Champions League officielle Scores & Fantasy foot en direct
Obtenir
UEFA.com fonctionne mieux avec d'autres navigateurs
Pour profiter au mieux du site, nous recommandons d'utiliser Chrome, Firefox ou Microsoft Edge.

Interview, Marco Bizot (Brest) : « Tous les matches sont des bonus »

Alors qu'il se prépare à affronter le FC Barcelona, le gardien de Brest Marco Bizot se confie à UEFA.com sur le miracle brestois.


Le gardien néerlandais de Brest Marco Bizot revient revient sur son parcours, depuis une formation exigeante à l’Ajax Amsterdam jusqu’à sa signature au Stade Brestois, où il a trouvé un projet ambitieux et une mentalité qui lui ressemble.

Il explique l’importance de ses choix de carrière, notamment l’équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle, et le soutien de sa famille. Enfin, il exprime sa fierté de contribuer à l’histoire de Brest, notamment en Ligue des champions, tout en soulignant son attachement à la communauté locale.

Revenons au tout début, à l’Académie des Jeunes de l’Ajax [FC]. Quelles étaient les attentes là-bas et quel genre de pression avez-vous ressenti ?

C’est une bonne question pour commencer, car cela remonte à loin. Disons que les attentes et la pression sur un jeune garçon qui rejoint « le grand club, de la grande ville » sont très élevées.

Vous ne savez pas à quoi vous attendre, vous ne savez pas comment les choses vont se passer. C’est, bien sûr, un rêve qui devient réalité. En dehors de cela, vous êtes au début d’une aventure complètement inconnue. Ce qui m’a le plus marqué durant tout mon temps chez les jeunes de l’Ajax, c’est que la discipline était presque l’élément le plus important à l’ordre du jour. Et c’est une très bonne chose.

Qui est Marco Bizot ?

Né le 10 mars 1991 à Hoorn, Marco Bizot est un gardien de but néerlandais de 1,94 m.

Formé à l’Ajax Amsterdam, il passe par plusieurs clubs dont SC Cambuur, FC Groningen et KRC Genk avant de s’imposer à l’AZ Alkmaar (2017-2021). Il y établit un record d’invincibilité (17 matches) en une saison.

En 2021, il rejoint le Stade Brestois en Ligue 1, contribuant au maintien et à la qualification historique en Ligue des champions en 2023/24.

International néerlandais, il compte une sélection avec les Oranje, obtenue en 2018 lors d’un match amical contre le Portugal.

À l’époque, vous viviez à Hoorn, ce qui signifiait faire beaucoup d’allers-retours plusieurs fois par semaine.

Oui, c’est vrai, il y avait beaucoup de trajets entre chez moi et le club. J’ai manqué beaucoup de cours et j’ai passé énormément de temps au club. Cela concernait à la fois les entraînements et toutes les autres activités liées au football, mais aussi mon travail scolaire et mes devoirs. En gros, tout ce qui n’était pas lié au football. Donc oui, j’ai vraiment passé beaucoup de temps là-bas.

Un club comme l’Ajax est incroyablement attractif, bien sûr. Des jeunes de partout veulent y jouer, mais à un moment donné, j’imagine que vous avez dû vous dire : « Je suis l’un des meilleurs joueurs ici. » Quand cela s’est-il produit ?

Eh bien, peut-être qu’on pourrait s’y attendre, mais honnêtement, je n’ai jamais pensé que j’étais l’un des meilleurs joueurs. J’étais simplement heureux d’avoir la chance de jouer là-bas.

Il y avait tellement de gars autour de moi et au-dessus de moi que je trouvais bien meilleurs que moi, incroyablement talentueux . Cela me faisait me demander pourquoi j’étais là.

Mais, vous savez, les choses ont continué à aller dans mon sens et, petit à petit, j’ai progressé jusqu’à signer mon premier contrat. J’ai suivi toute la formation de l’Ajax.

Comment avez-vous géré tout cela ? Y avait-il une pression venant de votre entourage, de vos parents ?

Oui, il y a une pression de tous les côtés. Il y a une pression à la maison, qu’elle soit exprimée ou non, vous la ressentez, vous en êtes conscient. Il y a aussi une pression extérieure.

