Diacre et son sacerdoce
mercredi 8 juin 2005
Résumé de l'article
La défenseuse française Corinne Diacre, près de 120 sélections, porte l'étendard du football français à l'EURO 2005.
Corps de l'article
Avec derrière elle douze ans d'équipe de France et 118 sélections*, la capitaine Corinne Diacre est l'une des taulières dans le groupe d'Elisabeth Loisel qui s'avance vers l'Angleterre.
Un monument
Entre le 9 mars 1993 contre la Suède (victoire 3-1 à Chypre) et un nul 0-0 contre les Pays-Bas il y a quelques semaines à Montbéliard, Corinne Diacre est devenue un monument du football français. Elle a collectionné 117 sélections et 14 buts pour devenir la joueuse qui a le plus souvent porté le maillot bleu, hommes et femmes confondus.
Mieux que Desailly
En ce 13 avril 2005, lors d'une petite cérémonie d'avant-match fort simple mais empreinte d'émotion, la native de Croix (Nord) dépassait Marcel Desailly, retraité internationale depuis un an. Entre le Roc et celle qui vient de le dépasser, il y a aussi en commun un poste – la défense centrale -, un brassard et d'immenses qualités physiques et mentales, les secrets de la longévité à ce niveau. Mais ça s'arrête là.
"Jamais je ne pourrais en vivre"
"Bien sûr que je l'ai déjà rencontré", déclare Corinne Diacre qui n'envie pas du tout la gloire ni la fortune de son alter ego masculin. "En me lançant dans le football, je savais que jamais je ne pourrais en vivre", rappelle-t-elle. "Le football est pour moi une passion que je prends comme telle. Il y a bien quelques primes de match mais je me considère comme 200% amateur."
Pas de retraite en vue
Son métier, c'est professeur d'éducation physique car elle est titulaire d'une licence d'EPS. L'enseignement semble d'ailleurs pour elle tout aussi important que le jeu puisque après sa carrière, elle souhaite devenir entraîneur. "Je m'occupe déjà d'équipes de jeunes. C'est très important de se 'faire la main' sur eux avant de passer aux Seniors." La reconversion devra toutefois attendre. Malgré ses 31 ans (le 4 août prochain), Corinne Diacre ne songe pas encore à arrêter. "Je me sens en pleine forme", dit-elle. "Je suis totalement concentrée sur l'EURO et je ne me pose pas cette question."
Soyaux, terroir de foot
"Elle progresse encore", appuie Bernadette Constantin. Son entraîneur à l'ASJ Soyaux – le plus ancien club de France – l'aligne en championnat depuis 1989, date à laquelle Corinne Diacre a décidé de s'installer dans ce coin des Charentes.
Avec 11 000 habitants – mais un stade bien plein - on est dans un terroir du football féminin qui donne aussi aux Bleues Anne-Laure Casseleux et Candie Herbert.
"Le mental d'une athlète"
"Ce qui fait durer Corinne", poursuit Mme Constantin, "c'est le travail. Grâce à lui, elle possède les deux pieds, la tête et un physique au-dessus de la moyenne. Et puis elle a le mental d'une athlète, elle ne renonce jamais." Desailly n'est pas loin.
Reine sans couronne
Mis à part les yeux bleu acier, il existe encore une autre différence entre Corinne et Marcel. Elle n'a rien gagné – en club ou en équipe de France –, lui est couvert de trophées. "Je suis très fière de ma carrière", dit Corinne "fière de cette longévité mais cela m'ennuierait de partir sans médaille."
Un exploit enfin ?
Pour l'EURO, elle sait que face à l'Allemagne et à la Norvège dans le Groupe B, accéder aux demi-finales tiendra de l'exploit. "Mais c'est pour cela que c'est intéressant. Car on a toutes envie de rendre à la Fédération et à ceux qui ont donné tant à cette équipe de France une qualification qui serait le meilleur résultat de son histoire."
Une ambassadrice
Ce serait aussi une fantastique récompense pour cette femme qui a déjà fait beaucoup d'efforts pour son sport et pour son pays et qui les représente si bien sur le terrain et en dehors.
*Total enregistré à la fin du mois d'avril 2005.