Sale temps pour les coaches français
mercredi 27 avril 2005
Résumé de l'article
Gernot Rohr, lundi, était le neuvième technicien de L1 remercié. Un record.
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Avec la mise à pied du Niçois Gernot Rohr, le triste record du nombre d'entraîneurs limogés en une saison de Ligue 1 est égalé : neuf clubs sur vingt ont changé de tête.
Record absolu
Si l'on compte les intérims d'Olivier Pantaloni à l'AC Ajaccio et d'Albert Emon à l'Olympique de Marseille avant qu'ils ne cèdent volontairement la place à Rolland Courbis et Philippe Troussier, on arrive même à onze changements, "record absolu" en 73 ans de Championnat. La marque précédente datait de 2000/01, quand sept clubs avaient consommé neuf entraîneurs.
Ajaccio ouvre le bal
Le club corse a ouvert ce triste bal le 21 septembre en ôtant les rênes à Dominique Bijotat. Courbis, lui, arrivait un mois plus tard, après avoir assuré le maintien du FC Alania Vladikavkaz en Premier-Liga russe. Le 4 octobre, le RC Strasbourg se séparait d'Antoine Kombouaré pour rappeler Jacky Duguépéroux, l'un de ces coaches historiques. En crise presque perpétuelle en raison de la pression des media et des supporteurs, l'Olympique de Marseille prenait bien entendu part à la valse. Finaliste de la dernière Coupe UEFA, José Anigo tombait en disgrâce au profit de Philippe Troussier le 23 novembre.
Ils n'ont pas passé l'hiver
L'hiver fut fatal à Loïc Amisse (FC Nantes Atlantique, remplacé par Serge Le Dizet le 3 janvier), Mehmet Bazdarevic (FC Istres, remplacé par Xavier Gravelaine et Jean-Louis Gasset le 10 janvier), Joël Muller (RC Lens, remplacé par Francis Gillot le 24 janvier) et Vahid Halilhodzic (Paris Saint-Germain FC, remplacé par Laurent Fournier le 8 février). Le printemps laissait sur le carreau François Ciccolini au SC Bastia, qui cédait la place le 8 avril à Michel Padovani et Eric Durand et donc Gernot Rohr, délaissé au profit de Gérard Buscher le 25 avril.
Peut-être pas fini
Il reste deux mois et quatre matches à disputer dans le Championnat et l'hécatombe n'est peut-être pas finie. A la tête du SM Caen, Patrick Remy est menacé depuis quelques mois. Une défaite en finale de la Coupe de la Ligue pourrait sceller son sort avant même que le club normand – avant-dernier – ait perdu tout espoir de maintien.
Mauvais résultats
A la revue de ces séparations parfois douloureuses, les critères "traditionnels" sont bien présents : mis à part Marseille, Nantes et Paris, les clubs impliqués étaient relégables au moment du changement et tous restaient sur une série de mauvais résultats.
Les amitiés ne résistent pas
Dans de telles conditions, même l'expérience ne suffit plus. Muller était le coach le plus anciennement en poste en Ligue 1 (15 ans), cela n'a pas empêché Gervais Marlet - pourtant l'un des présidents les plus réputés pour soutenir ses entraîneurs - de lui signifier sa mise à l'écart. En cas de malheur, les plus solides amitiés sont mises à mal, comme celle liant le président Francis Graille à Vahid Halilhodzic.
Effet boule de neige
Ce besoin de "changer un homme parce qu'on ne peut changer une équipe entière" dit l'adage a été encouragé cette saison par la réussite rencontrée par les nouveaux venus. Les quatre premiers changements (Ajaccio, Strasbourg, Marseille et Nantes) ont été suivis d'effets positifs. L'ACA s'est presque sauvé et vient de défaire successivement l'AS Monaco FC, l'AJ Auxerre et l'Olympique de Marseille. L'OM lui-même a longtemps occupé la deuxième place du Championnat avant de faiblir récemment (4e) et Nantes (14e) s'est éloigné de la zone rouge.
Réussite lensoise
Lens constitue la plus belle réussite : le trio d'anciens Sang et Or Francis Gillot-Eric Sykora-Didier Sénac "a redonné confiance aux joueurs", estime Martel, qui n'a pas abdiqué pour une place européenne puisque Lens est 11e, à deux points du 6e.
Istres et Bastia trop tard
D'autres ont voulu suivre cet exemple. Avec moins de succès. En dépit de l'enthousiasme de Xavier Gravelaine et de l'expérience de Jean-Louis Gasset qui avait maintenu le RCD Espanyol l'an dernier en Liga, au côté de Luis Fernandez, Istres jouera l'an prochain en Ligue 2 et Bastia, 18e et premier relégable, n'est pas loin du purgatoire.