Vous êtes un jeune qui se retrouve soudainement dans une position spéciale, parce que vous jouez dans une académie de jeunes professionnels. Cela entraîne une pression, car d’une certaine manière, tout d’un coup, vous êtes devenu quelqu’un que vous n’étiez pas. Personne ne vous explique comment gérer cela. Personne ne vous dit : « Voici comment cela va se passer, voici ce que tu dois faire et dire, voici comment tu vas te comporter. » C’est un processus que vous devez vivre par vous-même.

En dehors de cela, il y a une pression venant du club. C’est le plus grand club des Pays-Bas et donc, chaque match doit être gagné. C’est vraiment bizarre pour un garçon de… huit ou neuf ans, je pense que j’avais cet âge quand j’ai commencé à l’Académie des Jeunes de l’Ajax et, à la fin, j’avais dix-neuf ou vingt ans quand j’ai quitté le club.

Puis ce fut Cambuur, Groningue, Genk, l'AZ (Alkmaar)…

…Et nous voilà ici.

Magnetti, un but pour l'Histoire

Pourquoi avez-vous choisi Brest ?

Tout d’abord, je ne suis pas vraiment du genre à penser que je dois jouer dans un certain club ou à un certain niveau. Je ne me dis pas que je dois jouer à la Juventus ou ailleurs à tout prix. Ce n’est pas comme cela que je vois les choses. Je considère toutes les options et je suis quelqu’un qui saisit chaque opportunité qui se présente à moi ou qu’on me propose.

J’ai aussi appris dans la vie qu’il n’y a peut-être pas tant d’opportunités qui se présentent ou que ce n’est pas toujours le conte de fées auquel vous aviez rêvé. J’étais à l’AZ pendant quatre saisons. J’ai passé des moments fantastiques là-bas, mais il était temps de franchir une étape, de changer d’air et de commencer une nouvelle aventure.

Brest vous a observé pendant longtemps avant de vous engager...

Ils ont suivi les développements et ensuite le marché des transferts a ouvert en été. J’avais exprimé à l'AZ que je voulais partir à la fin de la saison, au final, tout cela s’est fait d’un commun accord.

D’autres clubs étaient également intéressés, mais les discussions ont échoué, soit à cause de questions financières, de problèmes de communication ou d’autres raisons. Brest a toujours été le club qui s’est montré le plus déterminé. Je voulais jouer dans une nouvelle compétition, évoluer au plus haut niveau en France, ou au moins, jouer en Ligue 1 française. Signer ce contrat était donc un choix facile pour commencer une nouvelle aventure.

En même temps, il y avait l'équipe des Pays-Bas, vous faisiez partie du groupe...

Pendant toute cette période, sur deux ans et demi, voire trois ans, avant mon transfert à Brest, j’ai fait partie de l’équipe nationale néerlandaise, c’est vrai.

Vous arrivez à Brest, mais ce club se bat pour éviter la relégation.

Absolument.

Laissez-moi vous reposer la question, pourquoi Brest ?

Oui, je comprends. Tout d’abord, comme je l’ai dit auparavant, imaginez qu’on vous donne l’opportunité de jouer dans une ligue majeure, en Ligue 1, et de changer de vie, de commencer une nouvelle aventure et de vivre de nouvelles expériences.

C’est la première raison pour laquelle j’ai fait ce choix. Ensuite, Brest me voulait. Dans mes discussions avec le club et avec leur directeur technique, il est apparu clairement qu’il voulait que Brest devienne un club stable et régulier du milieu de tableau en France, qui ne fait plus l’ascenseur entre la Ligue 1 et la Ligue 2. J'ai donc dit : « Si c’est ce que vous voulez, je vais vous aider et je ferai en sorte que votre club devienne une équipe stable du milieu de tableau ».

Quand il y a ce genre de confiance entre des personnes, sans vraiment se connaître, sans savoir ce qu’il se passe, c’est assez spécial et c’est aussi spécial de faire partie d’un tel projet.

En deux minutes, Sparta Praha 1-2 Brest

Comment votre compagne a-t-elle accepté cela ? Vous avez vécu cette aventure tous les deux ?

Oui, tous les trois même. Notre bébé était né à ce moment-là. Mais oui, vous avez raison. En raison de certaines circonstances, à la fois professionnelles et privées, il était vraiment temps pour nous de quitter les Pays-Bas.

