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Ligue Europa, exclusivité, Yassine Bounou : « Toutes les raisons d'être heureux »

Le gardien légendaire du Maroc et du FC Séville Yassine Bounou en interview exclusive pour UEFA.com.

Yassine Bounou explique dans cette interview d'où vient son sourire
Yassine Bounou explique dans cette interview d'où vient son sourire Getty Images

Alors que le FC Séville affronte la Juventus en demi-finale de l'UEFA Europa League, son gardien emblématique Yassine Bounou, 32 ans, n'élude aucun sujet. Il évoque l'adversaire bien sûr, la compétition fétiche de Séville, mais aussi son pays, le Maroc, les Lions de l'Atlas et son « petit frère », Youssef En-Nesyri. Passionnant !

UEFA.com: Yassine, Séville semble toujours candidate pour remporter ce titre chaque fois que l’équipe joue cette compétition (Séville a gagné la C3 en 2006, 2007, 2014, 2015 2016 et 2020). Qu'est-ce qui rend l'Europa League si spéciale pour Séville ?
Yassine Bounou: Dur de répondre. Nous croyons en nous-mêmes, ce qui nous aidera peut-être à gagner. Nous avons aussi des joueurs de grande qualité qui peuvent aider Séville à devenir un prétendant à l'Europa League.

Tu es à Séville depuis plusieurs années. Parle-nous de ton évolution dans cette équipe, que ce soit d'un point de vue sportif, comme le développement de tes compétences footballistiques ou de tes capacités individuelles, ou d'un point de vue mental.
Depuis que je suis arrivé à Séville, je me suis amélioré mentalement, sportivement et personnellement chaque année. Je ressens le désir de m'améliorer continuellement. Que j'aie gagné des récompenses individuelles ou non, que nous ayons gagné des titres ou non, j'ai toujours essayé de m'améliorer pour aider l'équipe. C'est un processus d'amélioration constante, mais je peux aussi dire qu'il s'agit de trouver de la joie dans le jeu.

Temps forts

Concernant la campagne d'Europa League de Séville cette saison, vous avez joué contre le PSV Eindhoven, Fenerbahçe et Manchester United et maintenant la Juventus. Quel a été le moment clé qui a changé la donne pour le club en Europa League ?
Lors de la deuxième mi-temps du match aller contre Manchester United, tout a changé, parce que lorsque nous avons joué contre Manchester United. On pensait surtout au Championnat à et lutter dans LaLiga. Au début, nous avons joué un match normal contre Manchester United. Cependant, au cours de la deuxième mi-temps, nous avons vu que nous pouvions marquer des buts parce que le niveau de Manchester United baissait. Quand nous avons marqué le premier but, nous avons réalisé que nous pouvions marquer le deuxième. Cela a sonné une sorte de révolte.

Bounou, cette parade à Old Trafford !

Et les supporters nous ont soutenus lors du match retour à domicile et on s’est qualifiés. C'est à ce moment-là que nous avons compris que nous pouvions vraiment faire quelque chose dans cette compétition.

Heureusement, nous nous sommes qualifiés pour le prochain tour. Nous avons maintenant un grand match à jouer et nous le ferons avec le même respect. Nous sommes convaincus que nous atteindrons la finale.

Justement, que signifierait pour vous d’atteindre la finale ?
Pour moi, mes coéquipiers et les supporters, le rêve est de remporter ce titre et de passer au tour suivant, si Dieu le veut. La Juventus est un grand club, mais Séville aussi , nous sommes une équipe de haut niveau. Nous avons les capacités et la conviction, il est donc important pour nous d'aborder le match (avec cette mentalité), et de réaliser une performance de qualité.

Et si ça va aux tirs au but…
En tant que joueurs, nous nous entraînons pour être préparés à tous les scénarios, à tout ce qui peut arriver pendant un match. Si on en arrive là, on n'aura pas peur. Nous essaierons de faire de notre mieux et c'est tout.

Te sens-tu aussi confiant que tes coéquipiers lorsqu'un match se termine aux tirs au but ? Sachant que tu es un peu un spécialiste ?
Je fais entièrement confiance à mes coéquipiers et je crois qu'ils peuvent marquer des penalties. J'ai pleinement confiance dans le fait qu'ils marqueront tous leurs penalties. D'un autre côté, pour nous en tant que gardiens de but, quand notre tour arrive, vous savez, sauver des penalties nécessite un certain instinct et un certain feeling, et c'est quelque chose que tout le monde sait.

