Exclu. Karl Toko Ekambi : « Fier mais, pour l'instant, c'est anecdotique »
jeudi 9 décembre 2021
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Alors que la phase de groupes de l'Europa League se termine, son meilleur buteur, Karl Toko Ekambi, revient sur ses six buts en cinq matches avec l'OL et sur son parcours de joueur.
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Si Lyon réalise un parcours exceptionnel en Europa League cette saison en étant la seule équipe à remporter le cinq premières levées, il y a un joueur qui symbolise la réussite des hommes de Peter Bosz. À 29 ans, Karl Toko Ekambi connaît peut-être sa meilleure saison. Le Camerounais est seul leader du classement des buteurs avec six réalisations au moment de recevoir les Rangers, jeudi.
La rencontre n'a qu'un seul enjeu pour l'équipe qui a déjà assuré la première place de son groupe. Les Gones tentent de devenir la douzième équipe à remporter les six matches de la phase de groupes de la compétition, et la première équipe de Ligue 1 à réaliser cet exploit, et Karl Toko Ekambi a bien l'intention d'apporter sa pierre à l'édifice avant de se tourner vers le tirage des huitièmes de finale.
UEFA.com : Karl Toko Ekambi, six buts en cinq matches pour vous en Europa League, meilleur buteur de la compétition avant la sixième journée, comment expliquez-vous cette efficacité devant le but ?
Karl Toko Ekambi : Je pense qu’on a été plutôt bons et on a dominé nos matches. L’Olympique Lyonnais est un grand club qui a l’habitude de jouer la Ligue des champions et je pense que l’adversaire en face le sait très bien.
Nous aussi on fait bien les choses, on fait de très bons matches, on a beaucoup d’occasions. C’est pour cela que j’ai beaucoup marqué et maintenant j’espère qu’on va gagner ce dernier match, que je vais jouer un peu plus et qu’on ira loin dans cette compétition.
Âge : 29 ans, né à Paris
Taille : 1,83 m
Formation : Paris FC
Clubs
2010-2014 👕 Paris FC 🇫🇷 69 matches (21 buts)
2014-2016 👕 Sochaux 🇫🇷 82 (26)
2016-2018 👕 Angers 🇫🇷 72 (25)
2018-2020 👕 Villarreal 🇪🇸 62 (24)
Depuis 2020 👕 Lyon 🇫🇷 75 (27)
Pays
Cameroun 👕 40 sélections (5 buts)
Avez-vous toujours eu cette efficacité devant le but ou c’est du travail ? Ou c’est un peu des deux ?
Plus jeune, je jouais tout le temps dans l’axe, c'est-à-dire avant-centre. Et depuis plusieurs années, je suis amené à évoluer sur le côté. Avant j’étais plus efficace car les efforts n’étaient pas les mêmes.
Là, je fais beaucoup plus de kilomètres sur le terrain, beaucoup plus d’efforts, forcément je baisse en lucidité, c’est sur cela que j’ai travaillé. Parce que marquer, je pense que je l’ai toujours fait, dans toutes les catégories et tous les clubs. Maintenant au haut niveau, il faut savoir marquer dans différentes positions, c’est là-dessus que je travaille un petit peu.
Est-ce que vous êtes fier de voir votre nom devant tout le monde en Europa League parmi les meilleurs buteurs ?
Honnêtement, je suis fier. J’essaie de ne pas trop regarder car la compétition n’est pas terminée. Je serai encore plus fier si à la fin de cette compétition mon nom est devant tous ces noms-là. Pour l’instant c’est anecdotique, c’est très bien, mais on essaie de ne pas trop y penser. Le plus important, c’était déjà la qualification.
On s’est qualifiés, sur les deux derniers matches je n’ai pas beaucoup joué donc c’est vraiment cela le plus important, il y a aussi le championnat, on doit se replacer. Mais c’est clair que c’est une fierté.
Comment avez-vous progressé avec le nouveau coach Peter Bosz ? Qu’a-t-il changé dans votre jeu individuel et dans le jeu collectif aussi ?
Je pense que le coach se concentre sur le jeu collectif et c’est ensuite à nous, les joueurs, d’être assez intelligents afin de s’adapter à son jeu pour être meilleurs individuellement.
