L'OM de Bielsa en pointe

Après sa victoire 3-0 à domicile sur le Stade Rennais FC, l'Olympique de Marseille est leader de la Ligue 1 à la différence de buts sur les six premiers matches. En passe d'être rejetée, la greffe Marcelo Bielsa finit par prendre dans les Bouches-du-Rhône.

Bielsa entraîneur de Marseille, cela a éclipsé bien des transferts de joueurs cet été. L'Argentin à l'OM, c'était la rencontre du tango et de la pétanque, du chien et du jeu de quilles, du feu et de la glacière. Un truc improbable. Mais parce que c'était El Loco et parce que Marseille est le club le plus dingue de France, on avait vraiment hâte de voir ça. On en a déjà vu énormément.

Pour tour dire, ça n'a pas très bien commencé, avec un nul puis une défaite contre le voisin du Montpellier Hérault SC pour le premier match dans le nouveau Vélodrome le mois dernier. Enfin, ce fut tout de même beaucoup plus calme sur le terrain qu'en coulisse où Bielsa, que le foot français apprend à connaître, a publiquement critiqué ses nouveaux dirigeants sur leur recrutement, estimant sans détour qu'on lui donnait des joueurs qu'il n'avait pas demandé. Malaise.

L'histoire de l'OM est émaillée d'entraîneurs – parfois prestigieux – n'ayant dirigé qu'une poignée de matches, mais l'Argentin de 59 ans, ancien sélectionneur de l'Argentine et du Chili, qui mena récemment l'Athletic Bilbao en UEFA Champions League, ne semble pas destiné à grossir leurs rangs. Oui, le ton peut monter très vite à l'OM, mais sans tomber dans le cliché du Méridional cyclothymique, une fois que l'on s'est assené quelques vérités, on repart à zéro.

Dans le cas de l'OM version 2014/15, pas tout à fait à zéro puisque pendant la guéguerre, les joueurs ont continué à suivre la méthode Bielsa, peut-être la plus rigoureuse du football moderne. Car l'homme qui ne regarde toujours pas les journalistes en conférence de presse, qui choisit un gérant de supermarché comme interprète ou qui se ronge les sangs, trônant sur sa glacière en survêt pendant les matches, et malade de travail, un virus qu'il a, semble-t-il, inoculé à son groupe.

André-Pierre Gignac est meilleur buteur de la Ligue 1©AFP/Getty Images

"Croyez-moi, nous travaillons très dur toute la semaine", déclarait samedi l'attaquant André-Pierre Gignac, qui réalise le meilleur début de saison de sa carrière. "En fait, le seul moment où on peut se lâcher, c'est le week-end sur le terrain, alors on le fait." Et le Fosséen le fait plutôt bien. Avec une moyenne d'un but par match APG a détrôné Zlatan Ibrahimović au classement des buteurs. "On me fait confiance. J'ai envie de rendre quelque chose."

Tout le groupe qui a raté la qualification européenne pour la première fois depuis 2003/04 s'est mis au diapason. Marseille a la meilleure attaque (14 buts) malgré le départ de Mathieu Valbuena et l'équipe peut compter derrière sur le retour en forme de Nicolas N'Koulou.

"Nous avons accroché Paris (1-1 à domicile le 13 septembre) et Marseille nous en a mis trois", constatait samedi l'attaquant rennais Paul-George Ntep, sur le site Web de l'OM. Faut-il pour autant penser que les "arcs et les flèches" viendront à bout des "bazookas", selon la célèbre comparaison lancée il y a un an par Élie Baup, alors coach de l'OM ? "Nous avons le devoir d'essayer d'embêter Paris", rappelle Romain Alessandrini, né à Marseille et auteur samedi de son premier but pour l'OM, contre le club qu'il a quitté cet été. Quand on a un entraîneur surnommé El Loco et que l'on joue pour l'OM, on aurait tort de se donner la moindre limite.