Analyse : le pressing efficace et les transitions offensives incisives de la France lui offrent la victoire sur l'Angleterre
dimanche 6 juillet 2025
Résumé de l'article
L'observatrice technique de l'UEFA, Irene Fuhrmann, explique comment un pressing efficace et des transitions offensives incisives ont permis à la France de s'imposer 2-1 face à l'Angleterre, tenante du titre, lors de l'EURO féminin de l'UEFA 2025.
Contenu médias de l'article
Corps de l'article
La France a débuté sa campagne pour l'EURO féminin 2025 de manière très impressionnante en s'imposant 2-1 face à l'Angleterre, tenante du titre, dans le Groupe D.
La victoire de l'équipe de Laurent Bonadei s'est construite sur une solide performance défensive, une domination dans les duels en un contre un, et des transitions offensives rapides et efficaces.
Après une entame de match prometteuse de l'Angleterre, la France a pris le contrôle en l'espace de quatre minutes vers la fin de la première mi-temps. D'abord, l'ailière française Delphine Cascarino a démontré sa capacité à prendre la profondeur dans le dos de la défense anglaise avant de délivrer un centre en première intention pour Marie-Antoinette Katoto, qui a ouvert le score.
Trois minutes plus tard, la France a doublé la mise. Cette fois, l'attaquante Sandy Baltimore a reçu le ballon sur le côté gauche de l'attaque française avant de profiter d'une hésitation de la défense anglaise pour décocher une frappe du droit qui a trompé Hannah Hampton.
« Les transitions offensives de la France ont été une démonstration de maîtrise en matière d'efficacité, de rythme et d'exécution tactique », a déclaré Irene Fuhrmann, observatrice technique de l'UEFA. « Chaque but est venu de la reconnaissance de l'espace, d'une réaction décisive et d'une utilisation intelligente de la largeur et du timing ».
La contribution de Cascarino au premier but de la France, ainsi que sa menace offensive constante tout au long du match, ont valu à la joueuse de 28 ans le titre de Joueuse du match. « Cascarino a eu un impact majeur sur le match dans la moitié de terrain offensive, en particulier en première mi-temps », a précisé Fuhrmann. « Elle a été forte en un contre un, rapide et orientée vers le collectif dans ses actions. Elle a joué plusieurs passes clés et a offert une excellente passe décisive ».
Le pressing efficace de la France crée des transitions offensives
Le succès de la France à Zurich restera dans les mémoires pour son jeu de contre-attaque rapide qui a causé de nombreux problèmes à l'équipe de Sarina Wiegman. Cependant, c'est sa domination défensive en un contre un et sa volonté de presser l'Angleterre haut sur le terrain qui ont fourni aux Bleues la plateforme pour lancer des attaques aussi incisives.
« Les transitions dangereuses de la France étaient le produit d'un pressing intense, de courses explosives et d'un fort soutien au milieu de terrain », a poursuivi Fuhrmann, ancienne sélectionneuse de l'Autriche. « Dans de nombreuses situations, les joueuses françaises ont pressé agressivement leurs adversaires de dos, tout en recevant le soutien de leurs milieux de terrain qui doublaient par l'avant ».
« Après avoir récupéré le ballon, la France a exploité la ligne haute de l'Angleterre et sa désorganisation en transition par des passes verticales directes dans le dos de la ligne défensive, ainsi que par la vitesse de joueuses comme Cascarino, qui a exploité l'espace derrière l'arrière gauche anglaise Jess Carter ».
L'excellence technique française aide à capitaliser sur des contre-attaques rapides
Pour le premier but de la France, le rôle de l'arrière droite Elisa De Almeida ne doit pas être sous-estimé. Avec sa première touche, la joueuse de 27 ans a à la fois intercepté la passe de Georgia Stanway et lancé l'attaque de la France. Après deux autres touches, la défenseure du Paris Saint-Germain s'est projetée vers l'avant et a lancé Cascarino dans le dos de la ligne défensive anglaise avec un ballon parfaitement dosé.
« Il était crucial qu'après avoir récupéré le ballon, les joueuses françaises cherchent immédiatement à jouer vers l'avant dans l'espace », a déclaré Fuhrmann. « Elles avaient cette conscience de l'espace et les joueuses offensives étaient capables de faire des courses coordonnées et bien synchronisées dans des positions plus profondes ».
