Malines, l'étoile filante du football belge

Par Berend Scholten

Strasbourg, 11 mai 1988. L'attaquant néerlandais Piet den Boer reprend de la tête un centre venant de la gauche de l'international israélien Eli Ohana et bat Stanley Menzo, le gardien adverse. Piet den Boer inscrit ainsi le seul but de cette finale de la Coupe des vainqueurs de coupes européenne pour donner la victoire aux outsiders, les Belges du KV Mechelen (FC Malines), face à l'AFC Ajax.

Une conclusion magnifique
Cette victoire couronnait une première campagne européenne improbable et venait récompenser les 10 000 supporteurs qui avaient fait le déplacement en France. Malines, et son maillot à rayures rouges et jaunes, avait auparavant disposé du FC Dinamo Bucuresti, du Saint Mirren FC, du FC Dinamo Minsk et de l'Atalanta BC pour s'ouvrir la voie vers la finale.

La campagne du miracle
Cette victoire avait des parfums de miracle, à première vue. Après tout, Malines avait mené une existence totalement anonyme depuis les années 40 et trois titres de Belgique remportés. Mais en fait, ce trophée venait récompenser un travail dur et méthodique mené par le principal sponsor du club, John Cordier.

Une aide importante
Après avoir fait fortune dans l'électronique grâce à son entreprise Telindus, Cordier était devenu président du club au cours de la saison 1982/83. Il a entrepris de moderniser le stade du club, l'Achter de Kazerne, et de professionnaliser un peu plus le club.

Coup de génie
Son projet portait bientôt ses fruits : Malines, pensionnaire de deuxième division, était promu en Première division belge. Mais c'est en nommant le Néerlandais Aad de Mos au poste d'entraîneur en 1986 que le club s'est assuré de façon visionnaire du développement de son jeu, et de ses résultats.

Une combinaison détonante
L'équipe de De Mos mélangeait le zèle de joueurs belges tels que Michel Preud'homme et Lei Clijsters avec l'audace néerlandaise des Erwin Koeman, Piet den Boer et Graeme Rutjes. Elle avait les arguments pour rivaliser avec la domination d'Anderlecht sur le football belge. "Quand Aad a rejoint le KV en 1986, seul Lei Clijsters était international", se souvenait Cordier, quelques années plus tard. "Et quand il est parti, en 1989, tous les joueurs de l'équipe étaient internationaux."

"Des moments inoubliables"
Clijsters, capitaine de l'équipe à l'époque et père de Kim Clijsters, la star du tennis belge, ajoutait : "Nous avons vécu des moments inoubliables, avec des matches inoubliables, mais ça ne pourrait pas se reproduire aujourd'hui. L'axe Preud'homme-Clijsters-Rutjes-Koeman-Den Boer n'était pas très cher, à l'époque. Mais aujourd'hui, il serait impossible de constituer une pareille équipe."

Deuxième place
Malines a fait démonstration de sa nouvelle force en terminant à la deuxième place du classement de la saison 1986/87, et en remportant la Coupe de Belgique face au RFC Liégeois, grâce à Piet den Boer qui signait l'unique but de la finale. Grâce à ce succès, la voie vers la victoire en Coupe des vainqueurs de Coupe était ouverte.

Champion de Belgique
La saison suivante, le titre de champion échappait une nouvelle fois à Malines, qui terminait de nouveau sur la seconde marche. Mais en 1988/89, après avoir recruté John Bosman de l'Ajax, les hommes de De Mos remportaient enfin le titre, après avoir également enlevé la Super Coupe de l'UEFA en battant en deux manches le PSV Eindhoven, vainqueur de la Coupe des clubs champions européens, en février 1989.

La chute
Mais la chute de Malines était presque aussi rapide que son ascension. En 1989, De Mos partait pour Anderlecht, puis Telindus rencontrait des problèmes financiers, ce qui forçait Cordier à vendre les meilleurs joueurs de Malines pour tenter de sauver son entreprise. Après des années de lutte, Cordier se retirait finalement en 1992, et le club était déclaré en banqueroute début 2003.

Un centenaire décevant
Le club a fêté son centenaire en octobre 2004, alors qu'il évolue en troisième division belge. Des célébrations auxquelles Cordier n'aura pas pu assister : l'ancien président est décédé le 22 janvier 2002, à l'âge de 60 ans. Il n'est plus, mais les souvenirs de la grande équipe qu'il avait aidé à bâtir perdurent.