Le moment était venu de nous donner une nouvelle chance, une nouvelle opportunité, et d’aller de l’avant, de grandir, de vivre, de nous épanouir, et de retrouver des ondes positives. C’est pourquoi nous avons pris la décision mûrement réfléchie d’aller vivre à l’étranger, que ce soit en France ou dans un autre pays. Cela n’aurait probablement pas beaucoup compté pour nous, nous aurions saisi n’importe quelle opportunité.

Décrivez-moi les qualités que vous trouvez ici à Brest. Comment sont les habitants ? Quel genre de ville est-ce ?

Eh bien, ce qui nous a attirés et aussi surpris, c’est que la mentalité des gens ici ressemble beaucoup à celle que je connais de chez moi, en Hollande-Septentrionale. Les gens sont vraiment terre-à-terre et extrêmement sympathiques. Ce sont des personnes qui veulent et doivent travailler dur pour subvenir à leurs besoins et assurer leur subsistance.

Cela nous a beaucoup surpris de constater qu’il y avait une telle similitude en termes de personnalité et de mentalité. Cela nous a permis de nous connecter très facilement avec les gens, le club, et la ville.

Beaucoup d’événements historiques se sont déroulés dans cette ville, il y a très longtemps. On le ressent vraiment dans les habitants ici, et je pense que c’est assez différent des autres régions de France.

Je ressens vraiment que cela nous correspond très bien, d’une manière très spéciale.

Quelle qualités trouvez-vous à Brest répondant à ce besoin ?

Eh bien, c’est assez difficile d'expliquer ce que l’on ressent, car il faut vivre et travailler ici pour vraiment en faire l’expérience. Mais nous avons déjà traversé tout cela, car c’est notre quatrième année ici maintenant.

D’une part, on est restreint, car les options de transport sont très limitées. Vous ne pouvez pas simplement dire : « Partons quelques jours. » Quand vous vivez à Utrecht, ou aux Pays-Bas, il vous faut une heure pour traverser le pays. Ou si vous êtes en Allemagne ou en Belgique, ou ailleurs, vous pouvez faire tout ce que vous voulez. Mais ici, ce n’est pas le cas. Vos possibilités sont très limitées. C’est donc très difficile de s’y habituer.

D’un autre côté, cela vous rend très innovant et créatif. Vous devez vraiment tout faire par vous-même, et c’est ce qui crée de grandes opportunités, mais cela demande aussi beaucoup d'abnégations pour y parvenir.

Je pense que les gens ici le ressentent également, car beaucoup de personnes que nous rencontrons, que ce soit à l’école ou en faisant nos courses, nous racontent la même chose.

En deux minutes, FC Salzburg 0-4 Brest

Vous êtes arrivé ici en 2021. Ce club jouait le maintien. Mais la saison dernière, quelle réussite ! Comment cela s’est-il produit ?

Je pense que c’était la combinaison d’un groupe de joueurs avec une totale dévotion pour le club et une volonté de travailler très dur. L’équipe était prête à accepter beaucoup de choses et nous étions dans une dynamique fantastique. Chaque week-end, tout allait parfaitement.

Bien sûr, nous ne jouions pas toujours un excellent football et nous ne gagnions pas toujours 3-0 ou 4-0. Parfois, nous jouions vraiment mal, mais parfois, nous avions de la chance, surtout pendant la première moitié de la saison, les 25 premiers matches. Cela a abouti à une fin de saison la plus fantastique, historique, et incroyable jamais vécue ici à Brest.

Vous avez gardé votre cage inviolée lors de 13 matches la saison dernière…

Pour être honnête, je n’ai pas vraiment suivi les statistiques, mais oui, j’ai joué un rôle important dès le début. Nous étions convenus dès le départ que ce serait mon rôle. Je le savais à l’avance et, bien sûr, il faut encore être à la hauteur et prouver sa valeur. Il faut s’assurer que tout fonctionne sur le terrain.

Mais nous avons travaillé très dur pour y parvenir. Le fait que tout cela se soit terminé de manière si positive et historique… Quand on y repense, c’est toujours très difficile à croire, oui.

Oui, et cela signifie que vous jouez maintenant en Ligue des champions. Une réussite historique également.