Je pense que ce n’est pas le contraire. Avec lui, c’est vraiment un jeu collectif, on fait vraiment les choses ensemble. Que ce soit offensivement ou défensivement. Après forcément, il y a des zones où il faut un peu d’instinct et c’est ce qu’on demande aux attaquants.
Se confiant à UEFA.com, il a insisté sur le beau jeu. C’est forcément que du bonheur pour un joueur offensif comme vous ?
Forcément, c’est vraiment un bonheur. Ça demande beaucoup d’efforts car forcément il vient d’arriver, donc nous sur le terrain on est amenés à faire des erreurs qui vont nous faire faire plus d’efforts. Je pense qu’on est sur la bonne voie, il y a du spectacle, il y a des buts. On en met beaucoup mais on en encaisse encore un peu trop, mais avec le temps ça va s’améliorer.
Est-ce que votre prêt, les six mois que vous avez passés ici, a dépassé vos attentes ?
Ouais, parce que j’ai toujours rêvé de jouer à Lyon, honnêtement. On a grandi à l’époque pendant laquelle l’Olympique Lyonnais était le meilleur club de France, donc forcément j’ai toujours rêvé de jouer à Lyon. Durant ma carrière, je n’ai jamais voulu partir en prêt par exemple.
Mais quand l’OL est venu, j'ai accepté ce challenge et j’en suis content. Malheureusement, il y a eu le coronavirus à mon arrivée, ce qui a retardé un petit peu les choses, mais le club m’a fait confiance et a quand même levé l’option.
Quel genre de club est l’OL pour vous ?
C’est l’un des plus grands clubs français, forcément. Il y a tout ici : il y a les infrastructures, les fans, le succès et les trophées. Il y a aussi la ville, donc c’est vraiment une fierté de jouer ici.
Est-ce que tout cela vous motive ? Car les attentes ici sont sans doute plus élevées qu’à Angers ? On attend beaucoup plus de l’OL, ce qui veut dire que l’on attend beaucoup plus de vous aussi.
Forcément. Comme je l’ai toujours dit, le processus de recrutement passe par les recruteurs, le coach, le président... beaucoup de secteurs qui doivent se mettre d’accord pour recruter un joueur.
Je pense qu’à partir du moment où il y a cinq, six personnes qui ont fait le choix de me recruter, c’est qu’ils me font confiance. Après les cartes sont entre mes mains : si je suis bon, je jouerai et si je ne suis pas bon, je ne jouerai pas.
Karl, étant né à Paris, où et avec qui avez-vous commencé le football ?
J’ai commencé le football au Paris FC, Paris Football Club, qui évolue actuellement en Ligue 2. C’est là-bas que j’ai commencé le foot, et également avec mes amis, en bas de chez moi. Lors des vacances scolaires ou des week-ends. Après l’école aussi, avec mes amis, en bas de la maison, forcément.
On a parlé de vos problèmes de genou, quand vous étiez adolescent, je crois. Étiez-vous inquiet à ce moment-là de ne peut-être plus pouvoir jouer au football ?
Non, parce que je suis quelqu’un de positif. Je ne m’arrête pas face à un obstacle. Je pense que quand tu es en bonne santé, surtout quand tu es jeune, et que tu as mal, mais que le football te plaît et que tu as envie d’y jouer, tu ne t’arrêtes pas à la douleur.
Ce n’est pas comme maintenant où dès qu’on reçoit quelque chose, on fait attention. Quand tu es plus jeune, tu as mal, mais tu as envie de jouer, donc forcément, tu continues encore et encore. C’est ce que j’ai fait, et je pense que j’ai bien fait.
Ensuite, vous avez carrément arrêté le football pendant une longue période. En raison de ces douleurs au genou ?
Ce n’était pas à cause de mes problèmes de genou. J’étais au Paris FC et j’avais arrêté parce que l’équipe du niveau supérieur était descendue d’une division, et je n’avais pas envie de changer de club, d’aller loin ou autre. J’ai arrêté et j’ai joué avec mes amis, que ce soit au foot en salle ou dans le quartier. C’était vraiment pour cette raison, pas parce que j’avais mal au genou.
Vous avez éliminé le Paris Saint-Germain en Coupe Gambardella avec le Paris FC. Est-ce qu’à ce moment-là vous vous disiez déjà que vous feriez peut-être une carrière professionnelle ?
C’était justement au début de cette année-là que j'avais repris le football. Le début de saison s’était extrêmement bien passé. On a connu cette belle épopée en Coupe Gambardella, où on élimine le PSG.
