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L’histoire d’Anoush : comment le football aide les réfugiés à se construire une nouvelle vie

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À l’approche de l’édition 2025 de la Unity EURO Cup, Anoush Dastgir nous raconte son incroyable périple depuis l’Afghanistan, un parcours qui l’a mené des camps de réfugiés au Pakistan et en Inde à un poste d’entraîneur de l’équipe nationale des moins de 18 ans des Pays-Bas.

L’histoire d’Anoush : comment le football aide les réfugiés à se construire une nouvelle vie

Mon père s’est battu contre l’Union soviétique lors de l’invasion de l’Afghanistan. Après le retrait des troupes soviétiques en 1989, une guerre civile a éclaté. On n’était plus en sécurité, alors ma famille a fui au Pakistan, où nous avons vécu dans un camp de réfugiés, à Peshawar. Puis nous sommes passés en Inde, avant de revenir au Pakistan.

Mon père est venu aux Pays-Bas, et nous l’avons rejoint, ma mère, ma sœur, mes deux frères et moi-même. Je suis arrivé dans un environnement totalement nouveau. Une nouvelle langue, de nouvelles personnes, et il faisait très froid ! J’étais habitué à des températures estivales de plus de 40 degrés, alors le climat des Pays-Bas a été un vrai choc. Oui, cela a été difficile. On avait déjà tout laissé derrière nous quand on a fui l’Afghanistan, et là, il fallait encore tout quitter.

« Essayer de trouver une connexion avec la société tout en restant ouvert d’esprit. Il faut essayer de comprendre le point de vue de chacun. »

Anoush Dastgir

Le football, une découverte

Quand j’étais petit, je n’avais jamais joué au football. Quand on grandit au Pakistan et en Inde, le sport le plus populaire, c’est le cricket. On grimpe de partout, on saute, on court, et on fait d’autres sports, comme le basket-ball. C’est en arrivant aux Pays-Bas que j’ai vu des enfants jouer au football dans la rue pour la première fois. Quand tu es un enfant, surtout issu de l’immigration, tu cherches à t’intégrer. Alors je me suis inscrit. Au début, je n’étais pas très bon, mais j’ai passé de longues heures à m’entraîner. J’ai appris que quand tu es bon, les autres enfants te veulent dans leur équipe. J’ai aussi appris à m’affirmer et à donner mon avis.

Toute l’histoire du parcours remarquable d’Anoush est racontée dans sa biographie : Anoush : comment le plus jeune entraîneur d’une équipe nationale du monde a réussi à unifier l’Afghanistan (ISBN 9789400409286, en néerlandais).

« C’est grâce au football que j’ai réussi à m’adapter aussi rapidement, pour me sentir chez moi. »

Anoush Dastgir

Ce qui est bien, avec le football, c’est que tu n’as besoin que d’un ballon. Pas besoin de parler la même langue. Les règles ne sont pas compliquées. C’est grâce au football que j’ai réussi à m’adapter aussi rapidement, pour me sentir chez moi. Encore aujourd’hui, mes meilleurs amis sont les Arméniens avec qui j’ai joué, tout d’abord au centre des demandeurs d’asile, puis dans le club local. Plus tard, je me suis aussi fait des amis néerlandais.

Un avant-goût de la fièvre Oranje

Quand j’étais enfant, aux Pays-Bas, mes footballeurs préférés étaient Edgar Davids et Nigel de Jong. La première fois que j’ai vu un match à la télévision, c’était lors de l’EURO 2000, et Edgar était sur le terrain. Il y avait du orange partout dans le village. Je n’avais jamais vu ça. C’est là que j’ai acheté mon premier maillot orange et que j’ai vraiment ressenti que j’appartenais à ce pays. D’ailleurs, Nigel [de Jong] m’a interviewé sur mon rôle d’entraîneur des moins de 18 ans. À la fin de l’interview, j’ai pu lui dire combien je l’admirais !