Parlons de votre adversaire, la Juventus. Y a-t-il des joueurs en particulier que tu redoutes ?
La Juventus a toujours eu de grands joueurs. À Séville, nous respectons les grandes équipes, et nous sommes respectés. Nous savons que la Juventus est une équipe de haut niveau avec des joueurs de qualité.

Yassine Bounou

Nom: Bounou (ou Bono, voir plus bas)
Prénom: Yassine
Date de naissance: 5 avril 1991 (32 ans) à Montréal (Canada)
Taille: 1,92m
Poste: gardien de but
Parcours pro
Clubs
WAC Casablanca
Wydad Casablanca (2020-12. 10 👕)
Atlético de Madrid (2012-14. 47 👕)
Real Saragosse (2014-16, 35 👕)
Gérone (2016-19. 83 👕)
FC Séville (depuis 2019. 88 👕, 1 ⚽️)
Pays
Maroc: 👕 54 sélections 🇲🇦

Palmarès
🏆 Liga 2013/14
🏆 UEFA Europa League 2019/20
🏆 Trophée Zamora 2021/22

Que penses-tu de l'Europa League en tant que compétition ? Est-elle passionnante ? À quel point les matches de cette compétition sont-ils difficiles et stimulants ?
L'Europa League est une compétition ancienne et prestigieuse, et cela signifie beaucoup pour nous de participer à une telle compétition. En tant que joueurs, nous essaierons de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que notre rêve devienne réalité.

As-tu un message pour les supporters qui te suivent et te soutiennent, toi et Séville ?
Je salue les supporters, les supporters de Séville, les supporters marocains, les supporters arabes et africains, tous les supporters du monde entier qui nous suivent. Je les remercie pour leur soutien et j'espère que nous pourrons faire plus pour eux. Je vous remercie.

Quand on parle de Yassine Bounou, il faut parler de la Coupe du Monde 2022. Avec un peu de recul, que retiens-tu de cette épopée jusqu’en demi-finales ?
La Coupe du Monde est le tournoi auquel tous les joueurs veulent participer. Chaque Marocain rêve depuis l'enfance de représenter l'équipe nationale et, ensuite, de participer à un événement aussi important que la Coupe du Monde. Il est difficile de décrire et d'expliquer ce sentiment. Nous avons montré que les équipes africaines et arabes peuvent rivaliser avec les meilleures équipes. Nous avons ouvert les portes à toutes les équipes pour qu'elles puissent montrer leur valeur lors des prochaines Coupes du monde. Nous espérons nous qualifier pour la prochaine Coupe du monde et continuer ce que nous avons commencé.

Ligue Europa, l'énorme parade de Bounou face au PSV

Avant la Coupe du Monde, t'attendais-tu à ce que l'équipe marocaine atteigne les derniers tours ?
Nous étions optimistes à 100 % parce que l'entraîneur, Walid Regragui, nous a donné le sentiment positif que nous n'allions pas à la Coupe du monde uniquement pour jouer les trois premiers matches. Il nous a transmis et inculqué le sentiment que nous pouvions jouer un rôle dans cette Coupe du Monde.
Nous étions optimistes jusqu'à ce que nous atteignions les demi-finales. C'était une déception de ne pas atteindre la finale parce que nous avions la qualité pour le faire. La confiance était là et elle est forte dans la génération actuelle de joueurs que nous avons. Nous avons des joueurs de qualité à différents postes, et ils jouent dans de grands clubs.

Yassine, tu es autant connu pour tes arrêts que pour le sourire que tu as souvent sur le terrain. D’où vient-il ?
J’ai grandi dans un environnement heureux, Dieu merci, dans une société où il y a toujours la référence à quelque chose de divin quand on est confronté à un problème. Le football n’est qu’un un sport, après tout. Un jour ça va s’arrêter. La communication, le respect et l'amour entre les gens vont continuer. Alors quand tu empruntes ce chemin et que tu vois les choses comme cela, tu as toutes les raisons d’être heureux.

Yassine Bounou, pourquoi il a toujours le sourire

Quelle est ton approche du football ? Quelle est ton approche générale de ce sport, et que penses-tu du football ?
Le football me fait grandir en tant que personne, il te sort de ta zone de confort vis-à-vis de beaucoup de gens, les entraîneurs, les amis. Et ça t'apprend comment traiter avec tout le monde, ça te fait t'améliorer en tant que personne. C'est ça le football et c'est le maestro de nos vies. Dieu m’a mis sur ce chemin qui me permet de rencontrer beaucoup de gens. Il nous a placés dans une situation différente, qui nous permet de grandir, de nous améliorer en tant que joueurs, mais surtout en tant que personnes.

