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Nzonzi : « L'excitation reste toujours la même » en Champions League

Steven Nzonzi s'est confié dans un long entretien exclusif à UEFA.com avant le tout premier match du Stade Rennais en UEFA Champions League. Son rôle dans l'équipe, l'adversaire qu'il n'aime pas rencontrer, son entente avec Camavinga... Tout y passe !

Steven Nzonzi taulier de l'effectif du Stade Rennais
Steven Nzonzi taulier de l'effectif du Stade Rennais Icon Sport via Getty Images

À 31 ans et avec en poche le titre de champion du monde et un parcours qui l'a amené en Angleterre (Blackburn, Stoke), en Espagne (Séville, adversaire de Rennes dans les groupes), Italie (AS Roma) et Turquie (Galatasaray), Steven Nzonzi fait figure de capitaine de route du club breton.

UEFA.com : On voulait vous parler de votre rôle dans le milieu défensif. Est-ce que c’est comme ça que vous vous voyez comme joueur de foot ? Si je ne connais rien au foot et je vous demande, vous avez quelle position, quel rôle dans l’équipe, vous répondez quoi ?
Steven Nzonzi :
Le rôle du milieu de terrain, en gros, c’est un poste assez complet, il faut faire le lien entre le défense et l’attaque. Donc c’est pas vraiment le rôle du milieu défensif. Après, c’est vrai qu’un des aspects importants, c’est d’être à la récupération et d’aider la défense.

C'est aussi faire le lien entre les attaquants, les défenseurs, les centraux. Donc le rôle du milieu, c’est plutôt comme ça que je le vois.

C’est quoi l’aspect le plus important de ce poste ?
Ça dépend déjà du dispositif : si on joue avec 2 milieux alignés, si on joue en 4-3-3 avec un milieu plus bas, en 4-3-3 avec un milieu plus haut, les rôles sont différents. Après, c’est vrai que c’est un poste assez complet, il faut à la fois être à la récupération et participer offensivement, que ce soit par la passe ou la conduite de balle... Donc c’est complet, général, il y a beaucoup de facteurs et beaucoup d’aspects.

Comment vous trouvez l’équilibre entre aider en attaque, mais aussi récupérer le ballon aussi vite que possible en phases défensives ?
Il faut essayer, c’est compliqué, d’analyser le match. Tous les matches sont différents, ça demande un équilibre différent. Il y a des matches où on va être plus amené à aller devant, et d'autres matches où on va plus rester proche de la défense, les aider.

Ça dépend aussi du dispositif dans lequel joue l'équipe adverse, ça dépend aussi du résultat parce que, selon le résultat, il y a des matches qui vont être un peu plus ouverts, avec un peu plus d’espaces, ou un peu moins ouverts, ça dépend vraiment du moment.

La formule du Stade Rennais, tout à fait adaptée au jeu de Nzonzi
La formule du Stade Rennais, tout à fait adaptée au jeu de NzonziIcon Sport via Getty Images

Ça, c’est quelque chose que vous sentez vous-même ? C’est quelque chose que le coach va dire avant le match : « Faites attention à ça, faites attention à untel ou untel » ?
Je pense que c'est un peu des deux, parce que, forcément, en préparation du match, le coach fait des vidéos, il nous parle de l’équipe adverse, de leurs qualités, de leurs défauts, donc on est mis en garde, il faut faire attention, par rapport à ça, etc.

Et ensuite, il y a l'analyse du match. Je pense que ça, il y a des joueurs qui l’ont naturellement, d’autres non. Il y a des joueurs qui l’apprennent avec l’expérience : petit à petit, on peut aussi progresser par rapport à cette analyse.

Justement, c’était votre cas ? Vous étiez capable au départ d’analyser, ou c’est quelque chose qui est venu avec l’expérience ? Comment a évolué votre analyse du jeu ?
Moi, c’est venu avec l’expérience. Quand je jouais en Angleterre, c'était un jeu un peu plus ouvert, avec un respect tactique moins important. Quand je suis arrivé en Espagne, à Séville, j’étais avec un coach où c’était très axé sur le travail tactique, c'est là que j’ai commencé à faire un peu plus attention à mon placement sur le terrain.

Donc pour moi, c’est venu avec le temps, petit à petit, et aujourd’hui encore je continue à progresser sur cet aspect-là.

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Justement, l'expérience : vous êtes un des joueurs les plus expérimentés de l’effectif du Stade Rennais, qui n’a pas beaucoup d’expérience en UEFA Champions League. Ça joue quel rôle pour un milieu de terrain, l’expérience en Champions League ?
Non, dans cette compétition, ou dans le football en général, je pense que le plus important, c’est le caractère du joueur, s’il est capable de progresser, d’être présent dans des grands moments, dans des grands matches, dans les matches un peu plus durs, dans les matches où il y a un peu plus de pression.

