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La Slovénie avance à grands pas

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Fière d'accueillir l'EURO de futsal de l’UEFA, l’Association slovène de football (NZS) s'emploie à faire progresser le football slovène à tous les niveaux, en particulier en incitant les jeunes à pratiquer ce sport, et envisage l'avenir avec beaucoup d'optimisme.

Pour promouvoir l'EURO de futsal, 180 personnes - hommes, femmes, enfants - ont mené le ballon entre le centre-ville de Ljubljana et l'Arena Stozice. Le premier relayeur était le star espagnole Miguelin.
Pour promouvoir l'EURO de futsal, 180 personnes - hommes, femmes, enfants - ont mené le ballon entre le centre-ville de Ljubljana et l'Arena Stozice. Le premier relayeur était le star espagnole Miguelin. ©Sportida

L’agenda de la Fédération slovène de football (NZS) est chargé. Entre l’EURO de futsal organisé à Ljubljana qui arrive fin janvier, les programmes lancés pour permettre à tous les jeunes du pays de jouer au football et les ambitions de son nouveau président pour développer le championnat national, la NZS tourne à plein régime et regarde l’avenir avec confiance.

Placardée contre le flanc d’un bus municipal, une immense affiche de Jan Oblak patrouille dans les rues enneigées de Ljubljana. Les températures polaires de la mi-novembre ont fait leur effet, et les premiers flocons sont tombés sur les toits et le bitume de la capitale. Photographié avec son maillot jaune aux bras zébrés de rayures noires et le regard ferme, le gardien slovène serpente donc lentement en ne stoppant sa course que pour un feu rouge ou un arrêt. Quelques secondes pendant lesquelles les habitants de la capitale peuvent constater que si Oblak a prêté son image, ce n’est pas pour vendre le dernier produit d’une marque à la mode, mais plutôt pour soutenir l’association Europa Donna qui lutte contre le cancer du sein.

Le portier d’Atlético Madrid a beau être la superstar de la sélection, il n’en reste pas moins un jeune homme discret et loin d’être obsédé par les projecteurs. Dans les rangs de la NZS, on confirme. « Jan Oblak est l’idole des enfants », pose d’entrée de jeu le président Radenko Mijatovic. Malgré son statut, le grand gardien blond est avant tout réputé pour être sérieux, concentré sur sa carrière sportive, et pour ne pas se disperser.

« Jan est très fort mentalement. Il reste toujours très calme, même s’il joue devant un million de personnes », complète Matjaz Jaklic, directeur technique de la NZS. La discrétion et la retenue de Jan Oblak sont à son honneur et contrastent avec le besoin d’exposition médiatique permanente de beaucoup de joueurs de son âge.

Le président de l’Association slovène de football, Radenko Mijatović
Le président de l’Association slovène de football, Radenko Mijatović©NZS

Mais l’un des grands chantiers du président Mijatovic, élu en 2016 pour succéder à Aleksander Ceferin parti présider l’UEFA, est justement l’augmentation des revenus de la NZS liés au marketing, aux sponsors et aux droits télé. L’idée de base est simple : « On parle beaucoup de football avant les matches de l’équipe nationale, ou avant les derbys entre Olimpija Ljubljana et Maribor, explique Radenko Mijatovic, mais en dehors de ça le football n’occupe pas encore assez l’espace médiatique. Nous avons d’excellentes relations avec nos sponsors, mais nous devons aller plus loin dans le marketing et la publicité autour du football. » 

Futsal et compte-à-rebours 
Les objectifs sont chiffrés et ambitieux, puisque la fédération veut voir augmenter les recettes sponsoring et publicitaires de 10 % par saison, et ce jusqu’en 2020. Autre aspiration, être encore plus présent sur les réseaux sociaux pour diffuser le plus massivement possible les messages de la fédération. Les bases sont déjà posées et la NZS possède des comptes officiels sur toutes les plates-formes. « On est même présents sur Snapchat », conclut Mijatovic. Et si le président est si exigeant sur ces questions-là, c’est en grande partie parce qu’il vient du monde de l’entreprise.

