Fiche explicative de l’UEFA : valoriser le rendement social de l’investissement du football européen
jeudi 3 décembre 2020
Résumé de l'article
Le modèle de rendement social de l’investissement du programme Grow de l’UEFA donne des chiffres précis sur les répercussions économiques, sanitaires et sociales du football.
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Qu’est-ce que le modèle de rendement social de l’investissement du programme Grow de l’UEFA ?
Il s’agit d’une analyse coûts/bénéfices qui permet aux gouvernements et aux associations nationales d’évaluer les retombées sociales du sport de masse le plus populaire en Europe. Cette approche a été lancée par un programme de l’UEFA intitulé « Grow », qui propose une série de services de développement stratégique pour aider les 55 associations nationales européennes à réaliser leur potentiel de croissance, sur le terrain et en dehors.
Quelle est la véritable valeur sociale du football amateur en Europe ?
À ce jour, ce modèle montre que 8,6 millions de joueurs amateurs licenciés dans 25 pays d’Europe ont généré des retombées directes et en nature de EUR 39,4 milliards par an au total dans les secteurs ci-dessous.
1. Économie : EUR 10,8 milliards via les cotisations des membres, l’équipement, les marchandises, les déplacements, la nourriture et les boissons, et les investissements dans les infrastructures.
2. Société : EUR 12,3 milliards d’économies en nature grâce à l’impact social positif du football sur les communautés. En mettant l’accent sur le travail en équipe, la discipline et l’accessibilité pour tous, indépendamment des capacités, de l’origine ethnique et du genre, le football renforce et développe les communautés locales. Ceci augmente à son tour le potentiel de recettes en créant des occasions de bénévolat ou des emplois, et en faisant baisser le taux de criminalité.
3. Santé : EUR 16,3 milliards d’économies dans le domaine de la santé grâce au rôle du football dans la réduction des risques de maladies comme le diabète de type II et les maladies cardiovasculaires, et dans l’amélioration de la santé mentale et du bien-être.
De quelle manière l’UEFA calcule-t-elle ces chiffres ?
Conçu avec le soutien de neuf universités européennes, ce modèle s’appuie sur les données de participation au football de 25 pays d’associations membres de l’UEFA ainsi que sur plus de 100 rapports de recherche examinés par des pairs dans différentes disciplines, comme la santé, l’éducation, l’emploi, la sociologie et le sport. L’Union européenne, le Conseil de l’Europe, l’Organisation mondiale de la santé et les Nations unies ont tous vérifié la validité de cette approche.
Les associations nationales de chacun des 25 pays suivants ont utilisé ce modèle pour calculer le rendement social de l’investissement du football amateur : Albanie, Allemagne, Angleterre, Azerbaïdjan, Bélarus, Écosse, Estonie, Finlande, Géorgie, Gibraltar, Irlande du Nord, Islande, Italie, Lettonie, Lituanie, Malte, Moldavie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République d’Irlande, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et Suède.
La première semaine de décembre 2020, trois de ces associations ont publié de nouvelles études mesurant la contribution du football amateur dans leur économie nationale : Albanie (EUR 45 millions), Allemagne (EUR 13,9 milliards) et Estonie (EUR 90 millions).
Existe-t-il des chiffres équivalents montrant la valeur ajoutée du football amateur pour les communautés locales ?
L’outil de calcul du rendement social de l’investissement des clubs permet aux associations de mesurer les retombées économiques, sociales et en matière de santé du football amateur sur les communautés locales. Par exemple : achat de tenues de football dans des commerces locaux ; investissements dans des infrastructures de football (équipements destinés à l’entraînement, terrains, etc) ; contribution en nature des entraîneurs bénévoles en matière d’éducation physique.
En Écosse, l’Aberdeen Community Trust s’est servi du rapport sur le rendement social de l’investissement publié par l’Association écossaise de football (SFA) pour encourager les autorités locales à soutenir les initiatives en faveur du football de base. Résultat : une subvention annuelle de GBP 250 000 pour la PeterDeen FraserDeen PortyDeen City Academy, qui s’est révélée financièrement essentielle pendant l’interruption des activités de football en 2020.
« Mettre en lumière votre travail de cette manière est crucial pour créer une relation de confiance avec les partenaires clés, et cela a mené à des projets subventionnés à plus long terme. Sans cela, nous aurions été confrontés à des décisions compliquées sur nos projets et nos personnels pendant la pandémie », a déclaré Steven Sweeney, PDG de l’Aberdeen FC Community Trust. « Le rendement de 1 pour 10 est un résultat tangible qui prouve également au secteur privé que ses investissements ont des retombées sociales. »
De quelle manière ce modèle peut-il aider les associations membres de l’UEFA à s’assurer des financements réguliers et à long terme en faveur du développement du football ?
