Analyse tactique, UEFA Europa League, Comment Berg a donné le ton pour Bodø/Glimt

La victoire 2-0 de Bodø/Glimt contre une équipe de la Lazio qui a terminé en tête de la phase de ligue à 36 équipes de l'UEFA Europa League a été l'une des performances les plus impressionnantes d'une équipe norvégienne dans une compétition de l'UEFA, et ce résultat a été célébré par les supporters dans leur ville enneigée et au-delà.

Alors que les deux équipes ont beaucoup à réfléchir avant le match décisif des quarts de finale jeudi prochain à Rome, l'entraîneur de la Lazio, Marco Baroni, est déjà concentré sur les améliorations. « À mon avis, nous devons nous rapprocher d'eux au match retour », a-t-il déclaré. « Ils sont très bons dans les 25-30 derniers mètres, et là, nous devons appliquer une pression plus individuelle. »

Mais comment Bodø/Glimt a-t-il réussi à amener le ballon dans ces positions ? En analysant le match aller, l'observateur technique de l'UEFA, Jan Peder Jalland, examine les qualités individuelles des joueurs lors de la construction depuis l'arrière et comment leur prise de décision a été influencée par ce que leurs adversaires leur ont permis de faire.

Trouver un n°7 qui joue comme un n°6, Patrick Berg

Dans la première vidéo, menant au premier but, nous voyons deux exemples de la façon dont Bodø/Glimt construit en 4-3-3, avec des latéraux bas et un milieu récupérateur au centre, généralement leur n°7, capitaine et légende du club, Patrick Berg.

« Berg a fait un très bon match », déclare Jalland. « Il a un très bon sens du timing dans ses déplacements, surtout en termes de placement. S'il monte trop haut, il est facile pour les milieux centraux de la Lazio de le presser et de l'éliminer. Il reste donc proche des défenseurs centraux, mais pas trop près pour ne pas être prêt. Il lit les espaces à prendre et ouvre des espaces pour les joueurs autour de lui. Il est constamment conscient de ceux qui l'entourent. »

Dans le clip, on voit Berg décrocher, trouver un angle et de l'espace, et effectuer une passe à travers les lignes vers un milieu de terrain avancé.

« Berg est important et le but est superbe, une construction classique de Bodø/Glimt », explique Jalland, Ulrik Saltnes ayant assuré la finition en réalisant un doublé. « Le but est arrivé après 47 minutes et l'équipe locale a augmenté son rythme en seconde période, tandis que la Lazio a eu plus de difficultés. »

Bodø/Glimt a eu 58 % de possession et a créé un xG de 2,25, en partie grâce à la créativité de Berg alors que les joueurs progressaient depuis la défense et échangeaient leurs positions en attaquant.

« Le travail de Berg est soit de se libérer, soit d'attirer un attaquant sur lui pour que le défenseur central soit libre », dit Jalland. « Il s'agit pour Bodø/Glimt de profiter du 3c2 lors de la construction. Si la Lazio marque Berg, le défenseur central monte. Si Berg est libre, ils jouent sur lui. Sinon, ils jouent le ballon vers l'attaquant. »

Variations dans la construction de Bodø/Glimt

Dans la deuxième vidéo, nous voyons la patience de Bodø/Glimt lorsqu'ils cherchent à construire et la prise de décision intelligente de leurs joueurs qui attendent le moment opportun pour avancer.

Dans le premier clip, il y a un 3c2 dans une zone centrale, puis un 2c1 dans une zone latérale.

Berg, en tant que milieu récupérateur, attire l'un des deux attaquants, permettant au défenseur central de trouver une passe qui casse les lignes vers un milieu de terrain qui peut créer un surnombre sur le côté, ce qui permet à un latéral de monter.

« Bodø/Glimt est patient : ils ne forcent pas le jeu, il n'y a pas de stress », dit Jalland. « Ils laissent l'adversaire courir. Ils savent que des espaces vont s'ouvrir. Ils varient : ils sont heureux de jouer le ballon en retrait, de changer le point d'attaque et de trouver Berg au milieu. Les ballons vers Berg viennent de partout, même des latéraux. »

« Cette prise de décision judicieuse vient du travail sur le terrain et du fait de jouer ensemble depuis longtemps, comme l'ont fait les joueurs de Bodø/Glimt. Il y a une autre partie du jeu de Berg : il se déplace souvent dans le dernier tiers et il est difficile de le suivre, donc il se retrouve libre. »

Liaison avec l'avant-centre

Dans la troisième vidéo, nous voyons Berg attirer les milieux de terrain de la Lazio dans la zone du milieu défensif central, ce qui crée de l'espace pour qu'un défenseur central monte en possession, avance et transmette le ballon à l'avant-centre, Kasper Høgh, qui décroche dos au but pour combiner avec les milieux centraux avant de courir vers l'avant. Bien qu'il n'y ait pas de but cette fois, c'est une autre occasion de but.

« Bodø/Glimt joue ce 4-3-3, bien que de manières légèrement différentes, depuis 30 ans », ajoute Jalland. « Ils sont en 4-3-3 de bout en bout, et le père, le grand-père et les oncles de Berg ont joué dans leur système au même club. C'est une chose très norvégienne. Il sera très intéressant de voir la tactique de la Lazio au match retour. »

Pour les coaches, le n°6

En conclusion, l'un des principaux enseignements de ce match a été l'importance du n°6 en milieu défensif. « Il existe différents types de n°6 », dit Jalland. « Mais pour une équipe qui veut contrôler le jeu comme Bodø/Glimt, le n°6 doit avoir la capacité de trouver de l'espace, d'avoir une conscience du ballon et de l'exécution des passes. Un n°6 doit également être capable de gérer le ballon sous pression. »

« L'une des forces de Bodø/Glimt est de profiter de sa supériorité dans la construction. Parfois, Berg, qui portait le n°7 mais jouait comme un n°6, se déplaçait pour emmener un défenseur avec lui afin d'ouvrir de l'espace pour ses coéquipiers. Pour l'équipe, peu importe qui fait avancer le ballon ; il est juste important qu'ils profitent de la supériorité numérique en 3c2 lors de la construction. »

« Les défenseurs centraux derrière le n°6 essaient de créer des angles entre eux, puis de créer un homme libre. Les milieux de terrain peuvent attendre plus haut, mais ils doivent quand même se rapprocher et être suffisamment bas pour être connectés au n°6, à moins qu'ils ne puissent aller directement vers l'attaquant. »

Jeudi, au-delà du cercle polaire arctique, cela a parfaitement fonctionné pour Bodø/Glimt.