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Exclu. Peter Bosz, entraîneur de Lyon : « J'ai toujours su que je voulais revenir en France »

Peter Bosz, 57 ans, est l'une des nouvelles têtes étrangères de la Ligue 1, mais il est loin d'être étranger à l'Europa League dont il joue les groupes à la tête de l'OL.

Peter Bosz a succédé à Rudi Garcia cet été
Peter Bosz a succédé à Rudi Garcia cet été AFP via Getty Images

Peter Bosz, entraîneur de l'OL, cela valait un quote cet été, mais à écouter le technicien néerlandais qui a atteint la finale de l'UEFA Europa League en 2017 à la tête de l'Ajax, on s'aperçoit combien ce mariage est d'amour. L'ancien coach de Dortmund, de Leverkusen et du Maccabi Tel Aviv aime la France et le « football attractif » de son mentor Johan Cruijff.

• Le calendrier de l'OL

UEFA.com : Jeudi, c'est le retour du football européen pour l'OL avec ce match contre les Rangers. À quel point êtes-vous impatient ?
Peter Bosz :
Je pense que nous sommes tous impatients de voir les supporters revenir au stade. D'après mon expérience, les soirées de coupe européenne ont toujours une dimension supplémentaire. Nous sommes tous habitués à jouer dans un stade plein, mais ces soirées européennes sont toujours un peu plus spéciales.

Quand on vous demande votre meilleur souvenir européen, vous répondez quoi ?
Chaque club que j'ai entraîné a gardé un certain charme. Mon premier match européen, c'était au Vitesse (Arnhem) contre le Petrolul (Ploiești), pas vraiment le club le plus glamour d'Europe. Mais si c'est votre premier match européen, c'est quand même assez spécial.

AFP via Getty Images

Je me rappelle aussi de l'Ajax, bien sûr, lorsque nous avons atteint la finale (de l'UEFA Europa League) avec une invincibilité en phase de groupes, après avoir échoué dans les qualifications pour la Ligue des Champions.

Et puis atteindre la finale de l'Europa League est quelque chose de très spécial. Surtout les matches de quart de finale et de demi-finale à Amsterdam contre Schalke (04) et l'Olympique Lyonnais. C'était des matches très spéciaux.

Que ce soit comme entraîneur ou comme joueur, vous avez parcouru la planète foot. Vous avez connu le football japonais. Et vous avez dit un jour qu'Israël avait aussi une culture du football très spécifique dans laquelle l'autorité est très importante. La culture du football français est, bien sûr, très spécifique aussi. Comment combinez-vous votre philosophie et vos principes avec la culture de l'Olympique Lyonnais ?
C'est quelque chose que vous devez toujours faire. Tout a commencé lors de ma première réunion, au cours de laquelle le président (Jean-Michel Aulas) m'a demandé de pratiquer un football offensif et attrayant. Vous regardez alors quels sont les joueurs dont vous disposez, et comment vous y prendre.

Ensuite, vous tenez également compte du pays dans lequel vous travaillez. Bien sûr, je n'oserais pas dire qu'après deux mois, je connais parfaitement la culture du football français. Il y a plus de trente ans, j'ai joué ici en France (à Toulon de 1988 à 1991), donc je ne pourrais pas dire, après avoir été entraîneur ici pendant deux mois, que je connais tout de la culture du football français.

Je suis encore en train de le découvrir. Mais les deux premiers mois, on voit des choses et j'essaie de m'y adapter. Mais ils avaient une raison pour me demander de venir ici, donc cela signifie aussi que je peux mettre en œuvre certaines choses ici.

Pour que nous soyons en mesure d'atteindre certains objectifs, l'un d'eux étant de jouer un football offensif et attrayant.

Qu'est-ce que qui vous a attiré à Lyon ?
Comme je l'ai dit, il y a plus de trente ans, j'ai moi-même joué ici et je trouvais le championnat très attrayant. Aux Pays-Bas et en Allemagne, jusqu'à cette année, nous ne pouvions pas regarder la Ligue 1 à la télévision, donc nous ne la connaissions pas. Les gens ne savent donc pas grand-chose, même si j'ai passé des moments fantastiques ici il y a 30 ans.

Bongarts/Getty Images

Au fond de mon esprit, j'ai probablement toujours su que je voulais revenir en France en tant qu'entraîneur. Et cette opportunité s'est présentée ici, dans ce grand et fantastique club. Quand on regarde l'histoire de l'Olympique Lyonnais, on peut dire que je me suis retrouvé dans un très grand club et c'est quelque chose que je voulais vraiment.

Quel joueur étiez-vous ? Il paraît que vous preniez déjà des notes sur le jeu et que vous les relisiez chez vous...
Joueur, je ne me concentrais pas encore vraiment sur le côté gestion des choses, mais j'étais concentré sur la façon dont nous jouions et sur ce que je ferais si j'étais aux commandes. En tant que joueur, vous écoutez l'entraîneur et j'ai trouvé intéressant de réfléchir à ce que je ferais si j'étais aux commandes. Comment je m'y prendrais.

Il paraît aussi que vous teniez un cahier, avec un ami, de toutes les punchlines de (Johan) Cruijff. Où est ce document ?
Il m'a suivi un moment mais c'est vrai, j'étais impressionné par la façon dont Cruijff abordait le football. Un jour, on a commencé à collectionner des trucs, mais je dois dire que c'est surtout mon ami qui a fait ça. Il les a collectionnés, classés. Il parlait de toutes sortes de sujets, les jeunes, la tactique, les détails, la pression sur l'adversaire... etc. Nous avons obtenu ces informations de toutes ces interviews différentes et il les a regroupées pour en faire quelque chose de très intéressant.