Né en actuelle Bosnie-Herzégovine à une époque où les pays de la région constituaient la Yougoslavie, Mijatovic n’a mis les pieds en Slovénie pour la première fois qu’en sortant du lycée, au moment de son service militaire. Tombé amoureux de ce petit territoire coincé sous l’Autriche, entre les Alpes italiennes et la mer Adriatique, il décide d’y rester et entame une carrière de footballeur anecdotique qui ne suffit pas à lui assurer un vrai salaire.

Alors Mijatovic tape à la porte d’une usine de cartons où il entre comme simple ouvrier. « Ensuite, j’ai grimpé les échelons », raconte-t-il trois décennies plus tard. Un bel euphémisme pour un homme qui est depuis devenu membre du conseil d’administration de plusieurs entreprises, puis vice-président de la NZS avant d’en prendre les rênes l’année dernière.

Après tant d’années passées à serrer des mains dans des réunions d’affaires et à boucler les contrats, Mijatovic sait à quel point il est important d’avoir des partenaires financiers solides. Et une étape importante pour montrer aux investisseurs potentiels que la NZS est un coéquipier fiable sera l’organisation de l’EURO de futsal, du 30 janvier au 10 février 2018.

La Stožice Arena, à Ljubljana, accueille l’EURO de futsal
La Stožice Arena, à Ljubljana, accueille l’EURO de futsal©Sportida

Une salle colossale
Pour rejoindre l’endroit où les matches auront lieu, il faut se rendre tout au nord de Ljubljana, où les rues anciennes du centre-ville font place à de grandes avenues à trois voies et où les bâtiments deviennent rares. Là-bas, juste avant d’arriver à la rocade qui sert de périphérique à la ville, les passants se retrouvent face à une gigantesque carapace de tortue de plusieurs dizaines de mètres de large traversée par des vagues de béton et de verre. Il s’agit de l’Arena Stozice, salle omnisports colossale qui accueille aussi bien des matches de basket, de volley ou de hockey sur glace que les concerts de David Guetta, Elton John ou Bob Dylan. 

Daniel Videtic, coordinateur chargé d’organiser l’EURO, se frotte déjà les mains : « La salle pourra accueillir plus de 10 000 spectateurs, on espère qu’elle sera pleine. Pour organiser cette compétition, nous avons commencé à travailler très tôt avec le soutien de l’UEFA. Nous travaillons sur ce projet depuis près d’un an donc nous ne sommes pas dans la précipitation. Nous avançons pas à pas et tout se passe bien. Nous respectons le plan qui avait été établi. »

Et pour attirer le plus de spectateurs possible, Daniel Videtic a passé les derniers mois à mettre en place des opérations de communication au beau milieu de la ville. Le 5 avril dernier, dans la douceur du printemps, la NZS décide de fêter le cap des trois cent jours restants avant le début de l’EURO de futsal en dévoilant un grand compte à rebours posé dans le centre-ville, sur les berges de la Ljubljanica, la rivière qui fend la capitale.

Deux mois plus tard, 180 joueurs sont mobilisés pour former une chaîne qui va du compte à rebours jusqu’à l’Arena Stozice, six kilomètres plus au nord, en se faisant des passes avec un ballon tout le long du trajet. Un casting cinq étoiles est présent avec notamment le génie espagnol du futsal Miguelin comme premier relayeur, et tous les joueurs de l’équipe de Slovénie. Daniel Videtic en rit encore : « Ils se sont passé le ballon pendant une heure avant d’arriver à la salle ! C’était très sympathique. »

L’équipe nationale de futsal slovène
L’équipe nationale de futsal slovène©Sportida

Dernier événement en date pour promouvoir l’EURO, le tirage au sort des groupes, organisé en septembre dernier dans le cadre somptueux du château de Ljubljana. Petite forteresse sortie de terre à la fin du XVIe siècle qui surplombe la capitale du haut de sa colline, le château accueillait pour l’occasion Aleksander Ceferin, venu prononcer un discours, mais également la skieuse slovène deux fois championne olympique Tina Maze. « Elle est notre ambassadrice, éclaire Daniel, il y avait aussi des anciens footballeurs, comme Milenko Acimovic. » Un tirage au sort qui a offert aux Slovènes un match d’ouverture face aux Serbes, exactement comme lors de la dernière édition, qui a eu lieu à Belgrade en 2016. 

