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Mavuba, le capitaine montre la voie

Un destin extraordinaire a conduit Rio Mavuba à la tête de l'équipe de France Espoirs, qui débute son EURO mardi.

Un destin extraordinaire a conduit Rio Mavuba à la tête de l'équipe de France Espoirs, à partir de mardi au Portugal, pour le début du Championnat d'Europe des moins de 21 ans de l'UEFA.

Né "en mer"
Parmi les 176 joueurs rassemblés dans la région de Porto, Rio Antonio Mavuba est le plus inattendu. Non que l'inamovible capitaine milieu récupérateur doive sa convocation à une série de blessures ou à quelque querelle qui se serait apaisée au dernier moment. C'est au sens premier qu'il faut considérer sa présence : ce frêle gabarit (1,71m, 64 kg) a vu le jour le 8 mars 1984 au large de l'Angola sur un rafiot affrété par un groupe de "boat people" fuyant la guerre civile, dans des conditions sanitaires que l'on a peine à imaginer.

Drames familiaux
"Sur mon extrait de naissance, il est écrit 'né en mer", dit-il. "Je n'ai aucun détail sur la traversée. On n'en a jamais parlé." Après quatre ans de dérive, le radeau des Mavuba accostait à Mont-de-Marsan (Landes), puis Mérignac (Gironde). La maman n'était plus à bord. Décédée lorsque son fils avait deux ans. Le père, Antonio, ancien international zaïrois (il joua la Coupe du Monde de la FIFA 1974), mourait onze ans plus tard.

Le Sorcier
Le FC Girondins de Bordeaux recueillait cet orphelin qui vit toujours dans le souvenir d'un papa modèle qu'on surnommait "le Sorcier", pour son habileté sur le corners directs. Rio débutait en Poussins, à 7 ans. Il est aujourd'hui l'une des pièces maîtresse de l'équipe professionnelle qui a terminé deuxième de la Ligue 1.

"Il a cette vision du jeu"
"Il a des capacité physiques au-dessus de la moyenne", déclare Michel Pavon, l'entraîneur qui l'a lancé, le 28 janvier 2004, lors d'une défaite 3-0 sur la pelouse de l'Olympique Lyonnais. "Il a aussi cette vision du jeu qui est la marque des professionnels." Bien vite, l'infatigable gringalet gagne un surnom évocateur de Petit Tigana. Référence au champion d'Europe de l'UEFA 1984 avec les Bleus, trois fois champion de France avec Bordeaux dans les années 1980.

La coup de rein de Jeannot
"Pour l'instant, c'est trop lourd pour moi", estime Mavuba. "Il a le même coup de rein que Jeannot", insiste Marius Trésor, membre du staff girondin, ancien coéquipier de Tigana. Entamée dans les traces de ces aînés, l'ascension de Mavuba a pourtant connu au moins deux coups d'arrêt.

Expulsé contre Valence
Le 8 avril 2004, en quart de finale aller de la Coupe UEFA, il était expulsé en première période, à Chaban-Delmas, face au Valencia CF (1-2) futur vainqueur de la compétition. Ce carton rouge coûta cher à Bordeaux. "Tout s'écroulait autour de moi", dit Mavuba. "Mais je m'en suis remis." Neuf jours plus tôt, Raymond Domenech lui offrait la première de ses 13 capes en Espoirs. En août suivant, devenu sélectionneur des Bleus, il comptait encore sur lui pour son premier match sur le banc des A (1-1 à Rennes face à la Bosnie-Herzégovine). Au contact de Patrick Vieira, l'une de ses idoles, Mavuba allait continuer à progresser.

Dépassé face à l'Irlande
Las, une prestation "pas terrible" de son aveu, en éliminatoires de la Coupe du Monde de la FIFA face à la République d'Irlande (0-0 au Stade de France), le renvoyait chez les jeunes, victime de la pression d'un grand match et de l'expérience de Roy Keane dans l'entre-jeu. "Je suis jeune. J'ai encore besoin d'apprendre", concluait-il. "Ce passage chez les A vaut toutes les leçons."

Maître de ses nerfs
Cette saison, René Girard lui a confié le capitanat des Bleuets, pour les éliminatoires de l'EURO. "Parce que Rio est un exemple. Il reste toujours maître de ses nerfs et montre la voie à ses coéquipiers dans la difficulté", confie le sélectionneur.
Modeste, voire timide en public, Rio Mavuba est de ceux qui n'ont pas besoin d'élever la voix pour se faire entendre : "Notre groupe s'est élargi cette saison, tous les joueurs l'ayant rejoint apportent en qualité. Il est surtout constitué de compétiteurs, de gagneurs. On a tous de l'expérience au plus haut niveau. On veut vraiment 'mouiller' le maillot car on a une chance folle de participer à cette aventure." Rendez-vous à Braga mardi soir, face au Portugal.