Oliver Bierhoff sur la finale de l'EURO 96
lundi 29 juin 2020
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"Marquer, c'était mon job", nous explique Oliver Bierhoff, buteur en or lors de la finale de l'EURO 96 un 30 juin.
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Oliver Bierhoff, qui avait effectué ses débuts en équipe d'Allemagne quatre petits mois auparavant, ne comptait qu'une titularisation et un bout de match en tant que remplaçant à l'EURO 96 avant de rentrer en jeu lors de la finale.
La suite allait rester à jamais gravée dans l'Histoire du football européen. Bierhoff égalisait tout d'abord face à la République tchèque, avant d'inscrire un but en or lors de la prolongation pour offrir à la Mannschaft son premier Championnat d'Europe en 16 ans. Il revient sur cette soirée en exclusivité pour UEFA.com 24 ans plus tard.
Vous étiez tout nouveau au sein de cette équipe d'Allemagne. Comment avez-vous vécu ces préparatifs pour la finale ?
Oliver Bierhoff : Ce n'était pas évident, car nous pensions secrètement que nous allions remporter ce match. On était favoris, et quand vous êtes attaquant et sur le banc, vous ne voulez pas forcément entrer en jeu quand votre équipe a plusieurs buts d'avance.
Bien sûr j'étais heureux de nous voir en finale, mais en tant que joueur vous voulez toujours jouer. J'aurais aimé être sur le terrain un peu plus longtemps. Malgré tout, avant le match je me suis dit "profite de cette soirée, et savoure ce titre quand on le remportera" !
Vous avez passé plus d'une heure sur le banc... Comment vous sentiez-vous ?
J'observais ce qui se passait sur le terrain de très près. C'était une soirée spéciale, la Reine (d'Angleterre) était là avant le match, il y avait une grande ambiance. En première mi-temps, j'étais relâché, je regardais tranquillement comme tout le monde se comportait. Mais leur but m'a rendu un peu nerveux. À partir du moment où j'ai commencé à m'échauffer, je ne pensais qu'à une chose : entrer en jeu.
J'étais un peu frustré car ça un pris un peu trop longtemps. Mais pour être honnête, après ce penalty tchèque, j'étais tout excité, je me suis dit que je serai sûrement l'attaquant qui aura la chance de tout faire basculer.
Parlez-nous de ce but en or. On parle souvent d'une erreur de Petr Kouba dans le but tchèque...
Le ballon avait un pas mal d'effet, je crois qu'il a été légèrement dévié au tout début. Mais bon, oui il aurait dû la capter, enfin ça m'est complètement égal maintenant. Je crois que cela vient d'un long ballon de Thomas Helmer, on balançait de derrière car on n'avait plus la force de construire. J'ai dévié la balle de la tête pour Jürgen Klinsmann, qui a filé sur le flanc droit pour aller centrer.
Le ballon me revient dessus, je suis dos au but. Je le protège, je veux me remettre sur mon pied droit, mon pied fort, et me recentrer un peu. Marco Bode, qui évoluait sur la gauche, me hurle : "Viens ici, de ce côté !" Je ne sais toujours pas s'il voulait le ballon, mais je suis retourné et j'ai tenté ma chance sans lever la tête.
Je savais plus ou moins où le but et le gardien étaient positionnés, bien sûr, et j'ai eu de la chance. Le ballon est entré tout doucement dans le but.
Pouvez-vous décrire ce que ça fait d'inscrire le but de la victoire en finale de l'EURO ?
Ce n'est vraiment pas facile. C'est marrant, je n'avais jamais enlevé mon maillot après un but, et je ne l'ai plus fait depuis. Vous êtes tellement concentré quand vous jouez une finale que vous ne pensez pas trop à ce qui se passe autour, vous ne vous rendez pas compte que le monde entier a les yeux rivés sur cette rencontre, que l'Allemagne est en liesse, tout cela vous vient plus tard.
À ce moment-là, je suis tout simplement heureux et soulagé, je suis content de pouvoir partager cela avec mes coéquipiers, on s'est battus ensemble pour remporter cette finale. Pour moi, marquer c'est mon job, c'était donc normal d'inscrire le but vainqueur en finale. Mais je n'ai pas pensé à l'influence qu'il pourrait avoir sur ma carrière avant le lendemain matin, au petit-déjeuner.