Xavi : "Guardiola, l'un des meilleurs, sinon le meilleur"
vendredi 2 février 2018
Résumé de l'article
Xavi Hernandez s'exprime en exclusivité pour UEFA.com sur sa carrière à Barcelone. Il parle de Lionel Messi et de Pep Guardiola, estimant qu'ils sont à leur poste les meilleurs aujourd'hui.
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⬆ La vidéo hommage d'UEFA.com (avant la finale 2015) ⬆
Champions League, les transferts hivernaux
UEFA.com: Xavi, si on revient sur vos dix-sept ans de carrière, qu'est-ce qui vous a donné la plus grande joie ?
Xavi : Je pense que, mis à part les trophées, parce que bien entendu vous ressentez énormément de fierté lorsque vous remportez la Coupe du Monde, le Championnat d'Europe à deux reprises, ce serait d'avoir fait partie d'une génération fantastique de joueurs et d'avoir pu marquer l'histoire. Je pense que c’est cette reconnaissance que je retiendrai. Partout, vous êtes reconnu comme un joueur qui a marqué l'Histoire du football à un certain moment. Je ne veux pas parler seulement de moi, mais de l'équipe en général. Tout le monde a de la reconnaissance pour moi, me respecte, et cela n'a pas de prix. Au final, lorsque vous raccrochez, ou dans mon cas, alors que ma fin de carrière n'est pas très loin, vous ressentez ce respect, cette reconnaissance de la part des autres. C'est inestimable.
Vous avez rejoint La Masia (le centre de formation de Barcelone) lorsque vous aviez 11 ans. Quels sont vos souvenirs de ce moment et de votre premier jour là-bas ?
Je me rappelle que j'avais du mal à y croire. D'abord, j'ai commencé par faire un essai et beaucoup de garçons étaient là aussi pour avoir leur place à Barcelone. Mon père ne m'avait pas dit que pour moi c'était déjà signé, alors bien sûr j'étais nerveux. Bien sûr, j'ai participé à cet essai et ce n'est qu'ensuite que mon père m'a dit que j'étais déjà engagé et que le club avait déjà entamé des négociations avec lui. Rejoindre Barcelone était un sentiment unique. C'était quelque chose de tellement grand que je ne m'étais jamais imaginé jouer pour ce club. J'étais très nerveux lors des premiers jours et des premières séances d'entraînement. Je me sentais tendu, mais au fil du temps, je me suis adapté à Barcelone et je me suis mis à vivre dans un rêve. J'essayais de prendre plaisir dès les premiers jours, d'apprendre de la part de mes entraîneurs, j'ai pu vivre comme cela une carrière extraordinaire. J'ai la chance d'avoir pu apprendre à l'école de la vie et l'école du football qui existe à Barcelone.
Quelle importance le football a-t-il eu dans votre vie depuis votre plus tendre enfance à Terrassa ? Étiez-vous déjà un grand fan de Barcelone ?
Oui, le football, c'est ma vie depuis que je suis tout petit et d'aussi loin que je me souvienne. Dans ma famille, tout le monde aimait le football. Que ce soient mes parents, mes grands frères et ma sœur. C'est notre philosophie de vie. C'est presque notre culture et c'est comme notre religion à la maison. Nous aimons le football. Il nous donne du plaisir, nous l’aimons et il a été ma vie. Par chance, j'ai eu la possibilité de devenir professionnel à Barcelone. Oui, j'étais supporter de Barcelone étant petit. Comme mes parents et ma famille d'une manière générale. Ce fut quelque chose de merveilleux de jouer pour Barcelone pendant autant d'années.
Vous étiez au centre de formation lorsque le club a remporté l'UEFA Champions League pour la première fois. Quels sont vos souvenirs de cette finale, en 1992 ? À quel point cette victoire a-t-elle été importante pour Barcelone ?
Je pense que c'est le début de l'ère des grands succès de Barcelone, une période qui se prolonge jusqu'à ce jour. Je pense que les graines du succès ont été mises en terre par la génération de (Johan) Cruyff. Cette "Dream Team" avec (Pep) Guardiola, (Ronald) Koeman, (Hristo) Stoichkov, (Michael) Laudrup et les joueurs espagnols aussi, comme (José Mari) Bakero, (Guillermo) Amor, (Andoni) Zubizarreta et Eusebio.
