures, c'est pourquoi la passe en retrait qu'elle délivre est si efficace, car elle est difficile à défendre ».
La dernière vidéo ci-dessous, qui présente une action fluide à cinq joueuses qui a failli aboutir à un but de Reiten, témoigne de cette vivacité et de cette précision.
Häuptle a expliqué que pour ce type de connexion à plusieurs joueuses en contre-attaque, la vitesse est l'ingrédient essentiel.
« Si vous récupérez le ballon, pour sortir du contre-pressing de l'adversaire, vous devez jouer en deux touches maximum. Chelsea construit très rapidement avec des triangles et il suffit de suivre le mouvement de Maika Hamano dans la vidéo, elle se déplace si rapidement entre les lignes qu'il est très difficile de l'attraper en défense de zone ».
Ancienne internationale suisse ayant joué en Suisse et aux Pays-Bas, Nora Häuptle a entraîné dans son pays natal ainsi qu'en Allemagne et au Ghana, et est aujourd'hui la sélectionneuse de l'équipe nationale féminine de Zambie.
Réflexions d'entraîneure : regarder et apprendre de l'analyse vidéo
La sélectionneuse de la Pologne, Nina Patalon, offre actuellement ses conseils à une jeune participante au programme de mentorat des entraîneures de l'UEFA. Elle explique ici comment tirer des leçons de l'analyse vidéo d'autres équipes.
« Le football est un sport où chaque entraîneur ou entraîneure doit avoir sa propre vision et adapter son approche à ses propres principes ainsi qu'à l'idée de jeu de l'adversaire. »
« Aujourd'hui, il est très facile de se développer car il y a tellement de matériel disponible. Même par rapport à il y a dix ans, il y a une grande différence dans les options que nous avons maintenant pour accéder aux ressources pour le développement des joueuses. À l'époque, si vous cherchiez des modèles dans le football féminin, vous auriez eu du mal. »
« Cela dit, il faut apprendre à utiliser ce matériel. Avant de l'appliquer à votre propre environnement, il est crucial de comprendre le contexte coaches et de leur tactique. Pourquoi elles et ils font telle ou telle chose, quel type de joueuses ils ont à leur disposition, quel est leur concept de jeu, et même quels problèmes elles et ils essaient de dissimuler ou de contrer. »
Adapter les idées à sa propre équipe
« Plus tard, lorsqu'un entraîneur ou une entraîneure a ses propres idées, il ou elle peut voir quelque chose d'une autre équipe qu'il ou elle veut transférer à son propre environnement. Dans cette situation, il ou elle doit savoir s'il est possible pour ses propres joueuses de le faire et d'obtenir les mêmes résultats. »
« Je conseillerais aux jeunes entraîneurs et entraîneures de regarder l'adversaire et de voir s'ils ou elles peuvent trouver quelques petits ajustements qui aideront à mettre en valeur leurs propres forces et à cacher leurs faiblesses. Parfois, lorsque vous voyez l'adversaire jouer dans une structure similaire à la vôtre, vous pouvez trouver de l'inspiration en regardant comment il résout les situations sur le terrain. »
« Pour moi, ce n'est pas une mauvaise chose d'emprunter des idées, l'essentiel est de pouvoir les adapter à son environnement et d'être sûr qu'elles peuvent apporter les mêmes résultats. »
« Enfin, soyez conscientes et conscients du rôle des vidéos pour inspirer vos joueuses. En tant qu'entraîneur ou entraîneure, vous voulez regarder le football masculin et féminin, parce que vous cherchez des idées tactiques et des options et que vous voulez voir comment d'autres coaches trouvent des solutions. Mais pour les joueuses, il est important de leur montrer quelque chose qui soit réalisable. Et pour les joueuses, elles ont besoin de leurs propres modèles féminins pour les inspirer ».