Java ou tango ?

France - Argentine, mercredi soir au Stade de France, promet un tempo élevé entre quelques-uns des meilleurs joueurs évoluant en Europe.

Higuaín en partage
Finalement, Gonzalo Higuaín ne sera ni d'un côté ni de l'autre à Saint-Denis. A la veille du dernier match des Bleus en 2006 (1-0 face à la Grèce, le 15 novembre), tout était pourtant ouvert. "Peut-être qu'il jouera une mi-temps de chaque côté", plaisantait alors le sélectionneur Raymond Domenech qui avait lancé sa convocation puis reçu une réponse négative. Depuis, le prodige brestois du CA River Plate, passé au Real Madrid CF, a opté pour la nationalité et la sélection argentines et il n'a pas été retenu par Alfio Basile pour ce match de prestige entre ses deux pays champions du monde.

Une attaque amoindrie
Il y a pourtant toujours eu de la place pour les virtuoses virils, dans le style de Pipita, au sein de l'attaque "albiceleste". Il y en a plus encore aujourd'hui après les forfaits de Lionel Messi, Pablo Aimar et Maxi Rodríguez, ainsi que la retraite de Juan Román Riquelme, qui fut le chef d'orchestre de cette équipe pendant près de dix ans.

100 % Europe
Pour autant, l'équipe qui rencontrera la France au SDF demeurera bien plus européenne que celle qui s'est inclinée il y a 21 ans au Parc des Princes (2-0). On ne peut faire plus européen à vrai dire car les dix-neuf joueurs appelés par Alfio Basile jouent en Espagne, en Italie, en Angleterre ou au Portugal. Leur mission ? Tenter de faire oublier la défaite musclée en quart de finale de la Coupe du Monde de la FIFA aux tirs au but face à l'Allemagne. Une plaie que les défaites face au Brésil (3-0) puis à l'Espagne (2-1), depuis, ne firent que raviver.

"Pas vraiment de match amical"
"En équipe d'Argentine, il n'y a pas vraiment de match amical", marmonne d'ailleurs l'arrière du Manchester United FC Gabriel Heinze. Avec l'ex-Monégasque Javier Saviola, qui mènera l'attaque des Gauchos, fort de ses prouesses avec le FC Barcelona (7 buts en 4 matches entre le 10 et le 21 janvier), "Gaby" est celui qui connaît le mieux la France depuis un passage remarqué au Paris Saint-Germain FC, de 2001 à 2004. Les coéquipiers de Roberto Ayala, qui battra le record de 106 sélections de Diego Simeone, sont donc très motivés pour gagner à Paris, ce qu'ils n'ont plus fait depuis 1974 (1-0, but de Mario Kempes).

Charnière inédite
Du côté des Bleus, c'est plutôt la défense centrale qui a donné du souci au sélectionneur. Lilian Thuram (mollet), Philippe Mexes (pied), Jean-Alain Boumsong et William Gallas (non appelés en raison de blessures) ne seront pas sur le terrain. Le Lyonnais Eric Abidal, un temps incertain, sera aligné d'entrée au côté d'une charnière centrale inédite composée de Sébastien Squillaci et Julien Escudé.

La Lituanie en point de mire
Chez Domenech, l'enjeu se trouve au-delà de cette rencontre. "Ce match de prestige pour la plupart des gens constitue pour nous une préparation pour la reprise des éliminatoires", dit-il. "Je voulais rassembler tout le monde. Que ce soit contre une équipe du calibre de l'Argentine est aussi une chose voulue." Car après les héritiers de Diego Maradona, les Français affronteront la Lituanie à Vilnius, le 24 mars, en éliminatoires de l'UEFA EURO 2008™. "Là-bas, nous n'aurons pas droit à l'erreur", estime l'entraîneur des vice-champions du monde, qui n'a plus que dix mois pour se qualifier pour la phase finale en Autriche et en Suisse.

Les patries de Trezegol
Il n'aura en tout cas pas besoin de trouver les mots qui motivent en s'adressant à David Trezeguet. Le buteur de la Juventus, toujours appelé malgré qu'il joue dans un championnat de deuxième division, va rencontrer le pays de ses parents. Le pays où il a grandi avant de rejoindre le centre de formation de l'AS Monaco FC à l'adolescence. "Cela fait très longtemps que j'attends ça", déclare Trezegol. "L'Argentine, c'est la moitié de ma vie." L'une est tango, l'autre est java.