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Analyse tactique, Manchester United - Lyon, anatomie d’un classique

L’observateur technique de l’UEFA Steve Cooper analyse la tactique qui a sous-tendu le haletant quart de finale retour de l’UEFA Europa League à Old Trafford.

Harry Maguire, auteur du but de la victoire pour Manchester United (à gauche), et Casemiro, agent du chaos
Harry Maguire, auteur du but de la victoire pour Manchester United (à gauche), et Casemiro, agent du chaos Getty Images

La victoire 5-4 de Manchester United contre l’Olympique Lyonnais a sans doute été la rencontre la plus spectaculaire de l’UEFA Europa League cette saison jusqu’à présent.

À égalité 2-2 après un match aller captivant en France, United a pris un avantage de 2-0 devant une foule bruyante à domicile avant que l’équipe de Paulo Fonseca ne marque quatre buts. Deux d’entre eux ont mené le match en prolongation, deux autres ont vu les joueurs de Lyon célébrer. C’est alors que United a marqué trois fois dans les sept dernières minutes de la prolongation au milieu de scènes de joie à Old Trafford pour se qualifier 7-6 sur l’ensemble des deux matches. L’observateur technique de l’UEFA Steve Cooper décortique certains des thèmes centraux de ce match épique.

Le match minute par minute

La stratégie défensive de Lyon et comment United l’a surmontée

Analyse, United déjoue le piège défensif lyonnais

« Il était très clair que chaque joueur lyonnais avait une responsabilité très spécifique », explique Cooper. « Les deux joueurs de couloir étaient responsables des trois défenseurs centraux de United, ils correspondaient au milieu de terrain en losange, donc un des milieux de terrain et un des attaquants correspondaient à Casemiro et Manuel Ugarte. Les deux milieux de terrain axiaux, Paul Akouokou et Jordan Veretout, marquaient respectivement Bruno Fernandes et Alejandro Garnacho. Cela a permis aux latéraux, Nicolas Tagliafico et Ainsley Maitland-Niles, de presser les ailiers de United, ce qui a laissé en retour deux défenseurs centraux face à Rasmus Højlund : 2 contre 1. »

« Il était clair que Lyon était bien préparé sur ses responsabilités : l’idée était de bloquer les ballons, pas tellement dans le pressing haut, mais tous les ballons arrivant dans le milieu de terrain, vers les ailiers ou vers Højlund. Lyon pouvait ainsi exercer une pression initiale sur le porteur du ballon. »

« Tel était le plan, mais au fur et à mesure que le match avançait, Bruno et Garnacho ont pu courir dans leurs couloirs car il y avait de grands espaces laissés libres là parce que parfois les latéraux pressaient les ailiers qui étaient assez bas : il y avait des zones évidentes à exploiter avec des passes plus longues et des courses en profondeur. »

« Ce qui est également intéressant pour les milieux de terrain marquant Bruno et Garnacho, c’est qu’ils ne sont pas naturellement en position défensive. Par exemple, s’ils ont le ballon et que le ballon est perdu, ils se retrouveraient devant Bruno et Garnacho au lieu de derrière eux, où se trouverait normalement un défenseur, donc ils se replaçaient toujours pour retrouver leur position », comme le montre la vidéo où Bruno perd son marqueur.

« Comme les ailiers de United étaient parfois assez bas, et comme il y avait trois défenseurs centraux jouant contre deux joueurs en pressing, il était assez facile pour l’un de ces cinq joueurs d’avoir du temps et de l’espace avec le ballon. Ils pouvaient lever la tête, et jouer des passes plus précises dans les espaces où Bruno et Garnacho faisaient leurs appels. »

L’impact des changements de Lyon

Analyse, Lyon, changements presque gagnants

Alors que United menait 2-0, Lyon devait faire quelque chose pour revenir dans le match et empêcher United de prendre de l’élan. « Il ne s’agissait pas seulement de l’entrée d’Alexandre Lacazette et de Malick Fofana, c’était aussi un changement de système très efficace », explique Cooper. « Lyon est passé d’un 4-2-4 à un clair 4-2-3-1, leur permettant d’avoir de la profondeur, avec Corentin Tolisso redescendant dans le milieu de terrain et Lacazette entrant à la 55e minute comme un numéro 9 orthodoxe, se liant bien avec les autres. »

« Passer à un 4-2-3-1 a permis à Lyon de gagner du terrain, et d’engager plus de joueurs en attaque. »

Fofana, entré à la 64e minute, a apporté de la vraie largeur et de la profondeur à gauche, « entrant dans des duels en 1 contre 1, mettant United en difficulté, créant la situation de centre pour le deuxième but. En raison de sa menace, United a dû le doubler et avec cela, naturellement, un espace est apparu ailleurs que Lyon a pu ensuite exploiter. »

Le final dramatique de United

Analyse, United au srprint

« Parfois, dans le football, tout s’envole et il faut créer le chaos », dit Cooper. « Casemiro, avec toute son histoire européenne et son succès dans les matches à élimination directe, a également pris la responsabilité de la situation. Cela signifie rester calme, garder la foi et la positivité, et faire quelque chose pour changer la situation. Casemiro, qui a délivré deux passes décisives, a montré toute son expérience dans les derniers instants, arrivant dans des positions dans la surface. Il se battait même avec Harry Maguire pour être à la réception des centres, car il faut prendre des risques et faire quelque chose de différent, tout en faisant preuve de brio. La capacité technique pour le but égalisateur de Kobbie Mainoo au milieu du chaos était spéciale : un brillant exemple de sang-froid, d’habileté et d’état d’esprit. »

« Je dirais la même chose du coup de tête de Maguire qui a gagné le match et du centre de Casemiro. Enlevez le tumulte de la situation : c’était une technique du plus haut niveau alors qu’ils se battaient pour créer des opportunités. Et il ne faut pas sous-estimer l’atmosphère d’Old Trafford, le public de United était excellent. »

La longue passe et les courses en profondeur : Quelques conseils de Steve Cooper

« Les courses en profondeur et les passes plus longues sont rarement travaillées à l’entraînement, mais la longue passe est une technique sous-estimée. C’est une chose tellement difficile à réaliser sous pression et à grande vitesse. »

« L’appel avant la passe est un atout brillant pour un joueur offensif. Le mouvement est à son meilleur quand l’appel dicte la passe, pas l’inverse. C’est une excellente habitude à intégrer à l’entraînement. Si l’appel est bon et clair, alors le joueur avec le ballon peut décider quand et où frapper le ballon. »

« N’importe quel joueur peut effectuer ces longues passes. À Old Trafford, c’était une passe de Noussair Mazraoui pour le premier but, mais cela aurait pu être l’un des cinq défenseurs ou un milieu de terrain. Diogo Dalot a fait la passe lorsque Fernandes a frappé la barre transversale, et Maguire a fait une longue passe pour le deuxième but. Celles-ci venaient de zones basses, où il y a moins de pression sur le porteur du ballon. La longue passe a fini par être un facteur clé dans le match, et elle peut l’être dans d’autres matches. »