D'où te vient ton célèbre surnom Bono ? Est-ce une référence au célèbre chanteur irlandais connu sous le nom de Bono ?
Non, j'ai eu Bounou comme surnom, qui en arabe s'écrit B, O, N, O, ce qui ne fait que quatre lettres. Au Maroc, notre deuxième langue est le français, le surnom s'écrit donc "Bounou" avec le "ou". En Espagne, ils trouvaient qu'il était difficile de prononcer Bou-nou , alors nous l'avons gardé comme Bono qui est facile à prononcer ici en Espagne. Et le surnom est resté - maintenant, le monde entier me connaît sous le nom de Bono.

Regardez l'arrêt de Bounou sur penalty

Il y a un autre Marocain à Séville qui fait beaucoup de bruit, Youssef En-Nesyri. Il réalise une saison exceptionnelle. Parle-nous un peu de lui et de ses récentes performances de grande qualité.
Tout d'abord, je suis très fier de Youssef. Youssef est une personne formidable, et il a des principes en tant que personne. Il a fait beaucoup d'efforts pour se progresser en tant que joueur. Je le considère comme mon petit frère, alors j'ai essayé de l'aider tous les jours. J'ai essayé de l'aider et de le soutenir chaque fois que je sentais qu'il avait des problèmes, et il a fait de même. Je crois qu'il peut encore progresser et s'améliorer en tant que joueur. Je remercie Dieu et je souhaite le meilleur à Youssef. Personnellement, je le vois comme un petit frère avant de le voir comme un joueur.

Comment prépares-tu un match ?
La première chose que j'essaie de faire chaque jour à l'entraînement, c'est d'analyser le match. Nous essayons de nous mettre dans la tête de l’adversaire. Nous essayons de rester calmes de faire comme on le fait tous les jours. J'essaie d'aborder le match en étant pleinement concentré et nous en essayant d'en profiter.

Le plus important, c'est que nous essayons d'éviter de penser au résultat, parce que si tu penses au résultat, tu peux te sentir un peu sous pression. Nous essayons de faire notre travail parfaitement et nous nous donnons à 100 % pour pouvoir réussir.

Yassine Bounou et Youssef En-Nesyri
Yassine Bounou et Youssef En-NesyriUEFA via Getty Images

En général, pour toi, quand commence la préparation d'un match à venir ? Juste après le match précédent, ou bien y a-t-il un certain temps pour se reposer physiquement et mentalement ? Comment le processus se déroule-t-il habituellement ?
Tout d'abord, concernant la préparation, nous savons que, pour les joueurs, le sommeil doit être équilibré, l’alimentation doit être équilibrée. Même les pensées. Les joueurs essaient généralement de se concentrer sur des pensées positives, et ils essaient d'éviter la négativité. Nous essayons d'avoir une vision positive à l'approche d'un match et de l'aborder avec une attitude positive.

Est-ce que tu écoutes de la musique ou autre chose avant le match ? Si oui, quel genre de musique, ou qu'est-ce que tu écoutes avant un match ?
Parfois, j'écoute de la musique en fonction de l'atmosphère et de l'ambiance, ainsi que de mon humeur personnelle. Mais j'essaie d'équilibrer mes sentiments, soit par la musique, soit par un appel téléphonique avec un ami, soit en écoutant le Coran. Cela dépend de ce que je ressens.

Dans le vestiaire, qui est chargé de mettre en place une playlist ? Est-ce qu'il y a un joueur en particulier qui s'en charge ?
L'année dernière, c'était Munir El Haddadi qui était chargé de jouer la musique. Cette année, c'est notre intendant qui a cette fonction.

Yassine Bounou face à Manchester
Yassine Bounou face à ManchesterAFP via Getty Images

Lors de la préparation d'un match, y a-t-il des rituels ou des choses spécifiques que tu fais et que tu as appris des entraîneurs qui t'ont coaché auparavant ?
Honnêtement, je n'ai pas de rituel particulier. Beaucoup d'entraîneurs vous disent que chacun entre dans le vestiaire (avec son propre état d'esprit). Tu as l'impression qu'ils sont concentrés, d'autres peuvent avoir un sourire sur le visage. Quand j'entre dans le vestiaire, J'écoute de la musique

En quoi la préparation mentale précédant le match a-t-elle changé entre le moment où tu as commencé à jouer et aujourd'hui ? A-t-elle beaucoup changé ?
Elle a beaucoup changé. Dans le football marocain, on ne s'intéressait pas trop à cet aspect du jeu ; mais j'ai commencé à m'y intéresser petit à petit. Donc, ça a changé avec le temps ; nous n'avions pas cette culture de voir un psychologue pour nous aider à nous préparer mentalement pour les matches. Alors, petit à petit, nous avons commencé à nous intéresser à l'aspect mental du jeu.