Oui, c’est aussi un moment historique. Et c’est formidable de jouer pour un club qui n’avait jamais réalisé quelque chose de tel auparavant. Dans cent ans, les gens s’en souviendront encore. Que peut-on demander de plus ? Bien sûr, gagner une coupe ou devenir champion, c’est formidable, mais ça c'est bien plus qu'un trophée avec une grande équipe dont on sait que c’est attendu.

Derrière il y a ensuite ce que nous faisons en Ligue des champions. Nous l’avions espéré, bien sûr, et en avions rêvé. Mais que cela puisse réellement arriver…

Quatre matches et dix points. Vous êtes quatrième sur 36...

Oui. Je pense que ce serait plus logique pour plein d'autres clubs. Mais c’est la réalité, c’est ainsi. Nous travaillons et nous battons dur pour cela.

Mais qu’est-ce qui a changé ? Parce que vous traversez une période difficile en championnat français cette saison, alors que vous jouez extrêmement bien en Ligue des champions. Cet été, il y a eu beaucoup d’arrivées et de départs de joueurs. Qu’en pensez-vous ?

Quand on regarde les matches que nous avons joués en Ligue des champions et en championnat français, il y a eu pas mal de changements également. Cela a un impact sur la façon de jouer, sur l’ambiance, sur tout le concept de collectif. Ce serait formidable si cela ne se produisait pas, mais nous ne sommes pas le Paris Saint-Germain, nous ne sommes pas Manchester City. Nous sommes Brest et nous devons faire avec les joueurs et les moyens que nous avons. Les choses changent beaucoup, parfois pour le mieux.

Mais oui, cela a parfois un prix, et c’est pourquoi nous traversons une période difficile en championnat. Mais d’une manière ou d’une autre, quand nous entendons l’hymne de la Ligue des champions jouer un mardi ou un mercredi soir, c’est comme si nous tournions la page et que tout devenait fantastique. Nous jouons comme nous l’avons fait ces derniers mois. Et tout fonctionne, oui.

Et au niveau personnel ? Parce que vous avez joué un rôle important la saison dernière, mais vous êtes également très performant en Ligue des champions. Comment le vivez-vous ?

Eh bien, j’ai pas mal d’expérience et j’ai joué beaucoup de matches ici, là-bas, et un peu partout. Pour moi, c’est la cerise sur le gâteau. J’ai déjà joué les tours de qualification de la Ligue des champions avec l’AZ, ce qui était bien sûr génial, mais là, c’est différent. Le fait que nous soyons ici maintenant, avec toutes ces personnes de l’UEFA autour de nous. Vous réalisez que cela a une énorme envergure internationale.

Toute l’attention que vous recevez. Surtout pour un petit club comme Brest, c’est absolument fantastique. Réussir tout cela est incroyable. Pour moi aussi. C'est clair.

Comment préparez-vous ces matches ?

En gros, tous ces matches sont des bonus. Peu importe contre qui nous jouons, cela vous apporte toujours une grande satisfaction. Ce sentiment que vous ressentez. C’est tellement fantastique de vivre cela, car vous savez aussi que lors d’une autre saison ou à une autre étape, cela pourrait ne jamais se reproduire.

C’est tellement précieux, et, vous savez, nous ne pouvons que savourer cela, faire de notre mieux et tout donner. C’est ce qui est génial, que nous puissions l’aborder de cette façon.

La Ligue des Champions, cela signifie aussi affronter des adversaires prestigieux dans de plus grands stades, comme ce sera le cas avec le FC Barcelona. Comment gérez-vous cela ?

Je pense que nous l’attendons tous avec beaucoup d’impatience. Certains des gars se fichent de savoir s’ils jouent devant 10 000 personnes ou 60 000, mais vous ne savez pas combien de fois vous aurez cette opportunité dans votre carrière, de jouer des matches comme celui-ci, à ce niveau, contre des adversaires de ce calibre. J’espère que cela arrivera plus souvent pour certains des gars de notre équipe. Peut-être pas contre des équipes espagnoles, mais qui sait, ils pourraient aller jouer en Angleterre.

Mais Brest face à des clubs comme ceux que nous affrontons maintenant, je pense que nous devrions tous réaliser que c’est quelque chose de vraiment unique. Nous devrions être très fiers d’avoir accompli cela ensemble.

Ce qui est également spécial ici à Brest, c’est que le club fait vraiment partie intégrante de la communauté de la ville. On entend les enfants d’école crier ici...

