Les partenariats sont essentiels pour garder le sport propre
lundi 6 mars 2023
Résumé de l'article
L’UEFA travaille étroitement avec des partenaires dans le monde entier pour que la première expérience d’un joueur ou d’une joueuse en matière de lutte contre le dopage soit une séance d’information plutôt qu’un test antidopage.
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L’UEFA, le Conseil de l’Europe (CdE), les fédérations sportives internationales, l’Agence mondiale antidopage (AMA) et les organisations nationales antidopage (ONAD) travaillent main dans la main pour garder le sport propre à tous les niveaux de la pyramide du football.
Dans le cadre de l’atelier d’éducation antidopage du CdE, organisé au siège de l’UEFA en février, nous avons demandé à Sophie Kwasny, responsable de la division Sport, et à Liene Kozlovska, Senior Programme Manager à l’unité Antidopage, de répondre à des questions fondamentales sur la lutte contre le dopage et d’expliquer pourquoi une approche et une formation communes sont indispensables pour protéger l’intégrité du sport.
Sophie Kwasny (S.K.) : Nous sommes une organisation intergouvernementale. En d’autres termes, nous soutenons les actions des gouvernements et nous veillons à ce que les politiques et pratiques soient conformes aux lois et répondent aux normes et principes que nous défendons dans les domaines des droits humains, de la démocratie et l’État de droit. En matière de sport et de lutte contre le dopage, nous échangeons généralement avec les ministères des sports, les agences antidopage nationales et internationales, ou les organisations sportives comme l’UEFA par exemple. Notre rôle consiste à réunir toutes les parties prenantes et à faire des recommandations pour promouvoir des politiques et des pratiques.
S.K. : C’est absolument crucial. Aucune organisation ne peut lutter seule contre le dopage ; il est nécessaire de faire participer toutes les associations sportives. Nous communiquons et échangeons des pratiques avec les acteurs directement concernés sur le terrain ainsi qu’avec les gouvernements faisant appliquer les règles.
Liene Kozlovska (L.K.) : Pour s’attaquer au trafic de produits dopants, aux responsabilités criminelles des instigateurs du dopage, ainsi qu’à la corruption et à la manipulation dans le sport, un lien très fort avec les agences gouvernementales, comme les autorités exécutives, est nécessaire. La Convention contre le dopage introduite en 1989 est l’un de nos instruments de coopération. Nous échangeons régulièrement sur les politiques antidopage avec les pays qui ont ratifié la convention et constituons des sous-groupes spécifiques s’il y a une nouvelle problématique à aborder. Par exemple, le CdE a adopté l’année dernière une recommandation pour garantir que les principes des droits humains sont appliqués dans les procédures disciplinaires, afin que toutes les auditions en lien avec le dopage se tiennent conformément à la Convention des droits de l’homme.
S.K. : Les règles générales de l’intégrité sont les mêmes pour tous et pour chaque sport, oui. Il existe des particularités sur la manière d’atteindre une telle intégrité en fonction des différents sports. Disons que le message clé est universel et la façon de le mettre en œuvre doit ensuite être adaptée aux environnements spécifiques.
L.K. : Par exemple, du point de vue des droits humains, nous sommes très attentifs aux groupes les plus vulnérables comme les mineurs, qui peuvent ne pas être capables de reconnaître la substance qui leur est donnée ou enfreindre les règles sans même le savoir. Avec la règle de la responsabilité objective, l’athlète est coupable si des produits dopants sont détectés dans son corps. Nous devons nous assurer que les jeunes athlètes comprennent les enjeux et les informer autant que possible des conséquences auxquelles ils s’exposent. À l’avenir, nous voulons constituer un groupe de travail sur la protection des mineurs dans le domaine de la lutte contre le dopage.
S.K. : La formation est primordiale. Par le passé, l’accent était mis sur la sanction. Maintenant, l’approche a évolué et nous nous tournons de plus en plus vers la formation. Nous voyons souvent des cas où l’encadrement, voire les parents de jeunes athlètes leur fournissent les produits dopants, intentionnellement ou non. Même si cela se produit de bonne foi, parce qu’ils ont une petite blessure, etc. ; cela reste du dopage. C’est pourquoi il est important d’éduquer les parents, les entraîneurs, les athlètes et les jeunes.
S.K. : Je pense que l’échange de bonnes pratiques est crucial. Nous avons ici un groupe d’experts remarquables, issus de différents pays et de plusieurs organisations sportives. Ils ont tous leur expérience, leurs idées et sont une source d’inspiration pour les autres. Pour les représentants d’organisations sportives, ces réunions permettent de rencontrer un réseau de spécialistes et de participer mais aussi d’influencer l’élaboration de règles qui devront ensuite être appliquées par toutes les fédérations. Par exemple, ce même groupe d’experts a aidé l’AMA à développer le Standard international pour l’éducation, qui est maintenant obligatoire pour toutes les fédérations internationales et toutes les organisations nationales antidopage.
