Ligue des champions féminine, analyse tactique, la variété de Barcelone face à la Roma

Barcelone s'est qualifié pour sa cinquième demi-finale d'affilée de l'UEFA Women's Champions League en marquant cinq buts au Camp Nou face à la Roma.

S'appuyant sur les ondes positives venues de plus de 50 000 personnes et surtout sur la variété de son jeu offensif, Barcelone a impressionné le Panel des observateurs et des observatrices techniques de l'UEFA.

Systèmes

Barcelone

Les Catalanes ont mis en place un 4-3-3 caractéristique, avec deux défenseures latérales offensives, Bronze (15) et Rolfö (16), et un milieu de terrain dynamique composé de Keira Walsh (21) dans l'axe, Guijarro (12) penchant parfois sur la gauche, et Bonmatí (14) dans une position légèrement plus offensive. Hansen (10) donnait de la largeur sur la droite tandis que Paralluelo (17) se déplaçait à l'intérieur pour ouvrir l'espace à Rolfö sur la gauche.

Dans les périodes de pressing, sur les coups de pied de but de la Roma, l'équipe se transformait en 4-4-2 avec Bonmatí à hauteur d'Oshoala (20) en première ligne défensive. Dans la ligne de défense suivante, Guijarro ou Walsh fermaient le milieu de terrain en profondeur.

Roma

La Roma a commencé en 4-4-1-1, mais sans le ballon, elle passait à un 4-5-1 bas, qui devenait parfois un 5-4-1 en raison des attaques de Barcelone par les côtés. Dans ces cas-là, Serturini (15) descendait au poste d'arrière droite pour aider à prévenir les dédoublements entre Paralluelo et Rolfö.

Ce que nous avons observé

L'analyse vidéo ci-dessus met en évidence les variations dans le jeu offensif de Barcelone, y compris les combinaisons, les 1 contre 1, les centres et le jeu dans la profondeur. Comme l'a fait remarquer le Panel des observateurs et des observatrices techniques de l'UEFA, les buts marqués par les Barcelonaises soulignent les différents moyens trouvés pour briser la défense de la Roma.

Malgré le score et la suprématie de Barcelone, les contre-attaques de la Roma, menées sur les côtés, ont parfois créé des situations difficiles pour les Espagnoles et la première partie de la vidéo se concentre sur les efforts de l'équipe italienne.

La première caractéristique de son jeu, mise en évidence dans les clips 1-2, est le courage dans la construction. Les Italiennes ont eu du mal face au pressing haut de Barcelone, mais ont persévéré et ont parfois produit un jeu intéressant.

Dans le clip 1, notons les positions occupées par plusieurs joueuses de la Roma. L'arrière droite Elisa Bartoli traverse le terrain pour, brièvement, donner à la Roma une supériorité numérique. Manuela Giugliano joue également sur la droite pour libérer de l'espace pour l'ailière Serturini, qui se trouve dans une position plus haute sur la droite. La séquence se termine par une tentative de la Roma de jouer un ballon dans le dos de la ligne de défense de Barcelone, une tactique récurrente.

Le clip 2 fournit un autre exemple du mouvement des joueuses de la Roma. Après que le ballon a été joué vers la ligne d'attaque, on voit la remplaçante Giada Greggi déborder sur la droite pour apporter son soutien. Giugliano se rend alors disponible pour la passe et bien que Greggi joue en arrière, le mouvement de la numéro 10 a ouvert l'espace. Giugliano reçoit le ballon de l'arrière gauche Moeka Minami et dispose de deux options au milieu de terrain, à droite et à gauche, alors qu'elle prend l'information. La Barcelonaise Ingrid Syrstad Engen, consciente de la présence d'Alves sur sa droite, s'écarte, ce qui donne à Giugliano le temps de bien ajuster sa passe dans le dos de la défense de Barcelone.

Les clips 3 et 4 illustrent la manière dont la Roma a cherché à exploiter les espaces derrière la défense de Barcelone après avoir gagné le ballon. La Roma en bloc bas alors que Barcelone dominait la possession du ballon (70,2 %), son plan consistait à contre-attaquer en trouvant le dos de la ligne arrière de Barcelone. Dans ces deux clips, on voit une transition rapide après avoir récupéré le ballon. Il n'est donc pas surprenant que le but marqué soit le résultat d'une contre-attaque rapide.

