Jonathan David (Lille) : « On est impatients »

Auteur de six réalisations en huit matches lors de la phase de ligue, que le LOSC a terminée à une septième place synonyme de qualification directe pour les huitièmes de finale, l'attaquant canadien des Dogues Jonathan David a hâte de retrouver les terrains européens à l'approche du premier acte face au Borussia Dortmund.

UEFA.com : Jonathan, comment abordes-tu le déplacement à Dortmund ?

Jonathan David : Franchement, je pense qu'on était un peu impatients, parce que je pense que la Ligue des champions, c'est la meilleure compétition que je puisse jouer et, bien sûr, en la regardant, j’ai envie de recommencer à jouer aussi.

Et ouais, franchement ça va être deux gros matches. Je pense que là-bas, c’est réputé être une atmosphère extraordinaire que je n’ai jamais vécue moi-même, alors faire cette expérience, ça va être très bien, j’espère qu’on va pouvoir faire un très gros match aussi.

Jonathan David

UEFA via Getty Images

Nom complet : Jonathan Christian David
Date de naissance : 14 janvier 2000
Lieu de naissance : Brooklyn, New York, États-Unis
Nationalité : canadienne
Taille : 1,77 m
Poste : attaquant
Pied fort : droit
Club : LOSC Lille
Numéro de maillot : 9

Clubs précédents

Gent (2018-2020) : 83 matches, 37 buts
LOSC Lille (2020 - aujourd'hui) : plus de 100 buts marqués

Équipe nationale : Canada

Sélections : 59
Buts : 31

Palmarès

🏆 Champion de France avec Lille (2020/21)
🏆 Vainqueur du Trophée des Champions (2021)

Style de jeu

⚽ Attaquant polyvalent, capable de jouer en pointe ou en soutien
⚽ Excellente finition et sang-froid devant le but
⚽ Très mobile et bon dans les appels en profondeur

Est-ce que tu te verrais remporter cette Ligue des champions cette année ?

Ah, il faut y croire, on sait qu'on n'est pas favoris et de loin. Après, je ne pense pas non plus qu'on a la mentalité de se dire qu'on va la remporter, c'est la Ligue des champions, je pense qu'on ne se met pas de pression.

On aborde chaque match avec l'envie et la conviction qu'on peut le gagner et qu'on veut le gagner. Et après, je le dis souvent, le plus important, c'est de mettre les ingrédients.

Après le football, c'est le football, il y a plein de choses qui peuvent se passer et, le plus important, c'est de ne pas avoir de regrets après ces matches.

Je voulais revenir sur ton fameux surnom. Est-ce que tu peux nous expliquer quel est ce surnom et d'où il vient ?

C'est Iceman (Homme de glace) et ça date de mes premières années avec l'équipe nationale du Canada. C'était mon coach à l'époque, John Herdman, qui m'avait donné ce surnom parce que j'étais quelqu'un d'assez calme, mais aussi très froid devant le but.

Et après, ça fait du sens parce que le Canada est un peu froid, et depuis, ça a collé. (...) Je suis quelqu'un qui est assez calme sur le terrain, malgré les situations de match qui peuvent être un peu chaudes.

D'où vient ce côté, justement, calme, serein ?

Moi, j'ai toujours été comme ça depuis que je suis jeune, j'ai toujours été assez calme. Je pense que ça tient un peu de mon père, qui est aussi très calme. Oui, franchement, c'est depuis l'enfance que j'ai grandi comme ça, assez calme et du coup, ça me suit.

Tu es le même sur le terrain et dans la vie ?

Ça dépend à qui tu demandes. C'est sûr que je dois être un peu plus ouvert avec d'autres. Ça dépend de la relation qu'on a entre nous. Après, je reste quand même assez calme, tranquille.

J'ai lu une interview sur Radio Canada de ton agent, Nick, qui est très proche de toi, et qui te trouve trop humble parfois. Qu'est-ce que tu peux lui répondre à ça ?

Peut-être qu'il a raison parce que dans le foot, c'est une bonne chose, mais ça peut aussi être une mauvaise chose. Je pense aussi que je suis un attaquant. C'est une position un peu égoïste qui est favorisée par cette assurance, mais aussi par cet égo qu'il faut avoir pour jouer à ce poste.

Alors je pense que c'est plus de ce côté-là qu'il veut dire que je suis trop humble. C'est sûr que c'est un truc qui peut être travaillé, qui peut être amélioré, mais après, je reste celui que je suis.

Ton coach, Bruno Genesio, dans l'interview, dit « je n'ai jamais vu un attaquant qui jouait autant pour les autres, qui faisait autant de courses »...