Je les entends, oui.

Pouvez-vous décrire la relation avec les fans et avec la ville ?

C’est une communauté très soudée, où tout le monde est impliqué dans ce club. Peu importe qui vous voyez dans les tribunes ici, jeunes, vieux, petites ou grandes entreprises ou gens ordinaires, tout le monde est investi dans ce club. Parfois, on entend dire qu’on veut être un club familial. Qu’on veut s’investir dans la ville. Ce sont des choses qu’on dit assez souvent, mais cela ne se matérialise pas toujours. Or c’est un peu comme ça ici. Il y a beaucoup de choses spéciales ici - j’en ai vécu quelques-unes moi-même récemment, de toutes petites choses. Il y a quelque temps, peut-être deux mois, le poissonnier est venu me voir et m’a dit : « Vous faites de la plongée, n’est-ce pas ? » J’ai répondu oui. Il m’a demandé si je voulais faire de la pêche au harpon ici, dans la ville ?

J’ai construit cette relation et ce lien avec les gens ici à Brest. C’est très spécial. Aborder un footballeur professionnel quelque part aux Pays-Bas et lui demander de sortir en mer sur un bateau et de pêcher au harpon ensemble, ce n’est pas nécessairement quelque chose qui se verrait. Ces gens nous ont aussi accueillis si bien que nous avons maintenant cette relation. Ce ne sont que de petites choses, mais il y a eu tellement d’autres moments qui se sont produits. De très petits moments qui me viennent soudainement à l’esprit maintenant.

Abdallah Sima ouvre le score pour Brest contre le FC Salzburg

Vous dites que ce sont de petites choses, mais elles ont eu un grand impact. Alors, cela vous fait-il penser que vous avez fait le bon choix ?

Oui, ce sont de petites choses, mais, au final, elles signifient que vous vivez beaucoup d’expériences, que vous nouez des contacts et des relations, ce qui, dans l’ensemble, rend cette aventure très spéciale ici.

Vous êtes aussi fan d’architecture et de design. Est-ce exact ?

Oui, bien sûr, c’est exact. Ce sont des passe-temps, des choses qui m’intéressent autant que le football. Des choses qui me permettent de me vider la tête après le football.

Parfois, lorsque nous sommes dans un avion pendant quelques heures pour un déplacement, et que je vois les gars à côté de moi regarder une série sur Netflix ou jouer à un jeu, ils me demandent ce que je fais. Et je suis là, sur mon iPad, à concevoir et aménager une maison, à dessiner des plans électriques, ce genre de choses. Et ils me disent : « Pourquoi tu fais ça ? »

Mais ce sont des choses qui font partie de la maturité et de l’entrée dans une nouvelle phase de ma vie. Quand on commence à vieillir et qu’on s’intéresse à autre chose qu’à jouer à la PlayStation. D’autres choses deviennent intéressantes. Ces activités me font du bien et me procurent de la joie. C’est comme ça, ces choses m’occupent et j’aime aussi les faire.

Vous parliez d’une maison, tout à l'heure, c'était la vôtre ?

Oui, exactement. Nous faisons tout nous-mêmes. Ce sont toutes des choses que nous réalisons nous-mêmes.

Vous avez beaucoup rénové pendant la période où vous jouiez à l’AZ.

Oui, en effet. Dessiner et concevoir m’intéressent beaucoup. Mais la partie exécution, la phase de construction, de rénovation ou de construction d’une maison, m’intéressent aussi énormément.

Ce sont des choses que je continuerai certainement à faire si un jour je décide d’arrêter le football et de passer à un plan B. Ce sont à 100 % des activités que j’aimerais poursuivre.

Et la plongée ?

Je n’ai pas encore vraiment plongé ici, honnêtement. L’occasion et le moment ne se sont pas encore présentés, mais cela arrivera à un moment donné. Il fait aussi un peu trop froid pour l’instant.

Mais oui, pendant les vacances, où que nous allions, je passe toujours une ou deux heures sous l’eau. J’aime être sous l’eau pendant quelques heures, cela rend les choses plus intéressantes.

C’est agréable de ressentir cette sensation. Il faut que cela vous corresponde, mais pour moi, c’est le cas.

J’ai aussi lu que vous aviez vécu quelques aventures, comme voyager au Sri Lanka et en Afrique du Sud. C’était avant d’avoir des enfants...

