Analyse, EURO féminin de l'UEFA 2025, comment le coaching sur la fin et les ajustements tactiques ont aidé l'Angleterre à battre l'Italie

L'Angleterre a atteint la finale de l'EURO féminin de l'UEFA 2025 grâce à une série de remplacements judicieux et à un changement de système qui ont permis à l'équipe de Sarina Wiegman de renverser la vapeur après prolongation contre l'Italie.

Menées au score après le but de Barbara Bonansea en première mi-temps pour l'Italie, les tenantes du titre semblaient sur le point de quitter la compétition jusqu'à ce que la remplaçante Michelle Agyemang égalise à la 90^e+6 minute. Chloe Kelly, une autre remplaçante, n'avait plus qu'à inscrire le but de la victoire juste avant la fin de la prolongation.

L'Italie reste compacte dans l'axe pour contenir l'Angleterre

Pendant une grande partie de cette rencontre, le système défensif en 5-3-2 de l'Italie a limité le jeu offensif de l'Angleterre et a servi de base aux attaques de l'équipe d'Andrea Soncin. La distance entre les lignes défensives et le milieu de terrain était au cœur du dispositif défensif de l'Italie.

« L'Italie a défendu dans un 1-5-3-2 très bien structuré, avec une grande compacité et une grande intelligence pour fermer les espaces à l'Angleterre », a expliqué Martin Sjögren, observateur technique de l'UEFA. « Elles ont très bien défendu la surface de réparation et se sont assurées que tout le monde était en position de gagner les duels défensifs et de récupérer les seconds ballons. La distance entre la défense à cinq et le milieu de terrain était compacte et difficile à fissurer. »

Dans le cadre de leur approche défensive collective, les Azzurre ont fait preuve de qualités et d'une intelligence défensives individuelles efficaces. « Les joueuses italiennes ont montré une grande compréhension de leur cadre tactique défensif et de leur rôle au sein de celui-ci », a ajouté Sjögren. « De nombreuses joueuses ont montré un haut niveau de défense individuelle en remportant des duels défensifs dans leur propre surface et en défendant contre les une-deux. Chaque joueuse a mis beaucoup de cœur dans son travail défensif. »

L'Angleterre change de système pour utiliser les ailes

Pour venir à bout de la défense organisée de l'Italie, l'Angleterre a procédé à une série de changements de système et de joueuses en seconde période. Ces ajustements ont permis à Wiegman d'élargir les horizons de l'attaque anglaise, d'encourager les surnombres sur les ailes grâce à ses latérales et d'adresser davantage de centres dans la surface de réparation.

« En seconde période, Wiegman a ajusté le positionnement de l'équipe à un système en 3-5-2 ou 3-1-4-2 », a expliqué Irene Fuhrmann, observatrice technique de l'UEFA. « Cela a permis à l'Angleterre de franchir plus facilement la première ligne de pressing de l'Italie, composée de deux attaquantes. De plus, elles avaient maintenant deux ailières qui étiraient le terrain, deux attaquantes en pointe, ainsi qu'un milieu de terrain équilibré qui occupait bien l'espace entre les lignes. »

L'utilisation des ailes à l'extérieur du bloc défensif compact de l'Italie a été un axe de travail clair pour les Lionesses en seconde période. « L'Angleterre a considérablement augmenté son dynamisme et son intensité en possession du ballon pendant la seconde mi-temps », a ajouté Fuhrmann. « Elles ont été plus actives sur les flancs, créant plus de situations de un contre un, et elles ont également été plus présentes dans et autour de la surface de réparation. »

« Grâce au gros travail des latérales, en particulier de l'arrière droite Lucy Bronze, elles ont créé des surnombres sur les côtés, qu'elles ont pu exploiter. En même temps, il y avait souvent quatre ou cinq joueuses dans la surface, ce qui posait des problèmes à la défense. »

Des remplacements judicieux

L'Angleterre a attendu les 15 dernières minutes du temps réglementaire pour faire entrer Kelly (77^e minute) et Agyemang (85^e minute). Après le match, Wiegman a expliqué comment le timing des remplacements et les ajustements de leur système ont permis à l'Angleterre de maintenir sa structure et son contrôle jusqu'à ce qu'elle doive vraiment prendre des risques.

« Nous ne voulions pas le faire trop tôt, car on laisse aussi beaucoup d'espace dans son dos, et nous savions qu'elles étaient dangereuses dans ce domaine », a expliqué Wiegman. « Mais nous savons qu'avec les joueuses que nous avons dans l'équipe, et si nous changeons un peu et que nous amenons plus de joueuses devant, nous pouvons toujours marquer un but, nous l'avons montré à plusieurs reprises. »

De la même manière qu'Agyemang avait contribué à changer le cours du quart de finale contre la Suède, la jeune femme de 19 ans a eu un impact énorme ici avec son approche directe et sa finition clinique. « Elle apporte quelque chose de spécial et elle a quelque chose de spécial », a expliqué Wiegman après le match. « Elle n'a que 19 ans, mais elle est très mature, elle sait exactement ce qu'elle doit faire. »

« Quand nous devons la chercher comme joueuse-pivot, elle garde aussi très bien le ballon. Même quand vous avez vu que le ballon [qui a heurté] la barre transversale, ce n'était pas juste un tir, elle visait. Si elle continue comme ça, elle a un très bel avenir. »

Les centres rentrants, une menace pour l'Italie

Alors que le match entrait dans les dernières minutes du temps réglementaire, l'Angleterre a interverti les positions des ailières Kelly et Lauren Hemp. La gauchère Hemp opérant désormais sur la droite de l'attaque anglaise, l'attaquante de Manchester City a posé un nouveau défi à la défense italienne.

« Quand une joueuse gauchère joue sur le côté droit, il est plus facile de rentrer à l'intérieur parce que l'on contrôle le ballon avec le pied le plus éloigné de la défenseure », a expliqué Fuhrmann. « De plus, pour un centre, une passe en profondeur ou un tir, on a le ballon sur son pied fort. »

« Les centres rentrants sont généralement plus dangereux parce qu'ils sont plus rapides et brossés vers le but, et parfois ils peuvent même entrer directement sans qu'aucune joueuse ne touche le ballon. »

« L'Angleterre a profité d'un centre tendu vers le but. Les joueuses qui arrivaient ont distrait la gardienne, l'obligeant à ne faire que repousser le ballon dans la zone dangereuse près du but, où Agyemang était parfaitement placée pour conclure. »

Pour les coaches : pourquoi la confiance et l'expérience peuvent aider une équipe à revenir au score

Le parcours de l'Angleterre jusqu'à la finale a été marqué par des retours au score impressionnants en quarts et en demi-finales. Avoir l'expérience collective pour digérer les faits de match est un élément clé pour développer une culture de la confiance, explique Anna Signeul, observatrice technique de l'UEFA.

« L'histoire de l'équipe aide les joueuses dans ces situations, car si vous avez déjà fait quelque chose, vous savez qu'il est possible de le refaire », a-t-elle expliqué. « Cette conviction entretient l'espoir et l'énergie, mais elle donne aussi de la patience pour ne pas paniquer. »

« Une équipe qui gagne ne baisse pas les bras quand elle encaisse un but, elle redouble d'efforts », a ajouté Signeul. « La conviction est la chose la plus importante quand on se prépare et qu'on joue. Il faut croire en soi, en ses coéquipières, en son staff, en ses entraîneurs, en sa stratégie et en sa tactique. »