L.K. : Il est aussi intéressant de voir que les plus petites organisations avec des ressources limitées font preuve d’inventivité et trouvent des façons innovantes d’atteindre leurs groupes cibles. Ce manque de moyens alimente souvent leur créativité et elles sont une inspiration pour nous tous.
S.K. : Si l’on considère l’âge moyen des athlètes d’élite d’aujourd’hui, et en particulier de la prochaine génération, ils sont la génération Z. Si nous ne savons pas comment leur parler aujourd’hui, nous ne pouvons pas attendre d’eux qu’ils soient informés lorsqu’ils débuteront leur carrière professionnelle. Plus tôt nous ferons passer le message, plus nous aurons de chances qu’ils soient capables de dire non aux produits dopants. Si nous utilisons les bonnes méthodes, ce message sera si profondément ancré dans leur cerveau qu’ils n’envisageront même pas cette possibilité. Nous devons comprendre leurs codes et trouver les bons arguments et messages pour capter leur attention.
S.K. : À nouveau, je pense que l’une des principales difficultés sera de trouver comment parler aux générations futures. Nous nous efforçons de comprendre et de parler à la génération Z avec le bon discours. Nous devrons bientôt trouver des messages éducatifs spécifiques pour les athlètes encore plus jeunes, qui seront les stars de demain.
S.K. : En 2018, le CdE a signé un protocole d’accord avec l’UEFA pour renforcer la coopération, en particulier dans les domaines de l’intégrité sportive, de la gouvernance et des droits humains. Ce document est un engagement à travailler ensemble et il définit nos priorités communes.
L’UEFA faisait partie des organes du CdE bien avant la signature du protocole d’accord. Pendant des décennies, l’organisation avait un statut d’observateur concernant les conventions sportives du CdE, avec une participation dynamique. Les experts de l’UEFA ont participé à des discussions avec les États parties à la Convention de Saint Denis sur la sécurité, la sûreté et les services lors des matches de football.
Avec les délégations nationales, l’UEFA participe au développement de nouvelles normes et partage les bonnes pratiques dans le cadre de la Convention contre le dopage. Plus récemment, l’UEFA a formellement rejoint le travail du CdE sur la lutte contre la manipulation de compétitions sportives avec l’entrée en vigueur de la Convention de Macolin en 2019.
L’atelier d’aujourd’hui est un bon exemple pratique de la collaboration étroite et fructueuse que nous avons sur différents sujets.
L’UEFA mise sur l’éducation antidopage
Dans le cadre de la stratégie éducative de l’UEFA contre le dopage, les 55 associations membres de l’UEFA reçoivent des fonds du programme HatTrick pour mettre en œuvre des initiatives d’éducation antidopage en collaboration avec leurs ONAD.
Le but du programme d’éducation antidopage de l’UEFA est d’aider les athlètes à dire non au dopage, d’éviter les violations accidentelles des règles et de les soutenir dans leur souhait d’avoir des conditions de jeu équitables, afin que la première expérience d’un joueur ou d’une joueuse en matière de lutte contre le dopage soit une séance d’information plutôt qu’un test antidopage.
« Nous sommes enchantés d’organiser ce workshop du CdE, qui vise à soutenir la promotion, le développement et la coordination de l’éducation antidopage au niveau européen et au-delà.
À l’UEFA, nous sommes convaincus que l’éducation est un pilier essentiel de la lutte contre le dopage. Il s’agit en fait de la première ligne de défense pour protéger les droits de nos athlètes et l’intégrité du football. »
Organisations antidopage – l’union fait la force*
- L’AMA développe, harmonise et coordonne les règles et politiques antidopage au niveau mondial.
- Les organisations nationales antidopage (ONAD) sont la principale autorité au niveau national pour les programmes et l’éducation antidopage.
- Le Conseil de l’Europe fournit un cadre et des outils pour éviter et détecter le dopage dans le sport, et promouvoir l’égalité des chances de tous les athlètes. Il a en outre rédigé la Convention contre le dopage pour traiter la question du dopage dans le sport.
- Europol joue un rôle dans la lutte contre le dopage dans le sport en participant aux investigations concernant la production, le trafic et la distribution de produits dopants et les activités illégales connexes.
- Le Comité International Olympique a créé l’AMA en 1999 et collabore avec d’autres organisations internationales luttant contre le dopage afin de promouvoir une approche coordonnée et efficace contre le dopage dans le sport.
- Les organisations sportives internationales élaborent des programmes antidopage au niveau international et demandent à leurs associations nationales de coopérer avec les ONAD pour promouvoir les efforts de lutte contre le dopage.
* Les rôles et responsabilités peuvent se recouper dans certains cas et elles travaillent souvent ensemble pour atteindre des objectifs communs dans la lutte contre le dopage dans le sport.