Ça, c’est un truc, en général, qu’on a naturellement, mais qu’on peut travailler aussi. C'est le caractère du joueur qui permet de répondre présent dans ces moments-là, mais c’est sûr que plus on fait un certain type de matches, comme en Champions League ou avec l’équipe nationale par exemple, plus on est à l’aise dans l’approche du match.

C'est vrai que ça aide aussi un petit peu, mais je ne pense pas que ça fasse 70 % de la préparation.

Est-ce que si vous regardez en arrière, si vous regardez le Steven Nzonzi qui fait ses débuts en Champions League, et celui d'aujourd'hui, comment a évolué la manière dont vous préparez les matches ?
C’est la pression qui est un peu différente. On a un petit moins de pression, on gère un petit peu mieux la pression, on a déjà goûté à ce genre de choses. Mais l’excitation reste toujours la même, ça reste un match de Champions League. Mais même pour un match de championnat, l’excitation est toujours présente aussi.

Mais c'est l’approche qui est différente. On est plus à l’aise, on est plus relax. Pour ton premier match de Champions League, forcément, tu as une pression un peu plus grande, l’excitation aussi peut être un peu plus grande, l’approche peut être un peu différente.

Est-ce que vous pouvez nous emmener sur le terrain, avec vous ? Vous recevez le ballon du gardien, des défenseurs, c’est quoi votre première pensée ?
Ce qui est important, déjà, c’est de ne pas perdre le ballon. Après, ça dépend du positionnement de l’adversaire. Avant de recevoir le ballon, pour un milieu de terrain, c’est toujours bien de regarder dans son dos, des deux côtés, si possible, voir où est l’adversaire. Mais, il y a des matches où on n’a pas toujours le temps de regarder dans son dos.

Donc, là, c’est au feeling naturellement. Ça dépend, mais il y a des aspects de jeu qui sont un peu similaires dans tous les matches : si c'est le central qui donne le ballon, on sait qu’il y a le latéral qui peut être libre par exemple, ou le gardien. En fait, ça dépend, c'est des choses qui reviennent un peu fréquemment dans chaque match. Mais le plus important, c’est sûr que c'est de regarder dans son dos pour voir si on peut jouer vers l’avant ou se retourner, si possible.

C’est la plus grosse erreur que vous pouvez faire, en tant que milieu, perdre le ballon ?
Personne n'aime perdre le ballon… c'est vrai que c’est compliqué. Il faut essayer de le garder, de garder la possession, pour déplacer le bloc adverse. Mais perdre le ballon... tout le monde peut perdre le ballon, on peut le faire si on essaie de jouer vers l’avant, d’apporter le danger, ce n'est pas grave en soi.

©AFP/Getty Images

Quelle est la plus grosse erreur qu’un milieu peut commettre sans le ballon ? On peut parler peut-être de positionnement, d’anticipation ?
Oui, sans le ballon, ça c’est vrai à tous les postes... Quand on anticipe, mais pas dans le bon timing, c'est compliqué, parce que derrière on est battu, et pour revenir, c’est difficile. Tout le monde est obligé de faire les efforts de replacement.

Donc, le plus important, c’est de rester bien positionné, de rester en bloc compact et essayer qu’il y ait le moins d’espaces possible entre les lignes.

Est-ce que ça, c’est quelque chose que vous allez faire sur le terrain en plaçant les joueurs ? Est-ce que vous êtes un joueur qui parle beaucoup ?
On est obligé, on est à un poste où on est obligé de parler, mais ce sont des choses très simples, très rapides : « à gauche, à droite, ça vient, attention ». Mais dans certains matches, l’intensité est tellement grande que c’est difficile de toujours parler.

Il y a la fatigue aussi qui entre en jeu, en plein effort, on n'a pas forcément l’énergie nécessaire pour parler parce qu’il faut parler fort, il faut crier. En ce moement, il n’y a pas les supporteurs, mais il faut qu’on se fasse entendre, donc, ça dépend des matches. C’est toujours mieux de parler, mais si on ne parle pas, on est à des postes, on sait ce qu’on a à faire, on travaille à l’entraînement.

Quand vous étiez jeune, est-ce que vous admiriez les milieux  ? Vos idoles, c’était des milieux ou c’était toujours les buteurs ?
Non, moi, mes idoles, c’était des milieux de terrain, mais bon, plus offensifs que moi : (Jay-Jay) Okocha, Ronaldinho, (Zinédine) Zidane. J’aimais bien les 10 offensifs comme beaucoup de joueurs aussi. Tu peux être défenseur et admirer un attaquant, un milieu offensif.

C’est sûr que quand on est jeune, on aime les joueurs qui marquent des buts, qui sont beaux à voir jouer, qui font le spectacle.