Manuela Giugliano, capitaine de la RomaGetty Images

À partir du clip 5, l'accent est mis sur Barcelone et sur la diversité de son jeu offensif. « Nous avons la chance d'avoir des joueuses parmi les meilleures au monde, parmi les plus intelligentes », a déclaré Bronze après le match, et leur qualité technique et leur intelligence de jeu se manifestent de plusieurs façons.

Le clip 5 montre les combinaisons de ces joueuses : des rotations astucieuses font sortir les joueuses de la Roma et ouvrent un espace pour Paralluelo sur la gauche. Barcelone excelle à créer des espaces, et à y trouver une coéquipière, et a terminé la semaine avec le meilleur pourcentage de passes réussies dans les 30 derniers mètres (84,8 %)

Un autre point à noter dans ce clip est la concentration de joueuses dans et autour de la surface lorsque León centre. Il y a quatre joueuses dans la surface, plus une autre en défense (et comme le montre la vidéo, neuf au total dans un rayon de 30 mètres autour du but de la Roma). Oshoala est très proche de Rolfö pour la remise en jeu.

Le clip 6 commence par des flèches rouges qui suivent le mouvement de Rolfö, puis de Paralluelo, alors que chacune d'elle, à tour de rôle, s'élance dans le dos de l'adversaire, soulignant les dangers constants que Barcelone fait peser sur les défenses adverses.

Le mouvement de Fridolina Rolfö, une menace constanteGetty Images

Nous voyons ensuite un triangle « blaugrana » sur le côté gauche, un 3 contre 2 qui cherche à créer de l'espace pour centrer. Et bien que la Roma se dégage, le nombre de joueuses de Barcelone dans les 30 derniers mètres signifie qu'il y a une joueuse de Barcelone pour récupérer le ballon et remettre ça. À la fin de la séquence, nous voyons huit joueuses de Barcelone à moins de 25 mètres du but de la Roma, et deux autres non loin derrière.

Le clip 7 illustre une autre caractéristique de l'attaque de Barcelone, sa percussion plein axe. Tout d'abord, nous voyons comment Barcelone crée le surnombre avec quatre joueuses en losange qui absorbent l'avant-centre de la Roma. Il est intéressant d'observer le mouvement de Guijarro, en particulier, qui trouve un espace entre les lignes et peut recevoir le ballon de León et le transmettre à Oshoala qui s'infiltre dans la surface. La position d'Oshoala, proche de Carina Wenninger, ne permet pas à la centrale d'intervenir sur Guijarro à temps.

Dans le clip 8, nous voyons l'action du quatrième but barcelonais. Elle est pertinente car elle met en évidence la capacité de l'équipe à se débarrasser d'une ligne défensive plus haute. Alors qu'Oshoala occupe Wenninger et que l'arrière gauche Minami est attirée par Hansen, Bonmatí prend le demi-espace entre l'arrière centrale et l'arrière latérale. Grâce à cette passe décisive, elle rejoint Giugliano (Roma) en tête du classement des passeuses décisives, avec cinq offrandes.

Le clip 9 se concentre sur les losanges de Barcelone. Deux fois de suite, nous voyons un quatuor de joueuses proches les unes des autres, formant un losange ou un diamant, qui créent une supériorité numérique afin d'assurer une variété de possibilités pour la joueuse en possession du ballon.

La séquence se termine par un rappel que ce n'est pas que le collectif mais aussi le talent individuel que Barcelone possède en abondance, Hansen réalisant une course entre quatre maillots blancs avant un autre centre. Pour mémoire, Hansen a terminé la soirée avec sept prises de balle (et un taux de réussite de 85,7 %) ainsi que quatre centres réussis.

L'analyse vidéo se termine par un exemple de contre-attaque et de récupération du ballon par le FC Barcelone. Avant ce match, l'une des consignes de l'entraîneur, Jonatan Giráldez, à ses joueuses était « pas de relâchement » et le clip 10 montre combien cette consigne a été suivie en réponse à une interception de Bartoli de la Roma (l'une des 15 interceptions, le chiffre le plus élevé de la semaine, de l'équipe italienne).

Barcelone excelle dans l'art de la conservation avec beaucoup de joueuses autour du ballon, ce qui est également bénéfique lorsqu'il le perd : cinq joueuses se trouvent à proximité de la joueuse qui a enfin eu la chance de mettre le pied sur la balle, ce qui limite les options de Serturini. C'est ainsi que Guijarro est en mesure de facilement reprendre le bien des Catalanes pour déclencher une autre attaque.