Ouais, franchement, il n'y a pas trop d'explications. Je pense que c'est dû aux différents postes que j'ai occupés dans ma carrière, même avant d'être professionnel, que je n'ai pas toujours joué comme avant-centre.

Alors ça m'a aidé aussi à avoir beaucoup plus de volume que, peut-être, un attaquant d'aujourd'hui peut avoir. J'ai dû faire beaucoup de courses, beaucoup participer au jeu aussi et pas seulement être à la finition.

Alors je pense que c'est quelque chose qui me suit depuis tout jeune.

Qu'aurait dit le jeune Jonathan David, qui venait d'arriver à Lille si on lui avait dit qu'il marquerait 100 buts avec ce club ?

Ah, j'aurais dit non, parce que pour avoir 100 buts, il faut y aller pour les atteindre ! Et oui, surtout que là, à cette époque-là, je n'avais pas encore marqué, tout au plus un ou deux buts. Alors c'est sûr que si vous m'aviez posé la question à l'époque, j'aurais dit non.

Dans ces 100 buts, il y a des buts en Ligue des champions, des buts de cette saison contre les plus grands clubs européens. Ça claque non ?

Tout à fait. Je pense que quand tu es dans le moment, dans le football, c'est presque comme un autre but, parce que ça va vite, tu n'as pas le temps de te refroidir. Je marque contre le Real, l'Atlético de Madrid, Liverpool, la Juve, des grands clubs comme ça. Mais il faut que je pense au prochain match dans trois jours.

Mais c'est sûr que si je prends un peu plus de temps et que je réfléchis, franchement, c'est quelque chose d’extraordinaire. Parce que quand j'étais enfant, c'est pour et contre ces clubs-là que je rêvais de jouer, de marquer contre eux, et de faire un match comme ça, c'est extraordinaire.

Ce but contre Liverpool, parmi ces quatre grands clubs que tu viens de citer, à 10 contre 11. Je pense que tu en as encore des frissons...

Non, je n’ai pas de frissons, mais c’était un bon moment, surtout que notre public était juste derrière, il y avait beaucoup de personnes. Et comme vous avez dit, c’était un match où on était à 10 contre 11, où le match semblait déjà perdu, et qu’on arrive à remettre un but, bien sûr, c’était un moment où ça faisait beaucoup de bien.

Il y a un autre moment fort, c'est le but contre Feyenoord. Tu entres, tu marques. Et après, tu te diriges vers ton coach. Tu peux nous raconter un peu les circonstances...

Non, c'est... Je pense que... Il n'y a pas trop d'explications, je pense. C'est vraiment sur le moment que c'est arrivé comme ça. Je pense que ça montre aussi combien notre équipe est soudée, qu'on est tous ensemble. Et c'est seulement comme ça qu'on peut accomplir de belles choses.

Est-ce que tu dirais que tu as une célébration particulière ou c'est au feeling ?

C'est au feeling et parfois c'est réfléchi. Plus ou moins au feeling. Mais ouais, je pense que j'aimerais bien préparer une célébration à moi, qui pourrait être la célébration à Jonathan David. Mais après, c'est dur de penser à une célébration.

Alors on a parlé de ton humilité. J'allais dire presque un peu de timidité. Peut-on dire que tu es timide ?

J'étais timide quand j'étais plus jeune. J'étais un peu plus timide. Je pense que m'ouvrir un peu au monde du football, être un peu plus exposé au public, de rencontrer des gens dans la rue et après avoir des conversations, je pense ça m'a un peu ouvert l'esprit. Maintenant, je pense que cette timidité est partie.

Alors justement, quand on force un petit peu, parfois, sa nature, tu as été parfois capitaine de l'équipe. Comment on fait ? Qui est Jonathan David capitaine ?

Le même ! Parce que je pense que pour être capitaine, il faut faire déjà quelque chose de bien et que le groupe te respecte. Et il ne faut pas changer qui tu es quand tu es capitaine ou quand tu n’es pas capitaine.

Tu fais déjà quelque chose de bien pour être capitaine et il faut continuer à le faire. Après, bien sûr, il y a des joueurs qui ont plus d’expérience dans l’équipe, qui ont beaucoup plus de matches aussi en pro. Tu essaies juste de prendre exemple sur eux, tu essais d'apprendre des autres et d'ajouter un peu ton grain de sel à toi.

C'est quoi, un compétiteur ? Tu as l'air tout gentil, tout calme mais tu nous claques cent buts. Qu'est-ce qui se passe à l'intérieur ?

J'ai juste l'envie de gagner, l'envie de marquer, parce que pour moi, le meilleur sentiment que tu peux ressentir, à part gagner un trophée ou un truc comme ça, c'est de marquer un but dans un match. C'est ça qui me fait vivre et c'est ça qui me rend le plus heureux sur le terrain.