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Rencontrez Carine N’koué, la nouvelle secrétaire générale de la Fondation UEFA pour l’enfance

Sur l'UEFA

Carine N’koué, la nouvelle secrétaire générale de la Fondation UEFA pour l’enfance, partage son expérience dans l’humanitaire, son action et sa vision pour l’avenir.

Carine N’koué et des filles du projet Mpira Fursa, en Tanzanie.
Carine N’koué et des filles du projet Mpira Fursa, en Tanzanie. UEFA Foundation

Il y a déjà plus d’une dizaine d’années que Carine N’koué travaille à travers le monde pour soutenir différents projets humanitaires. Elle a ainsi acquis une expérience précieuse des défis auxquels sont confrontés les enfants et les communautés vulnérables tout autour du globe. Son expérience pratique au sein de la Fondation UEFA pour l’enfance et son engagement inlassable dans les activités humanitaires ont conduit logiquement à sa désignation au poste de secrétaire générale en juin dernier. Dans cette interview, Carine revient sur son parcours, sur les effets des initiatives de la Fondation et sur son désir de provoquer des changements positifs grâce au pouvoir du football.

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Avant tout, Carine, félicitations pour votre nouvelle fonction ! Comment en êtes-vous arrivée à travailler pour la Fondation, et quelle a été votre expérience avec ses projets ?

J’ai assisté à la création de la Fondation de l’intérieur. Mon engagement a commencé en 2013, en Jordanie. J’y travaillais avec l’UEFA et l’Asian Football Development Programme (AFDP) durant la crise des réfugiés syriens. Au moment de la constitution de la Fondation UEFA pour l’enfance, en 2015, j’ai poursuivi mon travail sous son égide. J’ai passé plus de quatre ans en Jordanie, à mettre en œuvre des projets dans des camps de réfugiés comme ceux de Za’atari et d’Azraq. L’accent était mis sur l’intégration des enfants réfugiés et sur la promotion de la cohésion sociale par le sport en général et le football en particulier, un outil fantastique pour une action positive.

Dans quelle mesure votre travail pratique au sein de la Fondation, notamment dans les camps de réfugiés, a-t-il modifié votre perspective et la mission de la Fondation ?

Être dans les camps et interagir chaque jour avec les enfants dans le besoin et leurs familles a eu des répercussions profondes sur ma personnalité et ma manière de voir les choses. Par ailleurs, ce travail sur le terrain m’a permis de comprendre les réalités et les défis divers qui forment le quotidien des réfugiés, ce qui a rendu mon travail au sein de la Fondation plus efficace.

« Travailler sur le terrain m’a permis de comprendre les réalités et les défis divers qui forment le quotidien des réfugiés. »

Carine N’koué, secrétaire générale de la Fondation UEFA pour l’enfance

Ces expériences me rappellent que nos bénéficiaires ne sont pas que des numéros : ce sont des personnes, avec leurs rêves et leurs combats. Je crois fermement qu’il est essentiel de nous déplacer régulièrement sur les lieux de nos projets, de parler avec les gens qui sont sur le terrain afin de mieux comprendre les besoins des enfants et d’y répondre, de nous assurer que nous restons connectés à leurs réalités, et d’adapter le mieux possible notre soutien.

Carine N’koué en discussion avec une jeune bénéficiaire d’un projet.
Carine N’koué en discussion avec une jeune bénéficiaire d’un projet.UEFA Foundation

Quel est votre sentiment par rapport à votre poste à la tête de la Fondation, en particulier à l’heure de célébrer son dixième anniversaire ?

C’est une responsabilité à la fois passionnante et importante, surtout après dix années de travail efficient. Nous souhaitons continuer à développer nos activités, tout en renforçant la légitimité de la Fondation. Nous voulons également que nos membres ainsi que les associations, les clubs, les joueurs et les sponsors s’engagent encore plus dans des projets de responsabilité sociale, afin d’avoir une action plus importante sur les communautés et les enfants dans le monde entier. Il reste beaucoup à faire, mais je reste confiante et pleine d’espoir dans l’avenir. Une fois encore, le football peut jouer un rôle majeur. C’est un jeu universel, qui connecte chaque personne dans le monde, et il peut ainsi avoir un effet extraordinaire sur la vie des gens, en particulier les enfants.

À quels défis la Fondation pourrait-elle être confrontée dans les années à venir ? Et comment voyez-vous l’évolution de son rôle ?

