Bonucci : "Je n'oublierai jamais Berlin"
jeudi 9 février 2017
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En exclusivité pour UEFA.com, Leonardo Bonucci revient sur son parcours en Champions League. Le défenseur international italien de la Juventus est pressé d'effacer le souvenir de la finale 2015 perdue contre Barcelone.
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Le défenseur international italien de la Juventus est pressé d'effacer le souvenir de la finale 2015 perdue contre Barcelone. C'est bien parti avec une victoire à Porto en 8es aller.
UEFA.com : Peux-tu nous raconter le début de ton parcours ?
Et Bien, j'ai grandi à Viterbo et j'y ai vécu jusqu'à l'âge de 17 ans. J'ai joué pour l'équipe de jeunes dans cette ville. Ensuite, j'ai signé à l'Inter, avec les jeunes. J'ai commencé à jouer en professionnel avec l'Inter après que Roberto Mancini m'a demandé de venir au stage d'entraînement estival de l'équipe. Ce fut un pas en avant énorme je crois que j'ai eu la chance d'arriver à l'Inter au bon moment. J'étais à maturité sur le plan de ma personnalité. Cela m'a beaucoup aidé, c'est une certitude. À partir de cet instant, je me suis approché de la Serie A et j'ai commencé à jouer quelques mois plus tard.
Tu es aujourd'hui à la Juventus et cette équipe domine le football italien depuis 2011. Pas plus de 100 buts encaissés en cinq ans, c'est un record en Italie. Comment expliques-tu ça ?
L'arrivée d'Antonio Conte au poste d'entraîneur a apporté de nouvelles idées. Il a apporté aussi des joueurs expérimentés comme Barzagli et Chiellini. Nous avons énormément changé pour avoir une meilleure compréhension de ce que notre entraîneur attendait sur le terrain concernant notre positionnement sur la pelouse, nos actions défensives et notre coopération, pour travailler dur et pour réussir.
Juventus - Porto, faits et stats
Le changement le plus important est venu du fait que toute l'équipe a compris que la défense ne concerne pas seulement les défenseurs. Nous sommes 11 à attaquer et 11 à défendre. Et bien sûr, beaucoup de nos matchs ont été gagnés par notre super-héros Gianluigi Buffon.
Lorsqu'il est derrière vous, vous êtes beaucoup plus sereins. Nous avons beaucoup progressé en ayant vraiment travaillé très dur. On a fait beaucoup de sacrifices, des séances d'entraînement intenses. Dans notre approche du match, nous nous concentrions sur le fait de gagner, de gagner les duels même s'il y a 50 ou 60m d'espace derrière. L'introduction du système en 3-5-2 d'Antonio a été le début de quelque chose de vraiment très particulier et cela s'est poursuivi quels que soient les joueurs alignés sur le terrain par l'entraîneur Allegri.
UEFA.com : Peux-tu nous parler de la philosophie de votre entraîneur actuel, Massimiliano Allegri ?
Bonucci : On va dire que nous avions passé trois ans avec Conte nous avons tout donné concernant les émotions, l'énergie, la force mentale et la performance. C'était important quand Allegri est arrivé, parce que c'est quelqu'un qui aime dialoguer, il aime parler avec les gens.
Il a sa propre manière d'aborder les matchs, qu'elle soit bonne ou mauvaise, il ne me revient pas à moi ou à quiconque de juger, et de toute manière cela nous a rapporté les résultats. C'est sa manière de faire pour tirer le meilleur de chacun. Il vise le dialogue. Il utilise davantage la carotte que le bâton. Mais il sait très bien comment susciter chez nous une ambition, la rage et l'intensité psychologique nécessaires.
Comment as-tu réagi après avoir été élu par les internautes au sein de l'Équipe de l'année 2016 UEFA ?
C'est une grande source de fierté et un réel honneur de faire partie de l'Équipe de l'année UEFA aux côtés de champions incroyables. Cela veut dire que j'ai fait du bon travail. Cela veut dire aussi que je commence à être mieux perçu par mes collègues (il a également été élu par ses pairs aux Oscars du football). J'ai pu être perçu comme étant une personne déplaisante par ma manière d'aborder les matchs et de défendre. Mais avec le temps, les gens ont commencé à réaliser qui je suis réellement et à connaître ma personnalité.
