L'odyssée de Paulinho
jeudi 22 février 2018
Résumé de l'article
En exclu. Le milieu de terrain de Barcelone Paulinho se confie à UEFA.com sur son incroyable parcours et sur le 8es de finale face à Chelsea.
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Il n’en a que 29, mais Paulinho a plus de souvenirs que s’il avait 1000 ans. Arrivé à Barcelone cet été en provenance de Guangzhou, l’international brésilien (46 sélections), a débarqué en Europe à 16 ans avant de passer par la Chine et de repartir dans son pays pour mieux revenir. Il est aujourd’hui l’un des piliers du milieu de terrain catalan.
Chelsea-Barcelone, un classique
UEFA.com : Chelsea pour une place en quarts de la Champions League, ça se présente comment ?
Paulinho : C’est clair qu’on s’attend à une double confrontation difficile. Chelsea connaît très bien cette compétition, c’est une équipe qui a de l’expérience dans cette compétition et qui a de grands joueurs. Mais comme je l’ai toujours dit, si, à Barcelone, nous continuons à évoluer comme nous le faisons depuis le début de la saison, si nous gardons notre concentration et si nous maintenons notre niveau de jeu, alors je pense que nous allons réussir de bons matchs contre Chelsea. C’est notre but principal. Bien sûr, nous voulons attendre le prochain tour, on va avoir des moments difficiles, nous savons tous.
Que ressentez-vous quand vous entendez l’hymne de l’UEFA Champions League. Qu’est-ce que cette compétition signifie pour vous ?
Bien sûr, c’est un rêve, c’est un objectif que j’ai aussi. Et bien sûr je n’aurais jamais imaginé me retrouver en train de jouer cette compétition avec Barcelone à 29 ans. Mais où que je sois et que j’aii pu me trouver, j’aurai toujours suivi l’UEFA Champions League. Sur un plan personnel, je pense que gagner l’UEFA Champions League serait un rêve qui se réaliserait, comme gagner la Coupe du monde avec l’équipe nationale du Brésil, bien sûr. Je ne veux pas dire que les autres trophées ne sont pas importants, tous sont importants pour moi, mais je pense que ces deux-là sont différents des autres. Je vais donc essayer d’aider le club au maximum pour avoir une chance de remporter ce trophée vraiment important. À Barcelone, on est toujours parmi les favoris pour le faire, et on espère vraiment vivre une grande deuxième partie de saison en UEFA Champions League et remporter ce trophée.
Vous êtes aujourd’hui dans une équipe qui fait partie des favoris pour l’UEFA Champions League, mais peut-on revenir à ce moment de votre vie où vous avez dû quitter à votre Brésil à 16 ans (pour signer au FK Vilnius, en 2006, en Lituanie)…
Ce fut un moment difficile dans ma carrière, mais en même temps, je me devais de prendre un risque. Je devais le faire même si j’étais jeune, même si j’avais 16 ou 17 ans. C’était aussi pour moi une chance parce que j’étais international chez les jeunes et j’avais la chance de jouer à 16 ou 17 ans dans une équipe professionnelle. Il est évident que pour moi ce fut très difficile de quitter ma famille, mes parents, mon frère. Mais je me devais de poursuivre ma carrière pour atteindre mes buts.
J’ai toujours rêvé de devenir joueur de football, alors j’ai débuté ma carrière très jeune. J’ai commencé à cinq ou six ans à jouer au futsal. Quand je suis parti, j’avais cela clairement en tête. Je voulais réaliser mes rêves et ceux de ma famille. Je voulais qu’il me voit jouer dans une équipe professionnelle. Même s’ils étaient loin, ils étaient toujours près de moi.
Avez-vous eu des idoles au Brésil ?
Je n’ai jamais été réellement sous influence. J’ai toujours eu beaucoup de personnalité. Quand j’ai voulu quelque chose, je trouvais toujours le moyen de l’obtenir, sans regarder en arrière ou à côté.
D’où vous vient cette force intérieure ?
J’ai toujours cru en Dieu. J’ai cette force, cette détermination. Elle vient aussi de tout ce que mes parents ont fait pour moi… Mes parents, mon frère, ma famille. Je pense que j’ai cette motivation grâce à le point parce que je n’ai jamais abandonné mon rêve. J’ai toujours été déterminé. Je suis conscient de mes limites, cependant, j’ai des points forts que je devrais travailler davantage.
Comment cela s’est-il passé en Lituanie ?