En apportant la preuve d’un retour sur investissement clair, le modèle de l’UEFA aide les associations à donner des arguments concrets à leurs gouvernements en faveur de l’ajout de la notion de « football pour le développement » aux lignes budgétaires ministérielles.
Par exemple, des études coûts/bénéfices montrent régulièrement que le football amateur génère plus de valeur ajoutée pour les économies nationales que le football professionnel. En Allemagne, les clubs amateurs produisent trois fois plus de valeur que les recettes provenant des 18 clubs jouant en Bundesliga.
Cependant, plus d’un tiers (35 %) des associations membres de l’UEFA ne reçoivent aucune aide de la part de leur gouvernement pour le développement du football de base. Au lieu de cela, ces pays ont tendance à mettre davantage l’accent sur l’investissement dans le football d’élite, au détriment de la hausse des taux globaux de participation.
En Europe de l’est, par exemple, on trouve en moyenne un club de football enregistré pour 44 000 habitants. En Europe de l’ouest, ce ratio est d’un club pour 6500 habitants. Et les pays comptant le plus grand nombre de clubs amateurs par tête offrent un réservoir plus riche de talents, ce qui aide les équipes à la fois au niveau local et national à être plus performantes et plus régulières au plus haut niveau.
Quelles associations nationales ont réussi à augmenter leurs subventions grâce aux données sur le rendement social de l’investissement ?
Les statistiques montrent de plus en plus que la communauté du football européen reconnaît le rendement de l’investissement à long terme du football amateur. L’UEFA estime que pour chaque euro de recettes issues de l’EURO investi dans le développement du football grâce au programme HatTrick, les associations nationales, les gouvernements, les autorités locales et les clubs ont contribué à hauteur de EUR 3,63.
Pologne
En appliquant le modèle de l’UEFA, la Fédération polonaise de football (PZPN) a réussi à obtenir chaque année EUR 10 millions de la part du gouvernement pour investir dans une stratégie de développement régional en faveur du football de base.
Italie
Pendant le récent confinement, la Fédération italienne de football (FIGC) a utilisé les données sur le rendement social de l’investissement pour souligner l’importante contribution du football de base en faveur de l’économie et des communautés locales.
Écosse
L’Association écossaise de football (SFA) renvoie à son rapport sur le rendement social de l’investissement comme un élément clé dans le développement de relations plus fortes avec les ministères chargés de l’éducation, des communautés, des finances publiques ainsi que des migrations et des déplacements. Chaque ministère se réfère aux données de la SFA pour souligner les retombées sociales du football dans son domaine respectif.
Le rapport de la SFA a permis au département chargé du développement du football de s’assurer une subvention sur trois ans de GBP 150 000 provenant du National Lottery Fund, ainsi qu’une subvention de GBP 4 millions de la part de l’agence nationale pour le sport sur les quatre prochaines années.
Quelles autres organisations sportives ou de football ont déjà utilisé des modèles de retour sur investissement ?
L’utilisation d’une analyse coûts/bénéfices pour calculer la valeur ajoutée que le football crée pour le produit intérieur brut (PIB) d’un pays est de plus en plus courante au sein des organes gouvernementaux. La Premier League anglaise et la ligue nationale de Belgique ont mené leurs propres études.
En dehors du football, les organisations Sport England, Sport Ireland, Australian Rules football et la fédération de natation du Royaume-Uni ont toutes appliqué les modèles de retour sur investissement à leurs disciplines.
L’UEFA a également partagé le fruit de ses recherches avec d’autres institutions sportives, des partenaires et des forums internationaux, notamment en réalisant une présentation lors d’une conférence sur les objectifs de développement durable des Nations unies, organisée par l’Organisation internationale du travail, et en participant à un groupe de travail sur les indicateurs dans le sport, l’éducation physique et l’activité physique.
De quelle manière l’UEFA voit-elle la mise en œuvre de ce modèle ?
En 2017, l’UEFA a créé un panel consultatif composé de spécialistes universitaires et de représentants venant de huit associations nationales pour superviser à la fois le développement et la mise en œuvre du modèle de rendement social de l’investissement pour le football européen.
Ce panel, actuellement sous présidé par le Dr Tim Crabbe, PDG de la société Substance, cherche également de nouvelles méthodologies et de nouveaux résultats, tout en évaluant les dernières données et publications. L’UEFA finance la société Substance, agence de recherche spécialisée, pour aider les associations membres à appliquer ce modèle à leur contexte national.