Cette génération de joueurs était emmenée par Cruyff et elle est devenue une référence pour toutes les générations qui ont suivi. Et je pense qu’avec eux Barcelone a passé la vitesse supérieure et depuis le club a connu plus de succès que dans toute son histoire.
De nombreux trophées ont été remportés ensuite grâce à un style de jeu bien établi. Ce style nous a permis de nous faire respecter dans le monde entier. Je pense que tout le monde aime le style de jeu de Barcelone, à commencer par les joueurs.
Mes frères ont assisté à cette finale à Wembley, je n'ai pas pu y aller parce que j'étais trop jeune. Je n'ai pourtant pas arrêté de tanner mes parents, mais ils ne m'ont pas laissé partir. J'ai regardé cela de chez moi, avec mes parents, mon grand-père et ma sœur. Nous avons tous pris beaucoup de plaisir, le but marqué par Koeman reste pour toujours un moment d'extase pour tout Culé. C'était le premier trophée européen de l'histoire du club était vraiment le bienvenu après des défaites dans de nombreuses finales auparavant. C'était donc quelque chose de très particulier pour nous.
Vous avez fait vos débuts à Barcelone en 1998, à 18 ans. Qu'est-ce que cela signifiait pour vous ?
C'est un moment que j'ai attendu pendant longtemps, comme tout joueur qui commence sa carrière à Barcelone. Pour tous, l'objectif c'est d'atteindre l'équipe première. Lorsque (Louis) Van Gaal m'a dit qu'il me convoquait pour la Supercoupe à Majorque, je me suis senti nerveux et je me suis dit qu’il ne fallait pas se rater. Ce fut un moment crucial. Van Gaal m’a donné beaucoup de confiance, tout comme les autres joueurs qui étaient sur le terrain et dans le groupe. Ils m'ont tous encouragé, surtout les joueurs formés au club et ça s'est bien passé. J'ai commencé à jouer en 1998. Et je suis resté au club jusqu'en 2015. J'ai vécu une carrière remarquable. Je n'aurais pas pu demander mieux que cela.
Vous avez fait vos débuts en UEFA Champions League en tant que remplaçant, à l'extérieur à Manchester United lors d'un match nul 3-3. Quels sont vos souvenirs de cette soirée et de ce moment face à une équipe qui allait remporter le trophée la saison suivante ?
Ce fut un moment très particulier pour moi. Sur le terrain, le simple fait d'être convoqué pour jouer en UEFA Champions League à Old Trafford était incroyable. Van Gaal m'a demandé de m'échauffer et pendant que je lui obéissais (David) Beckham a placé un coup franc en pleine lucarne. Nous étions menés trois buts à deux à ce moment-là du match, mais quand je suis entré, Luis Enrique a obtenu un penalty et l’a transformé lui-même pour égaliser.
Nicky Butt a été expulsé ensuite et nous étions en supériorité numérique. Je me souviens alors d'avoir vraiment pris beaucoup de plaisir sur la pelouse. Nous avions la possession du ballon et j'évoluais dans un milieu à quatre au poste qu'occupe actuellement (Sergio) Busquets.
Ce poste était occupé auparavant par Guardiola. C'était une situation très particulière pour moi. Débuter en UEFA Champions League sur la pelouse d' Old Trafford, vous ne pouvez pas demander plus que ça. Ce furent des débuts de rêve.
En 2008, Pep Guardiola a été nommé entraîneur de Barcelone. Pourriez-vous expliquer l'influence qu'il a eue sur le fait que Barcelone domine à ce point le football mondial ?
D'abord, il faut dire que nous sortions d'une période assez merveilleuse sous la houlette de (Frank) Rijkaard, même si ses deux dernières saisons n'ont pas été des succès concernant le nombre de trophées remportés. La période Rijkaard a été très bonne. Lorsqu'ils ont engagé Pep, je savais que tout se passerait pour le mieux. Je le connaissais déjà de son époque de joueur. J'avais joué à ses côtés. Je savais combien il est méticuleux et professionnel et je connaissais son obsession pour tous les rouages du jeu.
