Interview, Gennaro Gattuso (Marseille) : « Je vois le football d'une manière totalement différente par rapport à l'époque où j'étais joueur »

Milieu de terrain farouche, Gennaro Gattuso a remporté l'UEFA Champions League avec l'AC Milan en 2002/03 et 2006/07, ainsi que la Coupe du monde de la FIFA 2006 avec l'Italie, mais s'il a été un joueur fougueux, Ringhio (son surnom, grognement en Italien) assure avoir changé d'approche depuis qu'il est devenu entraîneur.

Aujourd'hui à la tête de l'Olympique de Marseille, le technicien de 45 ans s'est confié, entre autres, sur sa vision de l'UEFA Europa League et sur l'évolution de sa compréhension du football depuis qu'il a raccroché les crampons.

Gattuso sur son arrivée à l'OM

C'est un honneur d'être ici. C'est un grand club et ça se sent. Ça se voit rien qu'aux 65 000 personnes qui se rendent au stade tous les dimanches lorsque nous jouons à domicile, et les personnes qui travaillent ici peuvent vraiment sentir qu'ils font partie d'un grand club. Je suis fier d'entraîner ce club.

Nous voulons des résultats. Nous vivons pour obtenir des résultats. Nous devons gagner des matches parce que lorsque nous perdons, c'est moi qui suis responsable. C'est la règle. J'en suis bien conscient. Cela fait quelques années que je fais ce métier. Je suis encore jeune, j'ai 45 ans, mais j'ai fait quelques clubs dans ma carrière. Et nous devons continuer et croire en ce que nous faisons.

Gattuso avec la Coupe du Monde 2006 remportée en finale contre la France à BerlinAFP via Getty Images

Gattuso sur son passé de joueur

Chaque match était une mission pour moi et je m'y préparais avec cette mentalité. Cela m'a demandé beaucoup d'efforts, car lorsque je m'entraînais, je le faisais toujours plus que les autres. Beaucoup de gens disent que c'est parce que j'étais moins technique que les autres joueurs, ce qui est peut-être vrai, mais je m'entraînais (ainsi) parce que je sentais que j'étais sur la bonne voie. Cela donnait souvent l'impression d'être arrogant ou irrespectueux envers tout le monde, mais c'était juste ma façon de me préparer pour les matches. Et je n'ai jamais été du genre à lâcher quoi que ce soit. Je quittais le terrain en ayant donné tout ce que j'avais.

Gattuso sur sa vitoire en UEFA Champions League avec Milan

Après la finale (de 1989) à Barcelone contre le Steaua, mon père m'a amené à la parade dans la rue. C'était vraiment le rêve, je venais d'une famille de supporters milanais. Je n'ai eu qu'un seul tatouage dans ma vie : celui de la Ligue des champions. Gagner la Ligue des champions était un rêve dingue, mais c'est arrivé. Je me souviens que mon père et moi nous sommes serrés dans nos bras après la finale, alors que nous allions à l'hôtel à Manchester. Je m'en souviens encore.

La victoire de 2007 (en finale contre Liverpool) a été différente parce que nous étions encore sous le choc de 2005 (lorsque Milan avait laissé filer une avance de 3-0 et s'était incliné en finale face à Liverpool aux tirs au but), et je l'ai ressenti avec amertume. Je voulais quitter le club et j'y pensais tous les jours pendant des mois. Et je dois dire que (le président du club Adriano) Galliani a eu raison de m'enfermer dans la salle des trophées. J'y suis resté une journée entière, mais je voulais partir parce que je n'arrivais pas à me remettre de notre défaite à Istanbul. Dieu merci, je suis resté et j'ai pu participer à une autre finale et gagner une autre Ligue des champions.

Gattuso sur son style d'entraîneur

Vous devez traiter avec 60 ou 70 personnes chaque jour. Je dis toujours qu'être entraîneur est le plus beau métier du monde... Ah ! Si seulement il n'y avait pas de match à la fin de la semaine ! Je vois le football d'une manière totalement différente par rapport à l'époque où j'étais joueur. Je veux des joueurs intelligents, qui savent se placer et qui peuvent jouer n'importe quel type de football.

Au fil des ans, je n'ai jamais cessé de faire des ajustements, car le jeu est en constante évolution, et c'est un plaisir. Je dois avouer que le fait d'être joueur ne me manque pas, mais alors pas du tout. Depuis que je suis devenu entraîneur, je me sens parfaitement à l'aise.