Analyse, les changements tactiques de la Norvège en deuxième mi-temps ont renversé le match après une première mi-temps impressionnante de la Suisse
jeudi 3 juillet 2025
Résumé de l'article
Tanya Oxtoby, observatrice technique de l'UEFA, explique comment les ajustements tactiques de la Norvège à la mi-temps ont changé le cours de son match contre la Suisse, pays organisateur, lors du deuxième match de l'EURO féminin de l'UEFA 2025.
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La victoire 2-1 de la Norvège contre la Suisse, pays organisateur, lors du deuxième match de l'EURO féminin de l'UEFA 2025 doit beaucoup aux changements tactiques effectués à la mi-temps par la sélectionneuse Gemma Grainger. Après une première période au cours de laquelle la Suisse a pris l'avantage et s'est créé un certain nombre d'occasions de but, la sélectionneuse de la Norvège a reconnu que des ajustements étaient nécessaires pour changer le cours du match.
« À la mi-temps, nous avons procédé à des changements tactiques », a expliqué Grainger. « La Suisse avait adapté sa façon de jouer. Nous avons effectué ce changement tactique en deuxième mi-temps et déplacé quelques joueuses. Cela a bien fonctionné pour nous. »
Les changements de la Norvège à la mi-temps comprenaient un ajustement de son pressing haut, une structure plus compacte derrière le ballon, ainsi que le déplacement de Caroline Graham Hansen dans des zones d'attaque plus larges. Ces changements ont été récompensés, la capitaine norvégienne Ada Hegerberg égalisant à la 54e minute avant qu'un but contre son camp de Julia Stierli, quatre minutes plus tard, n'offre la victoire à la Norvège.
Les latérales contribuent à l'impressionnante première mi-temps de la Suisse
La Suisse, pays organisateur, a réalisé une première mi-temps impressionnante, prenant l'avantage grâce à Nadine Riesen et se créant de nombreuses occasions de but. Bon nombre de ces occasions résultaient du positionnement offensif et de l'apport physique de ses joueuses de couloir, Iman Beney et Riesen.
« Les joueuses de couloir suisses ont été extrêmement importantes, car elles ont dû faire preuve d'audace avec et sans le ballon », explique Tanya Oxtoby, observatrice technique de l'UEFA. « Avec le ballon, en première mi-temps, elles ont réussi à fixer les arrières latérales norvégiennes et à exploiter les espaces sur les côtés. L'arrière droite norvégienne se projetant vers l'avant, la Suisse a eu beaucoup de succès sur son côté gauche, et c'est de là qu'est venu son but. »
La Norvège pressant haut en 4-2-4, la Suisse a trouvé des occasions de jouer par-dessus la première ligne de pressing. Avec trois milieux de terrain axiaux contre deux pour la Norvège, les hôtesses ont pu récupérer les seconds ballons et trouver de l'espace autour du milieu de terrain norvégien. La Suisse dominant cette zone du terrain, elle a également pu faire monter ses milieux de terrain.
Comment les ajustements de la Norvège en deuxième mi-temps ont changé le match
En deuxième période, la Norvège a ajusté son pressing haut, passant d'un 4-2-4 à une variante du 4-3-3. Ce changement a permis à l'équipe de Grainger d'exercer plus de pression sur la Suisse lors de la construction, tout en protégeant les poches d'espace que les hôtesses avaient exploitées en première mi-temps.
« La Norvège a réussi à mettre beaucoup plus de pression sur le ballon en deuxième mi-temps et a été beaucoup plus agressive sans le ballon », explique Oxtoby. « Elles avaient trois attaquantes en première ligne de pressing, c'était donc presque un 3 contre 3 face aux trois défenseures suisses. Derrière, Ingrid Engen, positionnée dans l'axe, a permis aux deux milieux de terrain les plus avancés d'être en mesure d'équilibrer et de couvrir, mais aussi de sortir pour presser par moments. La Suisse a donc commencé à avoir du mal à jouer dans ces zones centrales. »
Le changement d'organisation du milieu de terrain norvégien a permis une couverture et un équilibre défensifs plus efficaces et a empêché qu'une seule passe n'élimine leur bloc offensif ou leur milieu de terrain, explique Oxtoby. « En plaçant Engen en position centrale, elles avaient différentes lignes de pressing », a-t-elle expliqué. « En deuxième mi-temps, leur ligne de pressing n'était pas horizontale, donc une seule passe ne pouvait pas éliminer quatre ou cinq joueuses, car elles étaient plus étagées dans leur pressing. Les joueuses norvégiennes défendant sous différents angles, cela a forcé la Suisse à prendre des décisions différentes pour essayer de les déstabiliser. »
La Norvège plus menaçante dans la profondeur
Les changements apportés à la stratégie défensive de la Norvège ont permis à l'équipe de Grainger de récupérer le ballon plus haut sur le terrain, avec plus d'occasions de transitionner vers l'attaque. Il y a également eu une plus grande volonté de faire avancer le ballon plus tôt et de menacer dans le dos de la défense suisse.