Poignée de mains entre Anoush Dastgir l’ancien international néerlandais Nigel de Jong, aujourd’hui directeur du développement du football à l’Association de football des Pays-Bas (KNVB).
Poignée de mains entre Anoush Dastgir l’ancien international néerlandais Nigel de Jong, aujourd’hui directeur du développement du football à l’Association de football des Pays-Bas (KNVB).Roy Lazet/Soccrates

Un retour plein d’émotion en Afghanistan

Quand je suis retourné en Afghanistan, en tant que joueur, j’ai pleuré en arrivant à l’aéroport. C’était comme si l’odeur, les couleurs, le bruit, les gens ne m’avaient jamais quitté. Non pas parce que je ne me sens pas chez moi aux Pays-Bas, mais l’Afghanistan est le pays où je suis né.

« C’est toujours très douloureux quand les gens te disent : adapte-toi ou rentre chez toi !... On essaie de s’adapter, mais ce n’est pas facile. »

Anoush Dastgir

Pour tous les réfugiés qui se construisent une meilleure vie ailleurs, leur pays d’origine reste dans leur subconscient. C’est toujours très douloureux quand les gens te disent : adapte-toi ou rentre chez toi ! Ils ne savent pas ce que c’est, car ils ne l’ont pas vécu. On essaie de s’adapter, tous les jours, mais ce n’est pas facile. »

Une nouvelle voie

J’ai découvert que j’étais un bon entraîneur quand mon père est retourné vivre en Afghanistan. À l’âge de 14 ans, je suis devenu l’homme de la maison. J’avais l’habitude de traduire pour mon père, alors je savais comment organiser les choses.

Anoush Dastgir se découvre un talent pour le poste d’entraîneur.
Anoush Dastgir se découvre un talent pour le poste d’entraîneur.

À l’occasion de mon vingtième anniversaire, on m’a donné la possibilité de prendre une équipe. L’entraîneur des M17 amateurs du NEC Nimègue ne pouvait pas être présent, alors je l’ai remplacé et ça s’est très bien passé. Je me suis gravement bIessé six mois plus tard et je savais que je ne serais jamais professionnel. Alors le club m’a aidé à développer mes compétences au poste d’entraîneur. J’ai passé tous mes diplômes de l’UEFA. J’ai pris les M19 du NEC et j’ai été entraîneur-adjoint de l’équipe amateur du club.

Plus jeune entraîneur national au monde

Puis, j’ai pris les rênes de l’équipe d’Afghanistan pendant quatre ans. À ce moment-là, à 28 ans, j’étais le plus jeune entraîneur d’une équipe nationale au monde. J’ai beaucoup aimé, mais quel défi ! Lors de ma première année, il y a eu la pandémie de COVID. La deuxième année, les Talibans ont repris le pouvoir. Et lors de ma quatrième année, tous les sponsors ont cessé de nous soutenir. Je dis toujours que j’ai acquis mes qualifications aux Pays-Bas, mais que j’ai vraiment appris à entraîner en Afghanistan. Ce sont des choses qu’on n’apprend pas dans une salle de classe.

« Nous sommes devenus un symbole d’espoir pour notre pays. »

Anoush Dastgir

Beaucoup de nos joueurs venaient de centres pour demandeurs d’asile aux Pays-Bas, en Allemagne, aux États-Unis et en Australie. Je voulais des joueurs de différentes origines ethniques et de différentes parties du pays dans mon équipe. Nous sommes devenus un symbole d’espoir pour l’Afghanistan. J’avais l’habitude de dire à mes joueurs qu’on devait se débrouiller. Il faut bâtir les fondations soi-même.

Anoush Dastgir a été l’entraîneur principal de l’équipe nationale d’Afghanistan entre 2018 et 2022.
Anoush Dastgir a été l’entraîneur principal de l’équipe nationale d’Afghanistan entre 2018 et 2022.

Nous sommes devenus incroyablement populaires en Afghanistan et auprès des Afghans du monde entier. Les gens n’ont pas grand chose à célébrer dans mon pays. Quand on jouait nos matches à domicile en Iran, il y avait 50 000 Afghans dans le stade, et 20 000 de nos supporters ont fait le déplacement au Tadjikistan.

N’ayez pas peur de vous exprimer.

