Analyse, UEFA Europa League, comment Lyon a géré la pression à Manchester United
mardi 22 avril 2025
Résumé de l'article
L’observateur technique de l’UEFA, Steve Cooper, analyse comment Lyon a réussi à jouer sous pression à onze puis à dix contre Manchester United lors du quart de finale retour de l’UEFA Europa League.
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L’observateur technique de l’UEFA, Steve Cooper, analyse le quart de finale retour de l’UEFA Europa League entre Manchester United et Lyon, dans la continuité de l’article de vendredi, et donne des conseils utiles à tout entraîneur ou joueur sur la manière de gérer l’infériorité numérique.
Comment Lyon a joué sous la pression de United
Dans la première vidéo, nous voyons comment Lyon a joué à onze.
« Lyon s’est efforcé de jouer court », explique Cooper. « Quand ils jouent en passes courtes, les Lyonnais contournent le pressing à six de United, et une fois qu’ils ont réussi, ce qui est très révélateur, c’est la rapidité avec laquelle Lyon implique ensuite les joueurs dans l’attaque. Lorsque l’ailier gauche Corentin Tolisso récupère le ballon et rentre à l’intérieur, il y a six joueurs devant le ballon. Ils construisent avec beaucoup de joueurs, ils jouent court, puis tout le monde se joint très rapidement à l’attaque. »
« Le ballon est près de la ligne de but de Lyon au début de la vidéo, mais en 30 secondes, ils sont assez près du but de United pour marquer. Parfois, on peut essayer de jouer court face à un adversaire, mais on n’a pas assez de joueurs pour poursuivre l’attaque et ça peut casser. Ce que j’aime ici, c’est qu’une fois que Lyon a joué court, ils ont continué avec toute l’équipe pour faire progresser l’attaque, à participer et à se placer devant le ballon. »
La séquence montrée comportait 28 passes, la deuxième plus longue du match et une période prolongée de possession contrôlée. Lyon a également eu la séquence la plus longue avec 30 passes, créant une situation de centre avec une occasion de but pour Ainsley Maitland-Niles.
Le graphique 1 montre le défi auquel Lyon a été confronté et la manière dont il a cherché à surmonter le défi d’être en infériorité numérique. Ils ont gardé de la largeur et de la hauteur tout en ayant deux joueurs qui essayaient de connecter les choses au milieu.
Comment Lyon a joué après avoir été réduit à dix
« Dans la deuxième vidéo, nous voyons comment Lyon a gardé sa hauteur et sa largeur malgré son infériorité numérique, agrandissant le terrain et continuant à occuper les cinq défenseurs de United, ce qui leur a permis de continuer à construire », explique Cooper, qui note comment cela a également créé une sorte de dilemme pour l’entraîneur de United, Rúben Amorim. « Le dilemme de United est de savoir s’il faut jouer à 3 contre 3 en défense et ajouter l’homme supplémentaire au pressing pour gagner le ballon, ou à 4 contre 3 et garder un joueur supplémentaire derrière au cas où. »
« Lyon a bien fait de poursuivre son plan de jeu. En agrandissant le terrain, ils ont permis des passes courtes et longues lorsqu’ils ont déplacé le ballon avec un ou deux touchers de balle. Ils ont gardé le ballon un peu plus longtemps car ils ne voulaient pas perdre la possession. La différence était qu’une fois que Lyon avait franchi le pressing, ils avaient un joueur de moins pour attaquer, mais ils ont bien compensé. Il y a toujours un contexte à un match. Le score était de 2-2 lorsque le match est allé en prolongation, mais Lyon a continué à engager des joueurs, à aller de l’avant et ils ont marqué deux buts supplémentaires à dix, celui-ci par Rayan Cherki. »
Le graphique 2 montre les passes de Lyon qui ont commencé dans leur propre moitié de terrain en prolongation. Il illustre la variété des passes courtes et longues créées. Une passe courte a mené au troisième but de Lyon, et une passe longue au penalty qui a amené le quatrième alors que Lyon se battait pour un ballon perdu que Malick Fofana a transmis à Alexandre Lacazette avant qu’il n’entre dans la surface et obtienne un penalty.
Conseils pour les coaches
La première question à se poser est : « Pourquoi construisons-nous en partant de derrière ? » Dans cette situation, le « pourquoi ? » était de faire sortir autant de joueurs de Manchester United que possible pour presser, et de se faire confiance pour jouer court face à eux.
« Les entraîneurs entraînent l’équipe à construire depuis l’arrière, mais les joueurs doivent comprendre le pourquoi et le comment », explique Cooper. « Le comment, c'est la tactique, donc le positionnement de l’équipe et les principes. Le pourquoi est aussi important, ici, il s'agit de casser le pressing de United et laisser cinq, six ou sept joueurs de United derrière le ballon, afin de pouvoir poursuivre l’attaque dans de grands espaces, et cela se transforme ensuite en une attaque rapide. Lyon joue en bloc. iIls passent de la phase de construction en équipe aux 30 dernier mètres. »
« Il y a un courage mental et un engagement collectif dans cette tactique. il y a un risque et une récompense. Les joueurs doivent être capables de recevoir le ballon sous pression, de se trouver, d’avoir une bonne personnalité et d’avoir des qualités de passe pour le joueur ibre et jouer vers l’avant. »