L'héritage de Le Guen

Par Christian Châtelet

Après trois années de succès à l'Olympique Lyonnais, Paul Le Guen quitte le quadruple champion de France après l'avoir maintenu au sommet du football français et l'avoir rapproché des meilleurs européens.

La liesse retombe
Quand Paul Le Guen annonçait hier qu'il quittera Lyon après les trois derniers matches de la saison, la liesse qui soulevait le stade de Gerland dimanche a soudainement paru bien loin.

Pas le premier choix
En 2002, au moment de remplacer Jacques Santini, Le Guen n'était pas le premier choix des dirigeants lyonnais qui semblaient plus intéressés par Vahid Halilhodzic. Trois ans plus tard, Lyon a tout tenté pour retenir le coach qui lui a donné trois nouveaux titres de champion et l'a hissé plus haut que jamais en Ligue des champions.

Dans l'intérêt du club ?
"Il y a de l'émotion et de la tristesse", lâchait le président Jean-Michel Aulas. "Paul a beaucoup apporté à Lyon et la réciproque et vraie mais j'accepte totalement sa décision. Elle est dans l'intérêt de Paul et peut-être aussi dans celui du club si l'on en croit ses théories."

Théorie des cycles
Depuis qu'il a été remercié par le Stade Rennais FC en 2000/01 après avoir signé un contrat de cinq ans, Le Guen s'est forgé la conviction qu'un coach et un club ne peuvent plus être productifs ensemble au-delà de trois ans. Cette théorie des cycles le pousse donc à faire ses valises sans entreprendre la conquête d'un cinquième titre d'affilée qui ferait de Lyon le recordman de France en la matière.

18 défaites en 111 matches
Même sans cette ligne à son palmarès lyonnais, le Breton laissera une trace entre Saône et Rhône. Avec lui, en Championnat, Lyon n'a connu que 18 défaites en 111 matches. Il a marqué 177 buts. En a encaissé 88.

Aux tirs au but
Bien que Lyon n'ait pas atteint les demi-finales de l'UEFA Champions League cette saison, les progrès européens furent indéniables sous l'ère Le Guen. La première année, il était éliminé en phase de groupes. L'année dernière, il s'inclinait logiquement en quarts de finale contre le FC Porto et cette année Lyon a échoué aux tirs au but sur la pelouse du PSV Eindhoven.

"Prêt pour l'étranger"
Pour cette progression constante, celui qui se dit à 41 ans "prêt pour une aventure à l'étranger" figure en bonne place dans la nouvelle génération des techniciens européens emmenée par José Mourinho.

L'état d'esprit
Durant ses trois saisons lyonnaises, Le Guen a prôné deux valeurs essentielles à ses yeux. L'ambiance entre les joueurs et la puissance sur le terrain. Avec ses 17 sélections, avec le palmarès qu'il s'est bâti au Paris Saint-Germain FC et avec sa réputation de milieu défensif dur au mal, il eut tôt fait de gagner la confiance des joueurs et de les faire évoluer dans le meilleur des climats. Dimanche soir, tous pointaient l'état d'esprit du groupe au nombre des raisons de leur réussite.

Essien et Diarra comme symboles
Sur la pelouse, plus question de sourire. En allant chercher des joueurs méconnus mais possédant un gros potentiel physique et un mental adapté au groupe, le discret Le Guen a révélé à l'Europe Mahamadou Diarra (arrivé du SBV Vitesse en 2002), Michael Essien (pris au SC Bastia un an plus tard) mais encore Florent Malouda, Anthony Réveillère, Eric Abidal. Dans le cocon lyonnais, les qualités de ces joueurs ont pu s'exprimer. La preuve, les plus grands clubs veulent engager Essien et Diarra, qui, s'ils partent, resteront les deux joueurs symbole de la méthode Le Guen à Lyon.

Portrait du successeur
Depuis hier, tous les joueurs se demandent qui Aulas choisira pour prendre la relève. "Le mieux ce serait le sosie de Paul", plaisantait ce dernier. "Avant tout un homme qui a été joueur, qui connaît la Champions League, l'un de nos objectifs la saison prochaine, un homme ambitieux mais qui devra s'adapter aux structures de notre club. Nous avons ici construit une Formule 1. Le pilote n'est pas là pour choisir la voiture mais pour la conduire."