Analyse, Champions League, les buts de la phase de ligue

La première phase de ligue de l'UEFA Champions League a établi un record avec une moyenne de 3,26 buts par match, soit un total de 470 buts marqués en 144 matches.

Le FC Barcelona a été l'équipe la plus prolifique, tandis que l'Inter a affiché la meilleure défense. Le score le plus fréquent a été 1-0. On a assisté à des remontées spectaculaires, comme lors de la Journée 7, où le FC Barcelona et le Paris Saint-Germain ont surmonté un retard de deux buts pour battre respectivement Benfica et Manchester City. Cependant, l'équipe qui ouvrait le score a remporté 75 % des matches, contre 66 % la saison précédente sur l'ensemble de la compétition.

Alors que la première partie de la saison 2024/25 est terminée, l'unité d'analyse de l'UEFA s'est penchée plus en détails sur les tendances en matière de buts dans la phase de ligue, en commençant par les moments où ils ont été inscrits.

L'analyse des périodes de buts montre que le moment le plus prolifique se situe entre la 76^e et la 90^e minute, lorsque la fatigue physique et mentale ouvre plus d'espaces aux attaquants. 87 buts ont été inscrits dans cette tranche et, si l'on y ajoute les 21 buts marqués dans le temps additionnel de la seconde période, cela représente 23 % des buts marqués après la 75^e minute.

Concernant la manière dont les buts ont été inscrits, 76 % l'ont été dans le jeu ouvert. Hors penalties, les buts sur coups de pied arrêtés représentent 16 %, dont 11 % sur corner (en baisse par rapport aux 13 % de la saison précédente).

Le graphique carte ci-dessus illustre la localisation des buts, confirmant que la grande majorité (88 %) ont été marqués à l'intérieur de la surface de réparation, en ligne avec la tendance croissante à frapper moins souvent depuis l'extérieur de la surface.

Autre donnée clé pour les entraîneurs : avec des espaces de plus en plus restreints dans le football d’élite, 53 % des buts ont été marqués après un seul contact. Plusieurs exemples en provenance de la Journée 7 figurent dans la vidéo ci-dessus. Les clubs les plus efficaces dans ce domaine sont le Bayer Leverkusen, le Paris Saint-Germain et l'Atlético de Madrid. Comme l’explique l'observateur de l'UEFA Roy Hodgson ci-dessous, il s'agit d'une « compétence cruciale » que les joueurs doivent travailler à l'entraînement.

Les analystes ont également étudié la pression exercée sur les buteurs au moment de leur frappe. Un aspect essentiel à prendre en compte dans la formation des joueurs, comme l’explique Hodgson.

Un tiers des buts (33 %) ont été marqués sous forte pression, c'est-à-dire avec un adversaire situé à moins de 1,5 m du tireur. 36 % l'ont été sous pression moyenne (rayon de 3 m) et 31 % sous faible pression (4 m ou plus). La pression pourrait encore s’intensifier lors de la phase à élimination directe, où le niveau de compétition sera encore plus élevé.

Un autre enseignement de cette étude est l'augmentation de 6 % du nombre de buts inscrits à la suite d’actions débutant dans le propre camp de l’équipe attaquante, comme le montre le graphique ci-dessus retraçant le point de départ des buts.

Cela peut être attribué à une meilleure exploitation des espaces laissés par des défenses hautes, à l’image du but de Jhon Durán pour Aston Villa contre le Bayern, visible dans la vidéo ci-dessus.

L'équipe la plus prolifique de la phase de ligue a été le FC Barcelona, qui a nettement dépassé ses Expected Goals (xG). Le graphique ci-dessus montre que les équipes situées dans le quadrant supérieur droit ont affiché les xG les plus élevés et les xG contre les plus faibles. Dans le cas du FC Barcelona, son xG de 15,27 s'est traduit par 28 buts inscrits. En défense, l'Inter a réussi à n'encaisser qu’un seul but malgré un xG contre de 7,82.

Le FC Barcelona doit en grande partie cette surperformance à l’efficacité de Raphinha, qui a inscrit huit buts alors que son xG individuel n’était que de 2,8, comme l’illustre le graphique ci-dessus des XG par joueur.

Son superbe but décisif face à Benfica lors de la Journée 7 est le premier montré dans la vidéo ci-dessus, qui se conclut avec un but de Julián Álvarez de l'Atlético, un autre joueur ayant nettement dépassé son xG (six buts pour un xG de 2,3).

Le FC Barcelona figure aussi parmi les trois meilleures équipes en termes d’efficacité sur coups de pied arrêtés avec six buts inscrits, bien au-dessus de la moyenne de deux par équipe. Toutefois, c'est le PSV Eindhoven qui domine cette catégorie avec sept buts, soit 44 % de son total. Le club néerlandais s'est notamment appuyé sur la menace aérienne de Luuk de Jong, auteur de deux têtes sur le terrain de Crvena Zvezda lors de la Journée 7. La vidéo ci-dessous montre différents buts inscrits sur corner, notamment celui de Johan Bakayoko.

En ce qui concerne les buts encaissés sur coups de pied arrêtés, Crvena Zvezda et le Sparta Praha en ont concédé le plus (sept chacun), tandis qu'à l'autre extrémité du classement, huit équipes n'en ont encaissé aucun, dont les deux premières du classement de la phase de ligue, Liverpool et le FC Barcelona.

