La force unique du football
mercredi 15 juin 2005
Résumé de l'article
La conférence antiraciste de Manchester a donné au football sa place dans la lutte.
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Par Michael Harrold à Manchester
La conférence sur l'éducation organisée mardi par Kick it Out à Manchester a souligné le rôle du football dans la lutte contre le racisme dans les écoles britanniques. Les participants ont noté l'influence grandissante de ce sport pour éradiquer le racisme dans la société.
Le rôle du football
Cette conférence organisée par Kick It Out, la campagne contre le racisme du football anglais, a rassemblé des enseignants, des éducateurs, des entraîneurs et des représentants de groupes communautaires venus de tout le pays pour discuter de la capacité unique du football à faire passer des messages auprès des jeunes. Pour reprendre l'expression de Steve Smith, responsable du centre de formation du Leeds United AFC, cet aspect peut "profiter au plus grand nombre".
Travail de terrain
Steve Smith est l'un des nombreux orateurs qui se sont adressés aux 220 délégués réunis au stade d'Old Trafford à Manchester. Il a insisté sur le travail mené par les clubs au sein des écoles pour combattre le racisme. Steve Smith se déplace directement dans les classes, afin de faire prendre conscience aux enfants du danger et de la mesquinerie du racisme, au travers notamment de jeux de rôles adaptés. Selon lui, la clé est la responsabilisation des enfants, qui leur permet ensuite de décider par eux-mêmes ce qui est bien et ce qui est mal. "Il s'agit d'informer les jeunes et de leur donner les moyens de prendre des décisions, puis de s'effacer pour voir ce dont ils sont capables", a-t-il expliqué.
L'importance du sport
Le travail de terrain mené par Steve Smith met en lumière l'importance prise par le sport comme moyen de combattre le racisme à l'école, mais également comme vecteur de communication sur d'autres problématiques, telles que l'exclusion sociale, les problèmes de confiance en soi, ou encore le rôle de l'individu au sein de la société.
Impliquer davantage les professionnels
L'ancien international sud-africain Lucas Radebe, qui fut défenseur au Leeds United AFC, travaille aux côtés de Smith dans la diffusion du message antiraciste. Il souhaite impliquer davantage les footballeurs professionnels dans ce type d'initiative. Comme il l'a rappelé cependant, pour avoir une influence, un modèle doit avant tout s'appliquer à la maison et, de ce point de vue, les entraîneurs, les enseignants, les parents comme les différents intervenants dans la vie d'un enfant ont un rôle capital à jouer dans son développement.
Un sujet incontournable
Comme l'a expliqué Scott Harrison, inspecteur du Bureau pour les standards éducatifs, pour avoir un impact dans les salles de classe, le football n'a pas nécessairement besoin de l'intervention directe des clubs professionnels. En tant que spécialiste des questions d'éducation civique dans les écoles britanniques, M. Harrison estime que le football est "un sujet incontournable", qui peut servir de base à une réflexion des enfants sur des sujets de société.
L'occasion de discuter
"Si les enfants sont conscients des problèmes de racisme dans les tribunes et même sur le terrain, l'éducation civique leur donne l'occasion d'en discuter", estime Scott Harrison. "Ces cours permettent également d'aborder des sujets tels que l'identité nationale, et pourquoi nous vivons dans une société multiculturelle telle que la nôtre."
Discussion citoyenne
"Ils peuvent parler de racisme, ils peuvent échanger leurs points de vue, ils peuvent apprendre à réagir face aux injustices ou encore développer une lecture critique des médias. L'éducation civique permet aux jeunes de formaliser leurs opinions et de se former au débat contradictoire. Et si le football se trouve au centre de ce débat, et constitue un sujet incontournable, alors, tant qu'ils assisteront à de telles démonstrations dans les tribunes des stades ou sur les terrains, une réflexion sur le sujet ne peut que les sensibiliser au combat antiraciste. De mon point de vue, ce type de modèle pourrait d'ailleurs s'appliquer à d'autres domaines touchant au quotidien des plus jeunes."
Un espoir pour l'avenir
David Gill, directeur général de Manchester United, a quant à lui exprimé sa confiance dans le fait que "la motivation nécessaire à la pratique du football" pouvait permettre aux jeunes Britanniques de prendre confiance en eux. Il a également insisté sur l'espoir qu'offrait la participation massive et variée à la conférence. Lord Ouseley, président de Kick it Out, a estimé que le combat continuait. "Notre travail ne doit pas se limiter à faire changer les mentalités et les comportements", a-t-il dit. "Il faut d'agir sur les structures qui sous-tendent non seulement le sport, mais plus largement nos institutions dans leur ensemble."