Super Coupe de l'UEFA, la compétition qui a trouvé sa place
mercredi 23 juillet 2025
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Lancée au début des années 1970, la Super Coupe de l'UEFA est une date importante du calendrier du football européen. Retour sur la manière dont la compétition a pris forme.
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Tout comme le célèbre journal sportif français L'Équipe avait joué un rôle déterminant dans la naissance, en 1955, de la compétition phare de l'UEFA, la Coupe des clubs champions européens (connue également sous le nom de Coupe d'Europe et Coupe des champions, et aujourd'hui sous le nom d'UEFA Champions League), un autre quotidien européen populaire, de Telegraaf, basé à Amsterdam, a jeté les bases de ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Super Coupe de l'UEFA.
Opposant initialement les vainqueurs respectifs de la Coupe des champions et de la défunte Coupe des vainqueurs de coupe européenne, elle est aujourd'hui disputée par les vainqueurs de l'UEFA Champions League et de l'UEFA Europa League de la saison précédente.
À l'instar du développement de la Coupe d'Europe, le lancement de la Super Coupe a été alimenté par le débat éternel visant à déterminer qui pouvait prétendre au titre de « meilleur club d'Europe ».
« Quelque chose de nouveau »
C'est en 1972 qu'Anton Witkamp, alors journaliste puis rédacteur en chef des sports de De Telegraaf, a eu l'idée de « quelque chose de nouveau » pour déterminer le meilleur club d'Europe.
L'idée visait également à tester davantage les forces de l'Ajax Amsterdam, à une époque où le club dominait la Coupe des champions, remportant la compétition trois fois de suite entre 1971 et 1973 grâce à son style de jeu audacieux, le « football total ». Le football de club néerlandais était alors au sommet de sa forme, le triplé de l'Ajax faisant suite au succès du Feyenoord Rotterdam, qui avait remporté la Coupe des champions en 1970.
« L'idée est née à l'époque du football total. Notre époque, quatre Coupes des champions consécutives entre Feyenoord et l'Ajax », a déclaré Witkamp. « Plus que l'argent et la gloire, ils recherchaient le droit d'être appelés les meilleurs. »
« Mais qui était la meilleure équipe d'Europe, qui aurait dû être la plus forte ? L'équipe qui a gagné la Coupe d'Europe ? En principe, oui. Pourtant, le football est souvent un hymne à la relativité et, pour cette raison, un art imprécis. Alors pourquoi ne pas opposer les détenteurs de la Coupe des clubs champions européens aux vainqueurs de la Coupe des vainqueurs de coupe (européenne) ? Pourquoi ne pas lancer un défi à l'Ajax ? »
« Le club écossais des Rangers avait remporté la Coupe des vainqueurs de coupe en 1972. J'ai soumis mon plan au patron de l'Ajax, Jaap van Praag, qui a trouvé l'idée excellente. La voie était donc libre, avec le soutien de mon journal. »
Débuts non officiels
Witkamp et Van Praag ont cherché l'aval officiel de l'UEFA pour la nouvelle compétition, mais l'instance dirigeante du football européen n'a pas pu donner sa bénédiction, à l'époque, les Rangers étaient sous le coup d'une suspension de l'UEFA en raison du mauvais comportement de leurs supporters. Néanmoins, le match a eu lieu, bien qu'à titre non officiel. De plus, le match allait revêtir une signification particulière pour les Rangers, car le club de Glasgow fêterait son centenaire en 1973.
Witkamp a opté pour une formule en deux manches afin de générer un maximum de revenus pour les deux clubs. Les deux matches, soutenus financièrement par De Telegraaf, se sont déroulés les 16 et 24 janvier 1973 à Glasgow et à Amsterdam respectivement, et furent une réussite tant sur le plan sportif que financier. L'Ajax a remporté une double confrontation enjouée sur le score cumulé de 6-3 et, surtout, la réaction du public a été positive : 57 000 personnes ont assisté au match à l'Ibrox Stadium, à Glasgow, et 26 000 ont assisté au match retour au stade Olympique d'Amsterdam la semaine suivante.