La Lituanie est un très beau pays. J’étais dans la capitale. Nous avions tout ce qu’il nous fallait et nous vivions très bien. Il y avait d’autres Brésiliens là-bas, nous étions environ sept ou huit dans l’équipe. Concernant l’adaptation, ça n’a pas été difficile. Concernant le football et le climat, rien n’a été compliqué. Bien sûr, c’était dur d’être loin de la famille à 16 ans. Je pense que cela a été difficile pendant ma première saison. Lors de la deuxième, j’étais plus installé et j’avais vraiment tout ce dont j’avais besoin. Bien sûr, ma famille me manquait encore, mais je me sentais plus à l’aise.
Ensuite, il y eut des problèmes de racisme envers moi et envers mes coéquipiers brésiliens. Cela m’a vraiment bouleversé. Ça m’a rendu triste parce que je n’avais jamais vécu cela. C’est la seule expérience négative que j’ai vécue en Lituanie.
Vous êtes ensuite parti en Pologne (Lodz) puis retourné au Brésil joué pour les Corinthians, sous les ordres de Tite. Vous avez remporté la coupe en éliminant le Santos de Neymar...
J’ai vécu l’une des meilleures parties de ma carrière avec les Corinthians, et de ma vie. C’est un club qui m’est particulièrement cher. Il m’a ouvert ses portes et j’ai pu démontrer mes qualités. C’est un club qui m’a fait confiance et qui m’a permis de gagner beaucoup de trophées. J’y ai passé quatre ans et j’ai remporté beaucoup de victoires, en particulier la coupe Libertadores. J’ai rencontré Neymar à plusieurs reprises lorsque Corinthians a joué contre Santos. Mais nous n’avons pas seulement battu Neymar. Nous avons battu un grand rival.
Vous connaissez l’Angleterre puisqu’ensuite vous avez rejoint ensuite Londres et Tottenham...
Je pense que j’ai fait du bon travail lors de ma première saison là-bas. Il y a eu des changements dans l’encadrement technique. (André) Villas-Boas a été remercié et remplacé par Tim Sherwood. Il arrivait de l’équipe de jeunes et il a fait du bon travail pendant six mois. Lors de la deuxième saison, je n’ai pas joué beaucoup, mais il était clair que nous avions une grande équipe. Je n’en veux pour preuve que ce que Tottenham a fait ces deux ou trois dernières saisons.
Il a fallu ensuite partir en Chine où vous avez évolué sous la houlette d’un entraîneur brésilien (Lui Felipe Scolari)
je suis très reconnaissant envers Big Phil pour avoir cru en moi lorsque j’étais à Tottenham. Il a voulu travailler avec moi. Bien sûr, c’est une culture totalement différente, même si vous êtes habitués à voyager à travers toute la planète. Mais avec ce contrat, j’ai repris confiance. Cela m’a redonné des opportunités. Je n’avais pas joué auparavant pendant six mois en Angleterre. Le président du club de Guangzhou Evergrande avec une totale confiance en moi. Le début a été un peu difficile. Le style de jeu en Chine est totalement différent de celui de l’Angleterre. J’ai réussi à m’adapter à ce jeu du championnat chinois et au style de vie là-bas. Je l’ai fait en moins d’un mois. J’ai réussi à jouer à nouveau et je crois que nous avons gagné cinq ou six trophées majeurs.
Il y a une anecdote qui circule sur votre venue à Barcelone que vous auriez directement négocié avec Lionel Messie pendant un match international ?
Eh bien, c’était un match amical entre le Brésil et l’Argentine en Australie. Un moment donné, comme je l’ai déjà rencontré dans plusieurs interviews, nous avions un coup franc et Willian, mon coéquipier, et moi-même, étions près du ballon pour frapper.
Je me suis éloigné et je marchais à côté de Messi. Et c’est là qu’il me demande si je vais venir à Barcelone. En plein milieu du match. J’ai répondu : "si vous voulez, pourquoi pas".
Je lui ai reparlé ensuite, après la fin du match, dans les vestiaires, parce que c’est un joueur que j’ai toujours admiré, c’est pour moi le meilleur au monde et j’étais très heureux de le rencontrer. Voilà comment tout a commencé.
Est-ce qu’on peut dire que Barcelone vous permet de donner le meilleur de vous-même ?
C’est clair, et comme je l’ai dit, depuis que je suis arrivé à Barcelone, j’ai fait tout ce que l’on attendait de moi. Évidemment, j’ai dû apprendre. J’essaie d’observer les joueurs et leur position sur le terrain. Je pense que la meilleure phrase pour décrire ce qu’il se passe, c’est que je prends beaucoup de plaisir. Dans quelques années, je prendrai ma retraite, et je pourrais dire que j’ai joué dans une équipe incroyable.