Enfin, l’étude s’est penchée sur l’importance des centres. 27 % des buts de la phase de ligue proviennent de centres. Parmi eux, plus de la moitié (53 %) ont été délivrés depuis l'intérieur de la surface, comme l'illustre la carte ci-dessus indiquant la position des passeurs décisifs. Cela confirme une tendance bien ancrée dans le football d’élite : les centres et remises en retrait depuis l’intérieur de la surface. Pour marquer sur ces centres, les équipes ont généralement quatre joueurs dans la surface, illustrant la nécessité pour les milieux de terrain d'accompagner les attaques, comme l’a fait Frenkie de Jong dans la vidéo ci-dessous, ainsi que l’ailier opposé, à l’image d’Ademola Lookman avec l'Atalanta dans le premier extrait.

ROY HODGSON SUR L’ART DE MARQUER

Comment les entraîneurs peuvent-ils tirer des enseignements des tendances observées en matière de buts en UEFA Champions League ? L’observateur de l’UEFA Roy Hodgson partage ici ses réflexions.

Finition en une touche

Les attaquants doivent développer leur capacité à anticiper et à juger où le ballon est susceptible d’arriver, en se positionnant en conséquence et en se préparant aussi bien physiquement que mentalement. S’ils tentent de contrôler le ballon trop longtemps, les défenseurs auront l’opportunité d’intervenir.

À haut niveau, cette compétence est essentielle. Les entraîneurs doivent insister sur l’importance de l’entraînement à la finition en une touche, en veillant à ce que les joueurs puissent conclure avec assurance, quelle que soit la partie du corps utilisée.

Marquer dans une surface encombrée

Avec une surface de réparation de plus en plus congestionnée et des défenseurs de plus en plus efficaces pour bloquer les tirs, trouver une ouverture devient un véritable défi. Trop de joueurs adverses peuvent rendre difficile le fait d’avoir une trajectoire de tir dégagée.

L’une des manières les plus efficaces de marquer dans ces situations est d’utiliser des centres en retrait ou des passes rasantes depuis l’intérieur de la surface. Ces types de buts sont courants, car lorsque les défenseurs reculent pour bloquer les centres classiques, des espaces se créent pour un centre en retrait bien placé. Une finition en une touche dans ce type de situation offre aux attaquants une excellente chance de marquer avant que les défenseurs ne puissent réagir.

Pour en tirer parti, les attaquants doivent bien se positionner, se placer derrière la défense et effectuer des déplacements tranchants face aux défenseurs. Recevoir un ballon dans une zone encombrée nécessite un déplacement intelligent, permettant à l’attaquant de gagner ce mètre d’avance crucial. Lorsqu’il est bien exécuté, ce type de mouvement peut poser de sérieux problèmes à l’équipe adverse.

L’art du déplacement

Les meilleurs buteurs excellent dans l’art du déplacement et de la feinte pour tromper les défenseurs. Une technique classique consiste à simuler une course vers le premier poteau avant de reculer discrètement dans un espace libre – une stratégie parfois décrite comme « un pour toi, un pour moi ». Ce mouvement subtil mais efficace permet de créer une séparation avec les défenseurs, offrant ainsi une opportunité idéale pour une frappe propre vers le but.

Le jeu de tête et le placement

Pour marquer de la tête, les attaquants doivent savoir créer de l’espace en déstabilisant subtilement les défenseurs afin de gagner quelques centimètres cruciaux. Le déplacement est primordial : rester statique facilite le travail des défenseurs. Une brève séparation, en faisant pivoter un défenseur ou en le prenant à contre-pied pendant une fraction de seconde, peut faire toute la différence entre un but et une occasion manquée.

Finition rapide dans la surface

Les attaquants doivent prendre l’habitude de frapper tôt dans la surface et d’éviter l’hésitation. Dans des espaces réduits, tenter un tir à travers une forêt de jambes peut être la seule solution pour marquer. La prise de décision et la confiance en soi pour saisir ces opportunités peuvent souvent influencer le résultat d’un match.

S’entraîner à la finition sous pression

Intégrer des exercices de finition sous pression dans les entraînements, notamment au sein de « phases de jeu », est essentiel. Les joueurs doivent affiner leur technique et apprendre à évaluer rapidement la position du gardien. Cependant, pour maximiser l’efficacité de ces exercices, il est crucial d’inclure des défenseurs. Leur rôle ne doit pas toujours être de récupérer le ballon, mais plutôt d’exercer une pression psychologique, permettant aux attaquants d’être placés dans une situation de match réaliste.

Les exercices simulant des réceptions de balles derrière la défense, en particulier sur des centres, doivent inclure une opposition structurée. L’objectif n’est pas d’accabler les attaquants, mais de positionner les défenseurs de manière réaliste tout en permettant aux attaquants d’explorer différentes courses et solutions. Face à une défense en place, marquer en une seule touche n’est pas toujours possible, ce qui souligne l’importance de l’adaptabilité et du sang-froid devant le but.

Je recommande d’utiliser ces observations pour concevoir des exercices réalistes. L’essentiel est de s’assurer que les joueurs s’entraînent dans des conditions proches de celles rencontrées en match.