Zidane : "La Juventus, ce sera très particulier"
samedi 31 mars 2018
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En exclusivité, Zinédine Zidane aborde avec UEFA.com les quarts de finale de la Champions League contre son ancien club de la Juventus, ses huit titres remportés sur le banc du Real et plein d'autres choses.
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Deuxième entraîneur le plus titré de l'Histoire du Real Madrid après deux saisons météoriques sur le banc du club espagnol, Zinédine Zidane se confie à UEFA.com sur cette réussite, mais aussi sur les quarts de finale contre son ancien club de la Juventus.
Lorsque tu es arrivé à la tête du Real Madrid, est-ce que tu pensais avoir autant de réussite aussi tôt ?
En étant dans ce club, de toute façon, avec une histoire incroyable... je savais qu'on pouvait gagner des choses. C'est l'histoire de ce club, c'est l'ADN de ce club, de cette équipe. Je l'ai fait en tant que joueur. J'ai gagné beaucoup de choses en tant que joueur, je me disais que je pouvais le faire aussi en tant qu'entraîneur. Maintenant, c'est vrai que gagner huit titres en deux ans, ce n'était pas forcément quelque chose que je m'étais imaginé. Mais voilà, c'est fait.
C'est très positif parce qu'on fait cela pour vivre ces sensations, pour vivre ces moments incroyables. Le plus important en fait, c'est de tout faire pour essayer de gagner des titres. C'est le chemin qui est le plus important : qu'est-ce qu'on fait, quel travail je mets, quel investissement je mets pour pouvoir gagner. Voilà le plus important. Après, gagner, ça peut aller dans un sens ou dans un autre. Mais en tout cas c'est l'ADN de ce club.
Quelle différence y a-t-il entre gagner comme joueur et le faire comme entraîneur ?
Rien à voir. J'ai gagné en tant que joueur. Même si je m'intéressais à l'équipe, parce que j'ai toujours été, je pense, un joueur collectif, je préparais mon match et simplement ça. Aujourd'hui, être responsable de 25 joueurs, ça n'a rien à voir. Je pense que c'est Carlo Ancelotti qui me disait, parce que je me posais la question : "tu verras, parce que c'est ce qui va t'arriver, tu le mesureras toi-même, gagner en tant qu'entraîneur est beaucoup plus beau, beaucoup plus dur", et il avait raison.
La prédiction d'Ancelotti
Madrid, 12 titres en UEFA Champions League, comment est-ce que l'on vit cela quand on est dans cette équipe ?
Madrid a une histoire particulière avec cette compétition. Nous, nous sommes les acteurs aujourd'hui pour essayer de perpétuer la tradition. On essaie de se dire qu'on a la possibilité, encore une fois, cette année, de pouvoir, peut-être plus que l'an dernier, défendre notre titre.
Que signifie le Real Madrid pour toi ?
Tout (il fait une pause). Tout, parce que ce club m'a tout donné. J'ai le souvenir du président Florentino Pérez qui m'a fait venir ici. C'est lui qui m'a fait venir ici. Je lui dois tout. Pour ma venue, j'ai joué, je suis entraîneur, cela fait 17 ou 18 ans que je suis à Madrid. Je suis bien installé, ma famille aussi. Donc je dois tout à mon président et à ce club, et puis à tous ces gens, tous ces "aficionados", qui m'ont toujours montré leur respect et leur amour. C'est l'histoire, j'espère qu'elle va continuer.
La Juventus que tu connais bien en quart de finale, quel souvenir des cinq ans que tu as passés là-bas ?
Je pense que la Juventus a été aussi un club tremplin important pour moi. Je suis parti de Bordeaux, en France, et je suis dans un club très familial. J'ai été super bien accueilli aussi par un entraîneur, Marcelo Lippi, qui m'a accompagné, qui m'a fait progresser. Ce club m'a fait grandir, en tant que joueur, en tant que personne. Je lui dois beaucoup de choses. C'est pour ça que je n'ai pas fait beaucoup de clubs dans ma carrière. C'était volontaire. J'ai mon club de formation à Cannes, Bordeaux, une étape supérieure, et après je suis parti à l'extérieur, avec la Juventus d'abord et puis par le plus grand club au monde, pour moi, le Real Madrid.
