Analyse, Champions League, le chef-d'œuvre défensif de Marc Cucurella en un contre un

À Stamford Bridge cette semaine, Chelsea a remporté sa plus large victoire jamais enregistrée contre le FC Barcelona.

Ce ne fut pas la seule étape marquante d'un triomphe 3-0 en UEFA Champions League, marqué par le premier match sans but du FC Barcelona en 54 rencontres, un exploit défensif des locaux qui soulève deux questions : comment Chelsea y est-il parvenu, et quelles leçons leur performance peut-elle offrir aux entraîneurs formant la prochaine génération de footballeurs ?

Dans l'article suivant, l'unité d'analyse du jeu de l'UEFA s'appuiera sur l'analyse initiale d'après-match de mercredi et examinera l'intensité de Chelsea avec et sans le ballon mardi soir, et comment Marc Cucurella a incarné cela par sa défense en un contre un.

Avec les analyses des observateurs techniques de l'UEFA et d'un entraîneur de football de base de premier plan, nous explorerons également comment l'exemple de Cucurella peut être transposé sur le terrain d'entraînement.

Intensité collective

L'intensité susmentionnée est un thème commun de la première vidéo ci-dessous.

Le premier clip offre un exemple du contre-pressing de Chelsea : c'était une équipe qui, à la perte du ballon, travaillait agressivement pour le récupérer, comme on le voit avec le défi de Malo Gusto pour reprendre le ballon. Et une fois récupéré, ils étaient rapides et directs pour le faire progresser vers l'avant.

L'équipe d'Enzo Maresca était particulièrement concentrée sur l'envoi rapide du ballon derrière la ligne haute du FC Barcelona, comme on le voit dans le deuxième clip. Et leur intensité et leur vitesse se sont conjuguées pour le deuxième but, présenté dans le troisième clip : le FC Barcelona n'a pas pu échapper à la pression et Andrey Santos a intercepté le ballon et, quatre touches plus tard, Estevão affrontait Pau Cubarsí.

Ce n'est pas la première fois sous Maresca que l'intensité collective de Chelsea s'avère trop forte pour une opposition espagnole.

L'excellence de Cucurella en un contre un

Aucun joueur n'a mieux incarné le rythme rapide, la vivacité et l'agressivité de Chelsea que l'arrière gauche Cucurella, le Joueur du match.

La série de clips dans la vidéo ci-dessous met en lumière divers aspects de son travail défensif lors d'une soirée où il a réalisé une superbe performance face à Lamine Yamal, son coéquipier en équipe d'Espagne.

Le premier clip, par exemple, met en valeur son centre de gravité bas et sa patience, car il ne se jette pas tôt mais attend le bon moment avant de déclencher son intervention. Pour les observateurs techniques de l'UEFA, il y avait beaucoup à admirer dans la défense de Cucurella dans toutes les zones, d'un bloc bas, comme on le voit dans le deuxième clip, à plus haut sur le terrain.

L'observateur technique de l'UEFA Rui Faria a identifié dans le troisième clip l'excellente anticipation du joueur de Chelsea qui lui a permis de juger la distance et de sortir pour presser Yamal et gagner une touche. « Il presse agressivement, ne lui laissant pas le temps et l'espace pour recevoir et se retourner pour une situation de un contre un ou même pour garder le ballon », a déclaré Faria.

De même avec le quatrième clip, Cucurella a anticipé le ballon vers Yamal du gardien Joan García et a donc pressé haut pour contrecarrer une potentielle contre-attaque. « La décision de presser immédiatement au lieu de se replier vers une position plus basse sur le terrain reflète la conscience de Cucurella de l'équilibre collectif de son équipe et de la position du bloc équipe », a observé Faria.

Ce sont tous des aspects du travail d'un défenseur et Roberto Martínez s'est attardé sur une autre chose que Cucurella a si bien faite lors de ce match de la 5^e Journée, à savoir se positionner pour orienter Yamal sur son « mauvais » pied droit.

« Il l'orientait le long de la ligne, sur son pied droit », a expliqué Martínez, « et à partir de là, il était confiant pour utiliser sa vitesse et son intensité défensive pour défendre sur Yamal dans une situation de un contre un. »

Le cinquième clip en est un parfait exemple avec Yamal portant le ballon sur son pied droit alors que Cucurella, avec Alejandro Garnacho en soutien à proximité, emmène l'ailier du FC Barcelona vers l'extérieur puis intercepte lorsqu'il tente de repiquer vers l'intérieur sur son pied gauche.

Marc Cucurella pose avec son trophée de Joueur du matchUEFA via Getty Images

« C'était très difficile pour Yamal d'aller sur son pied gauche car il y avait un autre joueur de Chelsea couvrant cet espace et tout l'espace libre était sur sa droite, ce qui était le côté gauche de Cucurella, où il avait le jeu de jambes et le corps pour réagir rapidement », a déclaré Martínez.

En plus de sa solide défense, Cucurella a également joué un rôle offensif important, comme on le voit avec son centre pour le but d'ouverture et son implication dans la séquence offensive qui a conduit Ronald Araújo à commettre une faute sur lui et à recevoir son deuxième carton jaune.