La Fondation continuera à jouer un rôle de moteur en rassemblant des partenaires dans l’objectif commun d’aider les enfants vulnérables dans le monde grâce au pouvoir fédérateur du sport en général et du football en particulier.

« Notre rôle consiste à faire entendre la voix des enfants les plus vulnérables et à utiliser notre position stratégique pour unir des secteurs différents et ainsi maximiser les effets de notre action. »

Carine N’koué, secrétaire générale de la Fondation UEFA pour l’enfance

Nous devons rester concentrés sur les besoins de nos bénéficiaires et les maintenir au centre de toutes nos activités. Notre rôle consiste à faire entendre la voix des enfants les plus vulnérables et à utiliser notre position stratégique pour unir des secteurs différents et ainsi maximiser les effets de notre action.

Comment le football et d’autres sports peuvent-ils contribuer au développement et au bien-être des enfants vulnérables à l’échelle de la planète ?

Le sport en général, et le football en particulier, ont le pouvoir de rassembler les communautés, de favoriser la santé et d’enseigner des compétences de vie essentielles. Nos projets utilisent le football pour promouvoir le développement personnel et l’adoption d’un style de vie sain, mais aussi l’égalité des genres, l’inclusion des enfants en situation de handicap et l’intégration sociale.

Cette année, nous avons alloué EUR 5 millions à 72 projets significatifs dans 80 pays. Nous profitons également des compétitions de l’UEFA pour donner aux enfants la possibilité d’assister à des matches et de rencontrer des joueurs, et pour mettre en lumière le travail humanitaire accompli.

Par exemple, lors de l’EURO 2024, l’été dernier, nous avons fait don de 10 000 billets à des enfants et des adolescents défavorisés des dix villes hôtes dans le cadre du projet 10 000 Smiles (10 000 Sourires).

Le travail de la Fondation lors de l’EURO 2024
Carine N’koué s’adresse au Congrès de l’UEFA 2024.
Carine N’koué s’adresse au Congrès de l’UEFA 2024.UEFA

Quelles sont, selon vous, certaines des principales réalisations de la Fondation sur les dix dernières années ?

C’est très difficile de choisir, mais une des principales réalisations est l’effet positif sur les enfants dans les camps de réfugiés de Jordanie, comme celui de Za’atari, où les activités sportives organisées ont offert un cadre sûr et aidé les enfants à se remettre de leurs traumatismes. Le projet a commencé avec quelques enfants, dont seulement trois filles pour des raisons culturelles. Ils jouaient alors sur le sable du désert. Aujourd’hui, quelque 2800 garçons et 1800 filles bénéficient de ce projet. Cette initiative a remporté un succès incroyable et obtenu précisément le type d’effet que nous recherchons quand nous soutenons des organisations caritatives.

Dix ans après, ce projet continue à être florissant. Avec l’évolution de la situation en Syrie, nous sommes engagés dans le soutien aux réfugiés qui choisissent de retourner dans leur pays.

Trois axes de l’aide aux enfants par le football dans le camp de réfugiés de Za’atari

  • Autogestion : le projet entier est géré par les réfugiés eux-mêmes. Des réfugiés syriens ont été formés en tant qu’entraîneurs de football, éducateurs ainsi que coordinateurs et administrateurs du programme, dont ils ont la pleine responsabilité.
  • Activités inclusives : les filles et les garçons ont un accès égal aux activités. La Fondation s’est assurée que le contexte culturel de la région soit respecté, en mettant en place un espace sûr pour la participation des filles, afin que leurs parents se sentent à l’aise.
  • Intégration dans les championnats locaux : les équipes de football du camp ont été intégrées dans les championnats locaux jordaniens. Il ne s’agit pas seulement d’une véritable intégration dans le système, mais aussi d’une réussite impressionnante en matière de cohésion sociale dans le pays d’accueil. Pour les enfants, quitter le camp pour rencontrer d’autres enfants et interagir avec eux fait naître un profond sentiment d’espoir.

Un autre bel exemple de réalisation est le projet Mpira Fursa en Tanzanie, qui vise à émanciper les filles en leur donnant accès à l’éducation. Dans de nombreuses régions, l’éducation des filles n’est pas une priorité.

