Jensen revient sur les jours heureux du Danemark
vendredi 25 mai 2012
Résumé de l'article
Son but avait fait plier les Allemands en finale et offert l'EURO '92 au Danemark à la surprise générale. John Jensen livre ses souvenirs à UEFA.com.
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"Vous voyez là où on gonfle le ballon, il y a un point, hé bien si vous frappez le ballon juste là, il ira toujours bien droit." John Jensen essaie d'expliquer les origines d'une expression populaire qu'il a fait entrer lui-même dans le lexique du football danois.
Celle-ci est née le 26 juin 1992 quand, s'efforçant alors de décrire le but le plus fameux de sa carrière, il avait suggéré d'une manière pas forcément très élégante avoir "claqué le ballon en plein dans le cul".
Jensen revit, bien entendu, le but qui avait mené le Danemark vers sa victoire la plus inattendue, 2-0 contre l'Allemagne en finale de l'EURO '92. Celui qui évoluait alors dans l'entrejeu du Brondby IF n'avait rien d'un chasseur de buts – son dernier en sélection remontait à cinq années auparavant – mais ce soir-là à Göteborg, son exploit de la 18e minute allait écrire l'une des plus incroyables pages du football européen.
Jensen s'en rappelle comme s'il datait d'hier. "Je me rappelle avec précision des 18 premierères minutes", livre-t-il à UEFA.com. "Tous les joueurs avaient les jambes très lourdes. Nous devions être nerveux, et les Allemands attaquaient et attaquaient encore et Peter Schmeichel nous avait déjà sauvés deux fois. Et puis soudain on a attaqué par la droite et Kim Vilfort fait ce tacle en glissade. Peut-être qu'il y avait coup franc mais Flemming Poulsen prend le ballon et part (à l'attaque)."
Lorsque Poulsen passe en retrait à Jensen, qui vient de pénétrer dans la surface, ce dernier frappe en première intention vers Bodo Ilgner au premier poteau, qui ne peut voir le ballon. "Je n'avais qu'une seule chose en tête : frappe vers ta cible, frappe vers le but et attends de voir ce qui se passe", explique Jensen. "Malheureusement pour lui, le gardien ne pouvait rien voir. Je crois qu'il y avait deux joueurs allemands et Stefan Effenberg s'est jeté devant le ballon mais trop en retard et heureusement pour moi, c'est rentré."
La première réaction de Jensen est de se tourner vers l'arbitre de touche mais là..."Je me suis retourné et j'ai vu tous les joueurs courir vers moi et là je me suis dit que le jour du Danemark, et le mien aussi, était peut-être arrivé", ajoute-t-il. "Et puis tout d'un coup, j'étais sous huit autres joueurs."
Pour le football danois, le jour était bien arrivé. Vilfort marquait en fin de rencontre et quelques minutes plus tard, l'équipe rappellée dans la compétition au dernier moment à la place de la Yougoslavie brandissait la Coupe Henri Delaunay. Au moment du rappel, Jensen s'apprêtait à passer ses vacances sur une plage espagnole. "Ma première pensée a été que j'allais devoir annuler mes vacances", plaisante-t-il. Des sentiments alors mitigés, mais non dénués de sérieux.
"Vous avez un drôle de sentiment parce que soudain, vous prenez quelque choses des mains de gens qui méritent d'aller en Suède parce qu'ils ont remporté leur groupe de qualification", dit-il à propos des Yougoslaves qui avaient terminé un point devant les Danois en éliminatoires.
Une fois en Suède, les joueurs du Danemark vivent un vrai conte de fées : victoire contre la France, un des favoris, pour sortir des poules puis nouvelle victoire en demi-finale contre les champiosn sortants des Pas-Bas, aux tirs au but.
"Le meilleur match du tournoi sans doute", considère Jensen pour ce match à rebondissements qui a vu les Danois remonter deux fois au score et arracher le 2-2 dans le temps réglementaire. "Aucune des deux équipes ne voulait lâcher, c'était un match de folie. Les prolongations, puis les tirs au but. Il y a tout eu dans ce match."
La tension était telle que Jensen et Poulsen furent incapables de regarder le dernier tir au but victorieux de Kim Christofte, la tête cachée sous une serviette. "On se regardait l'un et l'autre, mais sans regarder le tir au but. On a entendu le cri de joie des supporters et on a su qu'on était en finale."
L'arrêt de Schmeichel sur le tir de Marco van Basten avait fait pencher la balance en faveur des Danois. Le grand gardien longiligne allait rééditer ses exploits en finale. "Quand vous faites le bilan, il a sorti deux ou trois parades de grande classe. Je me rappelle notamment d'une tête de Jürgen Klinsmann – je la voyais déjà dedans quand il a surgi pour la sortir. Ca nous a sauvé d'avoir Peter dans les cages."
Et de pouvoir compter sur un gros collectif, comme tient à le rappeler Jensen. "Ca n'est pas que grâce à Peter. C'est grâce à tout le monde. À Brian Laudrup par exemple. Il n'a pas marqué du tournoi mais a travaillé sans relâche. Idem pour Flemming Poulsen, qui n'a pas marqué non plus. Tous les buts sont venus des milieux mais ils ont énormément travaillé pour nous. Ce sont eux qui ont amené les occasions.
"C'était très important d'avoir ces deux devant, un milieu de travailleurs, une base arrière solide et enfin Peter. Ca a fait un beau mélange." Et une recette savoureuse, la meilleure que le football danois ait jamais goûté.