Yassine, raconte-nous les premiers souvenirs quand tu as rejoint Séville. Qu'as-tu ressenti quand tu as porté le maillot de Séville, que ce soit au niveau national ou en Europe ?
Quand je suis arrivé à Séville, j'ai senti que la Ligue Europa était importante, qu'elle apportait beaucoup au club et que les joueurs ressentaient la même chose, et c'est une source de force pour les joueurs et ça leur donne un sentiment spécial, de l'énergie et de la passion.

 Yassine Bounou avec la trophée de l'Europa League en 2020
Yassine Bounou avec la trophée de l'Europa League en 2020Getty Images

Comment tu t'es senti en arrivant à Séville, dans un club de la taille de Séville, qu'as-tu ressenti à ce sujet ?
Séville était déjà une grande équipe. Je jouais pour Gérone à l'époque et j'avais l'ambition de passer à une équipe qui jouait le haut du tableau mais aussi pour les titres européens, et c'est ce que nous avons gagné lors de ma première année, Dieu merci. Nous avons réussi à remporter la Ligue Europa et c'était une grande sensation.

Quand tu arrives à Séville, tu es gardien remplaçant de Tomáš Vaclík, mais l’ambition était de devenir titulaire…
Exactement, quand une personne arrive dans un grand club, la concurrence est rude. Donc, il faut s'entraîner plus dur et travailler davantage pour avoir sa chance et être à un meilleur niveau.

Ton premier match européen, contre l'équipe chypriote de l'APOEL Nicosie à domicile, tu t'en souviens ?
Mes débuts européens ont eu lieu en Europa League et, comme je l'ai dit, c'était une grande émotion pour moi. Quand tu joues ton premier match devant les supporters d'un grand club, et dans une compétition aussi importante, ça fait du bien - et j'ai toujours le maillot de ce match.

Contre Cluj, ensuite, tu scelles la qualification pour les huitièmes après un match nul et vierge. Tu prends un but mais il est refusé et tu fais un match incroyable…
Cette étape n'a pas été facile. Je revenais de blessure et notre gardien de but titulaire était Tomáš Vaclík. C'était donc difficile, et je suis arrivé directement dans l'équipe. Finalement, le but que j'ai encaissé sur mon erreur a été refusé et cela nous a permis de nous qualifier pour les huitièmes de finale et de gagner tous nos matches restants. Nous avons ensuite remporté le titre - c'est la beauté du football.

Bien que tu n'aies pas beaucoup joué dans le championnat espagnol cette saison-là, tu as toujours été titulaire en Europa League, où tu as réalisé six clean sheets sur les dix matches auxquels tu as participé au cours de cette campagne. Comment ces matches européens t’ont-ils fait progresser ?
Le gardien essaie de faire son travail et d'être concentré pendant les 90 minutes, quand la défense joue bien, ça t'aide, mais quand elle fait des erreurs, c'est difficile de passer des matches sans prendre de buts mais, comme je l'ai dit, le gardien doit faire son travail et tu ne peux rien contrôler d'autre.

Getty Images

Enfin, c'est peut-être toi qui as eu le plus de mérite lors de ces matches. On se souvient du penalty que tu as arrêté lors du match contre Wolverhampton Wanderers FC, de ton brio lors du match contre Manchester United et de ton incroyable arrêt en finale contre [Romelu] Lukaku. Que peux-tu nous dire sur le parcours de Séville dans ce tournoi ?
Cela n'a pas été facile après la pandémie de COVID. L'équipe se battait pour se qualifier pour l'UEFA Champions League et il y a eu quelques revers dans le championnat national mais, finalement, nous avons réussi à sceller notre qualification pour la Ligue des champions en terminant à la quatrième place. L'Europa League était le seul titre (que nous pouvions remporter cette saison-là), et lorsque nous avons atteint ce stade, nous avons vraiment haussé le niveau de performance et le niveau physique et les joueurs étaient prêts à ce stade.

C'est ce qui nous a permis d'atteindre un niveau supérieur, à la fois moi et mes coéquipiers, même si nous jouions contre de grandes équipes en Europa League, et, bien sûr, Séville est une grande équipe et jouit également d'un grand prestige.

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