Je savais que nous réussirions de grandes choses, mais pas nécessairement que nous gagnerions autant. Bien sûr, personne n'aurait pu l'imaginer à l'époque. Nous avons tout de même remporté six trophées lors de sa première saison en poste. Et j'avais le sentiment que ça se passerait bien avec lui. C'est un meneur, il l'avait déjà démontré sur le terrain en tant que joueur. C'est un leader naturel. Il ne s'imposait pas, il gagnait votre confiance avec ses discours. Aujourd'hui, il est l'un des meilleurs entraîneurs au monde, sinon le meilleur.
Ce qu'il a fait aussi, c'est donner de la place aux joueurs formés au club. Il nous a convaincus avec sa vision du football qui est très similaire, sinon la même que la mienne, parce que nous sommes tous les deux issus des rangs de Barcelone. Joueurs formés au club ou étrangers, cela ne faisait pas grande différence. Avec lui, nous avons tout gagné.
Vous avez raté la finale de l'UEFA Champions League en 2006 en raison d'une blessure. Quels sentiments vous animaient lorsque vous avez joué cette fois la finale à Rome, en 2009 ? Vous avez donné une passe décisive à cette occasion.
J'avais le sentiment d'avoir fait une superbe offrande, presque comme avoir marqué un but, c'est un sentiment unique que celui d'offrir un but un coéquipier. Vous vous sentez important, vous avez l'impression d'avoir fait la différence dans un match, dans une finale en UEFA Champions League, c'est vraiment génial.
Et regardez comment Leo (Messi) est monté prendre cette tête, ce fut quelque chose d'unique, et c'est même encore meilleur lorsque je le revois aujourd'hui. C'est quelque chose extraordinaire que de se retrouver en finale et d'y jouer les premiers rôles avec une passe décisive.
Vous avez vraiment l'impression que c'est vous qui avez marqué ce but ?
Non, non. Le crédit on revient à Leo. C'est lui qui a marqué. Mais il est évident d'abord puis lui transmettre ce ballon, ce centre, avoir pu l'aider à marquer est vraiment un sentiment unique.
Vous avez joué avec Messi pendant 11 ans, comment décririez-vous son génie ?
Je considère Messi comme le meilleur joueur du monde et le meilleur joueur de l'histoire, parce qu'il était en mesure de faire une différence énorme dans ce sport, de hausser le niveau pendant 10 ans, il n'a pas arrêté et aujourd'hui, en 2018, même avec toute cette technologie, lorsque le niveau physique de tous les joueurs augmente chaque année, il reste le meilleur. C'est un joueur de football incroyable. Je ne sais pas si l'on verra dans le futur un joueur comme lui, tellement il est capable de faire des différences dans tous les compartiments du jeu où il évolue, que ce soit sur les ailes, dans l'axe, dans l'organisation, dans la finition. D'une manière générale, il est dominateur dans tous les compartiments du jeu et il est le seul à ce niveau.
Qu'avez-vous appris à son contact pendant toutes ces années ?
Je pense que j'ai été influencé par l'ambition qu'il véhicule et par son caractère de gagnant. Il adore la compétition, cela le rend meilleur, mais cela déteint aussi sur toute l'équipe. Il a gagné tellement de choses… Et cela, il le doit à son caractère de battant. Par ailleurs, c'est une personne humble, une personne qui travaille dur, une personne attentionnée, un exemple dans le football pour tous les enfants qui veulent commencer à jouer à ce jeu.
Retour à votre carrière à Barcelone : qu'est-ce qui, selon vous, a fait de votre équipe une équipe si dominatrice ?
Je pense que c'est notre style de jeu et les joueurs que nous avions, parce que sans les joueurs vous ne pouvez pas faire la différence. Il aurait été difficile de remporter tout cela. Nous étions un groupe de joueurs fantastiques, avant tout, je pense que notre style de jeu a marqué toute une époque.
Je pense que (Pep) Guardiola a révolutionné le monde du football. Nous avions beaucoup le ballon, c'était dans notre ADN, c'était la philosophie du club, mais il ne faut pas oublier et je tiens à souligner que lorsque nous perdions le ballon, les 11 joueurs ne faisait plus qu'un pour le récupérer. En l'espace de quelques mètres nous pouvions très rapidement remettre le pied sur le ballon.