Les vainqueurs de la Coupe d'Europe et de la Coupe des vainqueurs de coupe en 1972/73, l'Ajax et l'AC Milan respectivement, ont également manifesté leur intérêt pour une confrontation directe. Considérant « qu'il serait erroné que l'UEFA ne prenne pas ces matches sous son contrôle », le Comité d'urgence de l'UEFA a décidé en juin 1973 d'établir des principes directeurs, ratifiés par le Comité exécutif de l'UEFA quatre mois plus tard.
La nouvelle compétition a été baptisée « Super Compétition ». La participation était facultative, et ce principe a été confirmé par le Comité exécutif lors de sa réunion à Marbella, en Espagne, en janvier 1976. L'Ajax a battu facilement l'AC Milan 6-1 sur deux manches pour remporter la première édition officielle en janvier 1974, et la jeune compétition a commencé à faire ses premiers pas dans le paysage du football de club européen.
Trouver sa place
La « Super Compétition » a eu du mal au départ à trouver sa place dans le calendrier européen, notamment en raison de son format initial de matches aller-retour. De plus, la participation n'était pas obligatoire. Il n'avait pas été possible de programmer les deux matches de la première édition avant le début de 1974, et ce qui aurait dû être la deuxième édition, en 1975, a dû être purement et simplement annulée.
Un article de fond sur la compétition, paru dans l'ouvrage en deux volumes « 50 ans de l'UEFA », publié à l'occasion du Jubilé d'or de l'UEFA en 2004, la décrivait comme : « le coucou du monde du football. On en entendait parler, mais on ne la voyait que très rarement... Les chaînes de télévision pouvaient difficilement inscrire dans leur programmation un événement qui errait comme un vagabond dans le calendrier. C'était la seule finale de l'UEFA qui n'avait ni heure ni lieu (...) À moins qu'il ne se passe quelque chose de dramatique, c'était généralement une fête privée, qui était très appréciée par ceux qui y participaient, en particulier ceux qui rentraient chez eux avec le trophée. »
Cette fête a tout de même montré qu'elle pouvait faire la une des journaux : pas moins de 105 000 persones étaient présentes à Kyiv en octobre 1975 pour voir les tenants du titre de la Coupe des vainqueurs de coupe 1974/75, le Dynamo Kyiv (URSS), compléter une victoire totale de 3-0 sur les vainqueurs de la Coupe des champions de la même saison, le FC Bayern München (Allemagne de l'Ouest).
La compétition n'a pas eu lieu en 1981 ni en 1985, dans ce dernier cas à cause de la tragédie du stade du Heysel cette année-là, plutôt qu'à cause de contraintes de calendrier. De plus, contrairement aux autres compétitions de l'UEFA, il n'y avait pas de trophée à l'époque. Les vainqueurs recevaient une plaque frappée du logo de l'UEFA.
Un trophée pour les vainqueurs
Ce n'est qu'après l'édition de 1983, lorsque le club écossais d'Aberdeen a battu le club ouest-allemand de Hambourg, que le délégué du match retour, le Néerlandais et futur trésorier de l'UEFA Jo van Marle, a suggéré qu'une coupe soit remise aux vainqueurs. Cette proposition a été soutenue par le président de l'UEFA de l'époque, Jacques Georges. Le trophée, réalisé par la société italienne Bertoni, a été remis pour la première fois en 1987 au capitaine du Steaua Bucarest, Ștefan Iovan, après la victoire de l'équipe roumaine sur le Dynamo Kyiv.
Parallèlement, l'UEFA s'était lancée en 1983 dans une nouvelle approche de la compétition. Divers problèmes ont cependant empêché ces projets d'aboutir avant le match entre les vainqueurs des compétitions de clubs 1985/86, le Steaua et le Dynamo Kyiv. La rencontre a été jouée en un seul match sur terrain neutre à Monaco, mais pas avant le 24 février 1987. Le match n'a pas non plus réussi à susciter un intérêt général suffisant pour que les sponsors soutiennent le nouveau format. L'ancien format a été dûment rétabli pour la saison suivante, mais des problèmes de calendrier sont immédiatement réapparus, ce qui a eu pour conséquence que le match retour entre les détenteurs des titres de clubs 1986/87, Porto (Portugal) et l'Ajax, n'a pas eu lieu avant janvier 1988.