Autant d’opérations qui ont toutes fait l’objet de relais intensifs sur les réseaux sociaux, une agence ayant également été missionnée pour tourner et monter des vidéos ensuite publiées sur Youtube.

En attendant de voir si la Slovénie réussit à battre la Serbie, demi-finaliste du dernier EURO, le président Mijatovic met en avant la capacité de son organisation à accueillir des compétitions internationales. « Le tour final du Championnat d’Europe des M17 s’était déroulé en Slovénie en 2012. Et comme nous avons de belles infrastructures ainsi que l’habitude d’organiser des tournois dans le pays, nous pouvons recevoir des compétitions. »

Pour assurer le succès de l’EURO de futsal, Daniel Videtic compte lui aussi sur les installations dont est doté le pays, mais mise surtout sur la popularité de la discipline en Slovénie : « Toutes nos écoles primaires ont une salle de sport couverte. Elles ne servent pas qu’aux écoliers, car après les cours elles sont louées aux clubs de futsal. Rien qu’à Ljubljana, il y a quarante-cinq écoles et on peut jouer avec un club de futsal dans la moitié d’entre elles. »

Daniel n’a plus que quelques semaines à patienter avant de voir la plus grande arène du pays vrombir, et applaudir les exploits des douze sélections qui feront le déplacement jusqu’à Ljubljana.

Une académie pour les filles
Pour apercevoir le symbole le plus frappant de la bonne santé de la NZS, il faut aller encore plus au Nord de Ljubljana et cette fois-ci dépasser le périphérique, puis parcourir une trentaine de kilomètres. Pris en étau entre les forêts et surveillé par les cimes enneigées des Alpes toutes proches, le nouveau siège de la fédération se dessine.

Le siège de l’Association slovène de football, inauguré en 2016
Le siège de l’Association slovène de football, inauguré en 2016©NZS/m24.si

Le quartier général est un vaste bâtiment aux murs blancs immaculés, et dont les larges baies vitrées laissent voir tout ce qu’il se passe à l’intérieur. Juste à côté, trois terrains de football attendent le prochain rassemblement de la sélection tandis qu’on aperçoit un peu plus loin un château utilisé par le gouvernement pour des réceptions officielles. Les seuls voisins sont les clients de l’hôtel de luxe qui se trouve un peu plus d’un kilomètre à l’est. En bref, les employés de la NZS travaillent dans une tranquillité exceptionnelle, le tout avec une vue époustouflante. 

Radenko Mijatovic s’amuse en se souvenant de l’époque où la fédération devait partager des bâtiments de Ljubljana avec d’autres entreprises : « Quand on a voulu déménager, on a cherché des endroits dans Ljubljana mais finalement on a décidé de construire notre propre centre. C’est parfait, en pleine nature, et à la fois près de la ville et de l’aéroport. »

Les lieux, financés entre autres par le programme HatTrick de l’UEFA, ont été inaugurés en grande pompe en mai 2016 en présence de cinq cents invités, avec des spectacles et une arrivée du drapeau de l’UEFA en parachute pour couronner le tout. Et à écouter ceux qui y travaillent, la seule chose qu’il manque, ce sont des projecteurs pour illuminer les terrains. En effet, la lumière trop puissante empêche la reproduction d’une espèce de papillon rare qui vit dans la forêt. Un gentil obstacle qui sera bientôt contourné, la NZS travaillant actuellement à trouver une solution qui conviendra aux footballeurs et aux lépidoptères.

Derrière les grandes vitres du siège, le directeur technique Matjaz Jaklic occupe un bureau du rez-de-chaussée. Ses attributions sont larges puisqu’il s’occupe du football féminin, du football de base, des équipes de jeunes et de la formation des entraîneurs. Il est donc aux premières loges pour suivre les évolutions du football en Slovénie, et doit gérer le lancement et le suivi des nombreux programmes de la NZS.