Nous savons que Cruijff a eu beaucoup d'influence sur votre philosophie d'entraînement et peut-être plus tard sur celle de Pep Guardiola. Mais vous avez également joué sous les ordres de Rinus Michels dans l'équipe nationale néerlandaise. Vous a-t-il également influencé pendant cette période ?
Oui, c'est clair. À mon avis, Rinus Michels est l'un des plus grands entraîneurs néerlandais de tous les temps. J'ai eu la chance d'être entraîné par lui à l'époque, même si je ne faisais pas partie des titulaires de l'équipe. Mais j'étais là et j'ai écouté ce qu'il disait et je l'ai trouvé très intéressant.

Cruyff, ce qu'il va laisser

Il paraît aussi que lorsque vous jouiez encore pour le Feyenoord, vous alliez parfois assister aux entraînements de l'Ajax pour voir Cruijff à l'œuvre. Je pense que, plus tard, vous êtes devenus beaucoup plus proches. Quelle était votre relation avec Johan Cruijff ?
La première chose que vous avez dite n'est pas tout à fait juste. Il est vrai que lorsque je jouais pour Feyenoord, je me demandais souvent comment ça se passait à l'Ajax. Mais c'était à l'époque sous Louis van Gaal. Il m'est arrivé plusieurs fois de me garer discrètement pour voir ce qu'il faisait.

J'ai eu la chance de voir Johan Cruijff quand il jouait encore. Un oncle vivait près de chez moi et il m'était facile de me rendre sur les terrains d'entraînement pour les voir. C'est vrai que Cruijff a toujours eu quelque chose de spécial. Ce fut très utile, non seulement pour ma compréhension théorique du football, mais aussi pour ma façon de voir le football. L'une des convictions fondamentales de Cruijff était que nous jouions pour les supporters et qu'il fallait toujours leur offrir quelque chose.

Enfin, Cruijff était aussi un gagneur. Les gens se font souvent la fausse idée selon laquelle si l'on aspire à pratiquer un beau football, la victoire n'est plus si importante. Mais on joue toujours pour gagner. Après vous pouvez gagner de plusieurs façons.

La façon dont je veux le faire n'est pas la plus facile, parce qu'elle implique beaucoup d'espace dans votre dos. Les erreurs se paient cash. Mais pour les fans, c'est un style de jeu qui reste dans les mémoires. Il faut vraiment offrir quelque chose de beau. C'est exactement ce que j'essaie toujours de faire avec chaque équipe avec laquelle je travaille.

02/06/71 : Cruyff écrit l'Histoire

Vers la fin de sa vie, il vous a rendu visite à vous et à son fils en Israël, vous avez parlé longuement de football et de tout le reste.
Il n'est pas vraiment venu pour moi, que ce soit clair. Il est venu pour Jordi [Cruijff], son fils. Jordi m'a dit, de manière un peu officieuse, que dans deux semaines, son père et sa mère viendraient à Tel Aviv. Il a dit qu'ils faisaient ça une fois par an.

Et je lui ai demandé s'il venait à l'entraînement. Jordi m'a répondu : « Croyez-moi sur parole coach. Il viendra tous les jours parce que passer toute la journée avec ma mère dans une chambre d'hôtel, il ne pourra pas. »

Alors c'est clair que je n'ai pas très bien dormi, sachant qu'il allait venir. Je l'attendais avec impatience et, en effet, il est venu le premier jour et il est également venu nous voir jouer. C'était quelque chose de très spécial pour moi, et pas seulement parce qu'il est mort moins d'une semaine plus tard.

Nous avons déjà parlé des personnes qui vous ont influencé. Je n'ai pas mentionné Wim Jansen, par exemple, mais je crois qu'il a aussi été très important. Comment décririez-vous votre philosophie en tant qu'entraîneur ?
Toutes les personnes que vous avez citées, Pep Guardiola, Wim Jansen, qui était aussi mon entraîneur à Feyenoord, Johan Cruijff, Rinus Michels, mais aussi divers entraîneurs étrangers, tous m'ont appris des choses et, ensuite, après de nombreuses années, vous développez cette philosophie du football.

Je ne parle jamais de systèmes, car les systèmes dépendent des joueurs que vous avez. Dans mon cas, cela signifie jouer un football offensif, mettre beaucoup de pression sur l'adversaire, défendre de manière agressive, essayer de récupérer le ballon le plus vite possible, puis marquer le plus vite possible. Et si nous n'y parvenons pas, nous essayons de conserver le ballon. Sur cette base, vous regardez les joueurs que vous avez pour voir comment vous allez jouer. Mais il faut que ce soit un football agressif, dominateur et attractif.

Finale 2017, Ajax-United

Pourquoi jouer un football offensif est-il si important pour vous ?
Parce que je veux que les gens se disent, quand ils rentrent chez eux, « telle phase de jeu était incroyable », ou « cette passe », ou « ce tir ». Ce sont tous des mouvements offensifs. La défense peut aussi être fantastique. Mais chaque fois que je regarde un match de football avec mes amis, nous parlons de ces moments passionnants.

Je veux que les gens, lorsqu'ils rentrent chez eux, parlent du match qu'ils ont vu pendant des jours et des jours. Ce n'est pas toujours possible, bien sûr. Mais c'est ce que je préfère. Pour certains clubs, j'allume la télévision avec plaisir.

Cela dépend aussi des entraîneurs qui travaillent dans ces clubs. Il y a aussi des clubs que je préfère ne pas regarder parce que c'est trop fastidieux. Et cela peut aussi être à cause de l'entraîneur.