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Didier Six : "Séville 82 ? Le starter"

Didier Six a longtemps porté le poids d’un penalty manqué durant la séance de tirs au but face à Allemagne, en demi-finales de la Coupe du Monde 1982 à Séville. L’ancien ailier tricolore au pied gauche magique assure néanmoins que ce match a été le point de départ des réussites futures de l’équipe de France. Souvenirs.

Didier Six espère voir les Bleus d'Antoine Griezmann et Dimitri Payet poursuivre leur route vers le titre
Didier Six espère voir les Bleus d'Antoine Griezmann et Dimitri Payet poursuivre leur route vers le titre ©AFP/Getty Images

"L’équipe de France est magique dès qu’elle va vers l’avant", lance Didier Six à propos de la génération 2016. "Lorsque l’énorme puissance dont elle dispose se libère. En revanche, quand elle cherche à sécuriser, elle devient très vulnérable."

L’ancien attaquant des Bleus (52 sélections, 13 buts) résume l’avis de bon nombre d’observateurs. En revanche, si l'on sous-entend que la sélection de Didier Deschamps a bénéficié d’un parcours relativement pépère dans cet UEFA EURO 2016, il n’est plus du tout d’accord ! "Le Pays de Galles ne semblait pas non plus être une équipe compliquée pour d’autres nations", s’agace-t-il. "Or on voit leur parcours. Vous savez, le football s’est considérablement resserré. Et si des équipes comme l’Irlande ou l’Islande se sont qualifiées, ce n’est pas un hasard".

Comment Didier Six imagine-t-il cette demi-finale face à la Mannschaft ? "Je ne l’imagine pas", répond-il. "Je vais la regarder. Et je serai attentif aux aspects techniques car c’est mon boulot et j’aime ça." Son œil d’expert n’en dira pas plus ! "Je n’ai pas à me mettre dans la peau de Didier Deschamps. J’ai mon opinion sur la meilleure façon de jouer les Allemands. Mais je la garde pour moi. Le sélectionneur est très bon. Et il n’a besoin de personne pour mettre au point son plan tactique."

À quel type de rencontre s’attend-il face aux hommes de Joachim Löw ? "Les Bleus vont avoir un match costaud, difficile." Pour autant, l’ancien ailier tricolore insiste sur les chances françaises. Indéniables selon lui... "Par rapport au Brésil, ils ont perdu des joueurs", détaille-il. "Or ils ne les ont pas remplacés. Je pense par exemple à (Miroslav) Klose. En revanche, cette équipe conserve une solidité qui peut faire mal, si on n’arrive pas à les perturber." Et comment perturbe-t-on des Allemands sur un carré vert ? "En ayant l’ambition d’attaquer ! Cette équipe est une machine, comme l’Allemagne l'a toujours été, et ses joueurs évoluent ensemble depuis très longtemps. Mais elle me paraît tout de même moins forte qu’en 2014. Cette année, elle me semble plus accessible."

"Le football n'a pas débuté en 1998 !"

L’histoire n’a pourtant pas toujours été tendre avec l’équipe de France lorsqu’elle a croisé la route des quadruples champions du Monde. 2014 à Rio de Janeiro, 1986 à Guadalajara et bien sûr 1982 à Séville : trois dates, trois villes qui résonnent comme autant de déroutes françaises face aux Allemands. La France ne nourrit-elle pas un petit complexe allemand ? "Non, c’est une illusion", réfute Didier Six. "Le seul risque est de jouer avec le frein à main".

Le poids du public marseillais jouera-t-il un rôle prépondérant selon celui qui porta les couleurs de l’OM (1978-1980) ? "Ce n’est pas une question, c’est une certitude !" Le Vélodrome, et ce fabuleux France-Portugal (3-2) en demi-finale de l’EURO 84 remporté par la France... "Parfois, lorsque je regarde les médias, je me demande si le football n’a pas débuté en 1998", taquine-t-il. "D’ailleurs, ça m’étonne que vous m’interrogiez. Car on a un peu tendance à les oublier, ceux de 84, non ?" Les médias sont-ils parfois ingrats ? "Non, c’est la loi de la vie", répond-il. "Mais ce qui a été écrit avant 98 en équipe de France n’est pas négligeable". Et il a des exemples… "Lorsque je vois l’équipe type de l’histoire de l’Euro et que Michel (Platini) n’y figure pas, c’est inacceptable. Il est quand même le seul à avoir inscrit neuf buts dans un championnat d’Europe !"

Et que pense-t-il de ce fameux France-Allemagne de Séville ? "C’est une période de ma vie", lâche-t-il après un léger silence. "Mais je n’ai pas particulièrement envie de revenir dessus". Trop douloureux ? Juste pas envie ? "Ce n’est pas une question d’envie. C’est un match qui a été vécu. Il y a eu une dramaturgie importante."

"Ce n'est pas une pierre à l'édifice... ce sont les fondations !"

Néanmoins, quelles images lui reste-t-il dans un petit coin de sa mémoire ? "On n’a pas eu de chance par rapport aux lois", lance-t-il, après un léger temps de réflexion. "Si on se réfère aux années suivantes, comme par exemple le but en or instauré en 1998, on ne serait même pas allé au but de Marius Trésor (Le défenseur central avait inscrit le but du 3-1 en prolongation). Aujourd’hui, Schumacher aurait été expulsé automatiquement (le gardien allemand s’était rendu coupable d’une énorme faute sur Battiston). Et en finale face à l’Italie, un Michel Platini qui les connaissait par cœur nous aurait emmenés vers la victoire (le N°10 de l’équipe de France évoluait alors à la Juventus de Turin)."

Mais la triste réalité ne lui laisse-t-elle pas un goût amer, même 34 ans plus tard ? "Non", assure-t-il cette fois sans sourciller. "Aller en demi-finales, alors que personne ne comptait sur nous, c’est quelque chose de formidable." Il y voit même le point de départ d’une incroyable aventure : "Nous avons été un starter. Et il ne faudrait pas l’oublier. Comme à notre époque, nous étions très respectueux des Kopa, Fontaine, Hidalgo qui avaient marqué les périodes précédentes..."

Séville 1982 aurait donc été une des premières pierres à l’édifice tricolore ? "Déjà, ça nous a servi pour devenir champion d’Europe en 1984", clame-t-il. "Mais ce n’est pas une pierre à l’édifice... ce sont les fondations !" Et ce fameux penalty manqué ? Certains de ses coéquipiers lui en ont-ils tenu rigueur ? "Je ne sais pas ! Posez-leur la question..."

Reste l'interrogation qui taraude tout un peuple depuis plusieurs décennies. Pourquoi les Bleus d’Hidalgo ne sont-ils pas allés en finale ? "Il y a eu des manques à plusieurs niveaux", raconte le héros malheureux de 82. "Déjà, dites-moi pourquoi de 3-1, on est revenu à 3-3 ? Avec la solidarité de l’équipe de 1998, en menant 3-1 en prolongation, les Allemands ne seraient pas revenus au score." On ne le saura malheureusement jamais... Et pour Didier Six, une seule chose compte finalement aujourd’hui : "Je serai content que l’équipe de France aille en finale". Et nous aussi !

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