« J’espère être une source d’inspiration pour celles et ceux qui vivent des situations similaires à la mienne. »

Anoush Dastgir

En tant qu’entraîneur des M18 des Pays-Bas, j’espère être une source d’inspiration pour celles et ceux qui vivent des situations similaires à la mienne. Premièrement, j’encourage les réfugiés à s’exprimer et à reconnaître leurs problèmes. Ils ne doivent pas avoir honte de s’exprimer. Au début, c’était mon cas. J’avais honte de venir d’Afghanistan, honte de ne pas comprendre ce que les gens disaient, honte d’être différent… Alors on évite les contacts, ce qui rend la situation encore plus difficile.

Nous ne sommes pas des victimes.

La deuxième chose que je dirais, c’est : ne jouez pas la carte de la victime. J’ai eu une situation familiale difficile. Je suis un enfant de la guerre. Mais je ne suis pas une victime. Essayez de trouver une connexion avec la société tout en restant ouvert d’esprit. Soyez prêts à grandir. Il faut essayer de comprendre le point de vue de chacun. Ne créez pas de la distance, ne prenez pas parti. Communiquez, c’est la meilleure manière de trouver une solution. Bien entendu, les choses ne changeront pas en un jour. Soyez patients. Cela vaut le coup.

« Nous voulons apporter une contribution. Faire partie de quelque chose. »

Anoush Dastgir

Je suis venu aux Pays-Bas pour contribuer au développement du pays, dans mon cas, à travers le football. Pour d’autres, c’est en développant des infrastructures, en devenant médecin, ou autre chose. On entend souvent les gens dire que ce qui intéresse les réfugiés, c’est prendre, prendre, prendre. Les logements, le travail. Mais ce n’est pas vrai. Nous voulons apporter une contribution. Faire partie de quelque chose.

L’idole de jeunesse d’Anoush, Nigel de Jong (à droite), est aujourd’hui directeur du développement du football au KNVB.
L’idole de jeunesse d’Anoush, Nigel de Jong (à droite), est aujourd’hui directeur du développement du football au KNVB.

Un tournoi qui contribue à l’intégration

« Ce que j’aime, dans ce tournoi, c’est qu’une même équipe rassemble des locaux et des réfugiés. »

Anoush Dastgir

Je me réjouis à l’idée de participer à la Unity EURO Cup. Ce que j’aime, dans ce tournoi, c’est qu’une même équipe rassemble des locaux et des réfugiés. C’est un parfait exemple d’intégration. C’est bien mieux que d’organiser des événements pour les réfugiés uniquement, car ils ne sont pas en lien avec les communautés autour d’eux.

Des terrains « Cruijff Courts » partout en Afghanistan

Je suis tellement reconnaissant de vivre aux Pays-Bas et d’avoir eu la possibilité de me construire une nouvelle vie. Je veux donner en retour, et mon rôle d’entraîneur des M18 est une formidable occasion de le faire. Mais j’aimerais aussi beaucoup aider en Afghanistan. Mon rêve serait de construire un terrain Cruijff Court dans chaque province du pays pour que les enfants de différentes origines ethniques puissent jouer et oublier leurs soucis pendant un moment, en profitant juste d’être des enfants. C’est le pouvoir du football : quand on est sur le terrain, on ne pense à rien d’autre.

La Unity EURO Cup

La Unity EURO Cup est plus qu’un simple tournoi de football : c’est une célébration de la faculté de notre sport à unir les communautés, quel que soit le contexte.

Organisé par l’UEFA en collaboration avec notre partenaire le HCR (l’Agence des Nations unies pour les réfugiés), cet événement mixte disputé par des équipes composées de réfugiés et de joueurs issus des communautés d’accueil braque les projecteurs sur une fonction vitale de ce sport : faciliter l’inclusion sociale.

Pour en savoir plus, cliquer ici.

Toute l’histoire du parcours remarquable d’Anoush est racontée dans sa biographie : Anoush : comment le plus jeune entraîneur d’une équipe nationale du monde a réussi à unifier l’Afghanistan (ISBN 9789400409286, en néerlandais).

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