Toi, Barzagli et Chiellini, on vous appelle la BBC italienne...
Bien sûr, ce 3-5-2 nous a aidés alors que nous n'étions pas pleinement matures sur le plan du football. Aujourd'hui, nous sommes capables de jouer différemment parce que nous avons beaucoup plus de confiance qu'il y a quelques années. Lorsque vous remportez beaucoup de trophées, vous gagnez en sérénité et vous vous sentez capables d'affronter n'importe quel adversaire.
À l'époque, Conte a été très malin parce qu'il m'a fait progresser il m'a aidé à devenir meilleur balle au pied. Ça, il l'a fait avec Chiellini et Barzagli aussi en ce qui concerne les tacles et les interceptions, qui sont leurs points forts.
Tu as parlé tout à l'heure de Buffon du fait de jouer devant lui...
Beaucoup de confiance et du charisme, de la détermination, de la concentration de l'énergie. C'est un leader, un capitaine, quelqu'un qui sait parler quand c'est nécessaire et qui sait rester calme quand il le faut. Bien sûr, il nous aide à gagner en confiance. En contrepartie, on essaie de le protéger des assauts de l'adversaire.
Juin 2015 : Berlin. Tu perds la finale de la Champions League contre le Barça. Qu'est-ce que que cela t'a appris ?
Cette date, le 6 juin, je n'oublierai jamais. Je ne l'oublierai jamais d'abord parce que nous étions là. Nous avons démontré que nous pouvions rivaliser avec Barcelone sur la pelouse. Peut-être que quand nous avons égalisé nous avons pensé que nous pouvions gagner et c'est à partir de ce moment-là que la défaite s'est dessinée pour nous. On a commencé à laisser des espaces pour Barcelone. Leur but est venu d'une erreur de positionnement de notre part, mais j'ai toujours le sentiment qu'ils ne se sont pas créé beaucoup d'occasions, même s'ils avaient trois attaquants venus d'une autre planète.
La leçon, c'est qu'il faut rester concentré sur le match, quelle que soit la situation. Qu'il ne faut pas laisser filer les choses. Nous avons réussi pendant de grandes périodes à le faire, la saison suivante quand nous avons affronté le Bayern Munich à l'extérieur. Mais on sait tous que le football est un sport un peu fou.
Tu as mentionné les trois attaquants de Barcelone de la finale 2015, dont Lionel Messi. En 2015, tu as également affronté Ronaldo en demi-finale. Quelle différence entre les deux joueurs ?
Ils sont différents, mais ils sont tous les deux aussi difficiles à marquer. Je pense qu'ils ont chacun leur style. Messi a davantage de talent, un talent surnaturel, mais Ronaldo s'est construit lui-même. Il est devenu une sorte de joueur augmenté. Néanmoins, ils sont tous les deux exceptionnels, une classe au-dessus, des joueurs phénoménaux. Jouer contre eux a été quelque chose de clairement stimulant.
Vous devez donner 110 % parce qu'à 100 % ce n'est pas suffisant. C'est toujours très enthousiasmant pour moi de m'aligner contre ce genre de superstar parce qu'on ne peut pas se reposer un instant. Ils vous forcent à tirer chaque gramme d'énergie qu'il y a en vous. Avec eux, on réalise les choses que l'on ne ferait pas dans les matchs normaux. C'est d'ailleurs peut-être là que j'ai besoin de progresser cette saison. Être capable de donner 110 % de soi-même dans chaque match.
L'arrivée de Gonzalo Higuain a changé l'équilibre de votre équipe d'une certaine manière. Est-ce que vous jouez de manière différente maintenant. Est-ce que vous le recherchez davantage ?
Pipa est un phénomène. Dans surface de réparation, c'est un animal. Lorsqu'il a le ballon dans les pieds, il marque. Cependant, il a besoin de soutien. Nous devons l'inclure dans nos mouvements aussi souvent que possible. On doit profiter de son adresse dans les 30 derniers mètres. Il a montré cette année et encore plus l'année dernière qu'il n'a pas besoin de grand-chose pour la mettre au fond. Il suffit de le servir dans de bonnes conditions et il marquera. Notre travail, c'est ça, le mettre dans leurs conditions possibles en attaque et il marquera beaucoup.