Et, oui, forcément, à partir de janvier, j’ai signé avec l’équipe professionnelle, en National. Donc c’est là où je me suis dit : je fonce, maintenant. J’ai arrêté, j’ai perdu du temps. Et c’est là que je m’y suis vraiment mis au sérieux.
Forcément, quand tu arrêtes pendant deux ans et demi et que tu reprends comme cela, et qu’en six mois tu passes de rien à jouer avec des adultes, en troisième division française, quand même, à partir de janvier, je me suis dit : quand même, il faut que j’y aille.
Est-ce aussi cela qui vous a motivé à aller à Sochaux ? Parce qu’avant, vous n’aviez connu que Paris. Vous viviez et aviez grandi là-bas, vous aviez joué là-bas, alors que Sochaux, c’était loin.
Pourquoi Sochaux ? Parce que je pense que c’est un club qui est connu. C’est aussi parce qu’avec mon agent, à l’époque, on pensait que c’était la meilleure solution. Forcément, tu dois faire des choix, et je pense qu’à cette époque, Sochaux était la meilleure solution.
C’était dû au fait que je n’avais jamais quitté Paris, et je pense que Sochaux est un endroit qui est un bon cadre pour jouer au football et pour être concentré. Honnêtement, peu importe le club où on m’aurait amené, vu d’où je sortais et pendant combien de temps j’avais arrêté le foot, j’y serais allé. Franchement. (Sochaux) a été un bon choix, en tout cas.
Était-ce la même chose pour Angers, alors ?
Oui, c’est la même chose. Et Angers, c’est particulier parce qu’à l’époque où Sochaux me voulait, Angers me voulait aussi, mais ces derniers étaient en Ligue 2. Du coup, après Sochaux, Angers a été un choix naturel parce que la première année à Sochaux, Angers me voulait déjà.
Je n’ai pas pu y aller, et après cette deuxième saison à Sochaux, avec que des bons moments, on a réussi à se mettre d’accord entre les trois parties, les deux clubs et moi, et j’y suis allé.
Vous avez fait vos débuts en Ligue 1 avec Angers à 24 ans. C’est relativement tard pour un joueur professionnel. Étiez-vous inquiet de ne pas être au niveau, ayant déjà dépassé la vingtaine ?
Non, pourquoi ? Parce qu’à partir du moment où j’ai signé en professionnel à Sochaux, en Ligue 2, j’ai arrêté de rêver. Je me suis dit : je ne pensais jamais arriver jusque-là, là, je suis en Ligue 2, je suis professionnel, je vais donc savourer ma saison en Ligue 2 et après, tout ce qui viendra sera du bonus.
C’est pour cela que j’ai beaucoup de recul, que je fais ce que j’ai à faire. Vraiment, je ne me pose pas de questions. Je n’ai pas d’objectifs, je veux juste donner le meilleur de moi-même et rendre la confiance que les clubs me donnent.
Pensez-vous que cela aurait été différent si vous aviez fait un parcours plus classique ? Je veux dire : formation dans un club professionnel jusqu’en équipe pro.
Forcément. Parce que je pense que quand tu es en centre de formation, je pense qu’il y a une partie de ton adolescence que tu n’as pas. Elle n’est pas comme celles des autres, c’est différent.
Et moi, je pense que je suis entré dans le football en étant déjà un homme. J’ai quitté Paris à l’âge de 20 ans, donc je suis entré dans le football en tant qu’homme, donc, comme je vous le dis, avec beaucoup de recul et de détermination. Et je pense que c’est quelque chose qui m’aide, parce que peu importe ce qui m’arrive – j’ai parfois des périodes qui sont moins bonnes – j’arrive vite à passer à autre chose parce que je me dis que je suis là pour prendre du plaisir. Je n’écoute rien, j’avance, je fais ce que j’ai à faire et dans tous les cas, je suis un privilégié. Donc j’essaie de ne jamais être négatif.
À propos des capacités footballistiques, était-ce aussi un avantage d’avoir joué, comme vous l’avez dit, contre les hommes à l’âge de 18 ou 19 ans en troisième division, où, j’imagine, les tacles doivent être durs.
