Plus grandes équipes de tous les temps : AC Milan 1988-90
mardi 10 janvier 2017
Résumé de l'article
"Notre défense, c'était l'attaque", résume Carlo Ancelotti quand il parle de l'AC Milan d'Arrigo Sacchi, parfois décrite comme le must.
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Quand Silvio Berlusconi reprend l'AC Milan en 1986, le dernier trophée du club remonte au scudetto de 1979. À l'intersaison 1987, Arrigo Sacchi, alors peu connu, débarque sur le banc, avec, dans ses bagages, Marco van Basten et Ruud Gullit. S'en suit une victoire en championnat, puis une Coupe d'Europe, une Super Coupe de l'UEFA et une Coupe intercontinentale.
Après Sacchi, Capello et Ancelotti ont su reprendre le flambeau, mais on fait encore aujourd'hui référence au premier pour parler de l'une des meilleures équipes de l'histoire. "Notre président avait un rêve : construire la meilleure équipe de tous les temps. Quand je suis arrivé, j'ai découvert un groupe de professionnels prêts à tout pour gagner, mais à une seule condition : pratiquer le plus beau football possible."
- Hongrie 1950-56 : Magyars magiques
- Real Madrid 1956-60 : pionnier européen
- Benfica 1960-62 : les merveilles d’Eusébio
- Inter Milan 1962-67: “Grande Inter”
- Ajax 1971-73 : football total
- Bayern 1973-76 : première allemande
- Real Madrid 1998-2002 : les Galactiques
Le passage de témoin
C'est la victoire contre le Real Madrid CF en demi-finale de la C1 1988/89 qui a vraiment fait du Milan, renforcé par Frank Rijkaard un an auparavant, l'équipe invincible du continent. Après un match nul 1-1 à Madrid, contre un Real alors au sommet, les hommes de Sacchi remportent le match retour 5-0.
Le lendemain de la finale, remportée 4-0 contre le FC Steaua București, à Barcelone, L'Équipe titrait : "Fantastique Milan AC !"
Une nouvelle philosophie de jeu
Sacchi prônait l'"intelligence collective" et exigeait "11 joueurs en activité constante, du début à la fin, en défense comme en attaque". Pour ce faire, il avait révolutionné sa méthode d'entraînement, et concoctait des séances complètes d'opposition en condition réelle, mais sans ballon, pour inciter ses joueurs à imaginer cette balle pour apprendre à se positionner en conséquence.
"Pour construire une équipe, il faut des joueurs capables de jouer de manière ultra-collective," pensait Sacchi. "On n'arrive à rien tout seul ; quand cela se produit, cela ne dure pas longtemps. Michelange disait : 'C'est la tête qui commande la main.'"
Le génie tactique
"Je ne savais pas que, pour être jockey, il fallait d'abord avoir été cheval." Telle fut la réponse de Sacchi aux doutes émis quant à la capacité de cet anonyme ancien défenseur à diriger un club aussi grand que le Milan. Il avait fait ses armes en tant qu'entraîneur au fil du temps, et avait rejoint les Rossoneri après une excellente expérience sur le banc du Parma FC ; il avait pour ambition de révolutionner le football italien. "La plupart des équipes italiennes ne juraient que par la défense," explique-t-il. "Toutes les équipes avaient un libéro, et prônaient le marquage individuel. En attaque, tout reposait sur l'efficacité d'une pointe, et la créativité d'un 10."
Sacchi jouait en 4-4-2, avec défense en zone et jamais plus de 25/30 mètres d'écart entre la défense et le milieu. Cette défense haute, couplée à un piège offensif efficace, maintenait l'adversaire, alors peu enclin à jouer vite, sous pression.
Les stars
Franco Baresi : 'Kaiser Franz' jouait libéro sous la direction de Nils Liedholm lors de la victoire du Milan en championnat 1978/79, avant d'endosser le brassard lors des années de transition difficile et l'arrivée de la zone de Sacchi. Il a alors mené de main de maître les Mauro Tassotti, Alessandro Costacurta et Paolo Maldini.
Ruud Gullit : Symbole du football total de Sacchi, Gullit restait une menace peu importe son poste. "C'est un joueur hors norme," disait George Best en 1990. "Il n'a pas peur d'inventer balle au pied. Il semble prendre du plaisir à chaque instant. Pour moi, cela le rendait encore meilleur que Maradona."
Marco van Basten : "Pour moi, c'est le meilleur attaquant de l'histoire," disait Sacchi. "Aucun attaquant n'a jamais bossé aussi dur que lui au Milan. Mais je retiens surtout l'élégance, la grâce et, surtout, la technique qui le caractérisaient."
Leurs mots
Roberto Donadoni : "Sacchi a amorcé une révolution dans le football italien, au niveau mental comme au niveau tactique. Nous avions notre propre style et tentions de l'imposer à tous nos adversires, des amateurs qui nous servaient de sparring partners à l'entraînement, aux champions du Real Madrid à Bernabéu."
Carlo Ancelotti : "Arrigo a complètement changé le football italien – la philosophie, les méthodes d'entraînement, l'intensité, la stratégie. Les équipes italiennes ne pensaient qu'à défendre ; pour nous, la défense, c'était l'attaque, et le pressing."
Xavi Hernández, milieu du FC Barcelona, en 2012: "C'est une fierté pour nous d'être comparés au Milan de Sacchi. Cette équipe a écrit quelques unes des plus belles pages du football."