Préparation à la Michels
samedi 3 juillet 2004
Résumé de l'article
Vainqueur du championnat d'Europe en 1988 avec les Pays-Bas, le légendaire Rinus Michels sait comment préparer une équipe pour une finale.
Corps de l'article
Chaque équipe possède sa propre méthode pour se préparer à un grand tournoi. En plus de l'entraînement, du travail tactique et de l'étude des adversaires, le staff et les joueurs cherchent aussi des moyens d'évacuer la pression.
Expérience
Rinus Michels, grand entraîneur néerlandais et directeur technique de l'UEFA, a une grande expérience des finales. En 1974, il emmenait les Pays-Bas de Johan Cruyff jusqu'à la finale de la Coupe du Monde de la FIFA disputée à Munich contre le pays organisateur, l'Allemagne de l'Ouest. En 1988, Michels était de retour pour s'occuper d'une autre génération dorée des Pays-Bas : il emmenait Ruud Gullit, Marco van Basten et consorts vers la finale du championnat d'Europe contre l'Union soviétique.
Décompression
Michels n'était pas seulement connu pour avoir inventé le "football total", c'était aussi un entraîneur strict qui mettait en avant les valeurs du physique et de la discipline. Il estime toutefois qu'on doit laisser la pression s'évacuer dans une équipe avant la finale.
Quatre jours
"Il y a la plupart du temps une période de quatre jours entre une demi-finale et une finale", a-t-il déclaré. "On doit d'abord faire sortir toutes les émotions, il faut évacuer la tension par les émotions". Michels laissait ses équipes faire la fête après leur victoire : "Peu importe à quelle heure ils allaient se coucher."
Visite des familles
La méthode hollandaise est alors mise en place après les célébrations. Michels explique qu'avant les finales de ses équipes, les familles des joueurs et du staff étaient autorisés à leur rendre visite. "Tout était autorisé", a-t-il expliqué. "Cela dépend de la culture du pays. On est assez décontractés sur ce plan-là en Hollande".
Equilibre
Après la fête et la visite des familles, la préparation pour le tournoi pouvait commencer. Mais là encore, alors qu'il y avait toujours du travail sérieux à faire, Michels s'assurait que ce ne soit pas trop dur. "La tâche principale d'un entraîneur préparant son équipe pour une finale est de créer un équilibre entre la détente et l'entraînement. Nous essayions de prendre l'entraînement 'dans la bonne humeur' avec des jeux comme le tennis-ballon et des activités de loisir que nous faisions en groupe pour passer la journée".
Favoris
Enfin, une chose que tout coach et que tout groupe de joueurs ne doivent absolument pas faire, prévient Michels, c'est d'être trop détendu avant une finale. Il se souvient qu'en 1974 et en 1988, l'une de ses principales tâches lors des jours précédant le match était de convaincre son équipe que le travail n'était pas encore accompli. C'était particulièrement important car ces deux années, l'équipe de Michels était considérée comme le favori du tournoi.
Préparation émotionnelle
"Ce qui se passe est que lorsqu'une équipe remporte une demi-finale contre le Brésil [comme les Pays-Bas en 1974], les joueurs sont animés d'un sentiment dangereux, selon lequel le but ultime a été atteint. Et les joueurs ne sont pas préparés émotionnellement pour une finale", a déclaré Michels. "L'entraîneur doit s'occuper de ça. Il doit rappeler que le but ultime est de remporter la finale. Gagner une demi-finale n'a de sens que si vous vous préparez au but ultime".
Menace
Michels l'a ainsi rappelé de manière douce mais ferme, quelques 14 années plus tard. "Après la demi-finale de 1988 [les Pays-Bas avaient battu l'Allemagne], pendant la fête, l'équipe m'a offert une montre en or, ce qui m'a beaucoup touché. Mais je leur ai tout de suite dit que je leur rendrais si nous perdions la finale !"
Version abrégée d'un article paru sur uefa.com.