Oui, c’était avant les enfants. Quand on a des enfants, cela devient plus compliqué. Un vol pour les Pays-Bas, d’une heure ou une heure et demie, ça va, mais s’il faut prendre un vol plus long, c'est plus dur. Parfois, cela complique les choses, mais c’est juste une partie de la vie, cela ne nous empêche pas de vivre les choses qui nous apportent de la joie et que nous voulons partager avec les garçons. Définitivement tant que c’est encore possible. C’est formidable de pouvoir transmettre cela aux enfants.

Le système de parrainage, quand vous viviez aux Pays-Bas. Vous aviez un homme originaire d’Érythrée comme filleul. Vous l’avez invité à un match et il ne savait pas que vous étiez le gardien de but ?

Oui, c’est exact. J’ai déjà raconté cette histoire. À cette époque, ma femme travaillait avec des réfugiés à Amsterdam. C’était pendant la pandémie de COVID-19. Nous aimons partager et donner. Les opportunités qui nous ont été offertes dans la vie, nous voulons aussi les offrir à d’autres. Nous n'oublions pas d'où nous venons. Les intérêts de ma femme sont également orientés vers l’aide et le soutien aux personnes.

Nous nous sommes inscrits ensemble. Elle a alors aidé une famille iranienne. Et j’ai été associé à une personne originaire d’Érythrée. Il avait fui son pays et avait été placé seul à Amsterdam. Il n’avait rien là-bas, et il cherchait à entrer en contact avec des citoyens néerlandais qui pouvaient l'aider. Pour lui offrir des bases sûres et solides. Et j’ai essayé de faire cela. J’ai aussi passé un moment significatif avec lui. Jusqu’au moment où il m’a vu sur le terrain, je ne lui avais jamais dit ce que je faisais ou qui j’étais. Je ne pense pas que cela soit important, et je crois que nous sommes tous égaux. Peu importe d’où vous venez ou quel métier vous exercez.

La volée d'Edimilson Fernandes pour Brest chez le Sparta

Alors, que s’est-il passé quand il vous a vu sur le terrain ?

Eh bien, nous avions discuté depuis un moment et finalement, je lui ai demandé s’il aimerait voir un match à l’Arena (Johan Cruyff). À l’époque, je jouais à l’AZ et je savais que nous allions affronter l’Ajax.

En déplacement, on reçoit toujours quelques places et j’avais deux billets disponibles. Alors, je lui ai dit que j’allais lui organiser ça pour le week-end suivant. Je suis passé chez lui un peu avant pour lui donner les billets. Il a appris comment se rendre à l’Arena en métro et en train avec son vélo. Je ne lui ai rien dit d’autre, surtout pas que je serais là.

Je savais où il était assis, car je connaissais les billets qu’il avait. Nous avons joué ce match et nous avons gagné. Tout le monde était euphorique, heureux. Depuis le terrain, j’ai levé les yeux et je l’ai vu. Plus tard, quand je suis allé chez lui, je lui ai demandé comment il avait trouvé le match.

Je lui ai demandé si ça lui avait plu. Il m’a répondu que c’était génial d’être là, mais que nous avions perdu. J’ai répondu que ça arrivait parfois. L’Ajax perd des matches de temps en temps... Mais je ne lui ai jamais dit que j’étais sur le terrain avec l’AZ et que nous avions gagné ce match. Bien sûr, j’étais content que nous ayons gagné, mais lui pensait que son équipe avait perdu. Néanmoins, c’était une bonne expérience pour lui.

Avez-vous le temps de faire quelque chose de similaire ici ?

Bien sûr, nous y avons réfléchi ici aussi. Mais comme nous ne sommes pas d’ici et que nous sommes très occupés, ce serait difficile à organiser et à mettre en place.

Étant donné que nous ne sommes pas originaires d’ici, nous ne pourrions pas offrir à quelqu’un la même expérience qu’un Français pourrait lui offrir. Cela complique les choses, et en plus de cela, nous avons maintenant deux enfants. Ils demandent beaucoup de temps et d’attention, et donc cela n’a pas encore été possible. Mais c’est quelque chose qui nous tient à cœur et qui nous intéresse beaucoup, nous cherchons toujours à faire ce genre de choses, et cela ne changera jamais.