Di María, "un vélo" dans la tête
mardi 5 novembre 2019
Résumé de l'article
Entretien exclusif avec Ángel Di María. L'attaquant du PSG évoque la saison actuelle mais aussi sa jeunesse, un drapeau et une bicyclette qui roule toujours dans sa mémoire argentine.
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Ángel Di María, 31 ans, cinquième saison au Paris Saint-Germain (193 matches), a eu un rôle important ces dernières semaines avec les absences d'Edinson Cavani, Neymar et Kylian Mbappé. En leader d'attaque, il a mis le champion de France sur d'excellents rails en UEFA Champions League avant la rencontre face au Club de Bruges. Avec lui, nous avons parlé C1 bien sûr, mais aussi Argentine, Espagne, Portugal et... cyclisme.
UEFA.com : Paris a bien débuté cette saison en UEFA Champions League (victoires contre Madrid, Galatasaray, Bruges), qu'attendez-vous des matches à venir ?
Ángel Di María : Je dirais que nous avons débuté normalement, comme n'importe quelle autre équipe. Il faut gagner. Lorsque nous jouons à domicile, que ce soit contre le Real Madrid ou contre n'importe quelle autre équipe, nous devons tout donner pour gagner, parce qu'une victoire dans le premier match est une aide précieuse pour rester serein en vue de la suite.
Ensuite, nous avons gagné à l'extérieur contre Galatasaray, un match très difficile aussi. Nous comptons six points, il faut continuer comme ça. Nous avons battu le Real Madrid, chose que personne ne nous voyait faire, il nous faut maintenant avancer étape par étape.
Quelles sont les ambitions du club ?
Tout gagner. Depuis le jour où je suis arrivé, j'ai réalisé que Paris veut tout gagner. Du premier match au dernier, le club veut gagner chaque compétition. Toujours jouer les premiers rôles dans toutes les compétitions. Ce club a de grandes ambitions. Alors pour y figurer, il faut aussi avoir cette même ambition. J'ai toujours gagné des titres depuis que je suis arrivé. J'ai eu la chance de jouer dans chaque compétition et je pense que j'ai tout gagné ici à l'exception de l'UEFA Champions League. J'espère la remporter avant de partir.
Après votre but contre Naples, la saison dernière, on dirait que vous avez pris la bonne habitude de marquer dans les grands matches, Barcelone, Real Madrid, Naples…
Eh bien, je dois dire que j'ai de la réussite de pouvoir marquer dans de si grands matches. Mais c'est vraiment merveilleux, les matches sont différents pour les joueurs, il y a l'adrénaline, la motivation. J'ai de la chance que cela se passe bien pour moi. J'essaie toujours de donner le meilleur dans ce genre de match et cela me donne peut-être l'occasion de marquer ce genre de but. C'est toujours unique de marquer des buts importants parce que le but, vous ne l'oubliez pas de sitôt.
On va revenir un peu sur votre passé. Pouvez-vous nous parler de "Graciela", le nom que vous avez donné à une bicyclette ?
Cette bicyclette, c'est vraiment quelque chose que je chérissais. Quelque chose qui remonte à mes débuts, lorsque j'ai commencé à jouer et que j'ai commencé à penser sérieusement au football. Je pense que c'est quelque chose de très particulier pour moi. D'ailleurs, j'y pense toujours à chaque match et avant chaque finale que je joue. Elle représente la chance que ma maman m'a offerte en m'emmenant à l'entraînement sur ce vélo. Elle était toujours avec moi et ensemble on est allés partout avec un vélo. C'est quelque chose de très particulier et c'est quelque chose que j'ai à l'esprit lors de chaque match que je dispute aujourd'hui. Cela me rappelle que je dois faire de mon mieux parce qu'elle s'est sacrifiée pour moi.
C'était comment être un jeune footballeur à l'époque en Argentine ?
Difficile. Pour être honnête, ce fut difficile. Le football argentin, même en première division, peut être difficile. Parfois vous n'avez pas assez d'argent pour les entraînements, beaucoup de joueurs laissent tomber à cause de cela. Ils ne peuvent pas aller aux entraînements, ils ne peuvent pas s'acheter des crampons. C'est très dur. Lorsque vous avez l'opportunité de faire tout cela, il faut en tirer le meilleur. Il y a beaucoup de joueurs qui n'ont pas réussi pour ces raisons.
Quelle a été l'importance pour vous de jouer à Benfica (118 matches entre 2007 et 2010) ?
Benfica a été très important pour moi et pour ma famille. Ce fut vraiment une étape gigantesque après seulement un an et demi au club de Rosario Central. Je pense que venir en Europe par l'intermédiaire d'un club aussi grand que Benfica m'a apporté tout ce dont j'avais besoin. J'étais comme chez moi, cela m'a permis de continuer de gagner et d'être la personne que je suis aujourd'hui.
Évoquons le coup du foulard que vous avez marqué avec Benfica contre l'AEK Athènes. Est-ce que vous pensez que c'est vraiment quelque chose de très argentin ?
Oui. Disons que ça vient d'Amérique du Sud. Tout cela vient des joueurs sud-américains plus que de quelque autre joueur que ce soit. Mais il faut dire la vérité, c'est le seul coup du foulard que j'aie marqué. Ce n'est pas facile, je suis très content parce que c'était contre une grande équipe et que j'ai marqué pour Benfica, mon premier club en Europe.
Est-ce qu'il est vrai que préfériez frapper de cette manière parce que vous n'aviez pas assez confiance en votre pied droit ?
Oui, c'est vrai. Lorsque j'ai le choix entre mon pied gauche et mon pied droit, je préfère être créatif et tout faire pour me la mettre sur le pied gauche.
Vous avez ensuite rejoint Madrid… (2010-2015, 190 matches)
Madrid a été une étape importante pour moi. Arriver à Madrid en venant de Benfica m'avait valu des critiques de la part de gens qui pensaient que je n'avais pas fait, selon eux, une bonne Coupe du Monde en 2010. Selon ces critiques, je n'avais pas justifié le montant du transfert que le club a payé pour moi. (José) Mourinho (le coach) a cru en moi et, saison après saison, j'ai démontré que j'avais le niveau pour jouer au Real Madrid et ensuite j'ai eu la chance de remporter l'UEFA Champions League lors de la dernière saison.
Qu'est-ce que ça fait de remporter l'UEFA Champions League ?
Gagner l'UEFA Champions League est quelque chose d'unique, c'est différent de tous les autres grands trophées. Je n'ai pas eu la chance de gagner la Coupe du Monde et je pense que l'UEFA Champions League est très spéciale. C'est une compétition qui est très difficile à gagner.
J'ai joué pour de grands clubs et j'ai réalisé, de saison en saison, que c'était vraiment difficile. Avoir remporté la Décima (la 10e Champions League du Real en 2014), qui était si importante pour Madrid à l'époque, était quelque chose de très particulier pour moi et pour tout le monde.
Pourquoi avoir fêté cela avec le drapeau de Rosario ?
Parce que le drapeau argentin a été le premier brandi à Rosario, parce que je suis de Rosario, parce que ma famille est de Rosario, parce que je suis de là-bas, que je représente mon pays en Europe. Mais aussi parce que je représente ma ville, celle où je suis né, celle où j'ai grandi, celle où j'ai passé toute mon enfance et où j'ai appris à jouer au football pour en arriver où je suis aujourd'hui. Je pense que c'était très particulier et j'ai toujours ce drapeau avec moi. Je continue à l'apporter partout dans mes bagages.