« En deuxième mi-temps, la Norvège a eu beaucoup plus de largeur lorsqu'elle a attaqué en 3-4-3 », a déclaré Oxtoby. « Cela a affecté les joueuses de couloir suisses, qui étaient une telle menace en première mi-temps, et a également créé des problèmes pour les défenseures centrales de la Suisse. La Norvège a cherché à créer et à utiliser l'espace dans le dos en utilisant des mouvements opposés, une attaquante décrochant, une autre prenant la profondeur. Cela a créé des poches d'espace à exploiter. »
Connexion entre la passeuse et la receveuse
Avec plus de largeur et plus de mouvement dans les zones d'attaque, la connexion entre la passeuse et la receveuse s'est nettement améliorée en Norvège en deuxième mi-temps. Dans les extraits ci-dessus, les défenseures Maren Mjelde et Marit Bratberg Lund effectuent toutes deux des passes plus directes qui se connectent à des déplacements intelligents plus haut sur le terrain. La passe en avant de Mjelde a permis d'obtenir le corner sur le premier but de la Norvège et la passe de Bratberg Lund à Graham Hansen a conduit au but de la victoire norvégienne.
« Par moments, en deuxième mi-temps, la Norvège a eu une "double largeur" à gauche, avec la défenseure centrale gauche Bratberg Lund qui s'écartait et Graham Hansen qui était également plus large en attaque. À droite, elles avaient également une largeur maximale. Cela a permis ces différents types de déplacements et le deuxième but vient de cet espace qu'elles cherchaient à exploiter avec la course de Graham Hansen de l'extérieur vers l'intérieur. »
Comment entraîner pour des déplacements vers l'avant comme Graham Hansen
Pour menacer l'espace dans le dos comme l'a fait la Norvégienne Graham Hansen contre la Suisse, les entraîneurs et entraîneuses doivent aider les joueuses à comprendre l'importance des « doubles » déplacements et du fait d'attirer les défenseures hors de leur position pour exploiter l'espace qui est créé.
« Le déplacement de Graham Hansen est très dynamique », explique Oxtoby. « Chaque fois qu'elle cherche à faire des appels dans le dos, elle vient généralement d'abord dans les pieds. Le timing de ce mouvement est essentiel. En général, au moment où la porteuse de balle effectue sa touche de balle et lève la tête, elle cherche à venir dans les pieds. Le but est d'attirer la défenseure avec elle, tout en sachant pertinemment qu'elle cherche en fait à exploiter l'espace dans le dos. »
« La plupart du temps, elle effectue une course en arc de cercle et rentre à l'intérieur du terrain, pas à l'extérieur. Elle cherche à courir sur l'épaule intérieure de la défenseure et à s'étirer dans le dos. Le deuxième but de la Norvège est un exemple classique de son déplacement. Tout est une question de timing : elle cherche à attirer et à faire sortir la défenseure pour ensuite exploiter l'espace laissé dans son dos. »
Le timing de ce type de déplacement ainsi que la passe en avant sont des considérations importantes à développer pour les joueuses. « Le timing du déplacement est vraiment, vraiment important », explique Oxtoby. « Si l'attaquante se déplace trop tôt vers le ballon, la défenseure ne la suit pas. Si elle part trop tard, elle a beaucoup de travail à faire pour essayer d'exploiter l'espace derrière. Tout est une question de timing. »
« Du point de vue de l'entraînement, il s'agit de s'assurer que l'on ne se déplace ni trop vite, ni trop tôt, mais pas trop tard non plus. Vos coéquipières doivent connaître votre déplacement, la passeuse doit savoir que si vous faites ce mouvement vers le ballon, il s'agit en fait d'une course-leurre pour aller dans le dos. Ensuite, pour la joueuse qui délivre la passe, le dosage de la passe est vraiment important. »