Ce sont deux clubs qui m'ont apporté beaucoup de choses. Ce sera très particulier. Mais quand le match va commencer, on ne va plus penser à tout ça. On va être concentrés sur ce que l'on doit faire. Ce sera un match très compliqué, très difficile contre une Juventus qui a encore progressé cette année. On peut dire ce que l'on veut, rien n'est jamais acquis. Il faut toujours montrer qu'on est là pendant les matches.
Quelle différence entre affronter cette équipe sur une manche comme lors de la finale, l'année dernière, et sur deux manches, comme ce quart de finale ?
Tout sera différent. On peut avoir été deux fois champions, cela ne nous permet rien du tout. Cela nous permet juste de dire qu'on a envie de défendre notre titre, mais ça ne permet rien de plus. Il va falloir démontrer sur le terrain, être performants, encore plus que l'année dernière. Et ce sera une double confrontation qui sera de toute façon difficile.
Revenons sur la finale 2017, elle s'est jouée comment sur le plan tactique ?
C'est un peu tout, pas simplement mon discours, qui a fait la différence. Il y a eu l'envie des joueurs de défendre notre titre. Quand on est entrés en deuxième mi-temps, on était un peu plus déterminés. On est allés jouer un peu plus chez l'adversaire, les choses se sont bien passées. Mais c'est un peu tout, ce n'est pas simplement mon discours. Cette préparation qui est très longue, de la part de tous les joueurs, ils étaient concentrés, sérieux, animés par une détermination.
Sentiment après avoir remporté ce titre ?
Content, heureux ; l'objectif quand on arrive dans une finale, c'est de gagner. J'avais déjà perdu la finale. Je sais combien c'est dur de perdre à ce niveau-là. On était donc contents de l'avoir gagnée, et en faisant un beau match.
Quelle peut être l'ambition quand on a gagné huit titres en deux ans ?
C'est l'ambition de tout le monde que de pouvoir chaque fois s'imposer. Tant que je serai passionné, tant que j'aurai cette ambition, de pouvoir être utile, ce sera d'essayer de gagner le maximum de titres dans les compétitions qui se présenteront à nous. Ce sera pareil pour les joueurs. Je pense qu'on est dans une équipe qui a toujours tout fait pour s'imposer. On peut ne pas toujours gagner, l'important c'est aussi d'essayer de tout donner.
Qu'est-ce qui te plaît le plus dans le football ?
Ce qui me plaît le plus dans le foot, c'est le partage qu'on peut avoir, comme c'est un sport collectif, même si on parle beaucoup du fait que c'est un sport de plus en plus individuel, je crois vraiment en cette valeur-là. Je crois en ces valeurs de partage, partage entre des joueurs, transmettant quelque chose aux gens qui les regardent. Parce qu'il ne faut pas oublier ça. Il y a tellement de gens qui nous soutiennent sur cette terre, qu'on a une chance incroyable de pouvoir être dans ce club. Il ne faut pas oublier ça. Je ne l'oublie pas. Je sais qu'un jour ça s'arrêtera. Alors tant que je suis là, je profite de tous ces moments.
Dans le vestiaire, tu as rencontré des gens de toutes confessions, de toutes couleurs de peau. Qu'est-ce que cela t'a apporté ?
Bien au-delà des titres, c'est la plus belle chose. Les titres, c'est magnifique, mais je pense que ce sont les personnes qui resteront... Les échanges que nous avons pu avoir. Le foot, pourquoi c'est beau ? Parce que c'est universel, et en même temps parce que ça rassemble des populations, sans regarder ce qu'untel est ou n'est pas, l'origine. Non. Ça n'existe pas. Et ça c'est beau. On doit montrer cet exemple à toutes les personnes qui veulent bien entendre ça, que finalement ce qui est beau c'est l'échange qu'on peut avoir.
Entraîneurs les plus titrés avec le Real
1. Miguel Muñoz - 14 trophées (1959-1974)
9 Ligas
2 Coupes d'Europe des clubs champions
2 Coupes d'Espagne
1 Coupe intercontinentale
2. Zinédine Zidane - 8 trophées (depuis janvier 2016)
2 UEFA Champions Leagues
2 Super Coupes de l'UEFA
1 Liga
2 Coupes du Monde des Clubs
1 Supercoupe d'Espagne.
3. Vicente del Bosque - 7 trophées (1994-2003)
2 Ligas
2 Champions Leagues
1 Super Coupe de l'UEFA
1 Super Coupe d'Espagne
1 Coupe intercontinentale
. Luis Molowny - 7 trophées (1974-1986)
3 Ligas
2 Coupes UEFA
2 Coupes d'Espagne