Avoir une longueur d’avance
vendredi 14 septembre 2018
Résumé de l'article
Lors de la conférence annuelle de l’UEFA et de l’UE sur les stades et la sécurité, les experts réunis à Munich ont convenu qu’il était important d’être proactifs et d’anticiper, afin de prévenir les problèmes de sécurité avant qu’ils ne se produisent.
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La dernière Conférence de l’UEFA et de l’UE sur les stades et la sécurité, qui s’est tenue à Munich cette semaine, s’est concentrée sur la nécessité d’avoir « une longueur d’avance ».
Quelque 360 parties prenantes engagées dans des activités en lien avec la sécurité dans les stades se sont retrouvées en Bavière pour discuter de la manière de garantir que les matches de football puissent se dérouler dans un environnement sûr, accueillant et sécurisé.
Cet événement annuel, dont c’était la 17e édition, a rassemblé des représentants de l’UEFA, de l’Union européenne, d’associations nationales de football, de clubs de football, de forces de police et d’autres parties prenantes venus débattre et échanger sur des questions relatives à la sécurité dans le football.
Il a permis d’expliquer aux personnes présentes qu’il est essentiel d’utiliser tous les instruments et ressources à disposition pour répondre de manière proactive aux divers éléments négatifs susceptibles de menacer la sécurité lors de matches de football.
« Les incidents liés à la sécurité se poursuivent, malgré nos efforts », a déploré le président de la Commission des stades et de la sécurité de l’UEFA, Michael van Praag, lors de la conférence.
« Cette conférence a donc pour but de nous permettre de prendre les devants, a-t-il ajouté. Nous voulons en faire davantage pour prévenir les problèmes avant qu’ils ne se produisent, tout en étant à même de réagir lorsqu’ils se présentent. »
Outre les incidents liés à la violence, en particulier en dehors des stades, d’autres problèmes sont récurrents, tels que l’usage d’engins pyrotechniques et les dangers qui en découlent, les incursions sur le terrain et les incidents d’ordre politique, ce qui montre la diversité des problèmes rencontrés.
Les échanges d’informations préalables entre les parties prenantes, en particulier en ce qui concerne les supporters en déplacement, sont considérées comme vitales à cet égard, tout comme une approche intégrée de l’organisation des matches impliquant tous les partenaires, un recours accru à l’expérience des responsables des groupes de supporters et des responsables de l’encadrement des supporters dans le cadre de la préparation des matches, ainsi qu’une intensification de l’application de la Convention du Conseil de l’Europe de 2016 sur une approche intégrée de la sécurité, de la sûreté et des services lors des matches de football et autres manifestations sportives par les pays signataires.
La Convention, ouverte à la ratification par les États membres et non membres du Conseil de l’Europe, cherche à promouvoir la sécurité pour tous les supporters à l’intérieur comme à l’extérieur des stades, à améliorer le dialogue entre la police, les autorités locales, les clubs de football et les supporters, à renforcer la coopération policière internationale ainsi qu’à prévenir et à sanctionner le hooliganisme au moyen de mesures efficaces.
Dick Berlijn, ancien commandant des forces armées des Pays-Bas et actuellement consultant en analyse de données, a relevé à quel point il est important de suivre les médias sociaux pour lutter contre le hooliganisme et de garder « une longueur d’avance ». Il a notamment expliqué comment les hooligans et les « ultras » utilisent les médias sociaux pour communiquer entre eux, ajoutant que les incidents ne surviennent pas par hasard, mais sont précédés de plusieurs phases.
« Les médias sociaux se sont révélés utiles pour identifier des réseaux et des individus, a-t-il encore précisé, et pour découvrir ce qu’ils faisaient, qui dirigeait les réseaux et quels étaient leurs plans. Il est plus facile d’intervenir à un stade précoce, a-t-il poursuivi, que lorsque quelque chose s’est déjà produit. Les médias sociaux sont une source importante pour suivre et déceler ce qui se passe, et pouvoir prendre des mesures appropriées. »
Le cas exposé lors de la conférence présentait l’exclusion effective des fauteurs de troubles comme un moyen d’avoir « une longueur d’avance » sur eux. L’UEFA est d’avis qu’il est essentiel d’identifier et d’exclure les personnes dont le seul objectif est de semer le désordre en utilisant le football comme plateforme.
Au vu des nombreux cas graves de violence et de désordre qui ont lieu en Europe, les délégués ont convenu que la meilleure façon de prévenir ces problèmes dans les stades est d’empêcher purement et simplement l’accès des fauteurs de troubles, et donc de priver ces gens de l’expérience du football.
Il a été expliqué aux personnes présentes que davantage de gouvernements devraient durcir leur législation nationale, par exemple pour éviter le problème causé par les spectateurs exclus des stades dans leur propre pays mais toujours autorisés à se rendre dans d’autres pays où ils ne tombent pas sous le coup d'une interdiction, ce qui ne fait qu’exporter le problème d'un pays à l’autre.
La conférence, organisée avant le début de chaque saison des compétitions interclubs de l’UEFA, a mis en exergue la détermination de l’UEFA à éradiquer les divers éléments susceptibles de comporter des risques lors des matches et, partant, de profondément gâcher le plaisir des spectateurs qui assistent à la rencontre.
L’UEFA met à la disposition de ses 55 associations membres des fonds considérables pour réaliser, durant la période 2017 à 2021, une stratégie globale en matière de sécurité et leur offrir un large soutien dans les efforts déployés en faveur de la sécurité à l’échelon national.
« Le Comité exécutif de l’UEFA [a] alloué de l’argent pour aider les associations nationales à améliorer leurs compétences », a expliqué Michael van Praag. « C’est la raison pour laquelle nous avons mis sur pied un programme de rencontres, de séminaires d’experts, de cours de perfectionnement et d’autres formations au cours des douze derniers mois. »
La stratégie de l’UEFA repose essentiellement sur la réalisation de mesures et de services de sécurité intégrés et équilibrés pour la grande majorité des supporters.
L’instance dirigeante du football européen s’est par conséquent servie de la rencontre de Munich pour réitérer son appel en faveur d’une approche multi-agences dans le domaine de la sécurité incluant les gouvernements, les autorités locales, la police, les forces de sécurité, les autorités du football, les supporters et les communautés locales de toute l’Europe.
« Alors que nous entamons la deuxième année du programme [de la stratégie en matière de sécurité], a déclaré Michael van Praag aux participants, permettez-moi de vous encourager à tous vous joindre à moi pour prendre une longueur d’avance sur les problèmes auxquels nous sommes tous confrontés. »