De Kano à Östersund : Salisu Abdullahi Gero parle de son « incroyable voyage »
mercredi 6 décembre 2017
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Enfant, il refusait de porter des chaussures de football. Aujourd’hui, Salisu Abdullahi Gero est devenu une carte maîtresse du club suédois Östersund FK, qui s’est qualifié pour la phase à élimination directe de l’UEFA Europa League.
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Salisu Abdullahi Gero parle souvent de son « incroyable voyage », qui l’a emmené de Kano, au Nigeria, où il jouait au football dans les rues, jusqu’en Suède, où il est passé pro.
Son coéquipier à l’Östersunds FK Saman Ghoddos dit de lui : « Sur le terrain, c’est un ours ! », mais sa résistance mentale et sa volonté de réussir sont peut-être encore plus forts.
Modeste tout en étant conscient de ses capacités, le jeune homme de 24 ans a surmonté de nombreux obstacles pour pouvoir jouer au plus haut niveau. Enfant, il profitait de chaque instant pour s’entraîner, même si les installations étaient loin d’être parfaites.
« Là où j’ai grandi, en Afrique, nous n’avions pas autant de choses que les enfants européens, quand ils commencent à jouer au football, explique-t-il. Quand j’ai commencé à jouer, je n’avais pas de chaussures. Je jouais dans les rues, qui étaient jonchées de bouteilles et de cailloux. »
Il affûtait ses compétences lors des tournois qu’il disputait régulièrement et qui voyaient s’affronter différentes rues. La compétition était rude, mais l’ambiance était bonne.
Son principal défi a ensuite été d’apprendre à jouer au football avec des chaussures, après avoir toujours pratiqué cette activité pieds nus. Tout a changé quand il a été remarqué et emmené sur un véritable terrain de football, où il a eu l’occasion de porter des chaussures. S’habituer à jouer avec cet équipement n’a pas été tout de suite évident.
« La première fois que j’ai essayé de jouer avec des chaussures, c’était très inconfortable pour moi. Je n’arrivais pas à jouer, car je n’étais pas habitué. Après dix minutes de match, j’ai dit que j’allais jouer sans chaussures. L'arbitre m’a alors annoncé que je n'avais pas le droit de jouer sans chaussures, car tous les autres joueurs en portaient. Je n’avais donc pas le choix. Pour être honnête, je n’avais pas l’impression que j’arriverais à jouer avec des chaussures, mais j'ai continué à essayer : à l’entraînement, parfois je les mettais, d’autres fois non. »
Depuis, Gero a porté de nombreuses paires de chaussures de football, qui lui ont permis de marquer de nombreux buts à tous les niveaux. Son talent a rapidement été remarqué par des entraîneurs dans son pays d’origine, et il a été appelé en équipe nationale lors de la Coupe du monde des M20 de la FIFA en Turquie.
Les performances de Gero ne sont pas passées inaperçues lors de ce tournoi, et il a rapidement reçu des offres d’un peu partout. « J’ai intéressé des recruteurs de différents pays. J'avais beaucoup entendu parler de la Suède, que c’était un pays où il faisait bon vivre et où on était bien accueilli », raconte-t-il.
Après la Coupe du monde des M20 de la FIFA, il a d’abord joué au Danemark, mais après une saison, il a réalisé qu’il était temps pour lui de partir pour la Suède, une décision qu’il n’a pas regrettée : « À l’époque, je connaissais Gbenga Arokoyo, qui jouait pour le Mjällby AIF, alors j’avoue en avoir un peu discuté avec lui. Il m’a dit que je devrais venir en Suède et oublier tout autre pays, car en Suède, je me sentirais vraiment chez moi et tout le monde m’aimerait. »
Bien qu’il lui ait été difficile, dans un premier temps, de s’habituer à la nourriture locale et au climat froid, Gero dit s’être adapté rapidement, en partie grâce à ses coéquipiers et en partie grâce à la population locale d’Östersund, dont il dit que « ce sont des gens fantastiques ! »
Gero fait partie d’une équipe très diversifiée à l’Östersunds FK, qui comprend des joueurs venus d’Irak, de Syrie et des Comores. Il s’entend très bien avec un autre attaquant de son équipe, Ghoddos, qui est né à Malmö mais joue en équipe nationale d’Iran. De plus, les liens au sein de l’équipe sont renforcés par des activités inhabituelles, telles que le ballet.
« Je pense que la culture nous rapproche encore davantage, comme une famille, explique-t-il. Nous avons des personnalités fantastiques dans l’équipe, et nous formons une véritable famille. Nous plaisantons ensemble et nous partageons tout, sur le terrain et en dehors. Cette philosophie et ces activités communes nous permettent également de nous coordonner dans nos actions sur le terrain. »
Gero a déjà fait un « incroyable voyage » en dehors du terrain, et il a trouvé un nouveau foyer en Suède. Mais sur le terrain de jeu, il est déterminé à continuer d’écrire de nouveaux chapitres dans l’histoire de l’Östersunds FK.
« Il y a un an, je n’aurais jamais imaginé me retrouver là, alors tout peut arriver dans le football, affirme-t-il. Le voyage a été long, et j’ai beaucoup d’histoires à raconter. Mais ce que j’ai appris avant tout, c’est que quand on croit en ses capacités, on réussit. »