Ronaldinho, l'une des idoles de Nzonzi
Ronaldinho, l'une des idoles de Nzonzi©Getty Images

Vous avez marqué un but récemment, mais est-ce que ça vous manque de marquer des buts fréquemment ?
Non, non, pas du tout, pas du tout. Même quand j’étais jeune, j’avais un problème, j’aimais trop faire la passe. Même si des fois, on me dit : « Hé, tu peux frapper, tu n’as pas une mauvaise frappe de balle », mais j’aime faire la passe, la conservation, la possession. Marquer un but, c’est sûr que la sensation, elle est top. Il n’y a pas mieux dans le foot.

Ce n’est pas quelque chose que moi, personnellement, j’ai en tête, à vouloir marquer à tout prix, etc. C’est peut-être quelque chose qui me manque aussi.

Parlez-nous de l’adversaire que vous n’aimez pas rencontrer. C’est quel genre de joueur en tant que milieu contre lequel vous n’aimez pas jouer ? Dans le foot européen, c’est qui ?
Les adversaires qui sont très bons défensivement, parce qu’ils ne vont pas te donner le temps de préparer le jeu comme tu aimerais. Soit qui sont forts dans le pressing, dans la récupération.

Des joueurs contre qui, voilà, c’est difficile de jouer. Ou sinon, un joueur qui est tout simplement trop fort offensivement, tu ne peux pas récupérer le ballon. Je pense à des joueurs comme (Andrés) Iniesta, voilà. À Séville, j’ai joué contre lui quelques fois et tu ne peux pas récupérer le ballon.

Le joueur, il est trop fort donc c’est compliqué. C’est soit l’un, soit l’autre. Soit un joueur qui, défensivement, ne te laisse pas respirer, qui fait un pressing intense, etc. Ça, c’est compliqué de jouer quelqu’un qui est défensivement très fort, c’est dur de récupérer le ballon, c’est frustrant.

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Face à un joueur comme Iniesta, vous êtes frustré de ne pas être capable de récupérer le ballon. Comment vous gérez cette frustration ?
Déjà, il faut essayer de se canaliser, de ne pas s’emporter, de ne pas se frustrer. Ça peut être difficile. Après, comment l’arrêter ? C’est compliqué encore une fois. S’il est dans un bon jour, même si nous on est bien physiquement et on est dans notre jour, c’est un joueur qui a un talent. Il n’y a pas beaucoup de joueurs comme ça.

C’est un joueur qui m’avait vraiment marqué. S’il est bien, il a la qualité technique qui fait que c’est compliqué de lui prendre le ballon.

Justement quand vous dites « Il faut se canaliser », est-ce que ça, c’est quelque chose que vous pouvez transmettre à vos coéquipiers ?
Déjà, moi, personnellement, je peux encore me sentir frustré. Donc voilà, même si avec l’âge, c’est quand même mieux qu’avant, parce que quand j’étais jeune, j'avais beaucoup plus tendance à être frustré. Donc là, j’arrive quand même à me tempérer.

Si ça arrive à un autre joueur, forcément, on va essayer de le calmer, de l’encourager. Comme si ça arrive à moi, ils feront tout pour me calmer et m’encourager aussi.

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Vous êtes arrivé en janvier. Est-ce qu’à cette époque-là, vous pensiez que vous seriez en Champions League cette saison avec Rennes ?
Oh non, je ne le savais pas, on ne pouvait pas le prévoir. Je savais que j’arrivais dans une équipe qui était très bien classée. Après, ça se passait bien. L’équipe jouait bien donc ça va. On a terminé troisièmes donc ça s'est bien passé.

Vous avez eu beaucoup de coaches différents dans des pays différents. Comment il est Julien Stéphan et sa philosophie de jeu par rapport aux autres coaches que vous avez eus ?
On ne peut pas comparer un coach à un autre parce que tous les coaches sont différents. Il a une philosophie de jeu, voilà. Son équipe joue au ballon, le pressing. Voilà, savoir gérer aussi les temps forts, les temps faibles.

C’est un coach qui est très mature pour son âge. Un coach qui est jeune. Après, c’est difficile de comparer les coaches.

©Getty Images

Une dernière question, sur Eduardo (Camavinga). Il vous considère comme un grand frère. Comment vous gérez ça, d’avoir un coéquipier tellement jeune, mais tellement talentueux en même temps ?
Il n’y a rien à gérer, ce sont des choses qui se font naturellement. C’est un joueur qui est talentueux. Ce qui rend un joueur différent, c’est qu’il est plus talentueux. Le volume de jeu est différent, il est plus important. Les capacités physiques à son âge qui sont importantes.

Quand tu arrives en pro, les efforts sont différents. Tout est différent, l’intensité est différente. Donc quand tu arrives à gérer ça à 17, 18 ans, c’est que quelque part, tu es en avance. Quand derrière, tu arrives aussi à techniquement rester très bon, c’est des choses qui se font naturellement, qui sont propres à lui. Nous, autour, ou moi personnellement, il n’y a rien à gérer. Tu fais ça naturellement. C’est un bon petit, respectueux, c'est important. Ces choses se font toutes seules.

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