Notre partenaire offre aux filles des occasions de jouer au football et de s’instruire, tout en travaillant auprès de la communauté et des parents pour insister sur l’importance de l’éducation des filles. Initialement, très peu de filles allaient à l’école, et beaucoup abandonnaient en cours de route. Après trois ans, ce projet a permis d’égaliser les taux de fréquentation scolaire des garçons et des filles, et le taux d’abandon des filles s’est réduit au point d’être moins élevé que celui des garçons. On peut ainsi constater les répercussions significatives de l’association de l’éducation à des activités divertissantes comme le football.

Et enfin, une autre réalisation clé est la reconnaissance que la Fondation a reçu dans le secteur du sport pour le développement auprès d’organisations internationales comme le HCR, l’OIM et l’ITC ainsi que d’ONG et d’autres institutions comme la Commission européenne. Par exemple, nous avons été nommés Fondation de l’année aux Peace and Sport Awards 2015, qui récompensent les organisations qui promeuvent la paix durable au moyen du sport. Nous sommes fiers d’avoir réussi à emmener les sponsors avec nous dans nos initiatives, en créant ce mouvement qui vise à offrir des occasions uniques aux enfants, que ce soit en leur permettant d’être accompagnateurs de joueurs pendant les matches ou en soutenant des projets qui ont des répercussions positives sur leur vie quotidienne et sur leur avenir.

Avez-vous vécu des moments particulièrement marquants durant votre parcours au sein de la Fondation ?

Les rencontres sont au cœur de notre action. Nous sommes en contact avec des gens de cultures diverses, et nous partageons leurs joies et leurs difficultés. Par exemple, lors d’une visite sur le lieu d’un de nos projets, à Lesbos, en Grèce, au beau milieu d’un centre d’accueil surpeuplé au sein duquel le HCR s’efforçait de répondre aux besoins essentiels d’un très grand nombre de réfugiés, un jeune garçon m’a offert la moitié de son repas quand il a vu que je n’en avais pas. C’était un moment très touchant de générosité d’une personne qui avait pourtant très peu.

Je me rappelle aussi certaines rencontres avec les joueurs que nous avions organisées et qui étaient très chargées en émotion. L’an dernier, lors de la Super Coupe de l’UEFA, à Varsovie, un jeune de 15 ans en situation de handicap a été ému aux larmes de rencontrer son idole, Kylian Mbappé.

Et je me souviens d’une discussion avec le directeur de l’un des sponsors de l’UEFA concernant l’allocation des fonds. Il peut être difficile d’expliquer la nécessité de suivre les solutions dictées par les communautés plutôt que d’imposer des idées extérieures. Néanmoins, l’ouverture et la bonne volonté dont ce sponsor a fait preuve en écoutant et en soutenant les solutions communautaires ont été véritablement inspirantes.

Rencontrer les membres de la communauté qui se consacrent à l’amélioration des conditions et à la défense des droits collectifs est incroyablement motivant. Ce sont eux les véritables leaders, et nous nous efforçons de les soutenir par tous les moyens à notre disposition.

Carine N’koué rencontre la communauté locale au camp de Za’atari, en Jordanie.
Carine N’koué rencontre la communauté locale au camp de Za’atari, en Jordanie.UEFA Foundation

Quelle est la part que le soutien des partenaires joue dans le travail de la Fondation ?

Le soutien de l’UEFA, des associations de football, des partenaires et des ambassadeurs est vital au travail de la Fondation. Tous nos partenaires sont les moteurs de notre action, qu’ils transforment en effort collectif. Leur motivation et leur engagement sont cruciaux et nous permettent d’atteindre nos objectifs. Le président de l’UEFA, les associations, les clubs, les joueurs et les ambassadeurs tels qu’Ivan Rakitić et Eugénie Le Sommer jouent un rôle essentiel, car ils accroissent la visibilité de nos projets en les soutenant. Leur prestige et leur aura augmentent la portée de notre action.

« Le soutien de l’UEFA, des associations de football, des partenaires et des ambassadeurs est vital au travail de la Fondation. »

Carine N’koué, secrétaire générale de la Fondation UEFA pour l’enfance

En participant à des matches caritatifs, des rencontres et des cérémonies, ils contribuent à réaliser les rêves d’enfants et leur servent de modèles, tout en mettant notre travail en lumière.

La Fondation UEFA pour l’enfance en chiffres

Depuis 2015, la Fondation a investi EUR 52 millions dans 577 projets répartis sur 138 pays à travers le monde. Ce sont plus de 3,2 millions d’enfants qui ont bénéficié de ses activités.