Benzema : "Les émotions ne sont pas les mêmes"
mardi 25 février 2020
Résumé de l'article
Pièce essentielle du Real Madrid, l'attaquant français Karim Benzema (32 ans) s'est confié en exclusivité à UEFA.com. À l'aube de son 100e match d'UEFA Champions League – une compétition très spéciale pour lui – mercredi contre Manchester City (21 heures).
Contenu médias de l'article
Corps de l'article
UEFA.com : quelle est votre opinion sur Manchester City, qui se présente devant vous en 8es ?
Karim Benzema : Ce que je peux dire de City, c’est que c’est une bonne équipe, qui a un très bon entraîneur (Pep Guardiola). Une équipe qui joue au ballon, qui n’a pas peur de faire beaucoup, beaucoup de passes. Ça va être un match équilibré.
Vous aurez un plan spécial ?
Non, nous, notre plan c’est de gagner, chaque fois, c’est de gagner. On pense à notre équipe. Bien sûr que l'on regarde ce que fait l’équipe adverse. Mais après, on se concentre sur nous.
Cela fait presque onze ans que vous êtes à Madrid. Pensez-vous avoir acquis un statut de leader, d’exemple aussi pour les jeunes ?
Devenir leader, ça se fait automatiquement. Aujourd’hui, je suis le troisième capitaine à Madrid. C’est vrai que j’ai un passé ici, chaque année je me bats pour jouer, pour être titulaire et pour apporter à mon équipe. Comme je le dis à chaque fois, sur un terrain, j’aide mes coéquipiers quand on est dans des moments où ça ne va pas trop, pour transmettre de la motivation. Je le fais et je suis content.
Les jeunes viennent vous voir facilement, ou sont-ils un peu impressionnés ?
Non, ils ne sont pas trop comme ça. Mais sur le terrain, c’est sûr qu’ils sont à l’écoute.
Que vous évoque votre longévité au Real ?
Déjà, je suis content, je suis fier de mon parcours. Comme je le dis souvent, il y a eu des moments difficiles mais cela fait partie d’une carrière. Je repense au tout début, en 2009. Puis jusqu’à aujourd’hui, tous les matchs que j’ai pu faire pour ce club, cette équipe qui est pour moi la meilleure du monde, et évolue dans un stade fabuleux.
Comment avez-vous réussi à surmonter ces moments difficiles, et à gérer les critiques ?
De toute façon, dans une carrière, il y a toujours des hauts et des bas. Il y a toujours des critiques. Mais je dis toujours que lorsque l'on te critique, c’est que l’on attend plus de toi, c’est que tu peux faire plus, donner plus. Donc ça m’a permis de ne rien lâcher mentalement, même si je l’avais déjà, le mental. C’est important dans cette équipe-là. Les critiques font partie du foot, c’est comme ça. Moi, ça me motive encore plus.
Y a-t-il eu des périodes où vous vous êtes senti sous-estimé ?
Non, je ne vois pas le foot comme ça. Je sais quand j’ai bien joué, et je sais quand je n’ai pas bien joué. Je n’ai pas besoin, comme je le dis à chaque fois, de lire ce qu'il se dit. Après, il y a aussi ma famille, qui est comme tout supporter. Mon temps d’adaptation, quand je suis passé de Lyon à Madrid, a été un peu compliqué car je ne parlais pas très bien la langue. J’étais tout seul.
Cette saison donne l’impression que vous atteignez un nouveau sommet dans votre carrière. Vous êtes comme le bon vin ?
En tout cas, je travaille pour. Et physiquement je me sens super bien, en forme, je suis souvent à la salle. Et sur le terrain, je prends beaucoup, beaucoup de plaisir. C’est vrai que ces dernières années je marque pas mal de buts, je donne pas mal de passes décisives. J’aide mon équipe en fait, c’est ce que j’aime dans le foot : donner ce que je sais faire sur un terrain pour faire gagner mon équipe.
Pensez-vous être au meilleur niveau de votre carrière cette saison ?
Tu ne peux pas toujours savoir si tu es au meilleur moment, au plus haut niveau de ta carrière, parce que tu recherches à chaque fois la perfection. Moi, en tout cas, c’est ce que je recherche dans mon jeu. C’est clair que j’ai atteint un très, très haut niveau. J’ai envie d’aller chercher encore plus haut parce que j’ai les possibilités pour y parvenir.
Justement, comment faites-vous pour toujours aller chercher ce petit truc en plus ?
Je dirais que c’est le travail invisible, c’est grâce à tout ce qu'il se passe en dehors du terrain. Que ce soit le repos, le travail, bien manger... Parce qu’après, sur le terrain, chacun a ses qualités et son talent. Tout le monde travaille différemment, mais en dehors du terrain, tu peux encore travailler d'autres choses.
Peut-être le savez-vous déjà, mais votre match aller des 8es de finale contre Manchester City sera votre 100e match de Ligue des champions avec le Real Madrid…
C’est une grande fierté, surtout en Ligue des champions, qui est quelque chose de différent. Ce n’est pas pareil que la Liga ou d'autres compétitions. Je pense que tout ce qu'il se passe autour est un peu plus fou, il y a un peu plus de pression. Et pour atteindre ce 100e match, j’espère que je serai là, opérationnel. Je vais en profiter.
Que représente cette compétition pour vous ?
Elle représente beaucoup, beaucoup de choses. Comme je viens de le dire, c’est quelque chose de différent, les émotions ne sont pas les mêmes. Ça vient automatiquement en fait. Ce n’est pas que l’on ne donne pas assez dans les autres compétitions, mais en Champions League, je ne sais pas... il y a quelque chose d’autre.
Vous rappelez-vous de vos débuts dans la compétition ?
Je me rappelle de mon premier match contre Rosenborg, c’était en 2005 (le 6 décembre, ndlr), je pense. Je marque en plus, sur une passe de John Carew. J’ai tout de suite accroché avec cette compétition, donc aujourd’hui, quand je regarde tout ce que j’ai fait, je suis content.
Savez-vous dans combien de saisons d’affilée vous avez marqué en Ligue des champions ?
Depuis que j’ai commencé, non ? C’est vrai que c’est bien, mais chaque fois que je joue un match de Ligue des champions, je ne vais pas te dire qu’il faut que je marque à tout prix. Mais chaque fois que je rentre sur un terrain de Ligue des champions, j’ai cette sensation qui me permet de marquer, de faire des passes décisives, de me surpasser.
Quelles sont les ambitions du club cette saison ? Est ce qu’il y a une part de revanche par rapport à la saison dernière ?
De toute façon à Madrid, on a dans notre tête en début de saison d’essayer de tout gagner. Ce n’est même pas d’essayer, il faut tout gagner. Après, il faut avoir un peu de chance. Il faut être bien au bon moment. Mais je dirais que cette année, par rapport à l’année dernière, le fait d'avoir perdu (la saison dernière, le Real avait été éliminé en 8es de finale par l'Ajax Amsterdam, ndlr) permet de te remettre en question. D’avoir cette motivation qui fait que tu vas chercher encore plus haut. Cette année, on a envie de faire quelque chose de bien, que ce soit en Liga ou en Champions League.