Parmi les dossiers présents sur ses étagères, celui du football féminin est de ceux qui l’animent le plus. L’un des motifs de satisfaction est le fait que la fédération slovène ait réussi à structurer trois équipes nationales de filles, une chez les M17, une chez les M19, et la sélection nationale d’élite. « Toutes sont dirigées par des entraîneurs possédant une licence UEFA Pro », ajoute Jaklic.

Encourager les filles à jouer au football
Encourager les filles à jouer au football©Sportida

Et pour inciter les fillettes slovènes à tenter leur chance dans le football, la NZS leur a aussi ouvert les portes de plusieurs programmes auparavant réservés aux garçons. Matjaz Jaklic détaille : « Nous avons ouvert une académie à Ljubljana pour les meilleures filles du pays il y a quatre ans. Aujourd’hui, elles sont 32 et la plupart jouent dans les équipes nationales. » Une euphorie partagée par Radenko Mijatovic, qui apprécie le fait que les filles passent le plus de temps possible les unes avec les autres : « Elles jouent ensemble, elles vivent ensemble, elles vont à l’école ensemble. C’est très important pour l’équipe féminine. » 

La création de cette académie a été motivée par un constat : chaque ville de Slovénie ne possède pas un club de football féminin. « Sauf qu’il y a des filles talentueuses partout », estime Jaklic. La plupart du temps, les filles venant de villes sans équipe féminine devaient s’entraîner avec les garçons, ce qui n’était pas totalement satisfaisant. En outre, une fois le lycée terminé, l’immense majorité des jeunes diplômés slovènes poursuivent leur scolarité à l’université. La Slovénie, petit pays d’à peine plus de deux millions d’habitants, ne possède que trois villes universitaires, Ljubljana, Maribor et Koper. « Comment faire pour qu’elles continuent à jouer quand elles vont à l’université et qu’elles quittent leur club ? » interroge le directeur technique.

L’académie de Ljubljana permet donc aux joueuses les plus performantes d’étudier, tout en continuant à s’entraîner dans les meilleures conditions possibles. Jaklic peut terminer son raisonnement : « Si on n’avait pas fait ça, beaucoup d’entre elles auraient arrêté de jouer. »

Des concurrents pour le football
Au-delà des joueuses amenées à faire partie de la sélection nationale un jour, l’accent a également été mis sur le football de base. Là encore, les filles sont gâtées puisqu’elles ont leurs propres festivals, nommés I love to play football, créés il y a cinq ans.

L’année dernière, ce programme rendu possible grâce aux fonds de l’UEFA a organisé cinq journées partout dans le pays au cours desquelles la NZS proposait des ateliers, des exercices et des parcours ouverts à toutes. Une première étape vers une éventuelle inscription en club, d’après Jaklic : « Beaucoup de filles touchent un ballon avec le pied pour la première fois lors de ces journées. On prend contact avec elles et les clubs peuvent ensuite venir vers elles. Et pas à pas, les filles qui sont motivées rejoignent une équipe. Il faut commencer par la base, c’est notre approche. »

L’équipe nationale féminine slovène des M17 en action contre les Pays-Bas
L’équipe nationale féminine slovène des M17 en action contre les Pays-Bas©UEFA

En misant beaucoup sur la jeunesse, la fédération s’attend à ce que les sections féminines des clubs gagnent en pérennité. Le calcul est d’une simplicité biblique : plus il y a de filles inscrites, plus il y a d’équipes. Et plus il y a de jeunes, plus elles sont amenées à y jouer longtemps. Une parade à la fermeture prématurée des équipes de filles qui semble pour l’instant porter ses fruits puisque le nombre de licenciées, un peu plus de 2500 au dernier pointage, est en augmentation.

