Le Servette au bord du gouffre
mardi 18 janvier 2005
Résumé de l'article
Le Servette de Genève est englué dans une crise financière sans précédent qui pourrait sonner le glas du club suisse.
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Par Marco Keller
Le Servette FC a connu son âge d'or en 1978/79, en réalisant un quadruplé retentissant, décrochant le championnat, la Coupe de Suisse, la Coupe de la Ligue suisse et la Coupe des Alpes. Lors de sa dernière apparition significative sur la scène européenne, au cours de la saison 2001/02, les Suisses s'étaient qualifiés pour les huitièmes de finale de la Coupe UEFA.
A deux doigts de la banqueroute
Cependant, cette période dorée semblait s'être déroulée il y a des siècles, quand, mardi dernier, le club dix-sept fois champion de Suisse a été contraint de remettre ses livres de compte à un tribunal de Genève. Le Servette est désormais très proche d'être déclaré en banqueroute, après deux ans et demi de cauchemar financier.
Retrait des investisseurs
Cette descente aux enfers a débuté en octobre 2002, lorsque Canal + a mis un terme à une collaboration de cinq ans avec le Servette, période au cours de laquelle le club a remporté le titre en 1998/99 et la Coupe de Suisse en 2000/01. La chaîne à péage était actionnaire majoritaire et a vendu les 43,2% des parts du club qu'elle détenait.
Bol d'air grâce à Senderos
A cours d'investisseurs, le Servette est parvenu à survivre l'année suivante, grâce au transfert dePhilippe Senderos à l'Arsenal FC. Cependant, dès février 2004 et le rachat du club par Marc Roger, un agent de joueurs français, la situation commençait à se dégrader.
Club au rabais
Marc Roger avait montré son intérêt pour le rachat du club depuis près d'un an, mais il rechignait à débourser les 2,4 M€ initialement demandés. Après diverses négociations et manœuvres, il parvenait à acquérir 87% des parts du club pour une somme symbolique, tout en obtenant les droits d'exploitation du stade de La Praille.
Un plan ambitieux
Totalement confiant, Roger promettait d'éponger la dette de 2,8 M€ avec l'aide de Lorenzo Sanz, ancien président du Real Madrid CF. Il déclarait également vouloir façonner le Servette pour en faire un club capable de rivaliser avec le FC Basel 1893, qui domine le football suisse.
Campagne de recrutement
C'est dans cette optique qu'il recrutait 21 joueurs à l'intersaison dont Christian Karembeu ou Viorel Moldovan, attirés à Genève par des salaires généreux. Mais l'équipe n'avait pas le temps de prendre ses marques qu'elle était sortie de la Coupe UEFA par le Ferencvárosi TC avant même la phase de groupes.
Entraîneur remercié
Et ce n'est pas en championnat que le Servette pouvait chercher du réconfort : les Genevois débutaient la saison avec un passif de trois points infligé pour irrégularités financières. L'entraîneur Marco Schällibaum tentait de remonter la pente, mais ses difficultés étaient sanctionnées par Roger, qui le remerciait et le remplaçait par Adrian Ursea, sans pour autant obtenir de résultats significatifs.
Ecroulement financier
Côté financier, la situation est encore plus alarmante : Roger n'a pas été capable d'éponger la dette du Servette. La situation est donc très claire : si le club ne trouve pas de nouveaux investisseurs capables de rembourser la dette du club, qui s'élève à 6,5 M€, il sera déclaré en banqueroute et devra tirer le rideau.
Ultimatum en fin de semaine
Lorsque le Servette a déposé son dossier devant le tribunal qui doit statuer sur son sort, il a demandé un délai dans la procédure de mise en banqueroute. Le tribunal se prononcera le 21 janvier. N'ayant pas été payés depuis le mois de septembre, plusieurs joueurs ont décidé que la cause était perdue, et ont quitté le club.
Karembeu garde la foi
Roger continue à chercher des nouveaux investisseurs. Deux consortiums, un au Qatar et l'autre en Russie, sont sur les rangs. "Il y a deux candidats sérieux en course, et j'espère pouvoir mener les négociations à terme", déclarait-il récemment. De son côté, Karembeu, le capitaine de l'équipe, garde bon espoir : "Je suis à 100% derrière le Servette, même si je sais que la situation financière n'est pas rose. Je crois vraiment que le club sera sauvé".
Des signes inquiétants
La presse suisse a récemment révélé que Roger avait quitté ses quartiers de Rolle, s'étant trouvé dans l'incapacité de payer son loyer depuis trois mois. A Genève, capitale des analystes financiers s'il en est, on ne se fait plus trop d'illusions quant au sort du Servette.