De plus, comme le club qui organisait le match retour considérait le match comme un match à domicile, « les critères concernant le protocole de l'UEFA pour de tels événements étaient à peine respectés », comme l'a expliqué le secrétaire général de l'UEFA, Gerhard Aigner, dans une note adressée au Comité exécutif de l'UEFA. « Cela affectait le transport, l'attribution des billets, les réservations d'hôtel, le protocole dans la tribune VIP, l'ordre autour du terrain et le travail de la presse, ce qui créait des situations déraisonnables pour la délégation de l'UEFA », a-t-il ajouté.
Améliorer la compétition
Étant donné que la compétition ne semblait plus correspondre à la vision de ses initiateurs, à savoir servir de juge de paix entre les meilleures équipes de la saison, de sérieuses questions se sont posées quant à son avenir. Cependant, lors de sa réunion à Moscou en mars 1995, le Comité exécutif de l'UEFA a estimé que beaucoup de choses pouvaient et devaient être faites pour rehausser son profil et son attrait général.
Le résultat a été une nouvelle formule, introduite en 1998. Le seul aspect conservé de la première tentative d'organiser la compétition en un seul match a été le lieu, le stade Louis II de Monaco, jugé de taille idéale pour ce genre d'occasion. Les clubs qualifiés étant désormais obligés de participer, ce qui s'appelait désormais la Super Coupe de l'UEFA est devenu le point d'orgue sportif des événements organisés à Monaco chaque mois d'août pour annoncer la nouvelle saison des compétitions de clubs de l'UEFA, avec notamment les tirages au sort des compétitions de clubs et les récompenses pour les meilleurs joueurs de la saison.
« En l'associant au tirage au sort du premier tour, nous espérons obtenir un double effet : associer la compétition à l'enthousiasme du tirage au sort, d'une part, et apporter un élément purement sportif à la cérémonie du tirage, d'autre part. Les deux événements devraient s'en trouver renforcés, tout comme le football dans son ensemble », écrivait Gerhard Aigner dans un éditorial pour la publication UEFAflash.
Principaux changements récents
Ce format est resté en place de 1998 à 2012, avec quelques ajustements mineurs en cours de route, dont le remplacement, à partir de 2000, des détenteurs de la Coupe des vainqueurs de coupe (cette compétition a été abandonnée après la finale de 1999) par les détenteurs de la Coupe UEFA. À son tour, la Coupe UEFA deviendra l'UEFA Europa League à partir de la saison 2009/10, et le tenant du titre de cette dernière compétition affronte désormais le vainqueur de l'UEFA Champions League, le nouveau nom donné à la Coupe d'Europe remaniée au début des années 1990.
À partir de 2013, la Super Coupe a également joué un autre rôle essentiel dans le football européen. Depuis lors, le match a été organisé chaque année dans différentes villes du continent, une initiative conçue pour partager l'événement prestigieux entre les associations nationales d'Europe, donnant à beaucoup d'entre elles une occasion unique et précieuse d'accueillir un événement majeur de compétition de clubs internationaux entre deux équipes de haut niveau alignant certains des noms les plus prestigieux du jeu.
En 2019, l'arbitre française Stéphanie Frappart est devenue la première femme à arbitrer une grande compétition masculine de l'UEFA lorsqu'elle a dirigé le match 100% anglais de la Super Coupe entre Liverpool et Chelsea à Istanbul. Le match de 2020 entre le Bayern et Séville à Budapest a été déplacé du mois d'août à la fin du mois de septembre en raison du remaniement du calendrier des compétitions de clubs dans le cadre de la pandémie de COVID-19, et a servi de match pilote pour tester le retour partiel des spectateurs dans les stades.
Après des débuts incertains il y a près de 50 ans, et après des complications et des doutes en cours de route, la Super Coupe de l'UEFA est désormais pleinement assurée de sa place et de son statut sur la scène du football européen, et le coup d'envoi de chaque nouvelle campagne de compétitions de clubs de l'UEFA serait bien plus pauvre sans elle.
Format et sites de la Super Coupe de l'UEFA
Palmarès de la Super Coupe de l'UEFA
Records de la Super Coupe de l'UEFA
Sources :
« UEFA – 60 ans au cœur du football » : André Vieli, UEFA 2014
« UEFA 50 Ans 1954-2004 » : écrit par Frits Ahlström, UEFA 2004
fr.uefa.com