Oui, je pense que c’est un avantage, car on s’adapte au football rude. J’ai eu la chance aussi d’aller en sélection quand j’évoluais en Ligue 2, donc j’étais assez jeune. Et c’est un degré au-dessus aussi dans l’agressivité et dans l’impact physique. Donc je pense que ce sont des choses qui m’ont aidé.
Et je pense que cela m’aide encore aujourd’hui parce que le championnat français, la Ligue 1, est très difficile, très dur. Donc c’est quelque chose qui m’aide, oui.
Vous avez eu aussi cette expérience à Villarreal, en Espagne. Qu’est-ce que cela vous a apporté ? Parce que c’est un autre style de vie, et c’est un autre style de football également.
Oui, je pense qu’en France, on a une culture footballistique collective, où on a vraiment une approche défensive. En tout cas, dans les clubs où j’avais joué auparavant, avant Villarreal. Donc un club comme Angers, par exemple, qui venait de monter en Ligue 1, avait forcément une structure collective défensive établie.
En allant en Espagne, c’était le contraire : une structure collective et offensive. Et je pense que cela a ajouté une palette à mon jeu, qui est de bien garder la balle, de jouer avec mes coéquipiers, de me déplacer en fonction de mes coéquipiers, parce que c’est ce que j’ai appris en Espagne.
Et je pense que c’est bon, pour un footballeur, de voir des cultures différentes pour pouvoir avoir une manière de réfléchir plus ouverte sur un terrain et pouvoir s’adapter à l’adversaire.
Vous êtes revenu en France en prêt, au mois de janvier, vous avez rejoué en Ligue 1. Quelles sont les différences entre le Karl Toko Ekambi avant, qui a joué en Ligue 1 à Angers et qui a eu beaucoup de succès, surtout dans la dernière saison, et le Karl Toko Ekambi qui revient et qui joue à Lyon ?
La différence est que je suis revenu d’un championnat qui est réputé, en Espagne, d’un beau et grand club. Et en ayant joué une coupe d’Europe à Villarreal. Ce sont des critères supplémentaires qui ont fait que l’OL me recrute.
Parce que peut-être que je n’avais pas ces critères-là avant de partir du championnat et que c’est ce qui a fait que des clubs de la catégorie de l’Olympique Lyonnais ne m’ont pas recruté avant, je pense. Donc je pense que c’est pour cela qu’il fallait peut-être passer par cette étape pour revenir dans un grand club du championnat français.
Qu’est-ce que ce bagage européen vous a donné ?
Forcément, une expérience différente, le fait de jouer tous les trois jours, les voyages, les différentes cultures. Tu passes d’un match de championnat à aller jouer à Glasgow, par exemple, où j'ai joué avec Villarreal.
Donc c’est un style différent. Tu vois l’ampleur du club également, l'importance des fans, et je pense que cela apporte beaucoup d’expérience.
Quel a été votre meilleur match européen dans votre carrière ?
Je dirais peut-être plus la Juve parce que c’était le premier match à domicile, je n’avais jamais joué un match de Ligue des champions, c’était le premier.
On a gagné 1-0, je me rappelle du public, c’était chaud. C’est la première fois que je voyais le Groupama Stadium rempli comme cela, avec une ambiance pareille. Et physiquement c’était dur, cela n’avait rien à voir avec le championnat et c’est pour cela que je me souviens de ce match-là.
Au niveau de l’effort ?
Au niveau de l’effort physique, de l’impact, on était vraiment fatigués à la fin du match parce que l’on a joué contre une équipe de haut niveau.
Meilleur match ou meilleur moment dans un match européen comme fan ?
Comme fan, meilleur moment ? Dans un match européen ? Match européen. Si je me rappelle du match Liverpool - Milan AC, il y avait 3-0 (à la mi-temps), c’était une finale je crois. Ce match-là m'avait marqué car il y avait eu beaucoup de buts et des retournements de situation.
Et votre premier souvenir d’un match européen, comme enfant, que vous avez regardé à la télé ?
Premier souvenir d’un match européen… Mon premier souvenir, c'était un match Cameroun - Brésil en Coupe des Confédérations. C’était mon premier match dans un stade. Ce n’était pas européen mais pour moi c’est une compétition mondiale, la Coupe des Confédérations, Cameroun - Brésil. J’étais allé voir le match au stade.
C’est vraiment mon meilleur souvenir dans le football. Le Cameroun avait gagné 1-0 et c'était mon meilleur souvenir d’enfant.