Matjaz Jaklic a quelques idées en tête pour aller encore plus loin. Aucune joueuse slovène n’est professionnelle, et seule cinq ou six d’entre elles jouent à l’étranger. Alors pour continuer à faire progresser le football féminin et avoir des équipes les plus compétitives possible, il juge que l’humain et le relationnel sont au moins aussi importants que la formation. Son objectif est donc que le football féminin ne se limite pas aux joueuses, et il veut également voir des femmes chez les entraîneurs, dans le personnel des clubs, et aux plus de postes possible.

La Slovénie célèbre un but inscrit contre l’Écosse lors des European Qualifiers
La Slovénie célèbre un but inscrit contre l’Écosse lors des European Qualifiers©Getty Images

« Je pense que pour les filles, c’est très important d’être en présence d’autres filles. Il y a une meilleure communication. Quand tout le personnel d’une équipe féminine est uniquement composé d’hommes, ce n’est pas bon. On a besoin de femmes dans les vestiaires, dans le bus, partout, pour communiquer avec les joueuses. C’est psychologique, ça va plus loin que le simple fait d’avoir des résultats. » En continuant à attirer de plus en plus de joueuses et de joueurs, la NZS compte bien asseoir la position du football comme sport numéro un en Slovénie. 

Il faut dire que les footballeurs ont longtemps été concurrencés par les sports d’intérieur comme le volley, le handball (la Slovénie a terminé troisième à la Coupe du monde 2017), mais surtout le basket.

Le 17 septembre 2017, les basketteurs slovènes sont devenus les nouvelles coqueluches du pays en remportant le titre de champion d’Europe. Emmenés par l’impressionnant Goran Dragic, meneur de jeu du Miami Heat en NBA, ils ont réussi un parcours hallucinant en ne perdant aucun match de la phase de groupes à la finale où ils se sont débarrassés de la Serbie. De quoi donner envie à pas mal de gamins d’enfiler un maillot sans manches et de s’emparer d’une balle orange, mais le président Mijatovic ne s’affole pas : « La concurrence avec le basket n’est pas si rude, les jeunes veulent d’abord jouer au football. Sur dix enfants, il y en a huit qui vont venir vers le football et deux qui vont aller jouer au basket. »

Pour entretenir la popularité du football en Slovénie, Mijatovic peut compter sur ses locomotives locales. NK Maribor, qui a disputé sa deuxième Ligue des champions en trois ans, mais aussi sur NK Domzale, qui a bataillé en Ligue Europa. De plus, les cinq matches du championnat slovène, qui compte dix équipes, sont retransmis chaque semaine à la télévision, ainsi que quelques rencontres de deuxième division. Un avantage dont ne disposent pas les autres sports.

Faire rester les jeunes
Dans son grand bureau face à la forêt, Matjaz Jaklic mesure le chemin parcouru depuis l’époque où la Slovénie n’avait pas encore son indépendance. « Nous sommes devenus un État en 1991. En Yougoslavie, on était réputé pour être un pays de sports d’hiver. Mais maintenant, le football est le sport numéro un. »

L’Association slovène de football souhaite que tous les jeunes aient la possibilité de jouer au football
L’Association slovène de football souhaite que tous les jeunes aient la possibilité de jouer au football©Sportida

Et au-delà des stars de la sélection, de Jan Oblak et des clubs qui disputent les compétitions européennes, Matjaz doit aussi s’assurer que le football de base se porte bien. Le premier lieu où les enfants peuvent taper dans un ballon pour le plaisir est l’école, et la NZS s’appuie sur le réseau d’installations sportives scolaires pour les faire jouer. Ainsi, durant l’année scolaire, qui dure de septembre à juin, 6000 garçons et filles restent s’entraîner après les cours dans le cadre d’un programme mis en place par la NZS et auquel 70 % des écoles du pays participent. 

« Le but principal, c’est de motiver ces enfants et de leur faire découvrir ce qu’est le football. Ils restent dans leur environnement après les cours, avec leurs amis, dans leur école, et ils s’entraînent », résume Jaklic.