La conséquence, c'est que l'adversaire prenait un coup au niveau mental, il ne pouvait pas sortir de sa moitié de terrain. C'était un sentiment assez extraordinaire, parce que nous étions dominateurs dans les matches, on avait vraiment le dessus et sur la pelouse cela procure des sensations uniques. On jouait un très grand football avec 60, 70 et même parfois 80 % de la possession du ballon. Cela reflète bien la domination.
Qu'est-ce qui rend les matches en UEFA Champions League si uniques à vos yeux et cette compétition si difficile à remporter ?
Vous affrontez les meilleures équipes en Europe, c'est la compétition de clubs par excellence, et c'est une vitrine pour tout joueur qui veut s'illustrer. La gagner, c'est un rêve qui devient réalité, mais la jouer, jouer dans une compétition aussi grande que l'UEFA Champions League est quelque chose de particulier. Vous avez toujours ce petit plus quand vous jouez en UEFA Champions League. Vous savez qu'il y a beaucoup de gens qui vont regarder dans toute l'Europe et dans le monde entier. Alors avoir gagné quatre fois ce trophée avec l'équipe de mon cœur c'est quelque chose d'historique. Cela me fait constater que j'ai eu une carrière merveilleuse.
Xavi Hernández – son palmarès
• Espagne : 1 Coupe du Monde de la FIFA, 2 Championnats d'Europe de l'UEFA
• Barcelone : 4 UEFA Champions Leagues, 2 Super Coupes de l'UEFA, 2 Coupes du Monde des Clubs de la FIFA, 8 Championnats, 3 Copas del Rey
Champions League, le club de 100
166 matches : Iker Casillas (Real Madrid 150, Porto 16)*
151 : Xavi Hernández (Barcelone, record pour un joueur de champ)
146 : Cristiano Ronaldo (Manchester United 52, Real Madrid 94)*
142 : Raúl González (Real Madrid 130, Schalke 12)
141 : Ryan Giggs (Manchester United)
126 : Andrés Iniesta (Barcelona)*
125 : Clarence Seedorf (Ajax 11, Real Madrid 25, AC Milan 89)
124 : Paul Scholes (Manchester United)
121 : Lionel Messi (Barcelona)*
120 : Roberto Carlos (Real Madrid 107, Fenerbahçe 13)
119 : Xabi Alonso (Real Sociedad 8, Liverpool 39, Real Madrid 47, Bayern München 25)
119 : Zlatan Ibrahimović (Ajax 19, Juventus 19, Internazionale Milano 22, Barcelona 10, AC Milan 16, Paris Saint-Germain 33)*
115 : Carles Puyol (Barcelona)
113 : Gianluigi Buffon (Parma 6, Juventus 107)*
112 : Thierry Henry (Monaco 9, Barcelona 26, Arsenal 77)
112 : Philipp Lahm (Stuttgart 7, Bayern München 105)
111 : Petr Čech (Sparta Praha 12, Chelsea 94, Arsenal 5)
109 : Paolo Maldini (AC Milan)
109 : Gary Neville (Manchester United)
109 : John Terry (Chelsea)
108 : Sergio Ramos (Real Madrid)*
108 : Ashley Cole (Arsenal 45, Chelsea 60, Roma 3)
108 : Patrice Evra (Monaco 21, Manchester United 65, Juventus 22)
108 : Andrea Pirlo (Internazionale Milano 5, AC Milan 78, Juventus 25)
107 : David Beckham (Manchester United 77, Real Madrid 26, AC Milan 2, Paris Saint-Germain 2)
106 : Víctor Valdés (Barcelona)
106 : Dani Alves (Sevilla 8, Barcelona 80, Juventus 12, Paris 6)*
105 : Frank Lampard (Chelsea 102, Manchester City 3)
103 : Luís Figo (Barcelona 24, Real Madrid 58, Internazionale Milano 21)
103 : Oliver Kahn (Bayern München)
102 : Arjen Robben (PSV 10, Chelsea 19, Real Madrid 11, Bayern 62)*
100 : Andriy Shevchenko (AC Milan 59, Chelsea 15, Dynamo Kyiv 26)
*Actifs cette saison