Analyse tactique, Women's Champions League, Lyon 4-1 Benfica
jeudi 28 mars 2024
Résumé de l'article
Katrine Pedersen, observatrice technique de l'UEFA, fait le point sur la défense de Benfica qui a en grande partie frustré Lyon en quart de finale retour et explique comment les octuples vainqueures de l'épreuve ont trouvé la faille.
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Lyon a consolidé son avantage de 2-1 acquis à l'aller à Lisbonne en s'imposant 4-1 à domicile, mais le plan de jeu de Benfica a obligé l'équipe de Sonia Bompastor à attendre deux buts dans le temps additionnel pour creuser l'écart et s'assurer une place en demi-finale de l'UEFA Women's Champions League.
L'observatrice technique Katrine Pedersen a fait remarquer que « Benfica mérite d'être félicité pour son courage qui lui a permis de rester dans le match en misant sur de la possession de balle et la confiance en sa capacité à presser Lyon haut. En revanche, la stratégie lyonnaise était beaucoup plus directe, avec une utilisation fréquente de passes longues qui contournaient le milieu adverse.
La joueuse la plus capée du Danemark (210 sélections) a vu un match où seulement 7 % des 454 passes de Benfica étaient longues, alors que Lyon a plus que doublé ce pourcentage. Cependant, malgré 10 % de passes en moins, les 71 entrées de Lyon dans les trente derniers mètres ont généré 20 frappes contre 7 sur 33 pour les Portugaises.
Les clips vidéo créés par l'unité d'analyse de l'UEFA illustrent les différentes approches de la construction des mouvements offensifs.
Benfica, construire malgré tout
Au début de la première vidéo, la gardienne de Benfica, Lena Pauels, en possession du ballon, se trouve face à cinq joueuses lyonnaises prêtes à couper les passes courtes. La passe de la gardienne vers le milieu de terrain permet d'atténuer cette pression. Sur l'action suivante, Benfica ne s'affole pas et trouve de l'espace pour se dégager et s'offre même un cinq contre cinq dans sa projection.
Dans le clip suivant, Benfica bénéficie d'un surnombre de six joueuses sur sa gauche. Pauels joue ensuite sur la droite, où une course vers l'extérieur au milieu de terrain permet à une coéquipière de s'infiltrer entre les lignes. En se retournant avec le ballon, elle prépare une passe sur la gauche et indique l'espace dans la surface où sa course vers l'avant l'emmène.
Pauels a de nouveau le ballon au début de la dernière séquence, les joueuses de champ lyonnaises étant disposées en 4-1-3-2 dans la moitié de terrain de Benfica. Le pressing haut de l'équipe française force une passe en retrait vers la gardienne mais, avec huit joueuses lyonnaises regroupées sur un côté, Benfica est en mesure de sortir et d'avancer sur le flanc opposé, en cherchant à exploiter les qualités individuelles de ses joueuses.
Le jeu direct de Lyon
La première séquence met en évidence la capacité de la gardienne lyonnaise Christiane Endler à effectuer une passe longue, précise et c'est l'un des éléments clés de la stratégie gagnante de Lyon en 4-1-2-3. Horan recule jusqu'à la ligne médiane, cherchant à réduire la distance qui la sépare de Le Sommer. Elle reprend de la tête une passe précise d'Endler pour la numéro 9, ce qui permet un une-deux avec Kadidiatou Diani sur la droite et une occasion de but lorsque Le Sommer prolonge sa course dans la surface de Benfica.
Dans le deuxième exemple, Endler voit ses coéquipières en 3-3-4. Une fois de plus, elle délivre une passe précise à Le Sommer qui, après une remise en une touche de balle, s'échappe sur la gauche soutenue par cinq de ses coéquipières.
Le dernier extrait montre une autre variation sur le même thème, cette fois-ci avec Lyon qui attaque à cinq. Une autre longue passe permet à l'attaquante remplaçante Dumornay, la plus avancée du quintette offensif, de transmettre le ballon, une fois de plus, à une coéquipière située à proximité. Delphine Cascarino (sélectionnée par Pedersen pour le titre de Joueuse du match) s'échappe alors côté gauche et bat Pauels pour donner une avance de 2-1 à son équipe.
Lyon a bien exploité les ailes
« Autre aspect que les Lyonnaises ont bien intégré », a expliqué Pedersen, « jouer large après des passes venues de l'axe et provoquer avant de centrer. » L'équipe rhodanienne a délivré 18 centres, contre quatre pour les Portugaises.
« Lyon avait tendance à garder une joueuse près de la ligne de touche », a ajouté Pedersen. « Il y avait également une bonne entente entre Diani et l'arrière droite, Ellie Carpenter, qui était toujours prête à faire les courses. » Les séquences vidéo montrent que le jeu sur les ailes a permis de créer des occasions de but évidentes.
Dans le premier clip, une remise en jeu parvient à Endler alors que les joueuses de champ de Benfica sortent légèrement de leur schéma défensif 3-4-3. La longue passe de la gardienne à Le Sommer est détournée vers l'aile droite, tandis que cinq joueuses s'élancent vers le milieu. Le dédoublement de Carpenter aboutit à un centre à ras de terre et à une occasion de but manifeste.
Le deuxième clip montre un échange de passes au milieu de terrain, qui mène à Cascarino, à l'origine d'une nouvelle occasion.
La séquence suivante s'ouvre sur une remise en jeu de Benfica sur sa gauche, avec 19 des 20 joueuses de champ dans cette zone. Un renversement permet à Lyon d'attaquer sur l'autre flanc, tandis que Le Sommer, se déplace pour recevoir et jouer le ballon dans le cadre d'un autre dédoublement sur la droite, le centre qui s'ensuit est finalement intercepté.
« Je pense que c'est l'une des clés de la victoire de Lyon », commente Pedersen. « Les Lyonnaises ont fait preuve d'initiative et Benfica a eu du mal à rivaliser en intensité et dan la volonté de se présenter en nombre dans la surface. C'était un travail d'équipe, mâtiné de beaucoup d'expérience et d'abnégation. »