En plus de ces séances d’entraînement, des rencontres sont organisées entre les écoles et des matches sont disputés, mais sans compter les buts et en échangeant les équipes en plein milieu des parties. L’accent est puissamment mis sur l’amusement, en tentant également d’apprendre aux enfants à se mettre en tenue tout seuls, à ranger leur matériel dans le vestiaire, et à être disciplinés et ponctuels. Et pour que les clubs puissent bénéficier de cette émulation, la fédération fait souvent visiter leurs installations aux enfants des environs pour qu’ils se familiarisent avec les lieux, les terrains, les vestiaires. Une première approche pour leur ouvrir la porte du club et leur donner envie, s’ils le souhaitent, de le rejoindre. Faire en sorte que les enfants puissent jouer au football pour s’amuser, puis entrer dans un club pour les plus motivés est une première étape. La suivante est de les y garder le plus longtemps possible, et de les aider à progresser.

Radenko Mijatovic déplore le nombre de jeunes de 16 ou 17 ans qui quittent la Slovénie pour aller tenter leur chance à l’étranger, et qui finissent le plus souvent en réserve ou dans des équipes de seconde zone. « Mon objectif, c’est que les jeunes joueurs restent ici le plus longtemps possible et qu’ils partent ensuite dans un club européen où ils vont jouer », tonne le président. « Nous avons quelques joueurs qui jouent dans des bons clubs européens et 99 % de notre sélection joue à l’étranger, mais la qualité du championnat slovène progresse chaque année. Avoir des bons clubs est important pour les supporters, mais aussi pour le marketing et pour les jeunes. Plus le championnat est bon, et plus ils vont vouloir jouer au football. »

Des arguments repris par Matjaz Jaklic qui prend l’exemple de Jan Mlakar, attaquant prodige né en 1998, formé à NK Domzale et parti à Fiorentina à 16 ans. Après trois ans sans percer en Toscane, il a finalement été prêté dans un club de deuxième division italienne où il ne joue presque jamais. « Mais nous, on le fait jouer avec notre sélection M21 parce qu’on sait que c’est le meilleur jeune attaquant de Slovénie. Mais s’il était resté en Slovénie, il serait devenu encore meilleur », déplore Jaklic.

Autre défi, lutter contre ceux qui arrêtent complètement de jouer au football à peu près au même âge à cause de leurs études mais aussi de leur niveau. La NZS a constaté que beaucoup de jeunes abandonnaient au moment du passage de M15 à M17, moment charnière dans une carrière où la sélection entre ceux qui perceront et les autres est souvent sévère. Le directeur technique lâche amèrement : « C’est très dur quand un jeune de 16 ans entend qu’il n’y a plus de place pour lui dans son club formateur. Par exemple, un enfant qui a joué pendant six ou sept ans dans une équipe et à qui on dit qu’il n’est pas assez bon et qu’il ne peut plus jouer. Il veut rester au club, s’entraîner deux ou trois fois par semaine, et jouer des matches de niveau inférieur mais il ne peut pas parce que les clubs n’ont pas plusieurs équipes. Il doit chercher un autre club alors qu’il voulait continuer dans le club qu’il aime et où sont ses amis. »

Selon lui, la clé réside dans la construction de nouveaux terrains pour les clubs. Avec plus de pelouses, ils pourront constituer plus d’équipes et donc faire jouer plus de jeunes. Des travaux ont déjà été effectués en ce sens et une grande partie de l’argent du programme HatTrick de l’UEFA a été investi pour construire des terrains.

« Plusieurs dizaines, précise Jaklic, avant de boucler la boucle : Avec l’augmentation du nombre de joueurs, il faut que les clubs créent de nouvelles équipes pour permettre à tout le monde de jouer. Et si ces jeunes restent en Slovénie et jouent un peu dans notre championnat avant de partir à l’étranger, les clubs gagneront plus d’argent et pourront former de nouveaux joueurs. C’est un cercle vertueux. »

Et ce n’est pas Jan Oblak – qui s’était fait repérer en gardant les buts d’Olimpija Ljubljana quelques années avant de tourner dans la ville affiché sur un bus – qui dira le contraire.

Article publié à l'origine dans UEFA Direct n°174