Le discours de Bruxelles défend les causes de l'UEFA

La nature spécifique du sport, le modèle sportif européen, le fair-play financier, la lutte contre le trucage de matches et la corruption, la protection des jeunes footballeurs de moins de 18 ans ont été évoqués par le président de l'UEFA Michel Platini.

En outre, ce dernier a souligné la popularité massive du football et son rôle essentiel en tant que ciment social qui a le pouvoir de briser les barrières et de rassembler les gens.

Le Comité des régions (CdR) est l'assemblée politique qui fait entendre la voix des collectivités régionales et locales dans l'élaboration des politiques et de la législation communautaires. Dans son allocution, M. Platini a insisté sur la nécessité de la spécificité du sport et de l'autonomie des fédérations sportives à être reconnues. "Seules des fédérations autonomes peuvent assurer au mouvement sportif l'espace de liberté dont il a besoin par rapport aux enjeux politiques", a-t-il dit.

"Le mouvement sportif européen est structuré autour de fédérations nationales qui conjointement élisent l'échelon européen. En tant que président de l'UEFA, je représente 53 Fédérations nationales, elles-mêmes articulées en comités régionaux et instances locales. Les institutions européennes doivent donc dialoguer en priorité et sans arrière-pensées avec les organisations sportives européennes démocratiquement élues."

Le président de l'UEFA a souligné son soutien au modèle des sports européens - "parce qu'il est parfaitement adapté à l'Europe moderne". En filant la métaphore de la pyramide, M. Platini a expliqué que la principale caractéristique de ce système est qu'il est fondé sur la solidarité financière entre tous les niveaux de la pyramide, des clubs amateurs à l'UEFA et ses grandes compétitions. "Il est donc important pour préserver l'intégrité du modèle que les règles du jeu soient claires, que sa valeur sociale et éducative soit dûment reconnue et que la spécificité du modèle sportif soit protégée dans l'économie générale."

M. Platini a expliqué le raisonnement qui sous-tend le concept de l'UEFA de fair-play financier, destiné à créer de la stabilité dans le football professionnel européen : "En deux mots : on ne dépense pas plus que ce que l'on gagne ! On devait donc passer d'un système fondé sur les largesses de grands mécènes à un système basé sur les principes ô combien subversifs de l'orthodoxie financière, les budgets en équilibre et l'autosuffisance."

Le président de l'UEFA a ensuite estimé que les grands clubs d'Europe avaient compris d'emblée que le football était sur le point de saisir une chance de développer un modèle économique plus viable. De nouveaux règlements seront bientôt entrés en vigueur afin de renforcer les éléments financiers du système de licences de clubs de l'UEFA. "L'obtention de la licence est une condition 'sine qua non' à la participation à nos compétitions", a déclaré M. Platini.

En ce qui concerne le trucage de matches, M. Platini a rappelé que l'argent généré par le sport professionnel stimule la cupidité et la criminalité organisée. "Pour être bref, le sport est confronté à un danger mortel et au niveau du football nous avons réagi", a-t-il dit. "Nous avons mis en place un système d'alerte en temps réel qui couvre toute l'Europe. Nous coopérons activement avec les autorités nationales, notamment policières et judiciaires. Il est nécessaire, impératif je dirais, que ce système soit protégé par une législation européenne qui encadre de façon efficace tout ce qui concerne les paris sportifs. Une libéralisation sauvage qui ne tienne pas compte des dangers qui menacent le sport serait une catastrophe. Ne rendons pas la partie trop belle au crime organisé !"

La violence, le racisme et la xénophobie, a déclaré M. Platini, existent dans la société, et le football a également été touché par ces phénomènes négatifs. Néanmoins, des progrès ont été accomplis grâce à la collaboration entre l'UEFA, les institutions européennes et les gouvernements nationaux. "Nous sommes sur la bonne voie", a estimé le président de l'UEFA. "Non seulement dans les grandes compétitions européennes la violence est en régression, nous venons de vivre deux Euros, au Portugal et en Suisse-Autriche, pratiquement sans aucun incident mais nous sommes même arrivés au point qu'il faut maintenant commencer à penser de façon positive pour transformer ces grands rendez-vous de football en vitrines touristiques et culturelles pour les villes-hôtes."

M. Platini a appelé l'Union européenne à protéger les mineurs - étant donné le sort de nombreux jeunes footballeurs qui ont quitté leur pays d'origine pour rejoindre un club à titre onéreux, mais qui ont ensuite été laissés hors de tout cursus scolaire.

Le président de l'UEFA a conclu en informant son auditoire que la Commission européenne avait demandé à l'UEFA de faire partie du pavillon européen à l'Expo 2010, à Shanghai. En septembre, les stars du football européen du passé seront alignées dans un match contre une équipe chinoise sur un mini-terrain de l'Expo. Le choix qu'a fait la Commission européenne est hautement symbolique, a-t-il dit. Il n'existe peut-être pas de plus fort dénominateur commun européen que le football.

M. Platini a terminé son discours en se référant à Nelson Mandela qui écrivait il y a quelque temps : "Le sport a le pouvoir de changer le monde parce qu'il a le pouvoir d'inspirer les êtres. Autour de nous, rares sont les actions capables d'unir les peuples. Le sport parle à la jeunesse dans un langage qu'elle comprend. Il fait naître l'espoir là où, auparavant, n'existait que le désespoir. Il est plus fort que la politique et que les gouvernements pour briser les barrières raciales, vaincre la discrimination et les préjugés."