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Beenhakker, rendez-vous avec l'histoire

Leo Beenhakker a qualifié la Pologne pour son premier EURO, et estime que son équipe a toutes les raisons d'y croire.

Le sélectionneur de la Pologne, Leo Beenhakker
Le sélectionneur de la Pologne, Leo Beenhakker ©Getty Images

Leo Beenhakker a dirigé plusieurs sélections, et a toujours su être là pour les grands rendez-vous. Il a fait vibrer une nation entière en qualifiant Trinité-et-Tobago pour sa première Coupe du Monde de la FIFA en 2006. Deux ans plus tard, la Pologne profite à son tour du talent de son sélectionneur, puisqu'elle se prépare à disputer son premier Championnat d'Europe de l'UEFA. Les résultats de l'équipe de Beenhakker ont capté l'attention du pays et suscité une vague d'optimisme, à l'image du positivisme qui règne en Pologne depuis l'entrée du pays dans l'Union européenne.

Importance du football
"La vie en Pologne change très rapidement", expliquait Beenhakker à uefa.com. "Il y a une ambiance incroyable autour du football en ce moment. Mon travail ne consiste pas seulement à être là et à jouer au football. [Par le biais des performances de l'équipe nationale] les Polonais reprennent confiance en eux et retrouvent le respect d'eux-mêmes. Encore une fois, je trouve ça incroyable de voir l'importance que peut avoir le football dans la vie quotidienne et la société. Tout le monde en Pologne est très excité que nous représentions le pays à l'EURO 2008."

Creux de la vague
L'atmosphère actuelle contraste nettement avec la morosité ambiante dans laquelle baignait la sélection polonaise lorsque Beenhakker est entré en poste il y a deux ans. Après une Coupe du Monde décevante en Allemagne, les attentes étaient au plus bas avant les éliminatoires de l'EURO. "C'état un gros challenge", se rappelle Beenhakker. "Dans l'ensemble, l'ambiance autour de l'équipe nationale était plutôt négative après la Coupe du Monde. Les médias descendaient l'équipe en flèche et les supporteurs avaient perdu confiance. Ce n'était pas facile d'essayer de construire quelque chose dans ces conditions."
 
 Tournant décisif
Pour ne rien arranger, la Pologne perdait son premier match éliminatoire à domicile contre la Finlande. "Perdre le premier match n'était pas bon pour le moral ni la confiance, mais nous avons travaillé dessus. Les choses ont changé à partir de novembre 2006, quand nous avons battu le Portugal à domicile. Ce n'était pas seulement le fait d'avoir battu le Portugal, c'était aussi la façon dont nous l'avons fait, le fait que nous avons joué à un très haut niveau. A partir de ce moment, les gens ont commencé à croire à nouveau à l'équipe nationale."

"Grande histoire"
A 68 ans, Beenhakker sera le deuxième sélectionneur le plus âgé lors de la phase finale cet été, après Luis Aragonés, de cinq ans son aîné. Le Néerlandais garde un souvenir très net de l'équipe polonaise des années 70 et 80, avec des stars comme Wlódzimierz Lubanski et Zbigniew Boniek, qui déchaînaient l'enthousiasme des supporteurs. "La Pologne a une grande histoire", rappelle l'ancien patron de l'AFC Ajax. "Nous travaillons très dur pour retrouver le niveau des années 70 et 80. Compte tenu de nos résultats face à de gros morceaux comme la Serbie, le Portugal et la Finlande, nous avons de bonnes raisons d'aborder ce tournoi avec les mêmes ambitions que les 15 autres qualifiés."

Test allemand
La Pologne débutera sa campagne par un match contre l'Allemagne à Klagenfurt le 8 juin avant d'affronter l'Autriche et la Croatie. Mais Beenhakker ne s'affole pas. "Nous savons que nous sommes dans un groupe difficile, mais nous essaierons de surprendre nos adversaires", explique le sélectionneur. "Le match d'ouverture est toujours particulier, et nous jouons contre une des meilleures équipes du monde. Mais l'Allemagne sait aussi que nous serons difficiles à battre. C'est ça qui est bien avec le football, rien n'est garanti. Ce n'est pas parce qu'on est favori qu'on va gagner tous ses matches. Nous n'avons pas de grandes vedettes mais nous sommes une équipe forte. Nous sommes solides mentalement, et nous sommes bien organisés. Chacun connaît son rôle. Nous jouons comme une véritable équipe, et c'est ce qui fait notre force."

"Gérer les gens"
C'est son aptitude à créer des liens entre les joueurs qui a fait la force de Beenhakker durant une remarquable carrière d'entraîneur qui entre dans sa cinquième décennie. "Pour moi, le plus gros challenge est de faire coller ensemble entre 20 et 23 joueurs qui ont des personnalités et des caractéristiques différentes, de les amener à une certaine culture du football, et de les faire jouer, vivre et travailler ensemble en harmonie. Je parle de gérer les gens, avoir les mêmes objectifs et faire ce qu'il faut pour les atteindre. Ça me donne toujours beaucoup de satisfaction quand on y arrive, et c'est une des principales choses qu'on a réalisées avec l'équipe nationale de Pologne."

Objectif 2012
Beenhakker a débuté sa carrière d'entraîneur aux Pays-Bas, au Go Ahead Eagles, en 1967. Il a tenu les rênes de nombreuses équipes du monde entier, de l'Espagne à la Suisse en passant par l'Arabie saoudite, le Mexique, la Turquie, Trinité-et-Tobago, et aujourd'hui la Pologne. Pour lui, un entraîneur ne devrait pas rester à la tête d'une équipe plus de trois ans. Mais il est prêt à faire une exception pour la Pologne. Le contrat de Beenhakker a déjà été prolongé jusqu'en 2010, mais la possibilité qu'il reste pour l'UEFA EURO 2012™, qui sera co-organisé par la Pologne, ne peut pas être exclue. "J'espère que je serai encore là", a-t-il déclaré. "Tout le monde pense à l'EURO, mais ce n'est pas la fin. Il faut que ce soit le début d'une nouvelle ère pour le football polonais. Cet été ne doit être que la première étape. Ensuite, nous penserons à 2012. Si nous continuons à travailler, l'avenir du football polonais pourrait ressembler à la grande époque des années 70 et 80."