La confiance, la maîtrise et le sang-froid sont nécessaires pour assurer une prise de décision efficace dans des moments de transition offensive comme celui-ci, a expliqué Fuhrmann. « Les joueuses ont besoin d'une acuité mentale pour réagir instantanément ainsi qu'avec sang-froid dans les moments décisifs, en particulier lorsqu'elles mènent des actions de transition. Une grande confiance est nécessaire pour exécuter des duels en un contre un et prendre des décisions rapides sous pression ».
La France défend efficacement son but dans les dernières minutes
Alors que le match entrait dans sa phase finale, l'Angleterre a adapté sa formation et son approche pour tenter de revenir dans la partie. Et après que la frappe posée de Keira Walsh à la 87e minute ait réduit le score à 2-1, la France a dû montrer sa capacité à défendre sa surface avec une série de blocages et de tacles courageux pour conserver son avantage.
« C'était un match difficile avec beaucoup d'intensité », a déclaré le sélectionneur de la France, Bonadei. « Pour obtenir cette victoire, nous avions besoin du mental, et surtout de conserver ce score à la fin du match. Cela donne beaucoup de valeur à l'état d'esprit du groupe. Je suis vraiment satisfait de l'état d'esprit des joueuses qui affichent une belle solidarité ».
Bien qu'il soit difficile de s'entraîner à cette intensité de pression, les équipes peuvent apprendre grâce à des expériences passées partagées et à une culture où « l'adversité fait partie du processus » selon Fuhrmann.
« Entraîner cette attitude et renforcer la résilience n'est pas si facile », a-t-elle ajouté. « La véritable résilience ne se manifeste que sous pression. On ne peut pas reproduire entièrement le poids émotionnel de telles situations dans des matches importants ».
« Cependant, il est bénéfique qu'une équipe ait partagé des expériences similaires, comme la France l'a fait récemment lors du match amical contre le Brésil [remontant un déficit de 2-0 pour gagner 3-2]. Grâce à ce succès, une équipe peut développer la conviction qu'elle peut surmonter ensemble de telles périodes de pression et puiser mentalement dans ces moments ».
La capacité de la France à préserver son avance en fin de match au Stadion Letzigrund a souligné l'identité collective cultivée par Bonadei.
« Ce que les entraîneurs peuvent faire, c'est cultiver une culture où l'adversité fait partie du processus, et non une exception », a poursuivi Fuhrmann. « De cette façon, lorsque le moment vient de se jeter corps et âme dans la bataille, cela ne ressemble pas à du désespoir, mais à une identité. Il est facile de parler de schémas tactiques et de forme, mais lorsque le jeu est dans son état le plus chaotique, le succès est souvent déterminé par la force mentale et la confiance mutuelle ».
Considérations pour les coaches, comment contre-attaquer comme la France
Irene Fuhrmann, observatrice technique de l'UEFA, explique comment l'encouragement à la projection vers l'avant dans des exercices réalistes peut aider les entraîneurs à développer des compétences de contre-attaque comme celles de la France.
« Les joueurs, les joueuses et les entraîneurs qui veulent améliorer leur menace en contre-attaque doivent développer un mélange de vitesse, de prise de décision spatiale, de technique et de préparation psychologique », a déclaré Fuhrmann.
Aider les joueurs et les joueuses à perfectionner leur compréhension de ces concepts techniques et tactiques peut bénéficier d'un apprentissage basé sur la réalité, dans lequel ils sont placés dans des scénarios de jeu réalistes et activement impliqués dans les retours et les discussions.
« Pour ce faire, les joueurs et les joueuses doivent s'entraîner dans des conditions de match aussi souvent que possible, comme dans des jeux de transition en petit comité avec des déséquilibres numériques », a expliqué l'Autrichienne. « Les entraîneurs doivent encourager la projection vers l'avant et apprendre aux joueurs et aux joueuses à scanner avant de recevoir et à regarder verticalement avant de jouer latéralement ».
« Enfin, je conseillerais aux entraîneurs de travailler avec des retours vidéo s'ils le peuvent. Montrez aux joueurs et aux joueuses des exemples de buts de transition efficaces, comme France - Angleterre, pour renforcer l'apprentissage visuel. Demandez-leur de trouver des solutions par eux-mêmes, afin qu'ils puissent développer une meilleure compréhension de la transition vers l'attaque ».