« Lorsqu'il est impliqué dans la construction offensive de l'équipe, sa capacité à combiner avec ses coéquipiers, à progresser en attaque et à entrer dans les zones offensives fait de Cucurella un joueur très dangereux », a ajouté Faria.

Former la prochaine génération à défendre comme Cucurella

Avec l'importance accrue de la défense en un contre un en Champions League, Gunnar Pettersson, responsable du football de base à la Fédération suédoise de football, réfléchit ici à la manière de travailler avec les jeunes joueurs sur le développement des compétences pour faire face à ce défi, ainsi que l'intensité requise.

Pettersson sur la défense en un contre un

« Avec les clips de Cucurella, vous voyez à quel point il défend bien en termes de mouvement des pieds et de positionnement de son corps. Il est aussi assez agressif dans sa défense. Peut-être que parfois, chez les jeunes, les joueurs ont peur de faire une erreur et de laisser un joueur les passer, alors ils gardent un peu de distance avec l'attaquant, par sécurité. Mais lorsque vous entraînez des jeunes, vous devez encourager les joueurs à être courageux pour développer les compétences qui pourraient être nécessaires au plus haut niveau.

« Je pense que les clubs et les entraîneurs de tous niveaux peuvent mettre davantage l'accent sur l'aspect défensif. Avec les séances de un contre un, d'après ma propre expérience, je supposerais que 80 % du coaching sera orienté vers l'attaquant : comment battre votre adversaire en un contre un. Mais avec de tels exercices, le retour devrait probablement être partagé 50-50, moitié pour l'attaquant et moitié pour le défenseur.

« Tant pour la défense en un contre un que pour le jeu offensif dans ces situations de un contre un, la plupart des retours doivent être individuels, et pour pouvoir donner des retours individuels, vous avez besoin d'entraîneurs. Je suggérerais qu'il serait utile, par exemple, d'avoir un entraîneur se concentrant davantage sur le côté offensif et un autre sur la défense, bien qu'évidemment, vous aurez besoin de suffisamment d'entraîneurs pour cela.

« De plus, au niveau des jeunes, vous ne devriez pas avoir peur de choisir une formation qui exposera les joueurs à des situations de un contre un. En Suède, nous jouons en 9 contre 9 avec les 13 et 14 ans et nous avons vu des matches où les deux équipes jouaient en 2-4-2. L'ailier aura beaucoup de responsabilités tant en défense qu'en attaque, et surtout en transition, vous obtenez beaucoup de situations de un contre un avec deux attaquants contre deux défenseurs.

« Certains entraîneurs pourraient avoir peur de cela parce qu'ils ne veulent peut-être pas exposer les défenseurs à des situations de un contre un, mais il peut être bon pour le développement d'affronter la défense en un contre un dans des situations de match.

« De plus, les matches à 9 contre 9 sont excellents pour l'intensité car les joueurs n'ont pas fini leur croissance et donc, quand le terrain est plus petit, cela devient plus intense car ils sont tout le temps plus proches des situations. »

Pettersson sur l'intensité

« Pour passer à la question de l'intensité, je suggérerais que nous devons nous entraîner plus souvent à haute intensité, à la fois par le coaching mais aussi par la façon dont vous organisez les séances.

« Il y a beaucoup de séances d'entraînement constamment à 75 % plutôt que d'aller à 100 % pendant une minute, puis une pause de 30 secondes. Même avec des jeux plus importants, vous pourriez aller vraiment intensément pendant quelques minutes, puis faire une pause, récupérer physiquement et mentalement, puis repartir à 100 %.

« Je pense que les joueurs réagissent à cela, donc même si vous avez un exercice d'échauffement simple, plutôt que de le laisser durer dix minutes, où ce sera assez lent, vous pourriez le faire pendant deux minutes puis faire une pause de 30 secondes, car l'intensité sera beaucoup plus élevée pendant ces deux minutes.

« D'après mon expérience, beaucoup d'entraîneurs mettent l'accent sur la construction du jeu, mais je pense qu'à un très jeune âge, vous pouvez encourager les joueurs dès qu'ils perdent le ballon à tout faire pour le récupérer. Je pense que vous pouvez apprendre les habitudes de vouloir récupérer le ballon le plus tôt possible, dès que vous le perdez, ou à un très jeune âge. Et si vous acquérez cette mentalité, cela peut vous aider dans les transitions, qui sont un autre aspect important du jeu. »

Exercice d'entraînement

Ici, l'observateur technique Rui Faria recommande l'exercice d'entraînement suivant pour travailler la défense en un contre un :

« Avec cette routine sur un terrain réduit, vous pouvez créer des situations de 1 contre 1, 2 contre 2 ou 3 contre 3. C'est à l'entraîneur de décider du nombre qu'il souhaite à chaque fois.

« Avoir deux ou trois “joueurs neutres” sur le côté du terrain donne la possibilité de créer un 2 contre 1 ou 3 contre 2, etc. Pour l'équipe en supériorité numérique, l'objectif est de finir l'attaque rapidement. Pour l'équipe qui défend, il s'agit de comprendre la différence entre défendre à nombre égal ou avec un joueur en moins lors de la réduction des distances, par exemple, plus de patience en défendant avec un joueur en moins, ou plus de pressing lorsque les nombres sont égaux. »